L’EMERGENCE DE LA CHINE ET DE L’INDE DEPUIS LA FIN DES ANNEES 1940
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L’EMERGENCE DE LA CHINE ET DE L’INDE DEPUIS LA FIN DES ANNEES 1940

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L’EMERGENCE DE LA CHINE ET DE L’INDE DEPUIS LA FIN DES ANNEES 1940
Introduction
: que ce soit pour dénoncer un péril, être fasciné par les perspectives d'un marché commercial ou tout simplement s'intéresser à une
civilisation m illénaire, il est surprenant de constater que, depuis la fin des années 1940, l'Occident voit dans la Chine, bien plus que dans l'Inde, le géant de
l'Asie ; on évoque ainsi plus volontiers la puissance, réelle ou émergente, de la Chine et l'existence d'un m odèle de développement chinois (celui de Mao
Zedong puis celui de Deng Xiaoping). Pourtant, depuis la fin de la Seconde Guerre m ondiale, l'Union indienne sem ble davantage avoir suivi le sens de
l'Histoire : celui de la dém ocratie puisque l'Inde est considérée traditionnellement comm e la « plus grande dém ocratie du m onde », au moins partiellem ent
celui de l'économie de marché et, sur le plan géopolitique, celui du dialogue Nord-Sud plutôt que la confrontation. La Chine, après soixante ans d'une
histoire plus chaotique que l'Inde, est davantage vue comme une puissance. Ceci est étonnant au regard des désastres provoqués par ses choix de
développement et son refus, jusqu'à aujourd'hui, de passer à un système politique dont le second XXèm e siècle parait pourtant avoir fait le but du
développement, à savoir la démocratie libérale. Les trois dim ensions du concept de m odèle - originalité, efficacité et rayonnem ent - s'appliquent-elles toutes
davantage à la Chine qu'à l'Inde ?
I/ Sur le plan politique, l'Inde incarne une tradition démocratique a priori plus favorable à la cause du développem ent que la dictature comm uniste
chinoise.
A/ À la fin des années 1940, les deux pays mettent en place deux systèmes politiques divergents.
1/ Un héritage de conscience démocratique inégal.
- des différences :
- pour l'Inde, la colonisation peut être vue comme un apprentissage de la dém ocratie (fin des guerres et début d'une culture du compromis civil, principe
électoral, système quasi parlem entaire dans les provinces, multipartism e (Parti du Congrès dès 1885 ou Parti communiste en 1921), introduction de
discrim inations positives en faveur des basses castes (dès la fin du XIXèm e siècle).
- en Chine, la dém ocratie constitue un des trois « principes du peuple » du Guomindang. Cependant, la dérive autoritaire de Chang Kaï Chek dans les
années 1930 n'a pas perm is de construire une solution alternative au comm unism e ; ainsi le m ontre la faiblesse des partis démocratiques de « troisième
voie » finissant, pour un grand nom bre, par se rallier au PCC (Parti comm uniste chinois).
- deux points communs rapprochent pourtant les deux pays :
- l'expérience de l'exercice du pouvoir. Le Congrès dirige la m ajorité des provinces de « l'Inde anglaise » - c'est-à-dire non princière - à la veille de la
Seconde Guerre m ondiale, mais aussi du PCC dans le cadre des « bases rouges » à partir de 1931 (réform es agraires et dictature politico-m ilitaire).
- un m ême défi à relever : bâtir une unité nationale fragilisée par l'existence des principautés (Inde), des « Seigneurs de la guerre » (Chine).
2/ Des conditions d'arrivée au pouvoir du Parti communiste chinois et du Parti du Congrès profondément différentes.
- les différences l’emportent :
- indépendance nationale négociée (Inde) ou nouvelle guerre civile de trois ans (après celle de 1927-1936) faisant de l'arm ée l'un des piliers du nouveau
régime (Chine).
- personnalités très différentes de Nehru (intelligentsia cultivée et occidentalisée m ais dans l'ombre de Gandhi, avec lequel il a de sérieuses divergences
politiques et dont il retravaille l’image pour en faire l'icône d'un « sécularisme à l'indienne » destiné à réconcilier les communautés ethnico-religieuses) et
de Mao (issu du m onde paysan, fin stratège et charisme comm e le montre la Longue Marche mais sans la stature intellectuelle du premier).
- mêm e s’il existe quelques points comm uns :
- nouveau pouvoir pouvant se prévaloir d'une légitimité nationale : avènement couplé à une indépendance ou à une oeuvre de libération du territoire.
- des contextes historiques traumatisants (m assacres et guerre civile chinoise) m ais de nature différente (religieuse ou socio-politique).
- dans les deux cas, les forces d'opposition au nouveau régime sont évacuées (Pakistan et Taiwan).
3/ Deux systèmes politiques antagonistes sont mis en place.
- en Inde : constitution démocratique (exceptionnelle dans le contexte post-colonial du Tiers Monde des années 1950) d’inspiration anglo-saxonne
(comprom is et de contre-pouvoirs) ce qui est indispensable dans un pays multicommunautaire ; Etat fédéral avec de fortes tendances unitaires, régime
parlementaire, vigueur du suffrage universel.
- dictature comm uniste en Chine : rôle dirigeant du Parti, culte croissant de la personnalité, absence de libertés politiques et répression des opposants
(m illions de morts résultant des campagnes de m asse et du
laogai
), système très centralisé et dirigé par la m ajorité Han. Des spécificités par rapport au
modèle soviétique : Parti à base paysanne, rôle politique de l'arm ée, formations politiques satellites tolérées, cam pagnes de masse au nom de la révolution
perm anente et de la conquête du pouvoir).
B/ La lutte pour le pouvoir a des conséquences bien plus tragiques en Chine qu'en Inde.
1/ Derrière l'apparence d'un parti unique ou dom inant, les luttes de factions pour le pouvoir opposent des clans mais aussi des conceptions différentes
envers le m ode de développem ent à retenir, notamment en Chine.
- les deux partis se caractérisent bien par l'existence de factions et de luttes de clan. En Chine, les lignes idéologiques (aile gauche contre aile droite ou
« rouges » contre « experts ») sont encore peu sensibles dans les années 1950 ; lorsqu'elles s'expriment à partir de 1959, elles révèlent d'abord une
compétition pour le pouvoir après l’échec du Grand bond en avant et débouche sur l’éviction de Mao.
- en Inde, le système congressiste offre le double avantage de la stabilité et de la pluralité. Les factions clientélistes au sein du Parti ont des bases sociales
et traduisent des options politiques différentes. Au bout du com pte, le gouvernem ent congressiste doit gouverner au centre ; il tranche les débats
économiques en faveur de l'aile gauche (planification) et les débats sociaux en faveur de l'aile droite conservatrice (question des basses castes et de la
discrimination positive).
- au début des années 1960, les systèmes politiques sont divergents m ais aucun des deux ne prétend au statut de m odèle (pas de volonté d’exportation).
2/ En conséquence, la surpolitisation de ces luttes a des effets en plus tragiques en Chine qu'en Inde.
- la Chine connaît quinze années d’affrontem ents politiques particulièrem ent violents : révolutions brutales (Mouvem ent d’Education socialiste puis
Révolution culturelle) provoquant une période de chaos sanglant ; la « surpolitisation » (Y. Chevrier) et la violence qui ont caractérisé cette période
constituent un traumatism e durable qui peut expliquer le futur ralliem ent du peuple chinois à un autoritarisme technocratique et m odernisateur garant de
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