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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 35 |
EAN13 | 9782824712079 |
Licence : | Libre de droits |
Langue | Français |
Extrait
GUST A V E AIMARD
LE CHASSEU R DE
RA TS
BI BEBO O KGUST A V E AIMARD
LE CHASSEU R DE
RA TS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1207-9
BI BEBO OK
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Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
i était le my stérieux
p er sonnag e auquel on donnait
le nom de l’Œil Gris ?
F été souv ent accusés, av e c une app ar ence de
raison, de connaîtr e b e aucoup moins leur pr opr e histoir e que celleL des autr es p euples anciens ou mo der nes.
On p our rait ajouter , mais cee fois av e c raison, que la p artie la plus
néglig é e et p ar consé quent pr esque entièr ement ignoré e de cee histoir e , est
celle qui se rapp orte à nos colonies ; que ces colonies soient en Afrique , en
Amérique on en O cé anie ; c’ est-à-dir e qu’ elles soient situé es aux confins
du monde , ou seulement à quelques centaines de lieues de nos côtes.
Et p ourtant que de liens étr oits nous raachent à ces colonies si
dédaigné es ! e de souv enir s glorieux elles nous rapp ellent !
e de pr euv es de dé v ouement et de fidélité elles ont donné es à la
1Le Chasseur de rats Chapitr e I
France dans les cir constances les plus critiques !
Pour ne p arler ici que des Antilles, ces gracieuses corb eilles de fleur s
aux p arfums si doux et si eniv rants, sur gies du sein des e aux et
disséminé es comme de ravissantes o asis sur les flots bleus de l’ Atlantique ;
ter r es bénies où tout sourit au cœur et sur lesquelles la vie s’é coule comme
un rê v e fé erique des Mille et une Nuits ; à combien de batailles ter ribles
ont-elles assisté ! elles lues achar né es ont-elles soutenues av e c une
éner gie et une abnég ation hér oïques p our résister , soit au ré v oltes des
noir s, soit aux aaques plus for midables encor e de puissants
envahisseur s étrang er s afin de r ester françaises et se conser v er à cee mèr e p atrie
qu’ elles aiment av e c p assion, p eut-êtr e à cause de sa constante ingratitude
env er s elles.
La Guadeloup e est, sans contr e dit, la plus complètement b elle de ces
îles char mantes qui comp osent l’é crin pré cieux de l’ar chip el Colombien
ou des Antilles ; p erles d’un ir répr o chable orient, égr ené es p ar la main
toute-puissante du Cré ateur , de son my stérieux chap elet de mer v eilles,
et semé es p ar lui à l’ entré e du g olfe du Me xique .
Rien ne saurait e xprimer l’impr ession d’ enivrante langueur qui s’
emp ar e des sens lor sque , après une longue et monotone trav er sé e , le cri :
ter r e ! est à l’impr o viste p oussé p ar la vigie ; que l’ e au se fait plus bleue
et plus transp ar ente ; que d’acr es senteur s, p orté es sur l’aile humide de
la brise , viennent g onfler les p oumons d’un air vivifiant et embaumé ;
qu’aux pr emier s ray ons du soleil le vant, comme l’antique Aphr o dite
sortent de l’é cume de la mer , on v oit tout à coup app araîtr e , se dessiner ,
vagues, indistinctes encor e , et à demi v oilé es p ar une g aze br umeuse qui
en estomp e légèr ement les contour s, les côtes v erdo yantes et pior
esquement dé coup é es de la Guadeloup e , av e c ses chaînes de montagnes v
olcaniques, dont les pilons hauts et chenus semblent s’incliner de vant l’imp
osante Soufrièr e , constamment cour onné e d’un nuag e de fumé e jaunâtr e
qui monte en tour no yant v er s le ciel et lui fait une éblouissante auré ole .
L’anse à la Bar que est une baie pr ofonde qui doit sans doute son nom
singulier à la pr emièr e bar que qui y ab orda ; c’ est dans cee baie , une des
plus b elles de la Guadeloup e , que commence notr e histoir e .
Elle est situé e entr e le quartier des Habitants et celui de Bouillante , à
p eu de distance de la Basse- T er r e ; sa plag e , for mé e d’un sable jaune et fin,
2Le Chasseur de rats Chapitr e I
est ter miné e p ar un p ourtour de collines éle vé es, couv ertes de co cotier s
et de p almistes, étag és en amphithéâtr e de la façon la plus pior esque , et
qui lui donnent un asp e ct ravissant.
Cee baie , assez lar g e , et pr ofonde de plus d’un kilomètr e , a une
entré e fort étr oite défendue p ar deux baeries dont les feux se cr oisent,
constr uites sur les p ointes Coup ard et Duché .
En temps ordinair e , l’anse à la Bar que est pr esque déserte ; une tr
entaine de pê cheur s à p eine s’y abritent tant bien que mal, dans de
misérables espè ces de hues d’une ar chite ctur e essentiellement primitiv e ,
faites av e c quelques bamb ous plantés en ter r e et sur montés d’une toitur e
en vacois ; mais les jour s de fête , et Dieu sait s’ils sont nombr eux aux
colonies, l’asp e ct de l’anse à la Bar que chang e comme p ar enchantement ; elle
s’anime , se p euple en quelques heur es, et de calme et silencieuse qu’ elle
était, elle de vient tout à coup br uyante et tumultueuse .
C’ est dans cee baie que se donnent r endez-v ous les noir s, les g ens
de couleur et les cré oles des quartier s limitr ophes, p our se div ertir , b oir e
et chanter , b oir e et chanter surtout.
Le jour où s’ ouv r e notr e ré cit, le 4 mai 1802 ou, ainsi qu’ on le disait
alor s, le 14 floré al an X, v er s sept heur es du soir , l’anse à la Bar que
présentait l’asp e ct le plus pior esque et le plus animé ; une quarantaine
d’ajoup as constr uits à la hâte et illuminés au mo y en de lanter nes vénitiennes,
susp endues en festons après les arbr es, r eg or g e aient de buv eur s app
artenant à toutes les teintes de la g amme humaine , depuis le noir d’ Afrique
jusqu’au blanc d’Eur op e , en p assant p ar le Métis, le Mulâtr e , le
arter on, le Capr e , le Mamalucco , et tant d’autr es dont la nomenclatur e est
inter minable .
Les rafraîchissements, si tant est qu’ on puisse leur donner ce nom, à
pr ofusion débités aux consommateur s, se comp osaient e x clusiv ement de
rhum, de tafia, de g eniè v r e et d’ e au-de-vie de France ; accomp agné e de
quelques vieux sir ops aigris p ar l’âg e et le climat, et complétés p arfois,
mais à de longs inter valles, p ar d’ e x cellentes limonades ; p our êtr e v rai,
nous constater ons que seuls les alco ols à fortes doses for maient la base des
rafraîchissements dont s’abr euvaient les consommateur s altérés, gr oup és
soit dans les ajoup as, soit sous les nombr eux b osquets impr o visés p our
la cir constance ; b osquets my stérieusement é clairés p ar quelques rar es
3Le Chasseur de rats Chapitr e I
lanter nes en p apier de couleur .
Ce soir-là , il y avait à l’anse de la Bar que un bamb oula, en réjouissance
des assurances de p aix donné es p ar le conseil de l’île et affiché es à pr
ofusion dans toute la colonie ; aussi, malgré l’état d’inqui