Napoléon Bonaparte, chef militaire dans lHistoire Introduction: Napoléon Bonaparte est peut-être lun des grands personnages de lHistoire de France par lampleur de ses réformes intérieures, des masses de granit » à la mise en place du lycée. Mais il reste surtout dans la mémoire mondiale comme lun des plus grands chefs militaires de l'Histoire. Effectivement, Napoléon Bonaparte a probablement livré davantage de batailles qu'Alexandre le Grand, Hannibal et César réunis.
Rappelons, par ailleurs que ses campagnes couvrent toute l'Europe de l'Espagne à la Russie, en passant par l'Allemagne ou l'Italie du Nord, sans oublier lOrient avec l'Égypte et la Syrie. L'Empereur des Français a fait son entrée dans toutes les capitales du vieux continent. Milan, Vienne (à deux reprises), Berlin, Madrid et Moscou.
Cest pourquoi encore aujourdhui, létude des guerres napoléoniennes demeure un champ très actif de lHistoire. Longtemps dominée par les écoles historiques anglo-saxonnes, lhistoire militaire de la période napoléonienne connaît un profond renouveau depuis une quinzaine dannées (J.P. Bertaud, N. Petiteau, B. Gainot,…). Elle fait également lobjet de cours des plus grandes écoles militaires, comme West Point aux Etats-Unis. On peut légitimement sinterroger, deux siècles après, sur cet intérêt durable pour laventure militaire impériale. Bonaparte est-il réellement un militaire hors norme dans lHistoire ? Pour cela, il faut tout dabord le replacer dans une histoire longue de la guerre, plus particulièrement par rapport aux changements opérés au XVIIIe siècle. On verra ensuite les caractéristiques personnelles de Napoléon comme chef de guerre, avant dévoquer son armée (les talents dun chef ont-ils une valeur sans celle de ses hommes ?).
I Les mutations du XVIIIe siècle :
1) La guerre à lépoque moderne :
Rappelons en premier lieu que, jusquau milieu du XVIIIe siècle pratiquement, une armée est formée par lagrégat de régiments et est dépourvue de structures administratives et dorganismes hiérarchiques internes. En effet, à lépoque moderne, le colonel est propriétaire de son régiment. Il faut attendre Louvois, le grand ministre louis-quatorzien de la Guerre, pour voir se mettre en place un Bureau de contrôle des hommes enrôlés dans les armées.