Etalons bisontins de poids et de mesure. - article ; n°3 ; vol.24, pg 213-232
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Description

Revue d'histoire des sciences - Année 1971 - Volume 24 - Numéro 3 - Pages 213-232
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M FRANCOIS G. LAVAGNE
Etalons bisontins de poids et de mesure.
In: Revue d'histoire des sciences. 1971, Tome 24 n°3. pp. 213-232.
Citer ce document / Cite this document :
LAVAGNE FRANCOIS G. Etalons bisontins de poids et de mesure. In: Revue d'histoire des sciences. 1971, Tome 24 n°3. pp.
213-232.
doi : 10.3406/rhs.1971.3211
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1971_num_24_3_3211Etalons bisontins de poids et de mesure
Les étalons des anciens poids de France, antérieurs à l'intr
oduction du système métrique décimal, sont rares dans les musées
et collections privées.
Dans le premier tiers du xixe siècle, l'acceptation du système
métrique par les Français fut longue et laborieuse ; en 1812 le
gouvernement crut adroit de permettre l'usage des anciennes déno
minations, tout en imposant le maintien de la division décimale ;
il fallut attendre 1837 pour qu'une loi proscrive — à partir de
janvier 1840 — tous poids et mesures non conformes aux valeurs
et dénominations officielles.
Les vérificateurs des poids et mesures — pas tous, par
bonheur — procédèrent à la destruction des anciens étalons :
M. Louis Marquet [1] cite :
« ... En avril 1803 l'inspecteur des Poids et mesures de Lyon, constatant que
l'application du système décimal est lente, décide de faire procéder à la destruc
tion de tous les étalons des anciennes mesures existant à Lyon... »
II ne faut donc pas s'étonner si les témoins des systèmes métro-
logiques de l'Ancien Régime sont peu nombreux ; ces étalons
revêtaient deux formes principales :
— soit une forme cylindrique, ou légèrement conique, se raccordant
à la face supérieure par un arrondi ; un anneau mobile, ou une
poignée venue d'un seul jet avec le corps, permettait la
manipulation,
— soit la forme de « piles » composées de godets coniques s'em-
boîtant les uns dans les autres ; le godet extérieur était muni
d'un couvercle à charnière, d'une poignée articulée (bélière),
et il s'ornait d'animaux fabuleux, chevaux, dragons, crocodiles ;
les piliers de la bélière représentaient des bustes de femmes,
des sirènes, des guerriers barbus et casqués (fig. 1). 214 revue d'histoire des sciences
Des étalons de la première forme se retrouvent à Montauban,
Rouen, Troyes, Montpellier, Lille ; ils étaient presque toujours les
patrons de poids locaux.
Les poids à godets ayant un caractère certain d'étalon ne sont
pas plus nombreux ; nous connaissons ceux d'Angers, Dinan,
Dijon, Ghâteaudun, Rouen, Musée national des Techniques, Musée
de la Monnaie ; toutes ces piles, qui pèsent 64, 32 ou 16 livres, ont
Fi g. 1. — Pile de 16 livres de la Collection Lavagne
été construites à Nuremberg, où les balanciers en avaient acquis
une quasi-exclusivité dans les pays occidentaux ; ils fournissaient
des poids aux balanciers français qui, dans les Hôtels des Monnaies,
les administrations des Finances, les Hôtels de Ville, étaient mand
atés par les généraux des Monnaies, les intendants, les échevins,
pour l'ajustage des étalons aux poids officiels.
Les balanciers marquaient les étalons de leur poinçon de fabri
cant et y gravaient une mention qui certifiait que le poids était
bien un étalon (de telle ville ou corporation).
Sur les étalons des villes précitées, on trouve les marques des
balanciers parisiens : Chemin, 1773 et 1778 ; Tilly, Legoix, Leroux,
Olivier, 1710 ; Pilloy, 1777 ; des balanciers lyonnais Laurent
Grosset, Raybay, 1706 ; outre ces marques, la Cour des Monnaies
donnait sa garantie en apposant le poinçon à la fleur de lys. G. LAVAGNE. ÉTALONS BISONTINS DE POIDS ET DE MESURE 215 FR.
L'étalonnage de ces piles se faisait à la livre de Paris — ou de
Troyes — qui pesait 489,5 g ; la pesée s'exprime quelquefois en
« marcs » : le marc est la moitié de la livre et pèse 244,75 g.
Les divisions inférieures de la livre et du marc sont :
— l'once de 30,59 g (8 au marc, 16 à la livre) ;
— le gros de 3,825 g (8 gros à l'once) ;
— le denier de 1,275 g (3 deniers au gros) ;
— le grain de 0,0531 g (24 grains au denier).
Cette livre de Paris était expressément réservée au pesage
monétaire et au pesage des matières d'or et d'argent ; dans les
pays où existaient, pour le pesage des marchandises ď « Avoir de
poids », des centaines d'unités pondérales différentes, la Cour des
Monnaies, par la rigueur de sa surveillance des orfèvres, changeurs,
balanciers, tireurs d'or, passementiers, etc., avait imposé une unité
pondérale unique, la livre de Paris.
La ville de Besançon a la fortune de posséder deux piles-étalons
de 32 marcs ou 16 livres, mais — et cela constitue un cas unique
en France — ces deux piles sont de fabrication française ; si elles
sont construites sur le type des piles de Nuremberg, leur très belle
décoration est spécifiquement bisontine, en ce qu'elle reproduit
les armes de la ville sur la face supérieure du couvercle. Une des
piles est conservée à la Bibliothèque municipale, l'autre au Musée
d'Archéologie, d'Art et d'Histoire.
Description de la pile de la Bibliothèque (fig. 2 a, b, c)
La forme générale est celle, classique, du tronc de cône reposant
sur sa petite base ; les deux diamètres sont 135 et 94 mm et la
hauteur du corps 110 mm. Le couvercle est orné, en relief, de
l'aigle de Besançon soutenant les 2 colonnes ; sa tête est sommée
d'une banderole portant la devise « UTINAM », gravée en creux
entre 2 fleurettes ; l'aigle est accostée de 2 têtes de lion tenant dans
la gueule les pivots de la bélière formée elle-même par les corps
opposés de 2 lions dont les pattes s'appuient sur 2 écussons ovales
d'où émergent les pivots.
Deux trous de rivets, sur ces écussons, montrent qu'il y avait
de chaque côté, une plaquette qui a disparu ; la charnière et la
fermeture sont en forme de palme ; elles sont fixées sur le couvercle
par 2 platines dont l'une s'accorde aux contours de la banderole, Fig. 2 a. — Pile de la Bibliothèque de Besançon
(couvercle)
Fig. 2 b et с. — Détail de la pile de la Bibliothèque de Besançon G. LAVAGNE. ÉTALONS BISONTINS DE POIDS ET DE MESURE 217 FR.
tandis que l'autre se conjugue avec le dessin des plumes qui te
rminent au centre, la queue de l'aigle héraldique (fig. 2 b et 2 c).
La fermeture est complétée par un petit verrou s'engageant
dans une rainure pratiquée dans le pêne rivé sur la boîte.
A l'extérieur, le corps tronconique est renforcé par 5 moulures
en relief, ainsi qu'à la base où une large moulure lui donne une
bonne assise ; dans les trois premières zones délimitées par les moul
ures sont gravés les mots suivants :
POIDS DE TRANTE DEUX MARCS EN TREIZE PIÈCES
SERVANT DE MATRICE A ÉCHANTILLONNER LES POIDS
DE LA CITÉ DE BESANÇON
A l'intérieur on distingue 4 poinçons identiques en forme d'écu
portant les armes de la ville, en relief sur un fond creux ; cette
enveloppe, que l'on appelle « la boîte » (en Flandre on dit « la
maison ») contient 7 godets coniques seulement ; le poids total de
la pile étant de 16 livres, la boîte pèse 8 livres et les godets :
4, 2, 1 livre, 8, 4, 2, 1 once
Pour que le poids soit complet, il manque cinq divisions :
4 godets de 4, 2, 1, 1/2 gros, et un poids central de 1/2 gros
Mais il est visible que, seuls, les 3 godets de 4, 2 et 1 livre sont
authentiques, c'est-à-dire contemporains de la boîte ; ils portent
les mêmes poinçons aux armes de Besançon ; au point de vue pon
déral, les 4 autres godets sont corrects, mais ils ne sont pas d'origine :
ils ont été ajoutés ultérieurement pour remplacer des godets
égarés ou usés.
La bélière est brisée, mais réparable, et il ne semble pas qu'une
perte de matière se soit produite ; sur la figure 2 a la bélière a été
enlevée pour montrer le dessin des armes de la ville.
Description de la pile du Musée (fig. 3 et 4)
L'impression première est qu'il s'agit d'un poids identique ;
cependant, un examen détaillé nous montre des différences dans
la fabrication et la décoration.
La forme des platines de la charnière et de

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