Ivan Sergeevič Gagarin, fondateur de la Bibliothèque slave
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Ivan Sergeevič Gagarin, fondateur de la Bibliothèque slave

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Litinéraire intellectuel de Pavel Muratov (1881-1945)   Danièle B EAUNE -G RAY  Université de Provence  Mots-clés : Russie, émigration, Pavel Muratov, Italie, théorie de lart  Pavel Muratov, après des études dingénierie de haut niveau, apparut dans le monde de lart et de la littérature tel un dilettante au regard perspicace, aux intuitions fulgurantes, à la culture éclectique, mais quelque peu désordonnée, pour navoir connu aucune initiation for-melle. Néanmoins, fréquentant peintres et écrivains, il fut confronté aux mutations littéraires et artistiques de son temps, à la réévaluation des valeurs esthétiques et spirituelles aux dépens de lintérêt social et utilitaire, à la découverte de nouvelles disciplines et au renouveau des anciennes (art russe et byzantin), aux avant-gardes modernistes de toutes couleurs. Des voyages initiatiques, en Italie ou dans la Russie du Nord, au début de sa vie, deux guerres auxquelles il participa acti-vement, deux révolutions, lémigration en France, à Berlin, en Italie et en Irlande bouleversèrent son existence errante et élargirent son expé-rience de la vie. Notre propos sera ici de montrer comment ses idées esthétiques se situent face à ces changements et dans quelle mesure elles se transforment en suivant des étapes définies par son apprentis-sage de lart ou lirruption de lhistoire. Avant 1917 Les premiers articles de Muratov sont publiés dans des journaux mos-covites lors de la guerre russo-japonaise, en 1905-1906, alors quil sest engagé avec son frère comme volontaire, un an après sa sortie de lécole dingénieurs des transports (institution à vocation militaire) et quil na encore reçu aucune formation littéraire ou artistique autre que celle du lycée. Il dépeint la stratégie des troupes russes, le pana-che de leur action, passant sous silence les aspects moins glorieux : la
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    Les Premières Rencontres de lInstitut européen Est-Ouest   perte de moral dans larmée, les pillages et le maraudage des soldats sur leur chemin de retour par la Sibérie. Boris Zajcev reconnaît que la façon de conter les rend intéressants malgré une idéalisation assez conventionnelle de la guerre et un optimisme qui ne fut pas justifié par les faits. Nous en retiendrons lidéalisation dune Russie légiti-miste quil voulait victorieuse, le goût pour lExtrême-Orient et laction militaire, toutes choses qui se tenaient à des lieues des préoc-cupations des symbolistes ou des décadents.  Moscou à peine retrouvée, lannée 1906 fut pour Muratov un temps de voyages à Londres et à Paris et loccasion dune véritable éducation personnelle dont ses articles envoyés à Zori ( LAube ), supplément litté-raire de la Pravda , rendent compte.  En Angleterre, il découvre les préraphaélites et se plaît dans leur uni-vers onirique et symbolique. Il est fasciné par ce monde du rêve à mi-chemin entre réalité et fantastique. Il lit Oscar Wilde, dont il avait déjà pu avoir connaissance dans la traduction russe du Portrait de Dorian Gray paru en 1906 aux éditions Grif de Saint-Pétersbourg. Il retient de sa préface lidée décadente que « les livres ne sont ni moraux, ni im-moraux, mais bien ou mal écrits » 1 . Les vers du poète de Grantchester, Rupert Brooke (source dinspiration de Vladimir Nabokov en émigra-tion), le ravissent. Il découvre et cite dabondance Walter H. Pater (1839-1894) professeur de philosophie grecque à Oxford qui, après un voyage déterminant en Italie, sest consacré à linterprétation de lart et de la littérature de la Renaissance italienne et, en particulier, à létude de luvre de Giorgione. Pater est un esprit éclectique, un théoricien de lart pour lart. Affirmant la prédominance de lesthétique sur lhistoire, sélevant contre les idées moralisantes de John Ruskin, il faisait de la beauté appréhendée subjectivement lultime critère, appliquant sa philosophie du beau à tous les arts, littérature, peinture, sculpture, musique dans une tension vers un art total. Muratov simprègne également, dans la lignée de Pater, des idées de Vernon Lee et de Bernard Berenson (citoyen américain dorigine lituanienne) dont il récuse toutefois la méthode de forma-                                                 1. P. Muratov, « O vysokom hudoestve » (« Du grand art »), Zolotoe runo ( La Toison dor ), Moscou, n° 11, 1906, p. 76.
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