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  • cours - matière potentielle : linguistique générale
  • mémoire
  • exposé
« Erre » conditionnée. Au-delà du principe d'Identité Résumé La nouvelle révolution copernicienne générée par la découverte de lřInconscient subvertit totalement le concept dřIdentité. Comment savoir qui nous sommes si nous ne sommes pas « maîtres en notre propre demeure » mais seulement les sujets de notre désir ? Savoir qui lřon est revient-il à savoir ce que le Ça veut ? Dřun point de vue individuel, on entend généralement par « Identité » la cristallisation autour dřune personne de certains « traits » singuliers ou partagés.
  • lřimage du miroir ¶
  • création dřun
  • signifiants
  • signifiant
  • lřautre
  • lecture du signe
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  • représentation
  • représentations
  • lettre
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Langue Français

Extrait

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Numéro 2-3 : L’Identité

« Erre » conditionnée. Au-delà du principe d’Identité
Sabine Chagny
Université de Provence
Laboratoire de Psychopathologie Clinique et Psychanalyse - EA 3278
sabine@psylacanyst.com






« Erre » conditionnée. Au-delà du principe d’Identité





Résumé
La nouvelle révolution copernicienne générée par la découverte de lřInconscient subvertit
totalement le concept dřIdentité. Comment savoir qui nous sommes si nous ne sommes pas
« maîtres en notre propre demeure » mais seulement les sujets de notre désir ? Savoir qui lřon est
revient-il à savoir ce que le Ça veut ? Dřun point de vue individuel, on entend généralement par
« Identité » la cristallisation autour dřune personne de certains « traits » singuliers ou partagés. La
notion se déploie du Particulier à lřUniversel et se décline sur le plan familial, national, social,
sexuel etc. Lřanalyse démontre que ces traits relèvent plus dřun procès identificatoire que de la
construction dřune identité. La psychanalyse nřapporte pas de réponse sur ce quřest véritablement
lřIdentité ou son corollaire : quelles sont nos origines ? En revanche, elle éclaire sur ce que
lřIdentité nřest pas. Notre reflet, notre nom et notre sexe ne révèlent en rien la nature du Sujet de
lřInconscient, seul notre dire, dans lřaprès-coup, peut dévoiler la place que nous occupions sans le
savoir.

Mots-Clés : Identité, psychanalyse, identification, « UN », lettre, unité, nom.

Abstract
The new Copernician revolution generated by the discovery of the Unconscious completely
subverts the question of Identity. How do we know who we are if we are not "masters in our own
house", but only subjects of our sovereign desire? Is Ŗknowing who we areŗ a way to find out
what ŖItŗ wants ? From an individual viewpoint, the "Identity" is generally defined by the sum of
singular or shared characters around a person. This notion unfolds from ŖParticularŗ to
ŖUniversalŗ and combines with several concepts like family, nation, sociality, sexuality etc. The
analysis shows that these characters are more issued from an identification process than from the
construction of an identity. Psychoanalysis doesnřt answer to what the real identity is, or its
corollary: where are our origins? Instead, it sheds light on what the identity is not. Our reflection,
our name and sex do not reveal the nature of the Subject of the Unconscious, itřs only our way of
speaking, which may reveal, subsequently, the place we have dealt with - without knowing.

Key-Words: Identity, psychoanalysis, identification, ŖONEŗ, letter, unity, name.





Sabine Chagny
« Erre » conditionnée. Au-delà du principe d’Identité



erner la question de « lřidentité » nřest pas chose aisée tant les objets
quřelle subsume sont contradictoires et paradoxaux : renvoyant à la fois au C temps et à lřimpermanence, à la distinction et à la reconnaissance.
Lřidentité est multiple du seul fait de désigner tantôt la mise en rapport (identité
logique, mathématique,…) tantôt lřexpression dřune singularité (lřidentité
personnelle soit selon le dictionnaire Larousse 2007 : le caractère permanent et
fondamental de quelquřun, dřun groupe). Notons aussi lřidentité culturelle,
sociale, sexuelle… En bref, lřidentité se décline, et la déclinaison signifiant la
prise de distance, de quoi nous écartons-nous lorsque nous déclinons notre
identité ? Lřidée que nous avons de notre propre corps est une illusion dřoptique,
une construction imaginaire qui tient ses limites du langage. Dans une première
partie nous reviendrons sur lřédification de cette surface projetée de nous-
mêmes, notre Moi. Nous verrons que cette image nřest en rien le reflet dřune
identité « intrinsèque », le Moi nřest pas le Je. Alors qui est le Je ? Le Je porte un
nom, qui plus est un nom qui lui est propre. Avec ce signifiant si particulier nous
sommes quasiment certains de toucher aux amarres de lřêtre. Il est clair que notre
nom joue pour beaucoup dans la construction de notre identité, cependant les
noms changent, se transmettent, se perdent…Suffit-il de changer de nom pour
changer ce que nous sommes ? Nous tenterons dřamener des éléments de réponse
à cette question dans une seconde partie, en revisitant la théorie lacanienne du
Signifiant dans sa fonction de représentation mais aussi dans son opposition à la
lettre. Nous verrons comment la question de lřidentité rejoint celle de
lřidentification, renvoyant la question « Qui suis-je ? » à un « Que suis-je ? ». Un
homme ou une femme. On ne peut tergiverser, si chacun est « unique » il se range
au moins selon son sexe. Là encore la psychanalyse (lřactualité plus encore)
trouve à redire sur cette stricte dichotomie de la différenciation sexuelle ; un tiers
y est totalement exclu : le rapport de chacun à sa jouissance. La jouissance
iféminine pose un problème : Was Will des Weib ? se demandait Freud.
Impossible de le savoir, un indice nous est livré par Jacques Lacan :  femme
iidans son universalité nřexiste pas . Niez la position masculine et vous obtiendrez
la position féminine, en revanche si vous niez cette dernière, vous nřêtes pas
certain de revenir au point de départ. Lřidentité sexuelle nřest pas figée, elle est
une position issue dřun procès identificatoire au Signifiant, elle donc par essence
mouvante. Le troisième temps de cette étude sera consacré à la sexuation et à
lřimpossibilité de fixer une réelle identité sexuelle. A ce stade, seront éliminés de
la course au caractère identitaire : notre image, notre nom et notre sexe… il reste
ce que nous sommes, cřest-à-dire même pas « un » ! La découverte de
lřInconscient signifie la prise en compte du désir ; cřest-à-dire la révélation du fait
que nous sommes bien plus les sujets de ce désir que ses auteurs. Personne ne
sřadresse au Sujet de lřInconscient, mais « ça » parle de lui, nous sommes divisés
par le langage, nous lřhabitons. En dřautres termes notre « Identité », si tant est
quřelle existe ne peut être « une ». Un détour par les Mathématiques, et
particulièrement les considérations frégéennes de lřunité, sera le quatrième et
dernier temps de notre étude. La récente adaptation cinématographique de
iiilřœuvre de J. Krakauer : « Into The Wild » nous est apparue comme lřamorce
idéale dřun questionnement sur lřIdentité.

1. Une quête de Vérité

1 Sabine Chagny
« Erre » conditionnée. Au-delà du principe d’Identité


Lřouvrage de J. Krakauer retrace lřitinéraire dřun jeune universitaire américain
qui ne céda pas sur son désir de vérité. Christopher McCandless (1968-1992),
influencé par lřidéal transcendantaliste et naturaliste de H.D Thoreau (1817-1862)
et R.W Emerson (1803-1882), quitte son monde et se perd lui-même pour tenter
de trouver « Le Vrai » dans une quête qui lui sera fatale. Diplômé en 1990, le
jeune américain entame un périple qui le mènera à travers le sud-est des Etats-
Unis jusquřau Mexique et sřachèvera en Alaska via le Canada, où il vécut 112
jours de solitude dans une nature sauvage. Le véritable mobile de ce départ nous
reste inconnu, en revanche ce qui se conçoit plus aisément, cřest qui faille perdre
« son monde » pour se trouver.


1.1. Aliénation

Une rupture amorce cet exil, Christopher rejette sa famille, son éducation, sa
culture… en bref, il met en acte une foncière séparation dřavec lřAutre (à
entendre ici comme sa lecture personnelle de la réalité qui lřentoure) en se
dépouillant toujours plus des semblants quřil décrypte dans les valeurs qui lui ont
été transmises. Coupure fondamentale puisquřil ira jusquřà remanier les amarres
de son être en se renommant lui-même. Un nouveau nom pour un nouvel
homme ; notons que ce moment crucial est remarquablement mis en scène dans le
film de Sean Penn, puisque Christopher sřengendre « Alexander Supertramp »
face à son reflet dans le miroir. Cet épisode fait écho à lřune des thèses
fondamentales développées par Jacques Lacan soulignant lřidentification comme
le principal procès dans la construction de lřidentit&

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