Corrigé bac ES 2014 Pondichéry philo sujet 1
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La justice n'est-elle que pure convention ? Lorsque Antigone revendique le droit d'enterrer dignement son frère Polynice mort au combat, n'est-ce pas au nom d'un droit naturel qu’elle appelle « la loi du cœur » contre celle qu'elle juge arbitraire et relative de son oncle Créon, « la loi de la cité » ? Cette dernière représente la norme du juste pour les hommes alors qu'Antigone prétend se placer au-dessus pour exprimer la légitimité de son geste. La justice n'est-elle qu'une convention ou bien Antigone a-t-elle raison d'invoquer cette justice non écrite mais intangible et universelle ? Le problème n’est pas seulement de savoir si en fait (dans la réalité sociale, politique et historique) la justice est conventionnelle, mais si elle n'est que pure convention, c'est-à-dire si elle l'est toujours, en droit, par essence, par définition. Cette question de droit relève un intérêt philosophique qui exige que l'on s'interroge sur le principe même de la justice, sur son origine, indépendamment des valeurs établies par les hommes, des institutions et du droit positif, ensemble de lois établies à une époque et dans un lieu donnés. Que vaudrait la justice si elle n'était fondée que sur ce que Pascal appelle des « valeurs d’établissement », arbitraires et relatives ? A l'inverse, peut-on parler de « lois non écrites » et en ce sens quel est le fondement naturel de la justice (quid juris) qui puisse accorder la moralité et l’effectivité des lois ?

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Publié le 14 avril 2014
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Langue Français

Extrait

La justice n'est-elle que pure convention ?
Lorsque Antigone revendique le droit d'enterrer dignement son frère Polynice mort au combat, n'est-ce pas au nom d'un droit naturel qu’elle appelle « la loi du cœur » contre celle qu'elle juge arbitraire et relative de son oncle Créon, « la loi de la cité » ? Cette dernière représente la norme du juste pour les hommes alors qu'Antigone prétend se placer au-dessus pour exprimer la légitimité de son geste. La justice n'est-elle qu'une convention ou bien Antigone a-t-elle raison d'invoquer cette justice non écrite mais intangible et universelle ? Le problème n’est pas seulement de savoir sien fait(dans la réalité sociale, politique et historique) la justice est conventionnelle, mais si elle n'est que pure convention, c'est-à-dire si elle l'est toujours,en droit, par essence, par définition. Cette question de droit relève un intérêt philosophique qui exige que l'on s'interroge sur le principe même de la justice, sur son origine, indépendamment des valeurs établies par les hommes, des institutions et du droit positif, ensemble de lois établies à une époque et dans un lieu donnés. Que vaudrait la justice si elle n'était fondée que sur ce que Pascal appelle des « valeurs d’établissement », arbitraires et relatives ? A l'inverse, peut-on parler de « lois non écrites » et en ce sens quel est le fondement naturel de la justice (quid juris) qui puisse accorder la moralité et l’effectivité des lois ? Si la justice n'est que pure convention, la question est de savoir s'il en est de même pour la valeur du juste qui fonde la norme du droit.
Plan possible
I. La justice est conventionnelle
1. Les coutumes, les institutions, le droit positif sont relatifs à un pays et à une époque Problème : ils suivent « les fantaisies et les caprices des Perses et des Allemands » (Pascal)
2. Les conventions humaines sont arbitraires = confusion logique Problème : Un rien suffit à rendre caduque l'autorité de la loi « Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » (Pascal)
3. Supposer la justice commepureconvention, c'est reconnaître son caractère artificiel, fictif et par là-même nier qu'elle puisse être juste. Problème : la valeur de la justice ne peut-être fondée sur des conventions ou autant dire que le juste n'est pas une valeur, qu'il est une illusion, qu'il dépend d'un caprice ou d'une erreur de jugement, d'un intérêt particulier.
Il faut renoncer à parler de l'idée de juste s'il n'y a de justice que relative à l'arbitraire ou « au bon plaisir » de ceux qui détiennent le pouvoir tel le monarque de l'Ancien Régime. Mais s'il n'y a pas de justice que conventionnelle, que faut-t-il entendre par ce mot justice ?
II. La justice n'est pas fondée sur des conventions.
1. La justice est juste par nature : le sentiment de justice Problème : cette loi est connue instinctivement, « comme une divination » dit Aristote dans la Rhétorique,fonde laelle est la voix de la conscience contre l'injustice de la loi positive ; cela distinction du juste et du légal.
2. C'est la raison qui permet de découvrir la justice comme égalité, proportion. Cette faculté de l'esprit dont Descartes affirme que c'est « la chose du monde la mieux partagée »permet de distinguer, de
peser, de juger avec rectitude ce qui est juste et ce qui ne l'est pas.
3. La justice est la justesse qui permet de juger c'est-à-dire au juge de faire appliquer la loi, de corriger et en même temps d'ajuster le sens de l'application à la valeur du juste. Ce jugement de la raison représente l'équité et l'universalité de ce qui est juste indépendamment des conventions.
Si la justice découle de la raison, faculté de l'esprit proprement humaine, pourquoi «le loup raisonneur de la fable» selon l'expression de Alain, a-t-il besoin de se justifier, en invoquant toutes sortes de raisons ? Car ce qui est juste par raison n'est pas toujours compris ni suivi par les hommes, il ne suffit pas qu'une nécessite morale détermine les individus pour que leurs actions soient justes et légitimes.
III. La justice effective
1. Il faut des lois positives qui disent le juste et l'injuste «Commettre quelque injustice envers les hommes, cela suppose qu'il y ait des lois humaines qui ne sont pas encore établies en l'état de nature». Problème de la loi naturelle chez Hobbes, la voix de la raison est une voix confuse étouffée par la part sensible de notre nature où règne l'arbitraire et l'individualisme source de violence, et de cette «guerre de tous contre tous».
2. La loi naturelle de la raison n'est pas immédiatement appliquée, voilà pourquoi des conventions sont nécessaires, pour mettre fin à cet état de nature dénoncé par Calliclès, le sophiste mis en scène par Platon dansGorgias.Pour devenir effective, la loi de la raison doit être comprise comme une nécessité de l'esprit humain, mais elle est toujours en conflit avec les passions et les intérêts.
3. Pour dépasser l'arbitraire et le relativisme des intérêts individuels il faut donner une effectivité à la loi de la raison : ce sont les conventions qui peuvent rendre la justice possible et non la concevoir comme un idéal non réalisable. Alain affirmait «la justice est une chose qu'il faut faire, et refaire» ; c'est la définition de l'homme comme être auto-nome (qui fait sa propre loi, qui s'impose ses propres règles) qui est ici en jeu. C’est l’homme en tant qu’être de raison et capable de se donner ses propres conventions, comme d’y désobéir, c’est-à-dire un être de liberté qu’il faut supposer pour comprendre la justice dans son principe et son effectivité. Florence Begel
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