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Publié par | profil-zyak-2012 |
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Extrait
UNIVERSITE MARC BLOCH (STRASBOURG II)
UFR de Philosophie
Ecole Doctorale des Humanités
Année 2008
THESE
PRESENTEE POUR LE DIPLOME
DE DOCTEUR EN PHILOSOPHIE
Par Vincent MOSER
Sous la direction de M. le professeur Jacob ROGOZINSKI
LE SENS DE LA PHENOMENALISATION
SELON MICHEL HENRY ET JEAN-LUC MARION
POUR UNE CONSTRUCTION PHENOMENOLOGIQUE :
L’AUTO-HETERO-DONATION
*
UNIVERSITE MARC BLOCH (STRASBOURG II)
UFR de Philosophie
Ecole Doctorale des Humanités
Année 2008
THESE
PRESENTEE POUR LE DIPLOME
DE DOCTEUR EN PHILOSOPHIE
Par Vincent MOSER
Sous la direction de M. le professeur Jacob ROGOZINSKI
LE SENS DE LA PHENOMENALISATION
SELON MICHEL HENRY ET JEAN-LUC MARION
POUR UNE CONSTRUCTION PHENOMENOLOGIQUE :
L’AUTO-HETERO-DONATION
*
1
Au Maître Intérieur
et à mes parents
2 LE SENS DE LA PHENOMENALISATION
SELON MICHEL HENRY ET JEAN-LUC MARION
POUR UNE CONSTRUCTION PHENOMENOLOGIQUE :
L’AUTO-HETERO-DONATION
*
Thèse de Doctorat de Philosophie
Rédigée sous la direction de M. le Professeur Jacob ROGOZINSKI
Par Vincent MOSER
UNIVERSITE MARC BLOCH (STRASBOURG II)
UFR de Philosophie
Ecole Doctorale des Humanités
Année 2008
3 SOMMAIRE
Introduction : La lumière vive dans son « comment »
Première partie :
LA PHENOMENALISATION COMME AUTO-AFFECTION (M. HENRY)
OU COMME SATURATION (J.-L. MARION)
*
Deuxième partie :
CONSTRUCTION PHENOMENOLOGIQUE DE
L’AUTO-HETERODONATION COMME ETREINTE PATHETICO-EXTATIQUE ORIGINAIRE
*
Troisième partie :
UN MODELE FECOND
Conclusion : Le séjour indéchirable
3 Introduction : La lumière vive dans son « comment »
« Le sens de la phénoménalisation selon Michel Henry et Jean-Luc
Marion » : telle est la formule principale que nous avons choisie pour
intituler cette présente réflexion qui vise à constituer une thèse de
philosophie. Entreprenons donc de l’expliciter et, d’emblée, écartons tout
malentendu possible, en prenant garde, tout spécialement, aux cinq
principaux écueils suivants :
Premièrement, le fait que le titre de notre thèse comporte ces mots -
« le sens de la phénoménalisation » - n’implique aucunement que nous
tiendrions aussitôt pour évidente et assurée l’affirmation morale ou pieuse
- résolument optimiste, mais par un certain côté sans doute aussi violente
- selon laquelle c’est toujours et forcément au sens que reviendra le
dernier mot. Il existerait, selon une telle logique, un sens unique et défini -
Le Sens -, nécessaire, universel, éternel ou transcendant, qui serait acquis
ou conquis par avance et définitivement, et qui garantirait le salut de tous
les phénomènes, la rédemption de toutes les errances. Or, de quel droit
pourrions-nous donc soutenir ici la thèse d’une telle téléologie
providentialiste qui engage en effet forcément une position personnelle de
foi religieuse ou pratique, quel que soit le respect qu’elle mérite ? En fait,
nous ne disposons d’aucun élément qui nous autoriserait à affirmer
catégoriquement que les « choses mêmes » seraient en elles-mêmes
nécessairement animées par une tendance spontanée à monter vers la
lumière. Mais s’il en va ainsi, remarquons aussitôt qu’il ne serait nullement
plus légitime d’admettre inconditionnellement la thèse contraire - le
catastrophisme désespéré ou cynique qui croit décidément à la victoire
ultime de l’obscurité, de la nuit et du brouillard. Lorsque la mise en ordre
prend le tour d’une mise au pas, le rationnel devient alors radicalement
étranger au raisonnable et se met abominablement au service du Mal
absolu ; désormais, toute revendication catégorique d’ordre ne peut
manquer d’éveiller la méfiance du philosophe qui se laisse travailler par
une inquiétude éthique. Bref, si nous avons effectivement l’intention de
produire une thèse philosophique, nous devons cependant commencer par
adopter l’attitude qui consiste à ne rien affirmer et à ne rien nier quant à
4 l’alternative en question, ce qui revient à mettre cette dernière hors circuit.
Suivons donc ici le précepte cartésien qui nous recommande d’éviter toute
« précipitation » - c’est-à-dire le défaut qui consiste à porter un jugement
avant que notre entendement ait atteint un parfait état de clarté, de
distinction, d’évidence -, ainsi que toute « prévention » - c’est-à-dire
l’erreur liée à la persistance, dans notre pensée, de jugements irréfléchis
que nous avons portés sur les choses au cours de notre passé et qui
1s’imposent actuellement à nous comme si nous les avions démontrés - .
Pour le moment, écartons toute thèse prématurée, aussi bien positive que
négative, relativement à la question du sens de la phénoménalisation, qu’il
nous faut bien plutôt commencer par interroger, expliciter et
problématiser. Pratiquons donc le geste qui consiste à renvoyer dos à dos
les deux positions antagonistes qui composent l’antinomie considérée, ce
qui revient à déclarer un non-lieu. Une telle précaution méthodologique
vaut d’autant plus, si le sens et le non-sens, quoiqu’ils doivent se
distinguer et s’opposer, ne sont pas pour autant séparables absolument
l’un de l’autre : de fait, le sens s’efforce de résister, autant qu’il peut, au
non-sens et, réciproquement, le non-sens ne peut se manifester que sur le
fond d’une certaine exigence de sens. Ne devrions-nous pas en dire autant
au sujet du couple que composent les notions contraires de venue au jour
et d’obscurcissement ? Ne sont-elles pas, elles aussi, essentiellement liées
par un indissoluble rapport de corrélation ? Bien entendu, il faudra mettre
en question le présupposé selon lequel l’obscurité se résumerait à
l’absence de lumière ou le non-sens à l’absence de sens : la manifestation
de l’obscurité ou celle du non-sens ne consistent-t-elles pas plutôt dans
l’affirmation violente d’une certaine positivité ? Quoi qu’il en soit, pour le
moment, poursuivons.
Deuxièmement, nous devons faire table rase de toute espèce de
dogmatisme édifiant. Notre titre pourrait, à première vue, donner
l’impression de proclamer la ‘‘bonne nouvelle de la phénoménalisation’’
2selon deux apôtres du « tournant théologique » . Nous devons
1
Discours de la méthode, Deuxième partie, « Principales règles de la méthode », in
Œuvres complètes, VI, C. Adam & P. Tannery, Vrin, Paris, 1996, p. 18
2 cf. D. Janicaud, Le tournant théologique de la philosophie française, Editions de l’éclat,
Collection « tiré à part », Combas, 1991 ; J. Benoist, « Le « tournant théologique » » in
5 évidemment écarter comme étrangère à nos intentions une telle
interprétation, pour ces deux raisons principales : d’une part, parce qu’elle
est on ne peut plus caricaturale - eu égard à Henry et Marion et à leurs
pensées, mais aussi à la foi chrétienne - et que la caricature, ici, implique
une vision injuste (ce qui, d’une façon générale, n’est pas nécessairement
toujours le cas) ; d’autre part, parce qu’une thèse de philosophie ne peut
légitimement se confondre avec une profession de foi ou un discours
apologétique. En réalité, la préposition « selon » qui figure dans notre titre
ne doit pas s’entendre au sens conformiste de l’affirmation d’une autorité
normative - celle du policier qui règle le sens de circulation ou du directeur
de conscience qui met ou remet dans le droit chem