Observations sur les gobelets d'ACO de l'atelier de la Muette (Lyon) - article ; n°1 ; vol.7, pg 35-44

Hugues Vertet, André Lasfargues, Jacques Lasfargues

Description

Revue archéologique du Centre de la France - Année 1968 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 35-44
Hugues VERTET, André et Jacques LASFARGUES,
Observations sur les gobelets d'ACO de l'atelier de la Muette (Lyon).
Les gobelets d'ACO à décors moulés, étudiés ici, proviennent d'un énorme dépotoir d'atelier, au quartier dit « de la Muette », à Lyon, où ils coexistaient avec des gobelets lisses (la majorité du dépôt), de la terre sigillée unie, signée ATTI et SENTI, quelques fragments de briques et tuyaux percés de trous, de rares fragments d'amphores et de la céramique commune. De forme haute ou basse (cette dernière moins fréquente), ces vases portent la signature de CHRISIPPVS, HILARVS ACO, P. HILARVS ACO, T.C. AVIVS, plus deux signatures encore incertaines. Ils offrent des décors à semis de picots, des scènes figurées (dieux ou personnages, têtes de profil ou de face, stylisations végétales). Deux moules confirment et attestent la fabrication locale, assez inattendue, de cette série de gobelets, traditionnellement attribuée à l'Italie du Nord.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_ARCHEOLOGIQUE_DU_CENTRE_DE_LA_FRANCE
• Publié le: 01 janvier 1968
• Nombre de lectures: 54
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Hugues Vertet
André Lasfargues
Monsieur Jacques Lasfargues
Observations sur les gobelets d'ACO de l'atelier de la Muette
(Lyon)
In: Revue archéologique du Centre de la France. Tome 7, fascicule 1, 1968. pp. 35-44.
Résumé
Hugues VERTET, André et Jacques LASFARGUES,
Observations sur les gobelets d'ACO de l'atelier de la Muette (Lyon).
Les gobelets d'ACO à décors moulés, étudiés ici, proviennent d'un énorme dépotoir d'atelier, au quartier dit « de la Muette », à
Lyon, où ils coexistaient avec des gobelets lisses (la majorité du dépôt), de la terre sigillée unie, signée ATTI et SENTI, quelques
fragments de briques et tuyaux percés de trous, de rares fragments d'amphores et de la céramique commune. De forme haute
ou basse (cette dernière moins fréquente), ces vases portent la signature de CHRISIPPVS, HILARVS ACO, P. HILARVS ACO,
T.C. AVIVS, plus deux signatures encore incertaines. Ils offrent des décors à semis de picots, des scènes figurées (dieux ou
personnages, têtes de profil ou de face, stylisations végétales). Deux moules confirment et attestent la fabrication locale, assez
inattendue, de cette série de gobelets, traditionnellement attribuée à l'Italie du Nord.
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Vertet Hugues, Lasfargues André, Lasfargues Jacques. Observations sur les gobelets d'ACO de l'atelier de la Muette (Lyon). In:
Revue archéologique du Centre de la France. Tome 7, fascicule 1, 1968. pp. 35-44.
doi : 10.3406/racf.1968.1419
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/racf_0035-0753_1968_num_7_1_1419OBSERVATIONS SUR LES GOBELETS D'ACO
DE L'ATELIER DE LA MUETTE (LYON)
par Hugues Vertet, André et Jacques Lasfargues
Au printemps 1966, un important atelier de potiers a été découvert
à Lyon, sur les quais de la Saône, dans le quartier dit « de la Muette » 1.
La masse des documents recueillis est énorme, et l'étude des documents
est en cours, par les soins de Messieurs André et Jacques Lasfargues et
Hugues Vertet, chargé de recherches au CNRS, à qui a été confiée la
direction de la fouille et de la publication ~. Le premier travaille
plus particulièrement sur les formes lisses, la céramique commune et
les estampilles, le second sur les gobelets d'ACO décorés, le troisième,
sur la sigillée moulée.
Voici une première série d'observations sur les gobelets moulés
lyonnais : les documents étudiés proviennent d'un énorme dépotoir
d'atelier, à part les fragments de deux moules trouvés à côté.
Ce dépotoir, dont une partie seulement a été exploitée, — le
reste se trouvant sous la rue de la Muette, — comprenait au moins
trois grosses lentilles, obliques, larges chacune de 1,50 m à 2,50 m
et épaisse de 0,50 m environ. C'était un amas de tessons brisés, non
mélangés de terre. Nous y avons trouvé :
— Des gobelets lisses (la majorité du dépôt).
— De la terre sigillée lisse, signée ATTI et SENTÏ.
— Quelques fragments de briques et de tuyaux percés de trous,
d'amphores (rares) et de céramique commune.
— Des fragments de gobelets moulés (quelques kilos, sur une tonne
de tessons environ, retirée du dépotoir). Très fragmentés, ces gobelets
demandent un travail de reconstitution extrêmement long et minutieux.
1. La découverte a été signalée aux Journées archéologiques du GECAG,
en 1966, et dans les COMMUNICATIONES des R.C.R.F. de la même année, par
M. Vertet ; aux Antiquaires de France, par MM. Audin et Leglay, directeur de
la Circonscription archéologique Rhône-Alpes (Bulletin de la Société Natio
nale des Antiquaires de France, 1966, Audin-Leglay, découvertes à Lugdunum,
pp. 102-108) ; au Congrès International de Céramique romaine impériale de
Budapest en 1967 par M. Vertet ; à la Société Linéenne de Lyon, par M. J.
Lasfargues. Une première étude a été présentée par Jacques Lasfargues au
colloque de la céramique antique en Gaule de 1967. (J. et
H. Vertet, Les frises supérieures des gobelets lyonnais du type ACO, R.A.C.,
VI, 3, pp. 272-273).
2. L'atelier a été découvert par M. Grange. La fouille a été faite par MM.
A. et J. Lasfargues et H. Vertet, aidés de Mlle Anne-Marie Vialatte, adjointe
technique de l'Enseignement supérieur auprès de la Faculté des Lettres de
Clermont-Ferrand ; une main-d'œuvre lyonnaise bénévole et quelques terras
siers leur ont apporté un précieux concours. (Cf. n° 8, infra p. 44). H. VEllTET, A. ET J. LASFAUGUES ,36
Planche I. — Forme haute ; gobelet à picots (photo et profil). GOBELETS D'ACO 37
Formes.
Nous n'avons rencontré que deux formes de gobelets décorés, alors
que celles des gobelets lisses sont assez variées. Aucune ne paraît avoir
été ansée. Leurs dimensions moyennes sont : 1° formes hautes (planche I)
hauteur : 95 mm, diamètre maximum : 70 mm ; diamètre minimum à la
base : 40 mm. 2° formes basses (planche 2) hauteur : 75 mm, diamètre
maximum : 100 mm, diamètre minimum : 70 mm.
Dans les deux cas, le fond est plat, la base du vase est soulignée
par une petite moulure extérieure ; au-dessus de la zone décorée, le potier
a monté au tour une zone lisse de 25 à 35 mm de hauteur. Elle est lég
èrement bombée et rentrante, portant un rebord très fin et très étroit.
Les formes basses sont moins fréquentes que les formes hautes, et
ne semblent avoir été produites que par T.C.AVIVS et HILAIWS ACO.
Signatures.
Comme sur les gobelets d'Italie, la signature est toujours placée im
médiatement sous la frise supérieure. Voici les noms relevés :
1°) CHRISIPPVS3
2°) HILARVS ACO4 et P.HILARVS ACO le P pouvant être placé
parfois sous le H de HILARVS.
3°) T.CAVIVS
4°) P.HILARC.VR
5°) PHILOCRAT
Les numéros 4 et 5 sont incertains encore, car difficiles à interpréter
avec les documents que nous avons. Il est possible qu'après le lavage et
le tri de tous les tessons, ayons des lectures plus certaines.
La graphie est particulièrement soignée. Les lettres sont fines, ferme
ment tracées, et paraissent avoir été imprimées une à une dans le moule.
Leur hauteur varie de 3 à 5 mm. La forme des A est très caractéristique :
un triangle avec trois points en creux 5.
Presque toujours les signatures sont précédées et suivies d'un motif :
coquille, fleurette, feuille, dauphin, très souvent un profil masculin.
Les moules.
Ils attestent, si l'énorme masse de tessons ne suffisait pas, la fabrica
tion locale, si inattendue, de cette série de gobelets, traditionnellement
attribuée à l'Italie du Nord.
1er moule : il a été brisé par la pelle excavatrice, et il n'en subsiste
que la moitié supérieure. La pâte est tendre, ocre tirant sur le rouge ;
l'extérieur est lissé et non verni. Le bord n'est pas mouluré. Epaisseur de
la pâte : 9 mm.
Le décor comprend, de haut en bas : une frise de feuilles imbriquées ;
une signature brisée (Hilar) VS ACO, encadrée de deux ; un semis
de picots triangulaires disposés en quinconce.
2me moule : il ne reste que la partie supérieure et un morceau de
panse (3 fragments qui se recollent) ; la pâte est tendre, ocre ; l'intérieur
3. R.A.C., VI, 3, p. 274, en haut de la planche.
4. Ibidem.
5. Voir la planche sus-indiquée. 38 H. VEHTET, A. ET J. LASFARGUES
Planche II. — Forme basse ; le gobelet photographié n'est pas le même
que celui qui est dessiné. GOBELETS D'ACO 39
du moule est rouge. Hauteur maximum conservée : 90 mm ; épaisseur de
la pâte : 11 mm. Moule ouvert en haut et en bas, lèvres sans moulure.
Le décor est peu profond, parfois illisible (il est difficile de dire si
cela est dû à l'usure des poinçons-matrice ou à la maladresse du décorat
eur). Il comprend, de haut en bas :
— une frise de petites feuilles trilobées d'où sortent deux baguettes,
renflées à leur extrémité (fleur ou fruit ?),
— une petite guirlande de feuilles plus fines, suspendue à cette frise ;
dans les poches, ainsi formées, ont été placés de petits motifs : palmette,
oiseau... et au-dessous, un pétiole recourbé terminé par un fruit (?),
— combat de gladiateurs : les personnages sont de grande taille
(4 à 6 cm) ; on peut reconstituer deu