La “rumeur sur Internet” Petite histoire des sites de référence par Pascal Froissart Université de Paris VIII ÊVincennes Saint DenisÊ L effet Internet sur la rumeur s analyse de deux manièresÊ: d une part Internet accélère la diffusion des rumeurs qui sont plus rapides plus nombreuses d autre part Internet ralentit la diffusion des rumeurs car ces dernières se heurtent de nombreux sites de référence qui obtiennent des audiences impressionnantes Ces sites de référence sont mal étudiés et il s agit ici d en dresser le portraitÊ: émergeant peu peu au milieu des années ils sont pour la plupart conçus et dirigés par des bénévoles qui dépensent une énergie formidable collecter et ÊnormerÊ les récits du Net On analysera les précurseurs A FU les populaires CIAC Snopes ainsi qu une série de répliques Urbanlegends about com Truthorfiction com Hoaxbuster com Puis on conclura sur quelques interrogations que suscitent ces sites de référence sans moyens et sans méthode
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La “rumeur sur Internet” Petite histoire des sites de référence par Pascal Froissart Université de Paris VIII ÊVincennes Saint DenisÊ L'effet Internet sur la rumeur s'analyse de deux manièresÊ: d'une part Internet accélère la diffusion des rumeurs qui sont plus rapides plus nombreuses d'autre part Internet ralentit la diffusion des rumeurs car ces dernières se heurtent de nombreux sites de référence qui obtiennent des audiences impressionnantes Ces sites de référence sont mal étudiés et il s'agit ici d'en dresser le portraitÊ: émergeant peu peu au milieu des années ils sont pour la plupart conçus et dirigés par des bénévoles qui dépensent une énergie formidable collecter et ÊnormerÊ les récits du Net On analysera les précurseurs A FU les populaires CIAC Snopes ainsi qu'une série de répliques Urbanlegends about com Truthorfiction com Hoaxbuster com Puis on conclura sur quelques interrogations que suscitent ces sites de référence sans moyens et sans méthode

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La “rumeur sur Internet”. Petite histoire des sites de référence par Pascal Froissart Université de Paris VIII («ÊVincennes à Saint-DenisÊ») L'effet Internet sur la rumeur s'analyse de deux manièresÊ: d'une part, Internet accélère la diffusion des rumeurs (qui sont plus rapides, plus nombreuses)Ê; d'autre part, Internet ralentit la diffusion des rumeurs, car ces dernières se heurtent à de nombreux sites de référence qui obtiennent des audiences impressionnantes. Ces sites de référence sont mal étudiés, et il s'agit ici d'en dresser le portraitÊ: émergeant peu à peu au milieu des années 1990, ils sont pour la plupart conçus et dirigés par des bénévoles qui dépensent une énergie formidable à collecter et «ÊnormerÊ» les récits du Net. On analysera les précurseurs (A FU, 1991), les populaires (CIAC, 1995Ê; Snopes, 1997) ainsi qu'une série de répliques (Urbanlegends.about.com, 1997Ê; Truthorfiction.com, 1998Ê; Hoaxbuster.com, 2000). Puis on conclura sur quelques interrogations que suscitent ces sites de référence sans moyens et sans méthode. La rumeur sur Internet est un objet de recherche alléchantÊ: le développement apparemment anarchique du Réseau des réseaux laisse imaginer qu'il peut faire «ÊnaturellementÊ» le terreau de la rumeur. C'est aller vite en besogne, en particulier parce que les habitudes des usagers de la Toile ne sont pas dictées par la conformation technique de la Toile elle-même («Êla carte n'est pas le territoireÊ», comme dirait Bateson reprenant KorzybskiÊ 1

  • réseau des réseaux

  • habitudes des usagers de la toile

  • sites de référence sur la rumeur

  • foire aux questions

  • milieu de l'année

  • page d'accueil


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Langue Français

Extrait

La “rumeur sur Internet”.
Petite histoire des sites de référence
par Pascal Froissart
Université de Paris VIII (« Vincennes à Saint-Denis »)
L’effet Internet sur la rumeur s’analyse de deux manières : d’une part, Internet accélère la
diffusion des rumeurs (qui sont plus rapides, plus nombreuses) ; d’autre part, Internet ralentit
la diffusion des rumeurs, car ces dernières se heurtent à de nombreux sites de référence qui
obtiennent des audiences impressionnantes. Ces sites de référence sont mal étudiés, et il
s’agit ici d’en dresser le portrait : émergeant peu à peu au milieu des années 1990, ils sont
pour la plupart conçus et dirigés par des bénévoles qui dépensent une énergie formidable à
FU, 1991), lescollecter et « normer » les récits du Net. On analysera les précurseurs (A
IAC, 1995 ; Snopes, 1997) ainsi qu’une série de répliquespopulaires (C
(Urbanlegends.about.com, 1997 ; Truthorfiction.com, 1998 ; Hoaxbuster.com, 2000). Puis on
conclura sur quelques interrogations que suscitent ces sites de référence sans moyens et sans
méthode.
La rumeur sur Internet est un objet de recherche alléchant : le développement apparemment
anarchique du Réseau des réseaux laisse imaginer qu’il peut faire « naturellement » le terreau
de la rumeur. C’est aller vite en besogne, en particulier parce que les habitudes des usagers de
la Toile ne sont pas dictées par la conformation technique de la Toile elle-même (« la carte
1). Par exemple, enn’est pas le territoire », comme dirait Bateson reprenant Korzybski 
matière d’information sur le Net, ce n’est pas parce que les sites personnels, associatifs, ou
militants pullulent sur Internet qu’ils occultent l’écrasante présence des organes d’information
2. Au contraire, pour ne prendre en compte que la réalité française, les sites lesinstitutionnels 
3 proposent tous sur leur page d’accueil un encadré avec lesplus populaires en France 
dernières nouvelles du moment (sous la forme de titre de dépêches, qui renvoient aux agences
de presse ou aux médias institutionnels classiques).

1 Alfred Korzybski, 1998. Une carte n’est pas le territoire. Prolégomènes aux systèmes non-aristotéliciens
et à la Sémantique générale. Paris : L’éclat. 204 p. — ou Bateson, Gregory. 1997 : 205. Vers une
écologie de l'esprit 2. Paris : Seuil. 278 p .
2 Cf. Froissart, Pascal, 2002 : 205-208. « Rumeurs sur Internet ». Les Cahiers de médiologie. Nº 13
(premier semestre). Paris : Gallimard. Disponible sur http://pascalfroissart.online.fr
3 Ce sont les sites des prestataires d’accès (wanadoo.fr, club-internet.fr, free.fr, etc.). Cf. mediametrie.fr[ 2 ]
Figure 1. Les sites d’information (nombre de visites mensuelles, mai 2003)
01net.com
Le Monde
TF1
L'EQUIPE.FR
Libération
France Télévisions
Europe 1 Interactive
Comfm
Lefigaro.fr
Les Echos
Mcm.net
Radio-france.fr
Groupe Nouvel Observateur
Leparisien.com
Télérama
La Chaîne Météo
RFI
Le Monde Diplomatique
La Tribune
L'Express
Elle.fr
Courrier International
psychologies.com
www.ouirock.com
Mieux Vivre
Premier site francophone
anti-rumeur: environ www.hoaxbuster.com
200 000 visiteurs mensuels
Laviefinanciere.com
L'Etudiant
LExpansion.com
L'Entreprise.com
Source: http://www.mediametrie.fr et www.hoaxbuster.com
On remarque la présence, dans le palmarès des sites d’information les plus consultés en
www.hoaxbuster.com. Créé en 2000 par trois amis en malFrance, d’un site consacré à la rumeur,
de start-up, l’audience de ce site ne laisse pas d’étonner. Il fait mieux que des sites comme
celui des magazines L’expansion ou L’entreprise, mais ne s’appuie sur aucun support de
diffusion « brick n’ mortar », pour reprendre l’expression des années de « nouvelle
économie » : le site n’est adossé à aucun journal, aucun parti, aucune organisation. C’est un
« pure player » du cyber-espace… Mieux encore que la fréquentation, le fait que ce site soit
4,cité comme une source fiable d’information à l’occasion des grandes affaires de rumeur 
mérite qu’on s’arrête un instant sur la genèse et la durée des sites consacrés entièrement au
catalogage et à la vérification des rumeurs. Quelle importance donner à ces acteurs de la
véracité sur Internet ? Qui sont-ils ?

4 Par exemple, par la Mairie d’Issy-les-Moulineaux dont le site Internet y renvoyait dès la première page,
au moment de cette horrifique histoire de « seringues infectées dans les sièges de cinéma ».[ 3 ]
A. Esquisse historique
Les sites de référence sur la rumeur sont apparus rapidement sur Internet, même avant que le
5 (cf. Figure 2). Leréseau des réseaux connaisse le succès public au milieu des années 1990 
premier site connu est apparu en 1991, et est le précurseur d’une série innombrable de sites
consacrés à la rumeur.
Figure 2. Liste chronologique des sites de référence sur la rumeur
1991 1992 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
ftp://rtfm.mit.edu
hoaxbusters.ciac.org
www.urbanlegends.com
www.snopes.com
www.scambusters.org/legends.html
www.urbanmyths.com
www.legends.org.za/arthur
hoaxbusters.ciac.org
www.liespeopletell.com
www.hoaxkill.com
www.arobase.org
urbanlegends.about.com
www.sewergator.com
www.storyactive.com
www.truthorfiction.com
www.chainletters.net
www.hoaxbuster.com
www.vmyths.com
www.publicfiction.org
www.pyramidschemealert.org
www.scaryduck.com
www.purportal.com
www.museumofhoaxes.com
www.hoaxinfo.com
www.breakthechain.org
www.ulrc.com.au
Source : compilation manuelle des sites spécialisés, en nom propre seulement, déposé auprès
6d'un registraire (sans égard pour la pertinence, ni l’audience) 
Ainsi que le montre la table chronologique d’apparition des sites de référence sur Internet, les
premières sources datent de 1991, mais connaissent un véritable coup de fouet à partir de
1997, après que le langage html (1994) a permis de standardiser tous les sites sur le Réseau.

5 L’essor de l’Internet est lié davantage à la progression des interfaces (en particulier les logiciels WYSIWYG
tels Netscape Communicator [1994] ou Internet Explorer [1995]) qu’à celle des réseaux (SAGE, 1952 ;
ARPANET, 1969 ; CYCLADES, 1971).
6 Exemples de sites écartés : http://www.silcom.com/~barnowl/chain-letter/evolution.html qui fait
pourtant autorité en la matière ; http://www.touristofdeath.com qui semble extrêmement utile à
l’analyse des rumeurs parodiques…)[ 4 ]
On pourrait croire que les sites de référence sur la rumeur sont en nombre anormalement
élevé : on voit pourtant (Figure 3) qu’il n’en est rien quand on compare avec le nombre de
sites total (les pentes sont quasiment identique à partir de 1997).
Figure 3. Comparaison du nombre de sites sur la rumeur et du nombre de sites
total
30 200 000 000
 Sites de référence sur la rumeur
 Sites Internet dans le Monde
180 000 000
25
160 000 000
140 000 000
20
120 000 000
15 100 000 000
80 000 000
10
60 000 000
40 000 000
5
20 000 000
0 0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Source : compilation manuelle des sites spécialisés, et Internet Systems Consortium (ISC),
2004. ISC Domain Survey: Number of Internet Hosts
(http://www.isc.org/index.pl?/ops/ds/host-count-history.php)
B. Portrait du précurseur AFU (1991-…)
En 1991, le premier site à apparaître sur le thème de la rumeur et des légendes urbaines (les
termes sont tous deux ambigus et souvent interchangeables) est celui d’une communauté
d’internautes amateurs d’absurde et de véracité (« This is alt.folklore.urban -- the newsgroup
7where nonsense is revered as an artform, and debunking has been taken to new heights. »  ),
réuni en un forum (newsgroup). Le site est encore rudimentaire, mais il évolue très
rapidement, suivant de près les dernières innovations (ainsi est-il disponible très tôt en HTTP,
de manière à être consulté par un navigateur).
À son origine, le site est constitué d’un seul document, assez volumineux

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