Bac S 2012, épreuve de Philosophie, sujet n° 1 Proposition de corrigé Problématique : la formulation du sujet peut étonner. La vérité est une valeur de la connaissance, relevant du domaine de la science ; la notion de devoir est une valeur de l’existence, relevant du domaine de la morale ou de l’éthique. Donc l’idée d’un devoir de chercher la vérité peut paraître étrange, d’autant qu’on recherche la vérité en science et ailleurs. Il y a un désir de vérité, un devoir éventuel de la dire quand on la connaît mais pourquoi un devoir de la chercher ? Pour comprendre cette notion de devoir, il faut se rendre compte que contrairement à ce qu’on croit, l’homme ne cherche pas la vérité spontanément ou pour elle-même (confort de l’illusion) et que s’il y a désir, s’il y a nécessité peut-être même, ce n’est pas un désir comme les autres : peut-être que l’homme en tant qu’être de raison se doit de chercher la vérité, même si celle-ci est contraire à ses désirs et à son intérêt immédiat. Ce sujet pose donc le problème de notre rapport à la vérité, de sa valeur et de notre liberté face à elle et aussi des sources de ce devoir. D’où nous vient ce devoir ? De la raison, de la société ? I.
Problématique: la formulation du sujet peut étonner. La vérité est une valeur de la connaissance, relevant du domaine de la science ; la notion de devoir est une valeur de lexistence, relevant du domaine de la morale ou de léthique. Donc lidée dun devoir de chercher la vérité peut paraître étrange dautant quon recherche la vérité en science et ailleurs. Il y a un désir de vérité, un devoir , éventueldeladirequandonlaconnaîtmaispourquoiundevoirdelachercher?Pourcomprendrecette notion de devoir, il faut se rendre compte que contrairement à ce quon croit, lhomme ne cherche pas la vérité spontanément ou pour elle-même (confort de lillusion) et que sil y a désir, sil y a nécessité peut-être même, ce nest pas un désir comme les autres : peut-être que lhomme en tant quêtre de raison se doit de chercher la vérité, même si celle-ci est contraire à ses désirs et à son intérêt immédiat. Ce sujet pose donc le problème de notre rapport à la vérité, de sa valeur et de notre liberté face à elle et aussi des sources de ce devoir. Doù nous vient ce devoir ? De la raison, de la société ?
I. Si nous avons le devoir de dire la vérité, nous semblons libres de chercher ou non la vérité :
1 – la morale nous impose de dire la vérité, dêtre vérace dans nos déclarations (mais dans certaines limites, nen déplaise à Kant et au rigorisme de sa morale)
2 – la société reposant sur des contrats et une confiance réciproque exige également cette véracité (sauf quand elle menace la vie en commun : dire la vérité à celui qui veut nuire à autrui : B. Constant, ou les petits mensonges du quotidien, la comédie sociale)
3 – la recherche de la vérité est un désir naturel de lhomme, qui fait quil condamne le mensonge et quilepousseàaccroîtresesconnaissances,dautantquecelles-ciluipermettentdacquérirunepuissance sur lui-même et sur ce qui lentoure. science doù prévoyance, prévoyance doù action
4. On pourrait penser que la recherche de la vérité ne vaut que pour ses suites , sur les pas dÉpicure qui a renoncé à une recherche de la connaissance en soi et pour soi. Si la vérité ne permet pas de mieux vivre, elle serait donc inutile et à ne pas rechercher.
Transition : si nous aspirons presque naturellement à la vérité, quand nous ne pensons pas déjà la posséder, peut-on se contenter de ce rapport utilitariste à la vérité ?
II. Il y a un devoir de chercher la vérité
1 – en tant quêtre de raison, même si la vérité dérange et napporte rien, on ne peut lui préférer lillusion réconfortante ou le mensonge avantageux.
2 – en tant quêtre humain, doué de conscience réfléchie, on se doit de sortir de linconscience et de lignorance pour accéder au savoir. Noblesse oblige.
3 – la vérité vaut pour elle-même, comme la connaissance. Elle est une valeur au même titre que le Bien et le Beau. On se doit de tendre vers elle. Elle vaut pour elle-même et nous relativement à nos intérêts et désirs.
4 – faire de la recherche de la vérité un devoir et pas seulement une nécessité, cest se contraindre à ne pas se contenter de connaissances mêmes efficaces. Cest ce sens de la valeur de la vérité, qui anime le scientifique et fait quil ne se contente pas ce quil a découvert, vérifié, prouvé et quil qualifie seulement de probabilité, de vérités provisoires,pratiques. La Vérité reste lhorizon de sa recherche. On retrouve la même chose chez le philosophe, que cherche sans cesse la vérité, et ne prétend jamais lavoir trouvé.
5. Donc poser la vérité, comme objet dun devoir, cest la poser comme une exigence imposant à lhomme des exigences.
Transition : il semble que la recherche de la vérité nous soit imposée en tant quhomme, mais on peut cependant se demander si ce devoir de rechercher la vérité nest pas discutable
III. Un devoir de chercher la vérité discutable
1 – Nietzsche voit dans cette exigence de vérité, posée comme valeur de lexistence, une position socratique Lénonciation de la vérité à tout prix est socratique écrit-il dansLe Livre du philosophe. Cette exigence de vérité peut avoir des effets pervers, comme le rejet de lart réduit à une puissance dillusion, puissance salvatrice qui sauve de la vérité.
2–Cedevoirdevéritéposéecommevaleurabsolueentraîneaussiladévaluationdautresvaleursvitales. Au nom de ce devoir de vérité, on congédie le monde sensible, philosopher, cest apprendre à mourir .
3 – ce devoir de chercher la vérité masque son origine purement sociale, utilitariste : Lhomme exige la vérité et la réalise dans le commerce moral avec les hommes ; cest là-dessus que repose toute vie en commun. On anticipe les suites malignes des mensonges réciproques. Cest de là que naîtledevoirdevérité.etdelarechercher.Maissionadmetcetteorigine,onadmetaussiquelemensonge et lillusion sont acceptables si avantageux et agréables, ce quinterdit un devoir de vérité.
4 – cette recherche de la vérité peut détourner de la vie.