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Description

Niveau: Supérieur, Master

  • mémoire - matière potentielle : master

  • mémoire


Barrault Université Paris I Panthéon - Sorbonne Lorenzo Département de Science Politique Master 2 Recherche Sociologie et Institutions du Politique Mémoire réalisé sous la direction de Monsieur Daniel Gaxie Juin 2006 Les rapports au politique de jeunes des milieux populaires : discerner la pluralité L'université n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur.

  • diversité de l'implication politique

  • implication par l'action

  • milieu populaire

  • politique

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  • renforcement de la compétence politique statutaire

  • stratégie de distinction dans le champ artistique

  • connaissances politiques variées

  • 1- travailler en profondeur sur le terrain

  • sentiment d'appartenance nationale au principe


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Publié le 01 juin 2006
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Barrault Université Paris I Panthéon - Sorbonne Lorenzo Département de Science Politique Master 2 Recherche Sociologie et Institutions du Politique Mémoire réalisé sous la direction de Monsieur Daniel Gaxie Juin 2006
Les rapports au politique
de jeunes des milieux populaires :
discerner la pluralité
L'université n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur.
« Je conçois dans l’espèce humaine deux sortes d’inégalités ; l’une que j’appelle naturelle ou physique, parce qu’elle est établie par la nature […], l’autre qu’on peut appeler inégalité morale, ou politique, parce qu’elle dépend d’une sorte de convention, et qu’elle est établie, ou du moins autorisée par le consentement des hommes. Celle-ci consiste dans les différents privilèges, dont quelques uns jouissent, au préjudice des autres, comme d’être plus riches, plus honorés, plus puissants qu’eux, ou même de
s’en faire obéir. »
Jean Jacques Rousseau,Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité ère parmi les hommes, Paris, Gallimard, Folio Essais, 1985 (1 éd.1788), p.7.
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AVANT PROPOS Les conclusions de cette recherche n’engagent que son auteur. Elles sont le fruit d’un travail de Master 2 de Sociologie Politique réalisé d’octobre 2005 à juin 2006. Faute de place, je ne pourrai présenter ici que les conclusions de l’enquête sans pouvoir décrire de manière exhaustive les observations empiriques qui les étayent. Je prends ainsi le risque que ces résultats soient assimilés à des opinions et perçus comme relevant pour une part du monde des idées. Afin de lutter contre de telles critiques, et dans la mesure où les données empiriques collectées étaient particulièrement riches, j’ai choisi d’insérer quelques extraits d’entretiens dans le corps du texte afin d’illustrer mes développements. S’agissant d’une enquête de politique par le bas, il convenait en outre de faire une large place aux discours des acteurs. On comprend ainsi que mon analyse compte un nombre de pages qui peut au premier abord s’avérer surprenant pour un mémoire de Master 2. Il est probable que mes développements auraient pu être encore réduits mais ce qui se gagne en nombre de pages se perd en illustrations empiriques des résultats. Je pense finalement être parvenu à un compromis satisfaisant.
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TABLE DES MATIERES Introduction :A la recherche d’une pluralité de rapports au politique de jeunes des milieux populaires 9 Section 1 : Retour sur « les jeunes des catégories populaires » 10 §1- « Les jeunes des catégories populaires n’existent pas » : une population hétérogène10 §2- Un sujet en rapport avec l’actualité sociale 13 Section 2 : Des recherches lacunaires quant aux rapports au politique de jeunes des milieux populaires 15§1. Ce que disent certains médias 15 §2. Les limites des travaux quantitatifs 16 §3- Un objet délaissé en sociologie 19 §4- Quelques acquis de sociologie politique à approfondir 21 Section 3: Discerner la pluralité des rapports au politique de jeunes des catégories populaires 27§1- Une approche de la politique par le bas : réintroduire de la complexité et étudier la diversité 27 §2- Les explications en terme d’âge et les nécessités d’approfondir l’analyse 29 §3. Vers la construction d’idéaux types de rapports au politique 33 Section 4 : Les apports heuristiques d’une enquête qualitative approfondie 36 §1- Travailler en profondeur sur le terrain 36 §2- Quand le terrain évolue : une opportunité bien saisie 40 §3- Des enquêtés hétérogènes 41 §4- Des résultats généralisables : la dialectique du général et du particulier 41 Chapitre 1 : La rareté de l’implication politique 45 Section 1 : Des dispositions atypiques en milieu populaire 45§1- Un sentiment de légitimité en matière de politique 45 1- Des autodidactes 46 2- Des socialisations secondaires atypiques 47 3- Surmonter le cens 48 §2- « L’espoir de s’en sortir » 49 1- Le lycée professionnel comme phase de transition 492- Une aptitude à se défaire du marquage scolaire 503- L’anticipation d’une amélioration de sa situation 51
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Section 2 : L’implication en question 53§1- Un réel intérêt pour la politique 53 1- Un intérêt affiché 53 2- Une définition large du politique 54 3- Du côté des pratiques 55 a) Une attention régulière à l’actualité 55b) Des discussions politiques relativement fréquentes 57§2- Un certain degré de sophistication politique 58 1- Des connaissances politiques variées et relativement cohérentes 58 2- Des critiques argumentées du politique 60 Section 3 : La diversité de l’implication politique 61§1-L’implication par l’action 61 1- Le sentiment d’appartenance nationale au principe d’un renforcement de la compétence politique statutaire 61 2- L’espoir d’un retour sur investissement 63 3- Le vote comme norme sociale 64 a) la réactivation de la norme électorale 64b) Des votes investis 664- Un large répertoire d’action politique 67§2- Une posture ambivalente : la distance investie 69 1- Un sentiment d’appartenance nationale incertain 692- Des attentes limitées et ambivalentes en matière de politique 713- Des abstentions quasi doctrinales 724- La « politique autrement » ? L’exemple du rap 73a) Une pratique militante et critique investie politiquement 74b) Une stratégie de distinction dans le champ artistique 77Chapitre 2 : Le privilège de l’ « insouciance » en politique 81 Section 1 : Des membres des fractions supérieures des catégories populaires 81§1- Des jeunes moins dominés socialement 81 1- Une meilleure dotation en capital économique 822- Des positions familiales moins subalternes dans l'espace social 833- Des agents sociaux moins stigmatisés 84§2- Un rapport au monde plutôt positif 85 1- Le lycée professionnel comme solution 85a) Une orientation scolaire plus ou moins choisie 86b) Des sections relativement valorisées 872- Des perspectives positives pour l’avenir 883- Un intérêt affiché pour les loisirs et l’amusement 89
Section 2 : Age, « insouciance » et distance au politique §1- Les manifestations de la distance 1- Un intérêt politique restreint a) Le désintérêt affiché b) Différentes définitions tacites du politique ? c) L’intérêt au futur 2- Des vecteurs de politisation limités a) Une faible exposition à l’information politique b) « Parler politique, c’est pas mon passe temps favori »
9191 9191939394 9596
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3- Des connaissances politiques sommaires 97a) Quelques points de repères 97b) Une certaine compétence locale 98c) Des connaissances sur des enjeux ponctuels 994- Des critiques du politique virulentes : la distance soupçonneuse 100§2- Aux sources de la distance : les effets conjugués du cens et du cycle de vie 102 1- Une distance avant tout statutaire : le sentiment d’incompétence et la nécessité d’être compétent pour s’investir politiquement 1022- L’ « insouciance » de la jeunesse ou les effets politiques annoncés d’une responsabilisation sociale 104Section 3 : Une participation minimale et désinvestie 105§1- Le vote comme seule forme de participation politique envisagée 106 1- Une norme électorale relâchée 1062- Une participation électorale intermittente 1083- Des votes désinvestis 109§2- La conviction de l’inutilité de toute participation politique non électorale ou l’illustration du peu d’intérêt escompté en politique 112 §3- Une forme de participation désinvestie politiquement : l’exemple du ralliement au projet de lettre au Président de la République 113 1- Une activité scolaire distrayante et désinvestie politiquement 1142- Une stratégie de distinction dans l’espace social 115Chapitre 3 : Relégation sociale, désespoir et scepticisme politique  117 Section 1 : Le désespoir au fondement de la distance au politique 117§1- Des jeunes en difficulté dépourvus de ressources 118 1- La précarité sociale et le mal de vivre 1182- De lourds problèmes personnels 119§2- Le poids de la relégation sociale sur le rapport au politique 121 1- De multiples stigmates 121a) La disqualification sociale 121b) Le marquage scolaire 122c) La relégation dans l’espace urbain 123d) Racismes et rejets 1242- La déchéance scolaire 125a) Des élèves en grandes difficultés 125b) Une orientation subie dans des filières déclassées 126c) Relégation au sein de l’institution et auto disqualification 1263- L’anticipation d’un avenir obscur et incertain 1274- Le désespoir au principe d’un fort scepticisme politique 128Section 2 : Un rapport particulier de distanciation au politique 130§1- « La politique, ça m’intéresse pas » 130 1- Cynical chic ou subversion rigolarde ? Des stratégies sexuées de présentation de soi 1302- La focalisation sur la « politique politicienne » 132§2- Un faible niveau d’information politique 133 1- Des consommations médiatiques restreintes et des réceptions désinvesties politiquement1332- Des connaissances politiques minimales 134§3- L’incompétence statutaire en question 136
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1- Un sentiment d’incompétence politique 1362- Un sentiment d’appartenance nationale en déclin 1373- Le sentiment de ne pas être concerné par une activité « qui ne sert à rien » 139§4- Des votes rares et sceptiques 139 1- Une norme électorale affaiblie et peu contraignante 140a) Le défaut d’obligation ou l’abstention comme norme locale 140b) Le déclin de la sanction et l’absence de micro incitations 1412- Le scepticisme électoral ou la conviction que voter ne présente aucun intérêt 1423- La nécessité de faire reculer le Front National : un vote sur enjeux ? 1434- Les modes de production des rares votes comme illustration de la distance à l’institution électorale 145§5- Une illustration du scepticisme : les critiques profanes de la politique 146 Section 3: Les limites de la distance : une politisation à éclipses 148§1- Une attention oblique de veille : l'exemple de deux figures repoussoirs en politique  149 §2-Une politisation sur enjeux 150 1- Une compétence pratique sur certains enjeux politiques 1512- Des capacités d’expression politique différentielles selon les contextes 153§3- Un exemple de politisation sur enjeux à travers une initiative populaire : la lettre au Président de la République ou comment faire de la politique sans le vouloir 155 1- Une conjoncture atypique et des conditions exceptionnelles 1562- Genèse d’une idée de lettre : entre prédispositions et interactions 1583- Une action politique inconsciente comme illustration du scepticisme 161Chapitre 4 : Exclusion nationale et indifférence politique 164 Section 1 : Des jeunes marginaux socialement se sentant exclus de la nation 164§1- Une forte marginalité sociale et un rapport au monde particulièrement « noir » 165 1- Entre problèmes sociaux et difficultés personnelles : des jeunes démunis à la dérive 1652- Le cumul de multiples stigmates au principe d’une « haine » sociale 1663- Des « exclus de l’intérieur » à la limite de la déscolarisation 1674- Une inaptitude à se projeter dans l’avenir 168§2- L’absence de sentiment d’appartenance nationale comme producteur de distance au politique 169 1- Des socialisations particulières, distantes du politique et du national 1692- Des « français de papiers » 1703- Des victimes du racisme ayant intériorisé leur stigmatisation 1714- Le rejet de la citoyenneté nationale 172§3- Une tendance à la masculinité 173 Section 2 : L’indifférence face à la politique 174§1- Une distance exacerbée à la politique 175 1- Un désintérêt total pour la politique nationale 1752- La politique réduite aux seuls « politiciens des élections » 1763- Une exposition à l’information quasi inexistante 1774- Des connaissances politiques extrêmement limitées 178§2- L’exception : une attention particulière au pays d’origine 178 1- Un intérêt déclaré 1792- Une rare exposition aux informations quant à leur pays d’origine 179
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3- Une compétence limitée en la matière 180§3- L’indifférence comme facteur d’immunisation face à l’humeur critique 181 Section 3 : Défaut de sentiment d’appartenance nationale, non participation politique et remise de soi 182§1- Une incompétence statutaire complexe 182 1- Le sentiment d’incompétence politique 1822- Le sentiment de non appartenance nationale au principe de l’illégitimité en politique 183§2- L’inexistence de la norme électorale 183 1- « De quelle obligation tu me parles ? » 1842- L’absence de sanctions sociales en cas d’abstention 184§3- L’exclusion de toute forme de participation politique 185 §4- Des jeunes sans aucune attente du politique 186 §5- Le religieux comme substitut au politique ? 187 §6- Une totale remise de soi : l’indifférence comme fondement d’une extrême délégation politique 189 Conclusion : Des rapports au politique différenciés 191 §1- Hétérogénéité des catégories populaires et différenciation des rapports au politique  191 §2- Quelques pistes pour approfondir l’analyse 194 Remerciements 196Bibliographie indicative 197Résumé 214Annexes 215Note méthodologique 216 Retour sur quelques effets produits 218 par le sociologue en milieu populaire 218 Liste des entretiens 220
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Introduction :
A la recherche d’une pluralité de rapports au
politique de jeunes des milieux populaires
 Pendant près d’un mois en novembre 2005, des « émeutes urbaines » ont eu lieu dans nombre de quartiers en périphérie de certaines villes françaises. La plupart des commentateurs ont désigné les « émeutiers » comme des jeunes des catégories populaires et rares sont ceux qui ont attribué une signification politique à leurs actes. Le discours dominant a plutôt mis en avant des jeunes « sans repères » « à la dérive », totalement inconscients de leurs actes et incapables de penser politiquement. On ne sait pourtant que 1 2 peu de choses des rapports au politique des jeunes des milieux populaires . Un tel sujet n’est ainsi pas sans lien avec l’actualité sociale (section 1), mais les recherches en la matière sont lacunaires (section 2). Il convient ainsi d’approfondir l’analyse en tenant compte des spécificités de la période actuelle. Particulièrement défavorisés dans le monde social, ces jeunes constituent un ensemble largement hétérogène et l’on peut ainsi faire l’hypothèse d’une pluralité de rapports au politique (section 3). Une enquête qualitative approfondie a donc été privilégiée dans la perspective de documenter des idéaux types de rapports au politique (section 4). 1 « Le » et « la » politique seront dans ce travail utilisés de manière indifférenciés. On rejoint en effet Daniel Gaxie qui explique, dans la première note de bas de page de son article « Vu du sens commun » (Espace temps, n°76/77, 2001 p.82-94), que cette distinction est rare en dehors des milieux intellectuels. Elle ne fait en outre guère sens pour la totalité des agents sociaux au cœur de ce travail. 2  Pour désigner cette population, les expressions jeunes des « milieux »/« catégories » populaires seront utilisées de manières indifférentes. J’ai choisi de ne pas utiliser le terme de « classes populaires » en raison notamment de sa connotation idéologique. A l’image de ce que fait Luc Botltanski pour les cadres (Les cadres : la formation d’un groupe social, Paris, Minuit, 1982, 523 pages), on se gardera ici de définir au préalable avec précisions les « catégories populaires » (exception notable en sociologie). Richard Hoggart concède d’ailleurs qu’il « n’est pas facile de définir les classes populaires » dans la mesure où il s’agit d’ « un public bien plus vaste et socialement diversifié que le milieu ouvrier » (La culture du pauvre. Etude sur le style de vie des classes populaires en Angleterre, Paris, Minuit, 1970, p.43). De son coté, l’INSEE ne définit pas les catégories populaires, mais précise que la France comptait 7 015 000 « pauvres » en 2004 (taux de pauvreté calculé avec un seuil à 60%).
9
Section
1 :
populaires »
Retour
sur
« les
jeunes
des
catégories
« Les jeunes », « c’est par un abus de langage formidable que l’on peut subsumer 3 sous le même concept des univers sociaux qui n’ont pratiquement rien de commun » . Je ne rouvrirai pas ici la controverse sur « La « jeunesse » n’est qu’un mot » initié par le 4 texte de Pierre Bourdieu. Il faut cependant reconnaître que les jeunes ne constituent en 5 rien un ensemble homogène. Par exemple, un jeune « héritier » ne présente bien souvent pas les mêmes caractéristiques qu’un jeune issu des catégories populaires. De même, on considère souvent « les jeunes des milieux populaires » comme un bloc uniforme en dépit du fait qu’il s’agit d’une population hétérogène (§1), au cœur de diverses préoccupations sociales contemporaines (§2). §1- « Les jeunes des catégories populaires n’existent pas » : une
population hétérogène
Les catégories populaires sont aujourd’hui les plus touchées par la crise économique qui sévit depuis près de 30 ans. C’est dans ces milieux que la précarité, le 6 chômage et les diverses difficultés sociales font le plus de ravages . Les jeunes de ces
3 Pierre Bourdieu, « La jeunesse n’est qu’un mot »,Question de sociologie, Paris, Minuit, 1980, p.145. Pour quelques précisions plus récentes sur ce texte voir Gérard Mauger, « ¨La jeunesse n’est qu’un mot¨. A propos d’un entretien avec Pierre Bourdieu »,Agora débats jeunesses, n° 26, 2001, p.137-144. En outre, sur la catégorie jeune et son hétérogénéité voir également Olivier Douard, « La catégorie jeunesse, structurante ou contraignante ? »,Agora débatsjeunesses, n°3, 1996, p. 4-6, et Olivier Galland, « Adolescence, post adolescence, jeunesse : retour sur quelques interprétations »,Revue française de Sociologie, volume 42, n°4, 2001, p.611-640. 4 L’INSEE comptait 7 870 130 jeunes âgés de 15 à 24 ans en France en 2005. 5 On reprend là le terme de Pierre Bourdieu, Jean Claude Passeron,Les héritiers : les étudiants et la culture, Paris, Minuit, 1964, 191 pages. 6  On renverra ici à Pierre Bourdieu (dir.),La Misère du Monde, Paris, Seuil, Points, 1993, 1467 pages; Stéphane Beaud, Michel Pialoux,Retour sur la condition ouvrière. Enquête aux usines Peugeot de Sochaux- Montbéliard; et Stéphane Beaud, « La condition ouvrière, Paris, Fayard, 1999, 468 pages aujourd’hui »,Regards sur l’actualité, n°258, mars 2000, p. 27-41. Sur le désengagement progressif de ème l’Etat, voir Abram De Swaam,Sous l’aile protectrice de l’Etat,Paris, PUF, 1995, 2 ed., 377 pages.
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7 catégories sont directement concernés par « l’effritement de la société salariale » et la 8 précarité structurelle actuelle (difficultés de subsistance, chômage, discriminations…). 9 Ainsi, 7,3 % des 18-29ans vivaient sous le seuil de pauvreté en 2003 . Ces jeunes 10 connaissent également de grandes difficultés d’insertion et sont particulièrement 11 vulnérables dans le domaine de l’emploi . Le taux de chômage des 15-29 ans était par exemple de 16,7% en 2003 contre 8,2% pour les 30-49 ans, et de 10,1% pour les ouvriers 12 contre seulement 4,1% pour les cadres et professions intellectuelles supérieures . Il s’agit en outre de jeunes tendanciellement mal dotés en capital économique et culturel et le plus souvent relégués dans l’espace social. Nombre d’entre eux sont issus de l’immigration et stigmatisés au quotidien. De manière générale, les jeunes des catégories populaires sont donc particulièrement défavorisés et occupent des positions dominées dans l’espace 13 social .
Le sociologue se doit cependant de différencier les individus constituant ce groupe et de lutter contre toute tendance abusive à l’homogénéisation. Gérard Noiriel a montré que les 14 « jeunes d’origine immigrée » ne constitue pas un groupe homogène . On peut en affirmer autant à propos des jeunes des milieux populaires. Mon travail vise pour une part
à mettre en avant cette hétérogénéité, notamment sous l’aspect des rapports au politique.
Si les jeunes des milieux populaires présentent certaines caractéristiques communes, il 15 est cependant possible de les différencier. Reprenant les analyses de Pierre Bourdieu , Jan Rupp explique que les catégories populaires ne constituent pas un ensemble
7 Pour reprendre l’expression de Robert Castel,Les Métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Paris, Fayard, 1995, 490 pages ; etL’insécurité sociale, La république des idées, Seuil, 2003, 95 pages. 8  Stéphane Beaud, Michel Pialoux,Violences urbaines, violences sociales, op.cit.. La conclusion de cet ouvrage propose une vision générale des spécificités de la période actuelle pour ce qui est des conditions de vie et de socialisation des jeunes des milieux populaires, (p.379-410). 9 Données INSEE (http://www.insee.fr). 10  Voir par exemple Pauline Givord, « L’insertion des jeunes sur le marché du travail »,INSSE Première, janvier 2006, 4 pages. 11 Voir par exemple le dernier numéro deDonnées sociales(mai 2006) et l’article du journalLe Mondequi en traite (« Les difficultés d’insertion des jeunes s’aggravent en France »,Le Monde, 12 mai 2006, p.12). 12 Données INSEE (http://www.insee.fr). 13 Pour une vision globale, voir notamment Christian Baudelot, Gérard Mauger,Jeunesses populaires. Les générations de la crise, Paris, L’Harmattan, Logiques Sociales, 1994, 384 pages. On pourrait en outre ajouter qu’ils sont directement concernés par la disqualification actuelle des catégories populaires dans leur ensemble qui va de pair avec le déclin de leurs représentants légitimes dans l’espace publique. 14  Gérard Noiriel, « Les jeunes d’¨origine immigrés¨ n’existent pas », Chapitre 9, inEtat,Nation et Immigration, Vers une histoire dupouvoir, Paris, Belin, Socio histoires, 2001, p. 221-229. Il me faut reconnaître que le titre de ce paragraphe est inspiré de ce texte. 15 Voir par exempleLa Distinction, critique sociale du jugementMinuit, 1979, 670 pages., Paris,
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