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CHAP 5 – STRATIFICATION SOCIALE ET INEGALITES
Introduction :
1. Les sociétés démocratiques sont souvent présentées comme des sociétés égalitaires dans lesquelles le
destin des individus n’est plus déterminé par leur appartenance à un groupe social. Cependant, Il ne suffit
pas que l’égalité soit proclamée pour qu’elle soit réelle. Les sociétés démocratiques connaissent de
nombreuses inégalités qui fragilisent la démocratie. Ainsi, les groupes sociaux héréditaires (caste, ordre)
ont disparu mais ils ont été remplacés par des classes sociales hiérarchisées et inégalitaires. Il faut donc
s’interroger sur ce qu’on nomme une inégalité ? Toute différence dans l’espace des positions sociales est-
elle inégalitaire ? Comment peut-on mesurer ces inégalités ? Sont-elles seulement économiques ?
Comment-ont-elles évoluées ? Leur réduction a-t-elle abouti à la fin des antagonismes de classe et à une
moyennisation de la société ?
2. Les sociétés démocratiques sont également présentées comme des sociétés fluides. Les positions sociales
des individus ne seraient pas figées. Elles pourraient changer au cours de la vie d’un individu ou d’une
génération à l’autre. La démocratie favorise-t-elle la mobilité sociale ? Comment-peut on mesurer la place
d’un individu dans une hiérarchie sociale ? Comment peut-on mesurer l’ascension sociale d’un individu ou
d’un groupe ? Quel est le rôle de l’école dans cette mobilité ? Cette mobilité s’est-elle accrue ? La société
démocratique a-t-elle offert les mêmes chances à tous dans la course aux postes les plus prestigieux ? Là
encore, il existe un écart entre l’idéal et la réalité. On observe une certaine rigidité sociale. Les individus
n’ont pas les mêmes chances d’accéder aux positions sociales selon le milieu social dont ils sont issus.
Comment peut-on expliquer cette relative immobilité sociale ?
3. Enfin, les sociétés démocratiques se prétendent plus justes socialement. Les inégalités constatées ne
seraient plus héréditaires mais le fruit du talent, de l’effort, du mérite. Peut-il y avoir une inégalité qui ne soit
pas une injustice ? Dans ce cas, la société doit-elle tendre vers plus d’égalité ? L’égalitarisme ne va-t-il pas
tuer l’esprit d’invention et d’entreprise ? Toute inégalité est-elle injuste ? Quel est le niveau d’inégalité le
plus efficace pour la société ? Ne faut-il pas remplacer l’idéal égalitaire par la recherche de l’équité ? Doit-
on traiter tous les groupes sociaux de la même façon ? Ne faut-il pas accorder aux plus démunis plus de
droits qu’autres ?
51 – IDEAL DEMOCRATIQUE ET STRATIFICATION SOCIALE
A – Comment concilier idéal démocratique, inégalités et stratification sociale ?
1 – Le caractère multidimensionnel des inégalités et de la stratification sociale
a) – Différences et inégalités
1. Un homme et une femme sont différents pourtant la société démocratique les considère comme des égaux.
En réalité, il existe de nombreuses inégalités entres les hommes et les femmes. Inégalité dans l’emploi, dans
les revenus, dans le partage des tâches, dans l’accès aux postes politiques…Il faut donc se demander dans
quelles conditions historiques et sociales une simple différence sociale (ou culturelle) peut devenir une
inégalité sociale (ou culturelle).
La différence sociale suppose une distinction des individus ou des groupes à partir d’un certain nombre de
traits distincts (l’homme/la femme, le jeune/la personne âgée, le noir/le blanc…) sans que cela implique
une hiérarchie et un sentiment d’injustice. En revanche, si la société accorde collectivement une valeur
plus grande aux hommes qu’aux femmes, si elle hiérarchise les positions sociales, elle transforme la
différence en inégalité.
Une inégalité est une différence qui se traduit par un accès socialement différencié à certains avantages
ou désavantages sociaux. Si chacun était identique aux autres, il ne pourrait exister d'inégalité. Toutefois,
ces différences ne suffisent pas à faire une inégalité. Pour qu'elles le deviennent, il faut qu'elles se
traduisent par un accès inégal entre ces individus différents, en raison de leur différence, à certaines
ressources rares et valorisées. Ainsi, à partir d'une différence biologique entre le sexe masculin et le sexe
féminin, les sociétés ont construit une hiérarchie entre l’homme et la femme qui s’est accompagnée d'une
domination des hommes sur les femmes, se traduisant notamment par un accès privilégié des hommes
aux ressources économiques, politiques ou culturelles. Ces inégalités, fondées sur des différences, vont
être considérées comme naturelles (« l’homme est plus fort que la femme », « l’homme a un cerveau plus
volumineux que celui de la femme », « l’homme est un être doué de raison alors que la femme est un être
sensible »…) alors qu’elles sont sociales et historiques.
2. Lorsqu'on observe une société, on s'aperçoit très rapidement des différences et des inégalités qui placent les
individus ou les groupes sociaux aux différents niveaux de la hiérarchie sociale. Différences de modes de vie,
de rôles, de statuts, de pouvoirs, de prestige, de culture, inégalités des revenus...., autant de critères qui
permettent de cerner la stratification.
Les inégalités de revenus et de patrimoine : elles induisent des inégalités de niveau et de mode de vie. Elles
évoluent en fonction des époques et des sociétés. Elles sont moins acceptées dans les sociétés
démocratiques que dans les sociétés traditionnelles.
Les inégalités de genre : la place des femmes dans la plupart des sociétés est en général subordonnée,
inférieure, dépendante de celle des hommes. Ainsi, les activités extérieures au foyer (la guerre, la politique,
l’activité professionnelle…) ont la plupart du temps été réservées aux hommes. Les femmes sont restées
souvent cantonnées dans des activités intérieures au foyer (la fécondité, l’éducation, les tâches
domestiques…). Les premières ont toujours été valorisées par rapport aux secondes ce qui renforçait la
« domination masculine ». Les hommes et les femmes ont donc des statuts et des rôles différents.
Les inégalités de classes ou de groupes sociaux : certains groupes sociaux, pour des raisons économiques,
culturelles, religieuses, se trouvent dans la position d’imposer aux autres groupes leur normes et leurs valeurs
qui deviennent dominantes (la Bourgeoisie dans les pays développés, les groupes religieux dans des sociétés
en développement…).
Les inégalités démographiques : elles opposent les sexes (les femmes ont une espérance de vie plus longue
que celle des hommes), les générations (les jeunes générations ont plus de mal à accéder à un emploi stable
que leurs aînés ce qui retarde leur fécondité), les âges (les personnes âgées sont plus sensibles aux
épidémies que les jeunes), et les catégories sociales (les ouvriers ont, à 35 ans, une espérance de vie
inférieure de 6 ans à celle des cadres supérieurs).
Les inégalités de pouvoir : un député sur cinq est une femme alors que plus de la moitié de la population
française est composée de femmes. Alors que les employés et les ouvriers représentent plus de la moitié de
la population active, seul 1% des députés proviennent de leurs rangs. Et encore, certains élus ont quitté leur
profession d’origine depuis de longues années. A l’inverse, les cadres et professions intellectuelles
supérieures représentent 59 % de l’ensemble. Avec les professions libérales, ils forment les trois quarts des
députés. Une élite sociale monopolise la politique.
Les inégalités de prestige : jusqu’à une époque récente le « trader », qui spécule sur les variations de prix des
actifs, était plus valorisé dans notre société que l’inventeur, l’infirmière ou l’assistante sociale dont l’utilité