L’Afrique, un contient
En r éserve de d éveloppement
De Sylvie Brunel
L’Afrique de Sylvie Brunel. Edition Br éal 2OO4.
1488 Bartholomé Dias atteint le cap de Bonne Esp érance
1492 Découverte de l’Am érique par Christophe Colomb et d ébut du commerce triangulaire
1815 Congrès de Vienne : interdiction de la Traite des noirs au nord de l’ équateur
1884 Conférence de Berlin consacrant la partage de l’Afrique
er1957 Indépendance du Ghana : 1 Etat d’Afrique noire à parvenir à l’ind épendance
ère19671970 1 famine d’origine politique en Afrique : guerre du Biafra au Nigeria
1968 Début des grandes s écheresses contemporaines
1975 Annexion du Sahara occidental par le Maroc
1985 Famine en Ethiopie
1994 Génocide du Rwanda
2003 Début du conflit avec le Darfour
Le « retard » africain : crise ou faillite ?
en apparence, l’Afrique est tr ès en retard
une marginalisation économique qui s’accentue : suite à l’éclatement du TM des années 60, l’Afrique est
restée le continent en marge de devt : 34 pays africains sont des PMA selon l’ONU. Agriculture emploie
toujours la moitié de la population active mais ne fournit que le tiers du PIB. La part de l’industrie dans le
PIB en Afrique a décru traduisant une désindustrialisation du continent au bénéfice de la croissance de
services peu productifs, notamment dans la fonction publique, phénomène accentué après l’ouverture
brutale des économies suite à la crise de la dette. L’Afrique du cours et de ses exportations de MP mais sa
faible compétitivité lui a fait perdre du terrain face à l’Asie ou l’Amérique. L’Afrique s’est fait distancer
dans la compétition économique mondiale : le poids du continent sur les marchés mondiaux a été divisé par
deux depuis 1970 alors qu’il pèse désormais plus de 12% de la population mondiale. Mais ces 12%
produisent moins de 2% du PIB mondial…
un contient sous perfusion : dette africaine représente 16% des exportations du continent. Le contient
dépend de l’aide extérieure pour le maintien des services publics, le maintien des fonctionnaires, le
remboursement de la dette. Et certains pays ne survivent que grâce à l’aide (2/3 du PNB de la
Mozambique). Malgré toutes les dispositions favorables dont semble bénéficier l’Afrique, elle est la grande
perdante des négociations commerciales internationales : les aides directes aux revenus des agriculteurs
africains venues des pays du nord font baisser artificiellement les prix mondiaux des produits agricoles, ce
qui pénalise à la fois les exportations des pays africains, mais aussi leurs ventes internes, les productions
locales ne pouvant rivaliser avec les prix très bas des produits importés du nord. Par ailleurs il existe un
décalage marquant entre les discours victimaires des élites politiques africaines à l’intention de la
communauté internationale et la r éalité des politiques int érieures et le d étournement des aides.
L’échec humain : le premier est celui de la lutte contre la pauvreté, une mortalité infantile encore très
élevée, un échec sanitaire : manque de médecin (1 pour 24 000 hbts selon la BM) et nombreuses pathologies
(choléra, paludisme…). L’Afrique est le seul continent ou l’espérance de vie recule. Echec éducatif.
Problème de la corruption politique interne.
Le continent de toutes les ingérences : ingérence officielle de la Banque mondiale du FMI et des bailleurs
de fonds qui exige un minimum de démocratie et une bonne gouvernance. Ingérence humanitaire des aides
qui assurent parfois de v éritables services civils. Ing érence économique des multinationales
des diagnostics pessimistes qui doivent être nuanc és
Des Afrique très contrastées : Afrique méditerranéenne/ Afrique subsaharienne, Afrique des éleveurs
nomades/ Afrique des cultivateurs, zones de plateaux dans l’est// déserts… les niveaux de développement
sont tr ès in égaux
L’Afrique, un contient en r éserve de d éveloppement de Sylvie Brunel 1 Des progrès réels intensifiés par l’ampleur de l’économie informelle : les indicateurs socioéconomiques
en Afrique sont bien meilleurs aujourd’hui qu’il y a quarantecinq ans. Alors que la population a été
multipliée par 4, il y a eu une urbanisation exponentielle et la construction d’Etats nouveaux. Mais 70% de
l’économie africaine est en r éalité une économie informelle
Des reversements de situation rapides : le Zimbabwe, riche producteur de maïs de l’Afrique australe
prévenait efficacement les s écheresses au d ébut des ann ées 90, c’est ajd une terre de famines…
un continent en devenir
des potentialités encore inexplorées : son socle renferme les plus grandes réserves minérales de la planète,
son agriculture a remarquablement fait face à la croissance démographique par l’extension des superficies
cultivées ; elle s’est engag ée r écemment dans la seconde phase de la transition d émographique
un contient mondialisé pour le meilleur… et pour le pire : l’Afrique est intégré à l’économie mondiale
par toute sorte de r éseaux (r éseaux commer çants, autochtones, illicites)
l’ampleur des mécanismes de redistribution : atténuant les inégalités entre villes et villages…les
transferts financiers concernent aussi les relations avec l’étranger. Culture du partage atténué par la crise
économique et le ph énomène d’urbanisation.
Partie 1 : Les causes du retard africain sont elles internes ou externes ?
I le retard africain estil d’abord imputable à l’histoire ?
1) la tradition de l’esclavage et de la traite
un continent marqué par trois traites : le besoin de main d’œuvre pour les plantations du nouveau monde
suscite le commerce triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique à partir du XVI°siècle mais c’est alors
une pratique coutumière en Afrique. ON estime qu’à la veille de la colonisation ¼ de la population d’Afrique de
l’ouest avait le statut d’esclave. La traite n’est pas une invention européenne, elle était pratiquée par les arabes
depuis le VI °siècle. On distingue la traite saharienne, la traite orientale et la traite atlantique.
L’ampleur des prélèvements européens : 10 millions d’africains débarquèrent jusqu’au XIX°s au nouveau
monde. 4 millions des personnes en même temps furent déportées par les caravaniers arabes. Abolition de
l’esclavage parfois tardive : 1963 en Arabie Saoudite, 1980 en Mauritanie mais ces abolition officielle masque la
persistance de pratiques profond ément enracin ées dans les mentalit és de certains pays.
Aujourd’hui encore, l’esclavage persiste en Afrique
2) Une strat égie de victimisation à vis ée financi ère
le dépeuplement et la désorganisation des régions les plus fragiles : la traite a eu un impact dans
l’accentuation des inégalités initiales de peuplement du continent africain : il semble que les régions
d’organisation de la traite se soient renforcées démographiquement, tandis qu’au contraire dans les régions
politiquement faibles, la population, victime des razzias et de la d ésorganisation de la production agricole qu’elle
entraînait ait r égressé, se concentrant dans les zones refuges difficiles d’acc ès (montagnes, for êts, marais…)
des antagonismes encore vivaces : des demandes d’indemnisation sont faites pour la traite : mais qui
indemnisé ? les descendants des victimes vivent en Amérique ajd tandis que les descendants africains des
trafiquants demandent réparations alors que ce sont précisément leurs ancêtres qui ont organisé et tiré profit de
ce commerce.
Un impact économique incertain
3) Les h éritages encombrants de la colonisation
la colonisation, une rupture dans l’histoire africaine : la colonisation introduit brutalement des nouveaux
systèmes de mise en valeur de l’espace, dont l’Afrique actuelle porte toujours la trace au niveau de l’organisation
étatique et de l’organisation renti ère des économies notamment.
L’Afrique, un contient en r éserve de d éveloppement de Sylvie Brunel 2La conf érence de Berlin et le partage de l’Afrique : les nations europ éennes se partagent l’Afrique en « zones
d’influence » découpées arbitrairement. Elles voient alors dans la constitution d’un empire colonial la fois un
moyen de fournir des débouchés à leurs industries nouvelles et de se procurer des MP, mais aussi un argument
de puissance.
Le découpage arbitraire des frontières : 70% des frontières africaines actuelles ont été tracées entre 1880 et
1914.
L’héritage d’économies rentières : apparition avec le colonisation de d’une économie d’échange fondée sur la
création de ports, de villes, de voies ferrées, de mines, de nouvelles cultures telles que le café ou le cacao.
L’Afrique n’a pas été incité à se moderniser car elle a pu bénéficier des importations occidentales grâce au
chéquier que lui offrait la France. L’orientation rentière des économies est la conséquence directe de la
colonisation. Par ailleurs la mise en valeur du continent t date d’apr ès la Seconde GM
Une organisation de l’espace bouleversée : la colonisation consacre la suprématie des littoraux ce qui pose un
problème aux m étropoles qui se trouvent excentr ées des r égions qu’elles sont cens ées contr ôlées.
4) Le legs d’Etats per çus comme ill égitimes
une colonisation violente et meurtri ère : utilisation du travail forc é, les africains devaient payer un imp ôt pour
les colonisateurs, d éplacement de populations (pbm des maladies import ées ou contre lesquelles mes populations
n’étaient immunis ées : entre 1880 et 1930, la population africaine perd un quart de son effectif)
maillage de l’espace et r éorganisation des pouvoirs : administration directe dans les colonies fran çaises.
Un mod èle d émocratique factice et impos é
Un passé encore vivace : l