Immersion dans la tête d un savant
1 page
Français

Immersion dans la tête d'un savant

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
1 page
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Immersion dans la tête d'un savant

Informations

Publié par
Nombre de lectures 119
Langue Français

Extrait

Portrait de D’Alembert exposé au musée de Saint-Quentin
Des mathématiciens et historiens lyonnais se sont attelés à un travail de taille aux côtés de leurs homologues étrangers : décortiquer les œuvres complètes de Jean D’Alembert, mathématicien français e du XVIIIsiècle. Une immersion dans la pensée d’un intellectuel des Lumières qui offre un regard particulier sur la démarche scientifique.
L a vie de Jean D’Alembert commence comme un roman : fils illégitime d’un chevalier et d’une des femmes les plus influentes de Paris, il est aban-donné dès sa naissance aux pieds d’une église. Son père veille, de loin, à ce qu’il soit placé dans une bonne famille. Il verse une rente régulière et s’as-sure qu’il accède aux meilleures institutions d’enseignement de l’époque. En bref : un enfant abandonné, mais nanti. Art, lan-gues anciennes, théologie, phi-losophie, droit sont quelques-unes des disciplines que D’Alem-bert étudie avant de se faire connaître pour ses travaux en mathématique et en physique. A l’époque, tous ces domaines sont intriqués et les scientifiques font partie de l’élite. D’Alem-
Sciences à la une
nal et qui imprègne son oeuvre. Histoire des sciences« Sans comprendre l’environ-nement dans lequel naît une recherche, au mieux, on passe à côté de choses importantes et au pire, on ne la comprend Immersion dansCrépel. Pour les historiens des pas »,comme le rappelle Pierre sciences tels que Michel Blay, la véritable création scientifique n’aurait pas changé depuis trois la tête d’un savant siècles : curiosité, liberté, intros-pection et réflexion seraient toujours les outils principaux bert devient le plus granddes Lumières, c’est toute unedes scientifiques. D’autres mathématicien français de sonpensée scientifique qui entrecomme Christophe Bonneuil époque. Alors que Londres étaiten mutation, amorçant l’ère desinsistent sur certaines évolu-au début du siècle sur le pointsciences modernes. La majeuretions comme l’essor du travail de devenir la plaque tournantepartie des intellectuels défendcollectif et des relations avec des sciences, il contribue à fairealors l’idée que le progrès etla société civile. Pierre Crépel de Paris le centre de la vie intel-la diffusion des connaissancesen est convaincu :« Le recul lectuelle mondiale. La languepermettent le progrès social.historique peut aider à mieux française rayonne au niveauSelon eux, la science, objecti-comprendre et à enrichir les international, tel l’anglais devité oblige, se doit d’être librechoix de société qui s’offrent nos jours. Quel creuset et quelset détachée d’enjeux d’autreà nous. Quand on fait de l’his-catalyseurs sont à l’origine denature, qu’ils soient politiquestoire, qu’elle soit économique, cet apogée ? Les spécialistes deou religieux. Des questions paspolitique ou scientifique, on a D’Alembert ont probablementtotalement obsolètes de nostoujours en vue, d’une certaine une partie de la réponse.jours …façon, le présent et l’avenir ». Sans pour autant vouloir appli-Des apports scientifiquesEdition quer la recette des Lumières à la société actuelle, il y a fort à majeurs desoeuvres complètes : parier que ces travaux éclairent oui, mais pourquoi ? Les publications de D’Alembert d’une manière particulière les sont nombreuses. Il participeLes publications d’œuvres com-réformes en cours du système notamment à la rédaction deplètes de grands savants sont de recherche. Mais toute la l’Encyclopédie. Parmi les contri-courantes, mais aucune n’exis-question est là : sommes-nous butions qui lui ont survécu, letait sur D’Alembert. Depuis les véritablement à l’écoute de ce principe de D’Alembert per-années 90, une trentaine de que ces historiens ont à nous met de poser des équationsFrançais, Suisses, Italiens, Japo-dire ? pour décrire des objets ennais, Brésiliens et Allemands se S. Buthion – CNRS mouvement en considérantsont attelés à ce travail colos-l’équilibre de l’ensemble dessal. Historiens des sciences, objets considérés. On lui doitdu livre ou de la littérature, En savoir plus : également la démonstrationmathématiciens, philosophes, http://dalembert.univ-lyon1.fr du théorème fondamental degrammairiens, physiciens, épis-l’algèbre : toute équation àtémologues… les profils de N inconnues admet N racines.contributeurs sont très divers, 1 Œuvres complètes de D’Alembert, chez Les lycéens peuvent le remer-au moins autant que celui du CNRS Editions. cier (ou pas) d’avoir imaginélectorat avisé qui pourra en la théorie des équations auxbénéficier. Le premier volume dérivées partielles. Par ailleurs,est édité en 2002. Le quatrième, 1 il s’est intéressé à de nombreuxsorti fin 2008 , a été coor-Zoom sur… problèmes physiques qu’il adonné par les Lyonnais Pierre tenté de traduire en langageCrépel, Alexandre Guilbaud mathématique. Il a mis le doigtet Guillaume Jouve, tous trois L’Institut Camille Jordanest une sur bon nombre d’énigmes,membres de l’Institut Camille unité mixte de recherche CNRS, Uni-sans forcément les résoudre :Jordan (voir encadré). Une lon-versité Claude Bernard Lyon 1, INSA démarche qui a permis auxgue collection de 60 volumes et Ecole Centrale de Lyon. Avec plus générations suivantes de lesmettra encore plusieurs années de 130 membres permanents, ses élucider. A l’époque, la concur-avant de voir le jour, à condi-recherches abordent les mathéma-rence intellectuelle est rude. Ation que de telles recherches tiques sous bien des aspects : his-ce jeu, D’Alembert n’est pas lesurvivent aux politiques scien-toire, algèbre, géométrie, logique, dernier, comme le montrent sestifiques en vigueur. Ici, point équations aux dérivées partielles, rivalités avec Euler, Bernoulli oude brevets, de collaborations modélisation mathématique et encore Rousseau. Convictionsindustrielles ou de classement calcul scientifique, probabilités, sta-scientifiques ou épistémolo-de Shanghai à l’horizon. L’idée tistique, physique, ou encore théorie giques, voire philosophiques ouest de saisir la démarche de des nombres. politiques sont autant de pré-recherche et la culture dans textes au débat. Avec le sièclelaquelle baigne l’auteur origi-
ACTUALITESLE TOUT LYON EN RHONE-ALPESDU SAMEDI 4 AU VENDREDI 10 AVRIL 2009Â33
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents