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LE VATICAN, L’ARGENT
ET LE POUVOIR
Frédéric Harcourt
Mise en page par Jean Leduc
Le Gouvernement de l'Église: 1- Saint-Siège et Vatican 2- La Curie
3- Évolution 4- Dicastères 5- Bilan
6- Le Secrétaire d'État 7- Diplomatie 8- Gérontocratie et Cumul
9- Ostpolitik 10- One Man Show 11- Nord-Sud
12- Conformisme de Masse 13- Évêques et Cardinaux
L'Économie du Saint-Siège: 14- Le Governatoro 15- Le Pape Patron
16- A.P.S.A. 17- Le Patrimoine 18- Spéculation
19- Le Sac de Rome 20- Le Patrimoine Culturelle 21- Denier de Saint-Pierre
Les Finances Secrètes: 22- Valeurs Boursières 23- Rerum Novarum
24- Ernesto Pacelli 25- Michelle Sindona 26- I.O.R.
27- Sindona aux Amériques 28- Cosa Nostra 29- Le Procès
30- Histoire de P2 31- Trafics 32- Carlo Pesenti
33- Avions Renifleurs 34- Finances Blanches
Appendice 1 35- Criminalité Internationale
Appendice 2 36- Vatican et Palestiniens
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INTRODUCTION :
Derrière les hauts murs qui enserrent le Vatican, se cache une puissance mondiale
financière et politique. Discrète. Coupée du monde extérieur. Connue d'une poignée de
personnes seulement. Parfois, une information filtre; le plus souvent, quand quelque chose
ne va pas : un scandale, comme celui de la Banco Ambrosiano, les placements
'imprudents' du cardinal Marcinkus... Frédéric Hacourt, journaliste à Rome, rompt le mur du
silence et nous emmène à travers les dédales du Vatican. A travers les structures,
l'organisation, vers le centre de décision véritable : là où se cachent les finances.
1] LE GOUVERNEMENT DE L’EGLISE
Saint-Siège et Vatican
A Rome, le visiteur qui passe le Tibre serpentant au milieu de la ville et emprunte l'avenue
de la Conciliation, brèche rectiligne taillée par les architectes du fascisme, débouche sur la
place Saint-Pierre. Et devant la majesté simple des deux demi-cercles de colonnades
dessinées par Bernini pour "tenir dans leurs bras la chrétienté entière", aussi devant cette
façade baroque de la basilique, oeuvre de Maderno, qui ne parvient pas à éclipser
l'harmonie de la coupoule projetée par Michel-Ange ce visiteur sera sans doute pris par la
sérénité, la magie des lieux. Il se sentira - ce qui est la plus pure vérité transporté au coeur
de la religion, de la spiritualité. La proximité du Saint-Père lui donnera la certitude de
toucher le fond de la croyance. Il attendra une apparition papale au grand balcon. Il priera,
emporté par le mouvement (tout canalisé) de la foule.
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Ce visiteur, ainsi mobilisé, sera loin de songer que derrière les façades historiques, derrière
les hauts murs qui entourent la Cité du Vatican, se cache l'un des grands centres de
pouvoir politique et économique mondiaux, protégé par l'atmosphère feutrée de la cour des
princes de l'Eglise et par l'immunité qui découle de leur fonction. Un centre de pouvoir qui
n'a d'égal . si l'on envisage le secret qui l'environne, et ses méandres - que le Kremlin en
son temps.
Mais ceci n'intéresse pas notre visiteur. Son pèlerinage aux sources de la chrétienté lui aura
peut-être coûté des années et des années d'efforts autant psychologiques qu'économiques.
Peu lui importe alors, de savoir ce qui est fait de son offrande (laissée dans des troncs
judicieusement placés sur son parcours), car il est venu ici pour chercher l'espoir et le salut.
Et il les a trouvés grâce aux bons soins d'un pape moderne, féru de relations publiques,
d'effets théâtraux et de grandes entreprises publicitaires.
Laissons de côté la digne attitude du pèlerin parvenu à Rome. Analysons plutôt le sens, la
signification du trafic constant qui unit le monde de la politique, le monde de la finance, et le
palais de l'Eglise.
Tout d'abord, une distinction banale en apparence mais essentielle dans ses effets: celle
qui sépare Etat du Vatican et Saint-Siège.
Le Saint-Siège est cette souveraineté abstraite du pape sur les catholiques, estimés à 700
millions. Un organisme, bien que ne possédant aucun territoire, reconnu par toutes les
instances internatiomiles. A l'échelle planétaire, c'est la seule exception du genre - si l'on
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exclut l'Ordre de Malte, par ailleurs directement lié au Siège Apostolique Autour (ce concept
de Saint-Siège, gravitent toutes les nuances de l'Eglise universelle. Différent est (le la Cité
du Vatican: ses quarante-quatre hec -distraits- à la ville de Rome sont en fait ce qui
subsiste des territoires pontificaux qui, il y a un peu plus d'un siècle encore, barraient l'Italie
du Latium aux Marches. C'est un des plus petits états du monde avec le Lichtenstein, la
République de San-Marino et la Principauté de Monaco. Il remplit les fonctions de support
matériel aux activités du Saint-Siège et de conservation de son patrimoine religieux,
artistique et culturel. Le pape en est le souverain de droit absolu et divin, concentrant entre
ses mains les trois pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
Le point est de savoir lequel, du Saint-Siège et du Vatican, dépend (le l'autre. Selon les
paroles mêmes de Jean-Paul II, l'état existe comme garantie de l'exercice de la liberté
spirituelle du Siège Apostolique, et donc comme moyen d'en assurer l'indépendance réelle
et visible dans son activité de gouvernement en faveur de l'Eglise universelle ( ... ). Il ne
possède pas une société propre au service de laquelle il aurait été créé, et ne se base pas
non plus sur les formes d'action sociale qui déterminent couramment la structure et l'organe
de tout autre Etat" Plus prosaïquement, Pie XI le définissait comme "un petit lopin de terre
bien utile au Saint-Siège".
Faisons un exemple concret : celui de la nationalité vaticane. Son octroi ne suit aucune
règle écrite, mais bien le bon vouloir des autorités compétentes (les cardinaux) qui
l'accordent en reconnaissance d'un lien spécifique entre l'Etat et la personne (et cela
concerne avant tout les diplomates, les conseillers, les employés laïques résidents et leur
famille). Les citoyens du Vatican sont à cette heure plus ou moins quatre cents.
L'attribution du passeport, par contre, est un privilège du SaintSiège. Car il faut savoir que
l'Etat souverain du Vatican n'entretient pas de relations extérieures. Ces passeports sont
actuellement au nombre de cent soixante, et en bénéficient les ecclésiastiques diplomates.
Et encore : le diocèse de Rome, sous la dépendance directe du pape, est confié au Vicaire
Général de Sa Sainteté (le Belge Petrus Canasius Jean Van Lierde) et au Vicaire Général
de Rome, archiprêtre de Saint-Jean de Latran Nous avons compris ? Rien n'est moins sûr.
D'ailleurs, des générations et des générations de juristes italiens se sont arraché et
s'arrachent encore les cheveux pour tenter de délimiter la souveraineté de l'État du Vatican
et celle du Saint-Siège. Et sans succès. Car si l'Etat, en vertu des règles internationales,
détient certaines franchises, le Saint-Siège, en vertu d'autres règles tout aussi reconnues,
bénéficie de facilités connexes qui en partie recouvrent les premières. L'Etat du Vatican est
un territoire, avec citoyenneté mais avec diplomatie ; la citoyenneté ne donne pas droit au
passeport, et le passeport encore moins à la citoyenneté ; ce qui n'est pas du ressort du
Saint-Siège est du ressort de l'Etat, et vice-versa ; un simple changement d'attribution peut
déterminer, par exemple, un régime fiscal différent. Le tout, dans le royaume de l'ambiguïté.
Et nous allons le voir, source d'une immense fortune pour le Saint-Siège (ou pour le
Vatican ?).
Ainsi, le pape (l'Antichrist) résulte-t-il comme : Evêque de Rome ; Successeur du Prince des
apôtres Souverain Pontife de l'Eglise Universelle ; Patriarche d'Occident Primat d'Italie ;
Archevêque et Métropolite de la province romaine ; Souverain de l'Etat de la Cité du
Vatican ; et, enfin, Serviteur des Serviteurs de Dieu. Le tout dûment enregistré par la
Republique Italienne et par bien d'autres Etats.
La curie
Un tel résultat ne surgit pas par hasard. L'image publique et internationale du pape comme
chef absolu de la spiritualité chrétienne, comme guide unique et comme chef d'Etat, doit
être confectionnée, transmise et soutenue par une organisation politique solide. Ce qui
sous-entend avant tout une administration centrale hautement spécialisée et exclusive.
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La curie est cette administration, ce gouvernement de l'Eglise qui fonctionne comme un
instrument d'assistance du Saint Père dans ses multiples tâches. En tant qu'organe
suprême de l'Eglise la curie romaine agit suivant trois lignes directrices; l'une, purement
administrative, regarde la subsistance de l'Etat du Vatican; la seconde, rayon de la curie
proprement dite, a rapport à la conservation de la foi universelle ; la troisième, définie
surtout par allusions et omissions, concerne la production des moyens économiques utiles
aux deux premières. Les compétences de la curie sont reprises dans la constitution rédigée
en 1969 par Paul VI sous le titre Regimini Ecclesiae Universae (pour le gouvernement de
l'Eglise universelle). L'esprit de ce texte comporte la particularité, contraire à toutes les
constitutions moderne le pouvoir y est issu d'en haut : la volonté du pape descend cascade
sur toute la hiérarchie religieuse, et n'est en rien le reflet de la volonté des fidèles. Le pape,
élu mais d'émanation divine, est i