"Les IEP : les "fabriques à élite" assignées à résistance."
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Description

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Publié par
Publié le 24 avril 2018
Nombre de lectures 19 286
Langue Français

Extrait

Instituts d’Études Politiques : les« fabriques à élites » assignées à résistance
L’Orientation et la Réussite des Étudiant·e·s ne se fera pas par la sélection.
Loin de donner à tou·te·sle droit à l’éducation, la loi ORE instaure une sélection à l’entrée de l’Université. Les élèves de terminale seront classé·e·s selon leurs notes, leurs lettres de motivation, leur CV ainsi que leurs activités extra-scolaires et devront espérer l’échec decamarades pour accéder leurs aux amphithéâtres de l’Université.Dans la prolongation de cette loi, le rapport Mathiot préconise quant à lui une réforme en profondeur du lycée, poussant de jeunes adolescent·e·s à faire des choix décisifs pour leur orientation future, la satisfaction des prérequis risquant à terme de devenir dépendante des options choisies. De jeunes adolescent·e·s que la loi sur la formation professionnelle et l'apprentissage va livrer toujours un peu plus à leur condition sociale. Car tou·te·s ne seront pas égaux·ales devant l’échec.
La sélection est socialement discriminante. Elle ne peut qu’accentuer le fossé créé par les inégalités en dotation de capitaux économiques, culturels et sociaux, favorisant une reproduction sociale déjà troprépandue aujourd’hui. Les premier·e·s touché·e·s par l’échec seront évidemment les enfants des classes sociales les plus défavorisées, excluant une bonne fois pour toutes ces quelques exceptions qui parvenaient à échapper à leurs déterminismes. La nécessité de construire très tôt une stratégie scolaire complexe et l’inégale proximité des parents avec les exigences scolaires et universitaires ne peuvent conduire qu’à réduire, plus encore, l’accès à l’Université des élèves des classes populaires.
En entretenant le mythe de la méritocratie, ce « projet d’excellence » cache en réalité un coût social énorme et une attaque majeure contre le service public de l’éducation. L’Université n’aura plus le rôle de forger le ou la citoyen·ne de demain mais d’identifier lesdésigné·e·s aptes à diriger un peuple étiqueté comme inculte et incapable. Nous croyons au contraire que l’Université doit rester un espace d’émancipation, d’ouverture intellectuelle, de réflexion, de débat d’idées et de positionnement politique. Nous voulons une
Université décloisonnée, qui puisse inclure chacun·e. Nous voulons que l’Université soit un espace de production et de démocratisation d’un savoir critique.
Accepter cette loi, c’est ouvrir une boîte de Pandore. Elle constitue une étape dans le bouleversement de la raison d’être de l’Université. Cette loi est la résultante d’une idéologie néolibérale, qui parle de « filières sous tension » en occultant le manque de moyens chronique qui touche nos universités. Aujourd’hui, la majorité des facultés a la capacité d’accueillir tou·te·s les candidat·e·s. Néanmoins, le gel des budgets menace cette capacité essentielle du système universitaire. Une fois acceptée la sélection au nom d’un manque de moyens, la prochaine étape sera d’accepter l’Université payante et la suppression des bourses au nom de ce même manque. Alors que la société s’enrichit, l’éducation, à l’image de tous les services publics, voit ses moyens se réduire proportionnellement à ses réels besoins.
La voie de la privatisation est ouverte. Comme pour tous les services publics, l’idéologie néolibérale ambiante légitime la privatisation de l’Université si le rapport de force ne s’inverse pas. Déjà, la catégorisation des universités selon des sigles d’excellences donne du poids aux financements privés et creuse les inégalités entre les facultés et les universités. Comme le transport et la santé, l’éducation s'inscrit ainsi dans une logique de rentabilité en s’ouvrant au secteur privé.
S’opposer à la sélection, c’est finalement s’opposer à cette idéologie du profit à tout prix, de l’individualisme et du chacun pour soi, cette idéologie qui s’impose par la force, supprimant toute opposition, cette idéologie qui lutte contre la collectivité et la coopération.
Les luttes convergent. Le camp des étudiant·e·s est celui des cheminot·te·s, des personnels de la santé et de tou·te·s celles et ceux qui proposent une autre voie à notre société, notamment les associations s’opposant à la loi Asile et Immigration, et celles et ceux qui défendent les zones encore épargnées par les ravages de cette idéologie.
Nous soutenons toutes les initiatives expérimentales de diffusion d’un savoir ouvert tant à l’Université qu’au sein de tous les établissements d’enseignement supérieur.Au sein de nos dix IEP comme dans les facultés et les lycées, nos manières de lutter diffèrent selon le contexte, mais nous affirmons notre solidarité aux modes d'actions utilisés par les lycéen.e.s et
étudiant·e·s mobilisé·e·s, face à la répression qu’ilselles subissent et actuellement.
Étudiant·e·s des IEP, issu·e·s d’un concours calibré socialement et à la légitimité contestable, nous faisons tou·te·s face dans notre microcosme aux effets dévastateurs de la sélection. Nous sommes en majorité ces élèves des grands lycées, fil·le·s de cadres et de professeur·e·s et sur nos bancs sont largement absent·e·s les fil·le·s d’ouvrier·e·s et d’immigré·e·s. Nous rejetons le discours méritocratique qui découle d'une idéologie irréaliste et démagogique. C’est fortde notre expérience scolaire que nous nous opposons à cette orientation nouvelle et comme pour tous les services publics menacés, nous sommes convaincu·e·s que c’est la mobilisation qui permettra d’établir un rapport de force avec le gouvernement pour le conduire à la raison.
Il est temps de prendre des décisions politiques dans l’intérêt des étudiant·e·s et des universités.
Les étudiant·e·s mobilisé·e·s des IEP de Aix-en-Provence, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Paris, Rennes, Saint-Germain-en-Laye, Strasbourg et Toulouse.
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