Forme fixe et forme discursive dans quelques sonnets de Baudelaire - article ; n°1 ; vol.32, pg 123-139
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1980 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 123-139
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Professeur Jacques Geninasca
Forme fixe et forme discursive dans quelques sonnets de
Baudelaire
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1980, N°32. pp. 123-139.
Citer ce document / Cite this document :
Geninasca Jacques. Forme fixe et forme discursive dans quelques sonnets de Baudelaire. In: Cahiers de l'Association
internationale des études francaises, 1980, N°32. pp. 123-139.
doi : 10.3406/caief.1980.1212
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1980_num_32_1_1212FORME FIXE ET FORME DISCURSIVE
DANS QUELQUES SONNETS DE BAUDELAIRE
Communication de M. Jacques GENINASCA
{Zurich)
au XXXP Congrès de l'Association, le 25 juillet 1979.
Mon propos est d'examiner, sur quelques échantillons, la
rencontre, chez Baudelaire, de la forme discursive et de la
forme fixe du sonnet. Ambition trop vaste, sans doute, compte
tenu des limites imparties à cet exposé, puisqu'elle suppose
que je m'explique sur un ensemble de notions — telles que
« forme fixe », « forme discursive » — qui ne vont pas de
soi et que je produise des éléments, au moins, d'analyse de
poèmes des Fleurs du Mal. Il s'agira donc de convaincre de
l'intérêt et de l'utilité d'un programme de recherche, plus que
de le réaliser ou d'en étaler les résultats.
On entend, le plus souvent, par « forme fixe », une combi
naison conventionnelle de strophes (1). La possibilité d'établir
le schéma d'une forme fixe, indépendamment de tout inves
tissement linguistique, nous fait parfois oublier que celle-ci
n'est rien d'autre qu'une codification de procédés de surface,
dont la mise en œuvre est subordonnée à l'existence de corré
lations — que je me propose d'identifier et de reconnaître —
entre l'articulation du plan de l'expression et celle du plan
du contenu.
Une forme fixe viable satisfait, par définition, à deux classes
indépendantes de contraintes : les contraintes conventionn
elles et déclarées qui régissent la distribution des rimes, par
(1) O. Ducrot, T. Todorov, Dictionnaire encyclopédique des sciences
du langage, Seuil, 1972, p. 247-248. 124 JACQUES GENINASCA
exemple, et les contraintes, non explicites et néanmoins const
itutives, de l'organisation des discours en général, du dis
cours poétique, en particulier.
Je me demanderai si la reprise d'une forme telle que celle
du sonnet et sa permanence, en tant que « forme fixe », par-
delà le moment historique et culturel qui en a entouré l'i
nvention, ne tient pas à l'existence d'un rapport privilégié
entre une organisation textuelle donnée et les conditions de
production et de communication de la signification. Le sonnet
serait-il une forme bien trouvée par la manière, particulière
ment heureuse, dont elle satisferait à ces conditions ?
En le montrant, je consoliderais la thèse qui sous-tend cet
exposé, à savoir que, si une théorie de la forme fixe a quelque
chance de voir le jour, ce ne peut être qu'à l'intérieur des
recherches qui visent à constituer une ou des grammaires du
discours.
Lorsque nous parlons de sonnet, nous croyons faire réfé
rence à un objet bien connu et bien défini. Il en va autrement
dès l'instant où l'on se donne la peine d'examiner les choses
de près. Si l'on prend en compte la nature des vers, le nombre
et la distribution des rimes, le sonnet admet des réalisations
très diverses. Baudelaire, pour sa part, a largement contribué
à en multiplier les variétés : « L'examen et le classement des
sonnets de Baudelaire tend à prouver que le poète a voulu
varier le plus possible le schéma. Il n'a jamais écrit plus de
cinq sonnets selon un type donné ; et, souvent, un scheme
nouveau n'est représenté que par un témoin » (2).
On peut tenter de définir l'identité du sonnet de plusieurs
façons :
a) Si l'on consent, par avance, à se désintéresser du pro
blème de la forme fixe en général, on adoptera l'attitude nor
mative qui consiste à définir un « sonnet régulier » et à
dresser l'inventaire des écarts observables par rapport à
(2) H. Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, P.U.F.,
deuxième édition augmentée et entièrement refondue, 1975, p. 970. QUELQUES SONNETS DE BAUDELAIRE 125
celui-ci. On se condamne ainsi à demeurer au niveau des
constats du type « Les Fleurs du Mal ne comptent que six
sonnets réguliers » ;
b) Par une stratégie inverse, on se donnera un corpus fini
d'objets dans lesquels l'intuition — la nôtre, celle du poète —
reconnaît, ou aurait reconnu, un sonnet.
Une telle approche paraît plus réaliste, dans la mesure où,
de toute évidence, Baudelaire, lorsqu'il fait l'éloge du son
net (3), ne pense pas aux seuls six sonnets classiques (deux à
finale italienne et quatre à finale française) qu'il a introduits
dans Les Fleurs du Mal. Elle n'est toutefois ni fiable ni ex
plicative : on ne peut exclure l'existence de cas douteux et on
ne voit pas en vertu de quoi il conviendrait de trancher si
deux jugements intuitifs venaient à se contredire ; elle ne
fournit pas davantage les moyens de décrire et d'ordonner le
ou les inventaires qu'elle aurait constitués. En vertu de quels
principes choisirait-on les critères de classement ?
c) Détournant l'attention des objets eux-mêmes vers les
propriétés qui les caractérisent, on peut songer à distinguer,
à l'intérieur d'un ensemble fini de textes, traits invariants et
traits variables.
Une telle opération est à même de fournir certaines infor
mations. Elle correspond néanmoins à une étape préliminaire
dans l'élaboration d'une théorie du sonnet ou de la forme
fixe. On sait combien il peut être fallacieux de poser comme
qualité essentielle un dénominateur commun qu'on a cru
pouvoir établir à partir de l'observation de données au statut
mal défini. Rien ne nous assure, de plus, de la permanence
des réponses qu'on serait tenté d'apporter, si l'on se risquait
à interroger des exemples situés en dehors du corpus arbitra
irement retenu dans la première phase du travail.
La confiance un peu aveugle que l'on accorde souvent à
la quête des invariants tient à l'existence d'un présupposé
« (3) Bibliothèque C. Baudelaire, de la Correspondance, Pléiade », p. 676. tome I, NRF Gallimard, (1973), 126 JACQUES GENINASCA
en vertu duquel les propriétés invariantes observables sont,
ipso fado, des qualités essentielles, nécessaires et non contin
gentes.
Même si une telle identification — fausse en son principe —
conduisait, par un heureux accident, à des résultats corrects,
le repérage des caractéristiques primaires et secondaires ne
contribuerait pas, par lui-même, à constituer une théorie.
Il ne suffit pas d'énumérer des invariants et de reléguer
pêle-mêle, dans un ensemble fourre-tout, les propriétés va
riables ou secondaires, pour accroître efficacement notre
connaissance d'un objet quelconque.
On s'accorderait certes, sans trop de peine, à reconnaître
dans le nombre des vers, dans celui des strophes (mais les
six derniers vers du sonnet forment-ils un sizain ou deux
tercets ?), dans la nature et l'ordre d'apparition des quatrains
et des tercets, les caractères primaires du sonnet et, inverse
ment, dans le nombre, la distribution et les schémas de ses
rimes — éminemment sujets à variations — ses caractéris
tiques secondaires. Mais comment traiter alors le fait que les
sonnets des Fleurs du Mal présentent toujours (à l'inversion
près des rimes masculines et féminines) deux quatrains const
ruits sur un même schéma de rimes ? S'il s'agit d'une dis
position préférentielle est-elle caractéristique du sonnet baude-
lairien ou du sonnet en général ? D'un autre point de vue,
nous y reviendrons, l'instauration de parallélismes, en début
de texte, ne fait peut-être que satisfaire à la nécessité propre à
tout discours achevé, complet, de poser de manière fiable, en
son commencement, les informations nécessaires à sa commu-
nicabilité.
d) Les sonnets observables ne seraient-ils — en défini
tive — que

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