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LMH347-MAG-Cover FaceBook5/10/10 14:36 Page25
UN DESTIN DE CINÉMA À 26 ANS, MARK ZUCKERBERG A DÉJÀ INSPIRÉ UN FILM, « THE SOCIAL NETWORK », DANS LEQUEL DAVID FINCHER FAIT DU JEUNE PRODIGE UN NOUVEAU CITIZEN KANE.
SAMUEL BLUMENFELD
vecThe Social Network,il faut tendre l'oreille. dieAns ne scandent plus leur texte, ils le vomissent, lais-Plus que cela, on doit se mettre au diapason d’une langue en excès de vitesse permanent. Les comé-sant le spectateur, même le plus rompu à la langue de Shakespeare, sur le bas-côté. La séquence d’ouverture du film de David Fincher reste de ce point de vue un modèle du genre, héritière directe de la grande comédie améri-caine des années 1930, lascrewball comedy,avec ses dia-logues à la mitraillette. Un étudiant à Harvard, Mark Zuc-kerberg, discute dans un bar bruyant avec sa petite amie, étudiante elle aussi dans une des autres grandes univer-sités de la Côte est, Boston University. Zuckerberg appa-raît comme un adolescent boutonneux, complexé, dénué de tout pouvoir de séduction. La jeune fille rompt de ma-nière fracassante :« Sortir avec toi revient à passer son temps avec une flaque d’eau. Ecoute-moi bien : tu vas avoir énormément de succès, tu vas devenir riche, tu vas avancer dans la vie persuadé que tu ne plais pas aux filles parce que tu es un mordu d’informatique. Mais, du fond de mon cœur, je veux que tu saches que c’est faux : c’est parce que tu es une merde. » Cette demoiselle peut s’exprimer à la vitesse d’un su-personique, le spectateur croit avoir un temps d’avance sur elle. Après tout, nous connaissons la suite. Mark Zuc-kerberg est aujourd’hui, à 26 ans, le plus jeune milliar-daire de la planète. Facebook est, après Google, le site In-ternet le plus visité au monde. La capitalisation de ce réseau social, valorisé entre 30 et 40 milliards de dollars, pourrait grimper à 100 milliards à l’horizon 2015. Et, dans son classement des personnalités les plus influentes du monde des médias, le magazine américainVanity Fair place le jeune prodige à la première place dans son nu-méro d’octobre, loin devant Rupert Murdoch, Leonardo DiCaprio, Steve Jobs et Steven Spielberg.
TRICHERIE, TROMPERIE ET SPOLIATION Bref, la demoiselle commet une grave erreur en sous-estimant le jeune Mark Zuckerberg. Et pourtant… Dans The Social Network,il est bien ce personnage fade, presque indigne de devenir un héros de fiction. Toute sa force tient dans son mythe – « Citizen Zuckerberg » – qui, paradoxalement, en fait un colosse aux pieds d’argile. David Fincher, le réalisateur deSevenet deL’Etrange Histoire de Benjamin Button,et son scénariste, Aaron Sorkin, le créateur de la série télévisée « A la Maison Blanche », ont conçuThe Social Networkcomme une histoire de tricherie, de tromperie et de spoliation. Une tragédie ordinaire, et pourtant fascinante, tant elle se rapproche de l’épure. Elle repose sur un épisode fonda-teur relaté par Ben Mezrich dans son livreThe Acciden-tal Billionaires(Doubleday, 2009).Mark Zuckerberg a créé Facebook en 2004 avec son colocataire à Harvard, Eduardo Saverin, promu directeur financier de la start-up. Puis, quand l’entreprise a pris son envol irrésistible, ce dernier s’est trouvé écarté. David Fincher raconte une
histoire ordinaire du capitalisme américain, mais la met en scène avec une stupéfiante rapidité, en phase avec le sabir débridé de ses protagonistes et le tempo accéléré de la Net économie. Entre l’invention de Facebook dans un dortoir de Harvard et son hégémonie planétaire, à peine six ans se sont écoulés. Une accélération du temps jamais vue. Peu d’individus ont eu le privilège de se voir statufiés de leur vivant par Hollywood. Pour tourner la biogra-phie d’un jeune homme de 26 ans, il fallait placer Mark Zuckerberg sur un piédestal afin de mieux l’en déloger. Pointer son arrivisme, sa fragilité, sa paranoïa, des failles qui sont, depuis Howard Hughes, la malédiction des nababs. La face obscure du succès dans la mytholo-gie américaine a souvent été la réclusion. Le person-nage de Zuckerberg devient, de ce point de vue, l’équi-valent du Charles Foster Kane deCitizen Kane –un autre William Randolph Hearst. L’une des forces de la fiction sur le documentaire est parfois de déceler la vérité d’un homme sans se pré-occuper des questions d’exactitude. DansCitizen Kane, c’est grâce au fameux « Rosebud », le traîneau surgi des souvenirs d’enfance, qu’Orson Welles souligne les fai-blesses de son personnage et en dévoile les secrets. A la fin deThe Social Network,Mark Zuckerberg se décide à tester pour lui-même sa propre invention. Il tape sur le clavier de son ordinateur le nom de la jeune fille qui avait si bien, telle une sorcière deMacbeth,prédit son destin. Veut-elle devenir son « amie » sur Facebook ? Comprend-elle seulement que ce réseau a été conçu à sa seule intention ? Mais Facebook a beau rassembler 500 millions d’utilisateurs et valoir tout l’or du monde, il ne répond rien à son créateur.B The Social Network,film américain de David Fincher avec Jesse Eisenberg, Andrew Garfield, Justin Timberlake, Rooney Mara et Brenda Song (2 heures). Sortie le 13 octobre.
IMPROBABLEDans The Social Network, Mark Zuckerberg apparaît comme un étudiant boutonneux, sans aucun charisme. Et pourtant…
9 OCTOBRE 2010— LE MONDE MAGAZINE 25
LM2H347_025.A44497.pdf
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