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Hagenbucher-Sacripanti Leonhard Frank
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I
F. HAGEN BU CH ER-SACRI PANT I
V
MAGIE ET SORCELLERIE CHEZ LES ARABES It SUWA It
(Rive sud du lac Tchad)
‘Octobre 1974
I
OFFICE DE LA RECHERCHE SClENTlFlOUE ET TECHNIQUE OUTRE-MER
I
l
I CENTRE O.R.S.T.O.M. DE NDJAMENA
II
I MAGIE ET SORCl?JiLERIE CEE3 LES ARABES
(Rive sud du lac Tchad)
Octobre 1974 TRANSCRJPTION
Des études spécialisées sont aujourd'hui en cours qui tendent B mettre en
évideme 1 yoriginnlité linguistique des populations arabes d'Afrique Centrale.L 'arabe
dit tchadien est constitué par plusieurs dialectes que différencient respectivement
des influences oultwcelles variées dont le nombre et ltampleur ont fortement; et diver-
tant au niveau du vocabulaire que dans le sement déteminé ltévolutioa de la langue
domaine de la synhxe. I1 ne now appartient pas dybnum6rer ici les caracthistiques
des différentes %ones dialectalest1 du Tchad. Nous soulignerons cependant l'homog6n6i-
té et la spécificité delles de uelles-ci en rappelant que l'emploi de certaines locw
tions ou d'un teme particulier plutdt que d'un autre pour désigner le mbe objet,*
si que d%nportantes différences de pmnonciation,pemettent de distinguer sans dim-
aulté 1"igine d'un interlocuteur arabe;
ex : le petit %angart? que construisent les Brabes semi-s6den.baires 8 p;rrs-
ximitd de leur habitation,servant 8. la fois d'étaghre 8ur laquelle sont mis B sdcher
certains produits alimentaires, reçoit au Tchad diverses dénomminations également appli
quées B l'abrl plus vaste sous lequel sont regroup8s les jeunes garçons murellement
aimoncis pendant la période de leur convalescemer Sur la &.ve sud du lac Tchad (et
jwqutaux cantrefofis du bra) cet ddifiae est appel6 %lGe (pl*'aGi.i);fi es%
d6sigd dans le Batha ainsi que dans le Salamat sous le terme de raku"oa (pl.rawaklb),
tandis @*au Wau et; jusqutau soudan il S*agi't du ldba (pl.lagadj.b)c
Les parlers arabes du Tchad,dont les similitudes avec la tradition classi-
que de la langue s'estompent h mesure @elton se déplaae d'Est en hest,se distinguenti
las uns des autres par la prononaiation ainsi que par ltimportange des "bZes mn
arabe8,partiuulibrement dans la temìnolegie relative aux objeCs et geste8 de la vie
amom mi que* La langue du Coran ait déte-de dans les &gLons soudano-tchaa2mes
non seulement par l,fampleur des emprunts culturels effectués par les Arabes atlp&s des
. ethnies dont ils ont pén6tré lea Pjones d'habitat et auxquelles ils se sont divemement
m&.és,mais aussi par la multiplicatibn des contaata et des infarma.t;ions pendant le der
nier qmrt de 8ihd.e (acomissement des moyens de transp~rt~import~e de la radio,
dqeleppemept du pélerinage,d,ml@;ration de tmv-eurs vera le saudan,la Lybie etc.r.)a
ainsi que se developpe de plus en plus une langue propre aux ceneres urbains Cyest
$araut8riaée par la fusion de variantes dialeatales locales avec le lybien,le libanais
et le soudanais. .phénom&ne essentiellement db 8. la solide implantation de commempmts
arabes &ranger8 en divers points du territoire tchadieno
La région dans laquelle ont Bté recueillis les Bléments constitutifs de - 2-
cette &tade (zone d'habitat arabe située au sud du lac, ?&ordant les front:i&rea
du Tchad, du Cameroun et du Nigéria) correspond selon Lethem(lj h une unité dLalec-.
tale pour l'arabe. I1 importe donc de préciser que cette région -ainsi que les gran-
des divisions dialectales de 1 'arabe tchadien (Chari-Baguirmi, Bathas Wadax, Salamat,
Nord-Kanem) -révèle des variantes locales parfois spectaculaires, très localisées
sur le terrain et correspondant souvent B une identité tribale : dans le Serbewel,
0
le parler des Gawalrne se distingue particulièrement de celui des Salamat. Ces de-
niers ont en effet beaucoup plus emprunté aux cultures huri et kotoko que les pre-
Au Tchad,dans l'ouest de la Préfecture du Chari-Baguimi, les Arabes prati- miers.
quent un dialecte présentant conjointement des similitudes avec les parlers du Ca-
meroun et du Nigéria mais également marquC par la proximité des nomades du Bathao
Nous avons en conséquence adopté un système de transcription correspondant B la lari-
gue praaiquée par les Arabes semi-sédentaires les plus proches de la rive droite du
Chari (entre NQjaména et le village de Na'ala). Ce système ne rend compte que de Ea
prononciation locale, sans référence systématique 'a 1 orthographe de l'arabe clansi-
que, excepté dans la transcription des manuscrits
La transcription des noms de pays, de capitales et division? administrakivss
respecte l'orthographe officielle; ex. : nous Qcrivons Soudan au lieu de Sudazl,
\I
NtDjaména au lieu de Nxmena, Chari-Baguimi au lieu de Sari-Bagirmi etcuoa Le mBms
principe a été adopté pour certains noms d'auteurs auxquels il est fait allusion Cians
e
le texte; ex. : nous Qcrivons phonétiquement Ibn Xaldun et al GazzZli au lieu de I'uli
IChaldawh et Al Ghazali. &is les noms d'écrivains contemporains tels Toufy Fahd e+
Idries Shah conservent leur orthographe officielle.
o
hamza I at taque vocalique
I..+ ba b
ta G t
l.2 th peut etre remplacé par ta ou sin tha
S
t
Y E j dj mouilié Jh
(1) Lethem (G.J.1 Colloquial arabic, Shuwa dialectof Bomu, Nigeria and the ~egion
of Lake Chad. Londres, 1920. .. .
-3-
ha h h guttural; très peu marqué e
xa X
da d J
da d souvent confondu avec le däl et le
e zayn
ra r r roulé I
Z i
S
S
contraction gutturale sonore
souvent confondu avec le X 8W.n
fa f
souvent prononcé comme un Q; se oonfond 3
parfois avec le X
k Gf d
1 3
m e
n nün o
ha h se confond fréquemment avec le @ .A
4 ta marbzta désinence du feminin; ne se pronance
qu'en liaisan entre deux mots
sâd souvent confondu avec le s%
d confondu avec le d -
t souvent prononcé comme le t ta
ea z comme le d
o
wãu W consonne identique au w anglais 3 - voyelle longue : ou français U
consonne : comme y de payer Y
i voyelle longue
. .,/KO i 3
I a voyelle longue
voyelle terminale; peut se tramformer alif maqsra ts a
en i longue
-0-
Voyelles longues : a,î u etceme
e fermé : é e
e ouvert : 8
3 o très ouvert : -5-
INTRODUCTION
La nature et les dimensions de notre sujet d'étude ne se prêtent que
difficilement 3 une analyse exhaustive; nous wons donc évité tout préambule trai-
tant des diverses similitudes et origines assyro-babyloniennes, araméennes, canae'en-
nes, persanes ou indiennes de nos documents relatifs 3 la tradition arabo-musulmane;
nous nous sommes au contraire efforcé d'insérdr ceux-ci dans un propos général sur
la tradition de la magie arabe en en soulignant l'enchev&trenent avec des Qlénents si
cio-culturels d'origine africaine-
Nous. avons analysé, dans un précédenk article composd1) d'une rétrospec-
tive historiq!.$e et d'un dépouillement de documents d'archives, les rapports entrete-
nus par les "Suwatt du Serbewel (Nord-Cameroun) tant avec les chefferies traditionnel-
les kotoko qu'avec l'administration coloniale, soulignant ainsi la multiplicité des,
antagonismes ethniques et politiques qui déteminbrent l'histoire de ces tribus ara-
bes et pèsent encore au,jourdlhui sur leur position au sein de la collectivité natio- - -
nale camerounaise-.. Nous présentons, dans les pages suivantes, les méthodes d'envoa-
tementLd'agression etmion "R+rPA>, magigues -TL-, .A% les plus fréquemment utilisées sG
+- dérouleme~g1emen-t de ces conflits opposant des individus ou des groupes-
Certes de nombreux faits de magie islamique, observés sur notre aire d'en-
quete et exposés dans cette étude, ne se rattachent pas spécifiquement aux régions
tchado-camerounaises; il était cependant nécessaire de les décrire :
:. a) - car les ouvrages descriptifs et analytiques font défaut sur la plupar+
d'entre eux;
b) - afin d'ouvrir aux spécialistes de la magie orientale un champ de com-
paraisons non négligeable entre des rituels et des symboles originai-
res du Hedjaz ou autres régions du Royen-Orient eC leurs variantes en
certaines contrées d'Afrique Centrale;
c) - afin de suggérer la disparité des fomes de magie et de sorcellerie
locales, faites de croyances spécifiques extra-islamiques -ou pour
-23
le moins peu "orthodoxes"- et de c;$sEiut
arabo-musulmane.
--*e-mw-. 4nrrrri.
Le manque d'exhaustivité des documents que nous exposons dans les pages
suivantes s