"Les mains libres" de Man Ray est-elle une oeuvre surréaliste ?
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"Qu'est ce qui fait du recueil les mains libres de Man Ray, une oeuvre surréaliste " ? Pour découvrir la réponse, télécharger le document PDF gratuitement pour consulter l'analyse de cette oeuvre.

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Question sujet à rendre pour le vendredi 4 octobre 2013
Qu'est-ce qui fait du recueilLes mains libres de Man Ray et d'Eluard une œuvre surréaliste?
Le surréalisme naît comme mouvement l’année 1924, celle de la publication par André Breton duManifeste du surréalismeDans le premier groupe surréaliste on trouve avec. d’autres Paul Eluard et Man Ray, tous deux issus, comme André Breton, de la mouvance Dada. Eluard a plusieurs fois collaboré par l’écriture à des œuvres à quatre mains, réunissant en un même recueil œuvres plastiques (dessins ou photos) et poèmes. En 1937 il publie avec Man Ray, le recueilMains libres. Man Ray a d’abord dessiné et envoyé ses dessins pourvus d’un titre à Eluard qui, lui, a écrit des textes poèmes en vis-à-vis descrayonsde Man Ray. La rencontre de ces deux artistes dans une œuvre où image et texte se côtoient sans chercher à se correspondre est-elle celle d’un hasard créateur ? L’œuvre collaborative ainsi créée est-elle significative du surréalisme ? Le recueilLes mains libresassocie librement dessin et texte sans que l’un illustre l’autre ou que l’autre commente ou explique l’un, cette association libre est bien l’un des principes créateurs du surréalisme. Le collage, l’automatisme de l’écriture et du dessin, la rencontre d’objets les plus hétéroclites évoquent à n’en point douter les concepts majeurs du mouvement surréaliste auquel adhèrent encore en 1937 Paul Eluard aussi bien que Man Ray.
1) L’association libre comme principe de composition. Comme illustration de ce que doit être l’association libre, Breton donne, dansLe manifeste du surréalisme, l’exemple de ces lignes duMaldoror […] comme la beau de Lautréamont : « rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! ». C’est ce principe même de composition par association libre qui préside à la composition du recueil d’Eluard et Man Ray. Man Ray déclare dans une émission télévisée consacrée à Paul Eluard avoir produit les dessins du recueil en laissant courir sa main librement sur la page blanche, comme en témoigne le dessin au titre éponyme : « Les mains libres ». Il dit avoir envoyé à Eluard l’ensemble des dessins munis d’un titre, lui-même trouvé par association d’idées. Eluard a produit des textes qui ne sont ni un commentaire ni une explication des dessins, ajoutant à la rencontre fortuite du dessin avec un titre, celle du texte poème avec un dessin. Suivant ce principe de composition le dessin ne peut avoir voulu illustrer le texte du poème, et le poème ne peut être un commentaire, une explication, un développement du dessin. Nous sommes bien dans le hasard objectif d’une rencontre comme le surréalisme pense que la création doit naître. De la rencontre fortuite du dessin et du poème appert un sens supérieur, non voulu, non intentionnel, dénotant une réalité des mots et des choses plus réelle et plus profonde que celle de notre perception ordonnée et rationnelle du monde. Comme le rêve associe les formes les plus hétéroclites dans une relation apparemment illogique et absurde pour produire un sens caché que la conscience claire refuse de reconnaître, de même le texte s’associe au dessin, et de l’impertinence de cette relation jusqu’à un point suprême naît un sens supérieur que chaque lecteur spectateur produit, collaborant lui-même à la création, recréation de l’œuvre. Dans le poème-dessin "la toile blanche", les objets apparaissent sans cohérence, sans ordre: un entonnoir à moitié renversé, un gant, une forme de torchon dont la présentation évoque l'anamorphose d'un visage, une page griffonnée d'un trait rétrécissant qui semble sortir d'une enveloppe ouverte, ceci pour le dessin, une suite de mots en asyndète: "La faim le froid la solitude", la méfiance que ses mots personnifiés éprouveraient "des asiles" et en asyndète, la méfiance se redouble de celle "Du blé fiévreux des morts". L'incohérence est frappante rien ne paraît se raccorder. Pourtant un sens surgit ordonné sous le titre "La toile blanche" rappelant l'hôpital (blouse blanche), la folie (en
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rapport avec l'entonnoir renversé), l'angoisse ou la peur blanche qui retient la main d'écrire (que rappelle le gant), et la mort que suggère le torchon qui peut-être un drap jeté sur un visage dont il devient l'anamorphose, se faisant ainsi linceul.
2) L'évocation des concepts majeurs du surréalisme Comme dans les pièces d'un rêve ou l'énigme d'un sphinx, chaque élément s'agence pour évoquer l'étrangeté d'un monde où chaque chose se transmue en une autre. Le hasard objectif qui fait se côtoyer les mots et les choses nous consacre interprète d'une surréalité, d'une autre scène où notre pensée rationnelle s'égare et doit laisser place à une langue plus primitive où tout devient signes de sensations archaïques. Dans les rencontres, hasard objectif, que fait Breton de Najda dans le livre éponyme se tisse une autre géographie de Paris qui disloque l'espace temps, Najda allant d'une vie à une autre comme en changeant de lieu. Les déplacements de Najda, ses rencontres avec Breton révèlent un autre monde où les objets et les êtres suivent d'autres lois que celle de la simple causalité, de celle de la logique des propositions. Le nom "surréalisme" trouve ici tout son sens, celui d'une perte de repères qui nous projette dans l'autre qu'est notre "Je" ("je est un autre", Rimbaud dans la lettre du voyant). Cet autre "je" au-delà du "moi" conscient c'est la femme en tant qu'elle est la porte qui ouvre ma propre altérité à moi-même. C'est par la femme "ni tout-à-fait la même, ni tout-à-fait une autre" dirait Verlaine, que je parviens à l'autre scène. Le dessin poème "Les tours d'Eliane" montre ce petit homme, chevalier minuscule devant la porte-sexe d'une femme immense dont les seins pointent deux tours qui semblent cacher la présence diaphane des deux jambes ramenées sur elles-mêmes. L'échelle abandonnée, échelle des valeurs, échelon d'un raisonnement logique, échelle servant à escalader un mur dans l'assaut donné à une forteresse, semble dérisoire face l'image immense de la femme, elle est à une autre échelle que la première ne pourrait mesurer. Ainsi la femme pour les surréalistes est-elle cet accès à la surréalité, et l'amour-désir la voie. Dès lors le surréalisme apparaît moins comme règle de composition que comme liberté créatrice de la main qui permet à la subjectivité de l'artiste de s'objectiver dans l'œuvre sans aucune contrainte extérieure. Mais se pose alors le problème du caractère proprement artistique d'une telle production, toute subjectivité est-elle forcément artistique? Sommes-nous tous artistes dès lors que nous laissons aller librement nos mains sur la toile ou la page blanche? Telle était bien l'objectif de la révolution surréaliste, une révolution qui visait moins à changer les conditions matérielles d'une humanité asservie par le travail et le marché, qu'à permettre à tous de devenir des créateurs, d'exprimer les forces créatrices qui reposent en chacun de nous.
Nous retrouvons dans le recueilLes mains libresles concepts majeurs du surréalisme, dans la composition du recueil, l'association libre, le hasard objectif dans la rencontre fortuite des formes et des mots, la femme comme absolu. Le corps féminin est la forme la plus pure qui rassemble en elle toutes les proportions de l'univers comme on le perçoit dans le dessin "Les tours d'Eliane": l'homme armée n'est plus qu'un minuscule insecte devant la porte de tous les mystères. André Breton dansArcane 17absolu de la femme une grande quête de cette  fera mystique, mêlant poésie et ésotérisme.
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