Le front pionnier Angara-Baikal - article ; n°3 ; vol.40, pg 263-274
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1965 - Volume 40 - Numéro 3 - Pages 263-274
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Labasse
Le front pionnier Angara-Baikal
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 40 n°3, 1965. pp. 263-274.
Citer ce document / Cite this document :
Labasse Jean. Le front pionnier Angara-Baikal. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 40 n°3, 1965. pp. 263-274.
doi : 10.3406/geoca.1965.1784
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1965_num_40_3_1784FRONT PIONNIER ANGARA-BAIKAL LE
par Jean Labasse
I. — LE MILIEU SIBERIEN
Depuis la Révolution de 1917, le trait géographique dominant de l'i
ndustrialisation soviétique a été la très forte concentration des équipements
sur les sources d'énergie ou les lieux de production des matières pre
mières. Ainsi sont nés des groupes d'une exceptionnelle puissance — bas
sins, combinats ou complexes — dont la multiplication au sein des
grandes provinces minières ne paraît avoir été ralentie que par la possib
ilité d'échanges à grande distance, c'est-à-dire par la difficile progres
sion du désenclavement ferroviaire, aérien et routier.
Des noms prestigieux — Oural, Kouzbass, Kazakhstan — ont ponc
tué depuis trente-cinq ans la pénétration de l'Asie soviétique par les
techniques et les hommes venus d'Europe. L'œuvre de colonisation et
de mise en valeur a progressé pour ainsi dire par bonds, chaque nouv
elle base constituant un relai les développements ultérieurs, un
«arsenal d'industrialisation », selon l'expression de S. Kirov.
On sait que le mouvement déclenché vers 1930 avec le lancement
du combinat Oural-Kouznetsk et fortement accentué par la guerre a
affecté plusieurs directions. La direction dominante, et cela de manière
particulièrement nette, est l'axe Est-Ouest dessiné de bonne heure par
le Transsibérien. Nulle surprise donc à ce que le front pionnier prin
cipal de l'industrialisation soviétique soit aujourd'hui celui de l'Angara-
Baïkal.
L'immense territoire que A. A. Vorobiev range sans autre précision
sous le nom de Pribaïkal (autour du Baikal) correspond, d'après le
contexte et la surface assignée (plus de 1.500.000 km2), à l'ensemble
formé par les provinces d'Irkoutsk et de Tchita, ainsi que par la Répub
lique Bouriate 4 La province d'Irkoutsk elle-même n'a été constituée
qu'en 1937, à partir de sa capitale. C'est là une des premières régions
de l'U.R.S.S. par la diversité de l'importance des ressources minérales.
Charbons et lignites la flanquent au Nord et de Tchounsk au Bas-Ilimsk,
les réserves dépasseraient quatre-vingt milliards de tonnes en neuf gise-
1. Vorobiev, Questions de localisation des transports dans le Sud de la Sibérie
orientale. Comptes rendus de l'Institut de géographie de Sibérie et d'Extrême-Orient,
Irkoutsk 1963, tome IV, pages 70 à 77, cf. page 70. 264 JEAN LABASSE
ments (partie Sud du plus grand bassin charbonnier du monde, celui de
Toungousk). Près de cent milliards de tonnes seraient également dis
ponibles à l'Ouest d'Irkoutsk, dans le bassin de Tcheremkovo. Si le
pétrole n'attire guère l'attention pour le moment 2, le fer abonde —
notamment le long de la voie ferrée Taïchet-Oust-Kout, à proximité
de Bratsk et d'Illimsk — sous forme d'hématites et de magnetites dont
une partie se travaille à ciel ouvert.
L'or — au Nord de Bodaïbo — , le titane, le brome, le vanadium, le
manganèse — surtout au Sud de Babouchkine et près des rives sud-
occidentales du Baikal — , le zinc, le plomb sont répandus en dépôts de
consistance variable dans toute la région. Le gypse, le sel gemme 3, la
dolomite sont recelés en énormes quantités au sein des couches cam-
briennes qui constituent le Sud de la plateforme sibérienne. Les gneiss
archéens du Sud du Baikal abritent, de leur côté, d'abondantes ressour
ces en flogolite (mica), graphite4 et dolomite (d'un grand intérêt pour
la fabrication des réf ractaires ) . La kaolin est enfoui dans les couches de
glaise du district d'Angara-Belski. Si l'on ajoute à cette enumeration
la qualité des calcaires à ciment disponibles, on voit que l'industrialisation
dispose ici de bases minérales exceptionnellement favorables à son essor.
Le cadre est celui d'un des plus impressionnants paysages naturels du
monde : la taïga. Elle confère une apparence d'unité à une contrée qui
est en réalité tourmentée par les accidents de la topographie et de la
tectonique. Le Pribaïkal consiste, pour l'essentiel, en une large zone de
fractures radiales qui, au Sud et au Sud-est des plateaux de la Haute-
Sibérie centrale, assure la transition entre ces derniers et les reliefs de
l'Asie centrale et de l'Extrême-Orient. L'importance des mouvements
verticaux qui ont affecté cet ensemble complexe selon des fractures Sud.
Ouest-Nord-Est, est à l'origine de la juxtaposition des horsts et des
fossés comme du bouleversement introduit dans les conditions du drai
nage. Le Baikal, le plus vaste de ces fossés, couvre plus de 31.000 km2
(la Belgique), soit environ la moitié de la superficie du lac Victoria.
Quant au drainage, les systèmes fluviaux de l'Angara et de la Léna 5
rivalisent, indépendamment de l'attraction du Baikal, et les pentes raides
alternent avec les vallées mortes...
Dans tout cela, encore une fois, le principal élément de cohésion,
exception faite du climat continental — très adouci d'ailleurs autour
du lac — , vient de la taïga. Le terme s'applique à ces immenses forêts
2. Quelques dépôts ont été cependant découverts à l'aide de forages profonds au
Nord d'Irkoutsk, entre Jigalovo et Zalari.
3. Les réserves de sel gemme s'étendent à l'Ouest du Baikal jusqu'à la longitude
de Tcheremkovo. On en a reconnu à ce jour pour plus de 2 milliards de tonnes et
elles semblent pratiquement inépuisables.
4. Notamment près de Sliudianska, où le gisement est d'une teneur supérieure à
90%.
5. A leur sujet, observations de G.V. Batchourine, Classification des fleuves.
Comptes rendus de l'Institut de géographie de Sibérie et de l'Extrême-Orient, Irkoutsk
1963, volume III, pages 3 à 12. LE FRONT PIONNIER ANGARA-BAÏKAL 265
de conifères, parsemées de marécages, de tourbières et de clairières de
plaine, qui occupent près de cinq cents millions d'hectares en Union
Soviétique 6. Pins noirs, cèdres, sapins, épicéas et mélèzes prédominent
dans la région étudiée ; toutefois les derniers cités ne sont pas seuls
responsables, tant s'en faut, des teintes dorées contemplées sous le
soleil de fin septembre. L'érable, le tremble et surtout le bouleau sont
aussi pour beaucoup dans ce chatoîment... Quoi qu'il en soit, la Sibérie
orientale est « la taïga au carré» (Krotov), puisque cette dernière
englobe plus de la moitié du territoire de l'U.R.S.S.. Le rôle de ce type
d'association végétale est important à divers points de vue : pour le
climat, les réserves de fourrures et particulièrement les inépuisables res
sources en bois. Sous cet aspect de sensibles progrès de productivité
sont attendus d'une meilleure utilisation des arbres, de l'accélération
de leur croissance et de la rénovation des forêts dans les zones qui le
permettent 7. Des rendements de 600-700 m3 à l'hectare sont déjà fr
équents (on espère atteindre 2.000 dans les conditions optimales de
culture) et l'enrésinement provoque le recul du bouleau à proximité des
centres d'exploitation, afin d'améliorer le rendement en cellulose.
Si la taïga représente une base éventuelle d'industrialisation, si elle
a fourni dans le passé matériaux de construction et bois de chauffage
aux rares colonies d'autochtones ou de colons dispersées sur ses lisières,
elle est incontestablement un milieu hostile à la vie du fait de son impén
étrabilité. Les vallées constituent certes des voies d'accès à travers sa
masse. Cela ne suffisait pas pour attirer des hommes dans cette immens
ité déserte, au climat trop rude. C'est pourquoi la voie du Transsibér
ien a-t-elle, depuis plus d'un demi-siècle, joué le rôle d'un axe de
développement.
La « localisation par groupe » des établissements pionniers est une
des caractéristiques de la Sibérie et

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