Baccalaureat 2002 francais centres etrangers
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2002 CENTRES ÉTRANGERS SÉRIES TECHNOLOGIQUES Objet d'étude : Le biographique. Textes : Texte A - Édouard CORBIÈRE : Le Négrier, Aventure de mer, 1832, Édition Baudinière, 1979 Texte B - Mikhaïl BOULGAKOV : Le Roman de Monsieur de Molière, Édition Lebovici, 1972 Texte C - Calixthe BEYALA : Les Honneurs perdus, 1996 Texte D - Article « Molière», Dictionnaire de la littérature française et francophone, Bordas, 1986. Texte A - Édouard CORBIÈRE: : Le Négrier, Aventure de mer, 1832. [Dans la préface de son roman, l'auteur raconte sa rencontre avec un jeune marin qui s'est livré au trafic des esclaves noirs après avoir combattu vaillamment contre la marine anglaise durant les guerres napoléoniennes. Ce dernier, désespéré par ses crimes, sur son lit de mort, confie à l'auteur "quelques paperasses [...]." "C'est le journal de ma vie de forban [...]. Tu arrangeras un peu tout ce barbouillage, en ayant soin de cacher mon nom, par égard pour ma pauvre mère." "C'est cet écrit aussi bizarre que les événements qui l'ont produit, que je me suis appliqué à mettre un peu en ordre."] LE DÉPART Les circonstances de ma naissance semblèrent tracer ma vocation. J'ai reçu le jour en pleine mer, dans une traversée que mon père, vieil officier d'artillerie de marine, avait fait entreprendre, pour l'amener en France, à une jolie créole devenue sa femme pendant le séjour de sa frégate aux Gonaïves. Un frère vint au monde en même temps que moi, et du même coup de roulis; ...

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Langue Français

Extrait

2002 CENTRES ÉTRANGERS
SÉRIES TECHNOLOGIQUES
Objet d'étude : Le biographique.
Textes :
Texte A - Édouard CORBIÈRE :
Le Négrier,
Aventure de mer,
1832, Édition Baudinière, 1979
Texte B - Mikhaïl BOULGAKOV :
Le Roman de Monsieur de Molière
, Édition Lebovici, 1972
Texte C - Calixthe BEYALA :
Les Honneurs perdus
, 1996
Texte D - Article « Molière»,
Dictionnaire de la littérature française et francophone
, Bordas,
1986.
Texte A - Édouard CORBIÈRE: : Le Négrier,
Aventure de mer,
1832.
[
Dans la préface de son roman, l'auteur raconte sa rencontre avec un jeune marin qui s'est livré au
trafic des esclaves noirs après avoir combattu vaillamment contre la marine anglaise durant les
guerres napoléoniennes. Ce dernier, désespéré par ses crimes, sur son lit de mort, confie à l'auteur
"quelques paperasses [...]." "C'est le journal de ma vie de forban [...]. Tu arrangeras un peu tout ce
barbouillage, en ayant soin de cacher mon nom, par égard pour ma pauvre mère." "C'est cet écrit
aussi bizarre que les événements qui l'ont produit, que je me suis appliqué à mettre un peu en ordre."
]
LE DÉPART
Les circonstances de ma naissance semblèrent tracer ma vocation. J'ai reçu le jour en pleine mer,
dans une traversée que mon père, vieil officier d'artillerie de marine, avait fait entreprendre, pour
l'amener en France, à une jolie créole devenue sa femme pendant le séjour de sa frégate aux
Gonaïves. Un frère vint au monde en même temps que moi, et du même coup de roulis; car ce fut
dans la violence d'une bourrasque et au moment même où la frégate recevait le choc d'une lame
effroyable que ma mère accoucha de nous, après sept mois de grossesse. En arrivant à Brest, notre
destination, mon père n'eut rien de plus pressé que de faire baptiser ce qu'il appelait gaîment le
double péché de sa vieillesse. II voulut nous tenir, malgré les observations du curé de Saint-Louis, sur
les fonts baptismaux
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, enveloppés du pavillon de poupe de sa frégate; et par un hasard, qui fut
accepté alors comme le plus heureux présage, en me débattant pendant la cérémonie, je passai ma
petite tête dans un trou de boulet que le pavillon qui nous servait de lange avait reçu dans un combat
mémorable. Les témoins de ce prodige en conclurent que je ne pourrais faire autrement que d'être un
jour une des gloires de la marine française. Les vieux marins sont superstitieux; mais leur crédulité n'a
jamais rien que ne puisse avouer leur courage ou leur fierté. A neuf ans, je savais nager et je ne
savais pas lire. A douze ans, j'étais déjà aussi mauvais petit sujet qu'on peut l'être à cet âge. Mon
frère remportait tous les prix de ses classes. II faisait les délices de ses professeurs. J'en étais le
tourment. Quand on l'attaquait, je me battais pour lui, plus qu'il n'aurait voulu. Quand j'étais puni, il
faisait mes pensums
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, je l'aimais à ma manière, avec impétuosité et brusquerie. II me chérissait de
son côté; mais son amitié, douce et caressante, avait quelquefois pour moi l'air du reproche. J'étais
l'idole de mon père, qui retrouvait en moi tous les défauts de sa jeunesse. Ma mère ne pouvait vivre
qu'auprès d'Auguste : c'était le nom de mon frère. Mon père avait voulu qu'on m'appelât comme lui,
Léonard. C'était à son avis un nom sonore, qui avait quelque chose de marin et martial.
Chaque
semaine nos parents nous donnaient quelques sous, que nous employions selon nos goûts différents.
Auguste achetait des livres, du fruit de ses petites épargnes. Moi, je me glissais dans les bateaux de
passage au port pour acheter, des bateliers, le plaisir de manier un aviron ou de brandir fièrement une
gaffe. Souvent, je parvenais à démarrer furtivement du rivage un canot sur lequel je me confiais seul
aux flots que je voulais apprendre à maîtriser. [...] Je rangeais
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les vaisseaux de ligne mouillés sur
rade, en fumant de mon mieux un cigare détestable qui me soulevait le coeur. C'est dans ces
moments que, m'abandonnant à la destinée que je me croyais promise, je rêvais avec ivresse, au
bruit des vagues qui me berçaient, le jour où je pourrais affronter des tempêtes, les dompter ou périr
au milieu d'elles. Ces petites luttes, que mon inexpérience livrait aux lames et aux vents de la rade de
Brest, sont les seuls amusements de mon enfance que je me sois toujours rappelés avec plaisir. Mes
illusions n'avaient qu'un objet : ma mémoire n'a guère conservé délicieusement qu'un souvenir.
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