Une crise d'identité collective majeure

Anne Berger

Description

Niveau: Secondaire, Lycée
Vie de la discipline Une crise d'identité collective majeure Anne BERGER, professeur de SES au lycée Jean-Puy de Roanne Il y a dix ans, je prenais pour la première fois le devant de la scène (du moins le croyais-je…) d'une classe de première B à Arcachon, le cœur serré, la gorge nouée, le cartable neuf… sans les craies que j'avais oubliées. Même le jury du CAPES ne m'avait pas à ce point impressionnée. Aujourd'hui, j'ai gagné en détente et j'ai toujours autant de plaisir à observer le regard incrédule des élèves devant les statistiques du suicide ou de la mortalité différentielle. Je ne m'ennuie pas avec eux et je progresse avec mes collègues de SES grâce à un dialogue ouvert et vif. Pourtant, les transformations récentes de l'organisation des lycées tant au niveau du public que des orientations ministérielles posent au quotidien le problème de l'adéquation du projet fondateur des SES, auquel je suis attachée, à la réalité des contraintes qui s'imposent plus lourdement dans les pratiques d'enseignement : nous devons trouver des solutions. Ceci est un témoignage, une réflexion personnelle sur un parcours singulier, sur les espoirs que je continue de fonder en ces temps menaçants. UN SENTIMENT D'APPARTENANCE COMMUNAUTAIRE Les propositions « Meirieu » de réforme de l'enseignement secondaire l'an dernier ont révélé le maintien d'une communauté de professeurs de sciences économiques et sociales à travers leur très grande capacité réac- tive à se mobiliser devant la menace.

• savoir critique


• regard des statis- tiques du chômage


• démarche pédagogique de construc- tion


• tion par la compréhension du monde économique


• social


• monde économique


• science economique


• discipline

Sujets

• Première
• lycée
• collège
• lycées

Informations

• Publié par: sucun
• Date de parution: 01 mars 1999
• Nombre de lectures: 117
• Langue: Français

Extrait

Vie de la discipline Une crise d’identité collective majeure

Anne BERGER, professeur de SES au lycée Jean-Puy de Roanne

Il y a dix ans, je prenais pour la première fois le devant de la scène (du moins le croyais-je…) d’une classe de première B à Arcachon, le cœur serré, la gorge nouée, le cartable neuf… sans les craies que j’avais oubliées. Même le jury du CAPES ne m’avait pas à ce point impressionnée. Aujourd’hui, j’ai gagné en détente et j’ai toujours autant de plaisir à observer le regard incrédule des élèves devant les statistiques du suicide ou de la mortalité différentielle. Je ne m’ennuie pas avec eux et je progresse avec mes collègues de SES grâce à un dialogue ouvert et vif. Pourtant, les transformations récentes de l’organisation des lycées tant au niveau du public que des orientations ministérielles posent au quotidien le problème de l’adéquation du projet fondateur des SES, auquel je suis attachée, à la réalité des contraintes qui s’imposent plus lourdement dans les pratiques d’enseignement : nous devons trouver des solutions. Ceci est un témoignage, une réflexion personnelle sur un parcours singulier, sur les espoirs que je continue de fonder en ces temps menaçants.

UN SENTIMENT D’APPARTENANCE COMMUNAUTAIRE

Les propositions «Meirieu »de réforme de l’enseignement secondaire l’an dernier ont révélé le maintien d’une communauté de professeurs de sciences économiques et sociales à travers leur très grande capacité réac- tive à se mobiliser devant la menace. Concertations, pétitions, manifesta- tions, grève… ont revitalisé une conscience collective auparavant diluée par l’entrée de cohortes nom- breuses de jeunes enseignants depuis quelques années. Le débat sur l’identité de la discipline semble cristalliser les enjeux de notre présence dans le système éducatif.

Un projet de compréhension du monde économique et social Enseigner le droit ou l’instruction civique, c’est faire passer au premier plan du rôle de l’école la «raison pra- tique »,l’utilitarisme collectif (la paix sociale) ou individuel (la profession- nalisation). Enseigner les sciences politiques dans le prolongement de la raison critique, c’est, à l’inverse, faire porter la priorité sur un projet seule- ment symbolique: «les Lumières». Notre identité se dévoile donc dans sa vocation citoyenne d’émancipa- tion par la compréhension du monde économique et social. Notre ensei- gnement transcende l’alternative

« élève / savoir »,car on ne peut pas transmettre le savoir critique sans se soucier de l’élève: transmettre un savoir critique, c’est s’obliger à la fois à la rigueur scientifique et à la volonté pédagogique. Ainsi, ni une méthode pédagogique particulière ni les contenus enseignés ne paraissent pouvoir exclusivement définir les contours de notre disci- pline.

Une pédagogie active à géométrie variable Le projet des SES ne peut placer l’enseignant en «maître »au-dessus des élèves. Il ne peut non plus mettre au centre l’élève sans se soucier des

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