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DOSSIER N° 001 - Samedi 18 juin 2011 Jusqu'où l'homme peut-il aller dans l'horreur ? afreeknewsSPECIAL DUékoUé : Seul au monde, assise sur les ruines de sa maison tout ce qui lui reste.
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

afreeknews
N° 001 - Samedi 18 juin 2011 SPECIAL
Seul au monde, assise sur les ruines
de sa maison tout ce qui lui reste.
DUékoUé :
Jusqu’où l’homme peut-il
aller dans l’horreur ?
DOSSIERafreeknews
SOMMAIRE
JUIN 2011
Reportages
3-4 -A la Mission catho-
lique : “Même le bon Dieu
n’a pu grand’chose pour
nous”
8 - Au “carrefour” des mas-
JUIN Par Ange Hermann GnanihÉDITO sacres
11 L’autre face de la bêtiseAu-delà du mal
humaine
n ne rentre pas d'un reportage de Duékoué in-
demne. Surtout quand on a écouté toutes ces âmes 19 - 20 Interview :Omeurtries et désespérées de la vie, comme Dê Conti.
Sous ses yeux, ils ont abaau de d eux balles dans la tête son
mari. Et son bébé de moins d'un an, sous prétexte que laissé Benjamin Effoli « Duékoué
en vie, il «pourrait venger son père, une fois grand». La dame
traumatisée poursuit : « ils recherchaient les hommes, de est un concentré de tous les
l'ethnie guéré...». Comme si ses bourreaux étaient incapa-
bles de retenue dans leur barbarie, ils lui offriront un pola- problèmes ivoiriens »
roïd du corps sans vie et sans tête de son mari avant de la
contraindre à charger de ses mains, leur camion de ses biens. A 21 ans, Dê Conti est veuve. 21 Massacres de Dué-Elle est mère de deux enfants. Et le désespoir chevillé à l'âme. Pour elle, le pardon, la récon-
ciliation ne sont qu'une vue de l'esprit...
koué : Où étaient les forces
Le jeune Moubarak aussi a vu son père massacré par des miliciens guéré et libériens. Dans son
regard, transpire la haine pour ceux qui un matin, s'en étaient pris au « seul pilier de sa fa- Onusiennes ?
mille et qui fut criblé de balles, avant d'être achevé à coups de bâtons.» Son crime : depuis plu-
sieurs générations, lui, malinké et musulman vivait dans ceae ville gu éré. Moubarak ne «
pardonnera jamais » aux assassins de son père... Comme on le voit, « la haine, ceae indul - 23-24 - Tristes souve-
gente souveraine » (Oscar Wilde in De Profundis), con_ne ici les populations dans une spi-
rale de règlements de compte et de crimes permanents. nirs de Duékoué
Les massacres de Duékoué nous renvoient fondamentalement à une ré`exion existentielle :
afreeknews info@afreekelection.comnotre relation au mal. Il faudra du temps pour comprendre comment Duékoué a pu en arri- L’HEBDO
ver là. Et quelles étaient les motivations des auteurs de ces massacres. Comment ces milliers Directeur de la rédaction
de personnes pourront-elles se reconstruire et pardonner ces crimes vécus au point de réap- Ange Hermann Gnanih
prendre à s'accepter pour vivre ensemble ? Il est une certitude : ceae violence meurtrière Assistante : Anick Nignan
Rédacteur en chef : Hermann Djea n'est que le fruit mûri par des années de con`its fonciers jamais réglés, sur le terreau de riva-
Assistant technique : Inza Diarrassoubalités politiques à relents communautaires. Depuis des années, Duékoué a entretenu la ven-
Rédaction : Hermann Djea, Elisée Bolougbeu, Yves Marcel Youantgeance, le règlement de compte comme le seul mode opératoire de la résolution des con`its
Responsable chargé du développement : intercommunautaires. Aujourd'hui ces communautés, mé_antes, vivent entre elles à Dué-
Nobert Yao Djahan
koué...
Infographie : Ernest Kouamé N’Guessan
Reporter images : Hermann Dogo
Il faut malgré tout aller à la réconciliation dans ceae vi lle martyre. Mais à trois conditions : une
justice équitable, une réparation des préjudices et l'acceptation de tous par tous, comme _lles Recevez gratuitementet _ls de Duékoué. A Duékoué le mal a été expérimenté avec succès. Peut-être que l'expéri-
mentation du bien, peut être aussi réussie. La vengeance, la souffrance dans la haine de l'au- notre newsletter
tre, ne devraient plus être les seules raisons d'exister de ces communautés condamnées malgré dès le 1er juillet 2011
elles, à vivre ensemble. Pardonner le passé même si on n’espère pas grand’chose du futur, se-
Abonnez-vous à : info@afreeknews.comrait pour l'instant, un petit pas en avant...
2 samedi 18 juin 2011afreeknewsDOSSIER DUÉKOUÉ
A l A MISSIo n c AtholIqUe De DUékoUé
« Même le bon Dieu
n'a pu grand'chose
pour nous...»
roisse cette marée humaine qui
n'a cessé de croître depuis le
mois de janvier. «Cette popula-
tion nous est tombée comme ça
sous les bras. Qu’est-ce qu’on a
pu faire pour elle? Concrètement
on a essayé d’apporter ce qu’on
peut. C’est-à-dire nous, en tant
qu’homme de Dieu et responsa-
ble d’Eglise, on leur a fait com-
prendre qu’ici, ils sont en
sécurité, que Dieu est avec eux.
Et qu’ils peuvent retrouver la
paix, une protection, une conso-
lation. Le peu qu’on a c’est de
l’eau qu’on peut partager avec
eux, un peu de nourriture. Néan-
moins, on a fait appel aussi aux
humanitaires afin que ceux-ci
puissent venir en aide à cette po-
pulation.» Mais l'action humani-
taire et le soutien religieux ont
leurs limites.
Ils ont plus peur de la
pluie que des maladies
Dans ce camp des déplacés, ils sont tous des Guéré. Des populations autochtones, propriètaires des terres à
Juste devant sa tente, ChristineDuékoué. ces déplacés persécuté s, sont venus de la Ville de Duékoué mais aussi d'autres villages. Une forêt
de tentes délabrées voile l'édifice de l'egli se catholique. Ici vivent entassés des enfants, des femmes et des s'attèle à préparer le dîner pour
hommes éprouvés par les mêmes souffrances. ses sept enfants. Sur un matelas
posé sur une planche à même lels supporteront longtemps le Epouse d'un fonctionnaire à la de la chaleur, du vent et de la
sol, les enfants s'amusent, rigo-lourd souvenir des massa- retraite, elle vivait dans une villa pluie. Ils ont tué mes proches. Ils
lent. Mais dans le regard de leurIcres. Ils ont eu la chance d'y de quatre pièces. Avec sa famille. ont tué un vieux Monsieur qui vi-
maman, persite une inquiétude.échapper. Préférant la précarité Adeline a vécu l'enfer des massa- vait chez nous. Je garde encore
Les nuages s'amoncèlent dans lede leurs nouvelles conditions de cres et surtout, ne lui demandez ses effets et quelques touffes de
ciel ; des éclairs déchirent le fir-vie à l'insécurité, ces milliers pas de retourner vivre chez elle... ses cheveux. Nous ne pouvions
mament et illuminent à traversd'authoctones guéré vivent entre Sous sa tente, un vieux matelas plus rester dans ce quartier. Il y a
les fentes béantes de la tente, unles quatre murs du prebytère de est posé à même le sol. Dans un eu trop de morts...»
intérieur surchargé d'ustensilesl'Eglise catholique de Duékoué. coin, une grosse valise contenant Comme Adeline, des déplacés
de cuisine, de sachets plastiquesLa plupart résidaient au quartier ce qui reste des effets de la fa- vous en racontent à longueur de
bourrés de vêtements et pourCarrefour. Adeline y habitait mille fait office de siège pour re- journée, leur calvaire. Ici chacun
tout siège, un tabouret. Il pleuvraaussi avant les tristes événements cevoir un étranger de passage ou a vécu l'enfer de l'horreur. La
encore cette nuit... C'est le cau-des 28 et 29 mars dernier. L'air un voisin de la Mission. «C'est Mission catholique, le dernier re-
chemar de Christine : «s'il neenjoué, elle ne dissimule pas sa désolant» dit-elle, le sourire en cours de ces populations meur-
pleut pas, nous dormons bien.joie de raconter enfin, sa peine au coin, avant de s'apitoyer sur son tries, offre le strict minimum
Mais s'il pleut, nous mettons lemonde. Elle peut se défouler et sort : «nous manquons de tout. pour leur survie. Le Père Cyprien
témoigner de son calvaire. Je vis sous une tente. A la merci Ahouré a vu débarquer sur sa Pa-
Suite à la page 4
samedi 18 juin 2011afreeknews 3
afreeknewsDOSSIER DUÉKOUÉ
matelas de côté et nous restons
debout toute la nuit avec mes
sept enfants. On ne peut pas se
coucher. L'eau de pluie coule
sous la tente. Tout est percé. »
Les nuits de pluie sur la Mission
catholique restent une épreuve
pour tous. Les premières gouttes
de pluie créent la débandade. On
se protège de la pluie comme on
peut, sans lui 

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