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Mcbrizion
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profil-urra-2012
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Troisième partie
UNE NOUVELLE STRATÉGIE
POUR L’ACTIONCHAPITRE 7
QUELS ENGAGEMENTS ?
La stratégie de sécurité nationale organise et met en œuvre les
moyens de prévenir toute atteinte à la vie du pays, à défaut de limiter
une telle atteinte au plus bas niveau de gravité possible, et d’en atté-
nuer les conséquences. Elle a pour ambition d’élever la capacité d’anti-
cipation, de réaction et de résilience du pays. Elle fonde une doctrine
nationale destinée à harmoniser en toutes circonstances l’emploi des
ressources de l’État et à favoriser le dialogue et la cohérence de
l’ensemble des intervenants : collectivités locales, entreprises, institu-
tions internationales, organisations non gouvernementales.
Le dimensionnement de nos moyens doit répondre d’une part au
nouvel équilibre des fonctions stratégiques qui a été défini, d’autre part
aux exigences des opérations dans lesquelles les armées et les moyens
de sécurité intérieure et de sécurité civile seront engagés.
Les conséquences du nouvel équilibre
des fonctions stratégiques
En ce qui concerne les armées, les moyens que décrivait le modèle
2015 adopté en 1996 ne correspondent pas à cet équilibre nouveau, ni
aux orientations à long terme qui ont été exposées.
Un effort majeur doit, comme on l’a vu, être accompli dans le
domaine de la connaissance et de l’anticipation. Des programmes nou-
veaux et une organisation nouvelle sont nécessaires, pour faire fran-
chir un seuil à nos capacités. Ces capacités seront l’une des clés de la
réactivité de l’État, des forces armées et des dispositifs de sécurité.128 DÉFENSE ET SÉCURITÉ NATIONALE
Les moyens de dissuasion seront maintenus au niveau strictement
suffisant pour la crédibilité des forces nucléaires et la capacité de
celles-ci à répondre aux situations diverses auxquelles le pays peut se
trouver confronté. Ces objectifs supposent des efforts considérables
pour la préparation des hommes, la qualité des équipements et la
sûreté de leur fonctionnement.
La protection, qui reçoit une nouvelle définition, appelle un déve-
loppement à la mesure des vulnérabilités qui affectent directement la
France et l’Europe. Cette orientation doit se traduire notamment par la
définition d’objectifs opérationnels précis pour les forces, une adapta-
tion urgente de nos capacités de gestion des crises et une coordination
renforcée entre les différents responsables sur le territoire, comme
entre les acteurs civils et militaires.
Les capacités d’intervention seront adaptées au nouvel équilibre
d’ensemble qui est recherché et aux priorités qui ont été décrites. Leur
niveau maximum n’est plus attaché à une participation massive à une
opération de défense collective de l’espace aéroterrestre en Europe,
dans le cadre de l’Alliance Atlantique, comme c’était encore le cas dans
les « contrats opérationnels » issus du modèle d’armée 2015. Il doit
résulter de l’analyse des situations de conflit les plus vraisemblables
dans lesquelles la France risque d’être impliquée directement au cours
des prochaines années, ainsi que des axes géostratégiques qui parais-
sent les plus importants pour notre sécurité.
C’est en fonction de ces axes que nos moyens seront orientés et que
notre dispositif prépositionné, qui contribue également à la fonction
de prévention, sera revu. La concentration dans l’espace et dans le
temps sera la clé de la stratégie et du succès dans l’emploi des forces.
Davantage encore que dans le passé, notre effort sur les moyens
devra en effet tenir compte du fait majeur qui s’est imposé ces derniè-
res années : l’emploi presque incessant de nos capacités, militaires et
civiles, dans des situations de plus en plus diverses.
Logique de concentration et logique d’emploi doivent donc dominer
la doctrine, l’organisation, l’entraînement et l’équipement de nos forces
conventionnelles comme des moyens d’action civils.
Les hypothèses d’engagement opérationnel
Pour obtenir la résolution d’une crise, que ce soit sur le territoire
national ou à l’étranger, l’action cohérente d’acteurs divers, civils ou
militaires, étatiques ou privés, nationaux ou internationaux, nécessite
une coordination nouvelle.QUELS ENGAGEMENTS ? 129
LES OPÉRATIONS CONDUITES
SUR LE TERRITOIRE NATIONAL
Dans les cas de crise grave (catastrophe naturelle, accident techno-
logique de grande ampleur, attentat massif, etc.), l’État et l’ensemble
des pouvoirs publics organisent et mettent en œuvre les moyens néces-
saires pour secourir les victimes, enrayer les séquelles d’un événement
déstabilisant (crise sanitaire résultant d’une catastrophe par exemple),
garantir la continuité de l’action des pouvoirs publics et assurer le
retour à la normale, poursuivre les responsables si l’événement résulte
d’un acte intentionnel. L’État doit alors fédérer tous les acteurs – publics
et privés – de la société dans son ensemble.
Au même titre que tous les organismes relevant de l’autorité de
l’État, la force militaire est appelée à agir en soutien, en accompagne-
ment ou en complément des forces et moyens civils spécialisés.
Le dispositif de sécurité intérieure et de sécurité civile doit se pré-
parer aux formes d’agression ou de crise qui peuvent toucher grave-
ment le territoire national. En conséquence, les moyens civils et les
moyens militaires développeront de nouvelles formes de coopération.
À cet effet, la stratégie de sécurité nationale pose les fondements
d’une doctrine, s’appliquant à toutes ses composantes, organisant la
coopération avant, pendant et après l’événement. Outre les mesures
d’organisation que cela implique – au sein même de l’État –, cette stra-
tégie conduit à la mise en place de procédures connues et appliquées à
tous les niveaux, testées par des exercices interministériels. La planifi-
cation de crise et l’organisation des pouvoirs publics en temps de crise
devront connaître une progression qualitative majeure pour assurer la
résilience du pays.
LES OPÉRATIONS MILITAIRES
Des opérations strictement militaires sur le territoire national sont
exclues à l’horizon prévisible, en dehors de l’appui à des opérations de
gestion de crise consécutives, par exemple, à des attaques terroristes,
ou à une catastrophe naturelle ou technologique.
C’est donc à distance du territoire national que les forces armées
continueront à mener des opérations en défense de nos intérêts de
sécurité et en soutien de l’action politique et diplomatique de la nation.
Selon toute vraisemblance, ces opérations continueront à relever
de deux grandes catégories.
Les opérations de stabilisation sont très différenciées : opérations
d’interposition entre belligérants, opérations de stabilisation consécuti-
ves à des conflits internes, opérations de sécurisation de pays ou de130 DÉFENSE ET SÉCURITÉ NATIONALE
régions, interventions relevant de la responsabilité de protéger. La
France devrait rester un contributeur très sollicité. Sa participation
aux opérations devra respecter les principes directeurs énoncés précé-
demment (chapitre 3). Elle impliquera généralement des contingents
relativement limités (de l’ordre de 1 000 à 5 000 militaires, sans comp-
ter les moyens navals et aériens). Les forces armées auront à déployer
et entretenir des contingents de ce type sur plusieurs théâtres, dans des
zones géographiques lointaines, souvent peu accessibles, aux caracté-
ristiques physiques, humaines et économiques difficiles. Ces opéra-
tions s’inscrivent dans un temps long et connaissent de fortes évo-
lutions, qui nécessitent sur place une adaptation permanente du
dispositif, et, par contrecoup, une adaptation dans l’économie générale
des déploiements français. Deux risques devront être sans cesse cir-
conscrits : le recours à des unités combattantes en dehors de leur cadre
d’emploi (par exemple dans des missions de police ou de maintien de
l’ordre) et la dispersion excessive des moyens sur plusieurs théâtres.
Les opérations de force de grande ampleur ne doivent pas être
exclues, comme en témoigne l’analyse des risques de conflit où la
France pourrait se trouver engag&