Chapitre 1 ENTREPRISES EN RÉSEAU VILLES, RÉGIONS ET - Chap 1 MEP.indd
34 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Chapitre 1 ENTREPRISES EN RÉSEAU VILLES, RÉGIONS ET - Chap 1 MEP.indd

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
34 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Chapitre 1 ENTREPRISES EN RÉSEAU VILLES, RÉGIONS ET - Chap 1 MEP.indd

Informations

Publié par
Nombre de lectures 123
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Chapitre1
ENTREPRISESENRÉSEAU VILLES,RÉGIONSETÉTATS
13
Le monde procède de l’interaction des situations locales qu’il englobe. « Il est clair que pour comprendre la mondialisation, il faut à la fois connaître le monde dans ses structures et l’enchevêtrement de ses systèmes et appréhender la manière dont la mondialisation s’exprime et marque les réalités locales» Olivier Dollfus, 2001,La Mondialisation
L’internationalisation des villes européennes s’intègre dans un même mouvement de diffusions économiques, technologiques, organisationnelles mais aussi sociales et culturelles. Deux pro -cessus dominants sont à l’œuvre dans cette intégration transnationale des systèmes urbains : — la diffusion entre les villes d’informations spécifiques telles que des modes de production, des nouveaux produits, des types d’organisations sociales et technologiques ; — la spécialisation de chaque ville dans une division spatiale du travail qui, s’inscrivant dans les échanges mondiaux, se définit essentiellement, comme nous le montrerons, dans le cadre d’un sous-système continental.
Les capacités des villes à produire ou à adopter des innovations sont les conditions majeures du maintien de leur position, voire de leur développement, comme nœuds d’échanges et de communication. De nombreux auteurs redécouvrent actuellement, parfois avec surprise, les propriétés d’échanges et d’interactions des villes (Castells, 1998 ; Sassen, 1996). Celles-ci ont pourtant été largement soulignées, notamment pour des périodes historiques se référant à des Systèmes mondegéographiquement identifiés (Braudel, 1979 ; Bairoch, 1978, 1985). Ces pro -priétés, en élargissant l’aire d’influence des réseaux autour des villes au rythme des progressions technologiques, conservent généralement les mêmes principes. Elles s’inscriraient, alors, de moins en moins dans des territoires mitoyens, séparés par des frontières quasiment imperméa -bles. En revanche, elles se déploieraient de plus en plus dans un territoire unique, intégrant théoriquement la planète entière. La tendance à l’unification des territoires, loin d’occulter le passé, s’appuie sur des spécificités spatiales, héritées de relations souvent très anciennes. Cet héritage entre en interaction avec les nouveaux réseaux d’échanges. Il en accélère ou en freine le développement.
14
TISSUSDEVILLES
Grâce à leurs capacités d’échanges, les villes accueillent des fonctions et des activités qui for -ment unebase économique, sans cesse en renouvellement. Sur cette base se construisent la spé -cialisation des villes, leur attractivité et les projets politiques de leurs représentants. L’insertion de chaque ville dans des réseaux distincts induit, par les synergies déployées, l’envergure et la densité du maillage de sa zone d’influence. La position relative de la ville s’en trouve ainsi renforcée. Toutefois, cette insertion ne dépend pas de la seule volonté des autorités locales. La construction de réseaux d’échanges économiques, selon une logique industrielle qui ne re -lève pas toujours en priorité de stratégies spatiales (Bouinot, 2000), s’articule avec les logiques spécifiques de développement territorial de chaque ville. Les choix des acteurs économiques orientent alors le développement des villes au travers de réseaux sans cesse élargis. Du fait de la diversité de leur implantation et de leur puissance financière, les entreprises multinationales sont des acteurs décisifs impliqués dans ces mouvements. Le réseau de leurs filiales interagit avec celui tissé par les autres acteurs de chaque ville, chaque région et chaque pays.
Les villes sont au cœur des stratégies spatiales des entreprises multinationales, parce qu’elles réu -nissent les propriétés de leurs pays respectifs (le «champ international») et les facultés de mise en réseau dans des temps réduits (le «champ transnational») (Dollfus, 2001). Olivier Dollfus précise que «chacun[de ces champs]est fondé sur une forme différente de maîtrise de l’espace : pavage pour l’international, réseau pour le transnational [...]. De l’international dépendent les taux de change, les règlements en matière de travail et de fiscalité, les « externalités » dont l’entreprise peut tirer parti, l’ampleur et l’état du marché. Toutes bénéficient des « facilités » que permet la sphère « transnatio -nale » : information instantanée, possibilité de recourir à des monnaies transnationales, d’avoir des fi -liales dans des paradis fiscaux(2001, p. 104-105). Les stratégies des entreprises multinationales» doivent être précisées dans ces deux sphères si l’on veut comprendre l’articulation des échelles d’organisation urbaine qu’elles animent.
L’exposé des stratégies spatiales des entreprises multinationales sera développé dans ce chapitre en approfondissant les comportements des entreprises et leur rapport aux milieux locaux (en particulier les villes), aux régions et aux États. Nous préciserons, d’une part, notre approche des entreprises multinationales, et plus généralement des entreprises (1) et, d’autre part, celle des relations entre les entreprises et les territoires, notamment les entreprises en réseau (2). Les processus de mondialisation et de « globalisation » seront en -suite abordés (3) afin de souligner les rôles des échelles continentale, nationale, régionale et urbaine dans la mise en réseau des entreprises multinationales. Ce retour aux éléments de bases de la géographie économique, constitue une étape indispensable, avant d’aborder l’étude pro -prement dite des entreprises multinationales dans les systèmes urbains en Europe.
Chap.1.Entreprisesenréseau,villes,régionsetÉtats
1.1.Lesfrontièresouesdesentreprises
15
L’approche de l’organisation de l’entreprise est spécifique, si l’on cherche à souligner son lien avec le développement territorial. Il ne s’agit pas ici d’opérer une intégration de l’es -pace dans l’approche économique, ce que fait l’économie géographique(Storper, 1985, 1995 ; Huriot (dir.), 1998). Nous proposons plutôt l’inverse, c’est-à-dire l’intégration des logiques économiques dans l’approche spatiale des systèmes urbains. Il s’agit donc d’une démarche degéographie économique. Notre approche s’inscrit plus précisément dans la ligne tracée par de nombreuses recherches qui soulignent l’implication de la logique entrepreneuriale dans le développement urbain, parmi lesquelles A. Weber (1929), Vernon (1960), Pred (1967, 1972, 1977) Saint-Julien (1982) ou Scott (1988b). Ces recherches se focalisent toujours sur les fac -teurs de localisation des entreprises, mais toutefois selon des aspects différents de celles-ci. Les entreprises sont qualifiées selon leurs inputs et outputs (Weber), selon le cycle des produits (Vernon, Saint-Julien), selon les liens de filiation d’entreprises (Pred), ou selon leur degré de désintégration verticale (donc de relations entre des entreprises) (Scott). Chacune de ces approches contient un éclairage différent des entreprises et de leur lien avec les territoires. La question est alors de les utiliser de manière pertinente face à la question de la mise en relation des villes européennes.
Nos choix ont également été guidés par les approches liées à l’internationalisation des entre -prises. Ce sont essentiellement Krugmann et Helpman qui ont placé les entreprises et non plus les États-nations au centre de la construction théorique d’unenouvelle économie internationale (Krugman, 1988; Helpman, Krugman, 1989). Différentes définitions coexistent, là encore, pour aborder les relations entre les entreprises et le territoire. Elles mettent à chaque fois l’accent sur différentes propriétés des entreprises, que l’on peut, dans un premier temps, rappeler. L’exposé de ce rappel s’ordonne selon différentes étapes qui permettront de préciser le sens spécifique que nous donnons à l’organisation spatiale de l’entreprise dans un système urbain. Toutes les approches de l’entreprise n’y sont pas citées de manière exhaustive, mais uniquement celles qui, à notre sens, éclairent la relation que nous privilégions entre les systèmes de villes et les réseaux d’entreprises multinationales. Cette relation, qui comporte, certes, une dimension spatiale d’intégration des entreprises dans les villes, s’articule avec d’autres stratégies répon -dant à des logiques industrielles et à des logiques de gouvernance des entreprises. C’est la raison pour laquelle nous repartirons de la définition générale de l’entreprise afin de mettre en exergue cette articulation.
L’organisation élémentaire (la firme ou l’entreprise, termes que nous utiliserons indifférem -ment) a un sens très large. Elle peut définir à la fois une entreprise familiale et une corporation transnationale géante (Dicken et Malmberg, 2001). Il existe bien des définitions juridiques na -tionales de l’entreprise sur lesquelles reposent les différents systèmes de comptabilité et de fis -calité. Il n’en demeure pas moins une grande difficulté à repérer les frontières de l’entreprise. La distinction entre les transactions inter-firmes et intra-firmes a pu contribuer, dans le passé, à préciser les limites des entités entrepreneuriales. En théorie, lescontrats(complets) internes à la firme sont censés se distinguer clairement de ceux du marché. Parfois, ce type d’approche a mis l’accent sur le rôle de lien que la firme assure pour ces contrats. D’autres fois, ce sont les capacités à l’organisation formelle d’arrangements contractuels qui constituent les propriétés
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents