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FAIRE UN COURS DE CIVILISATION EN FRANÇAIS DANS VOTRE
UNIVERSITE.
Comment faire un cours de civilisation? Quels chemins emprunter ? Quelle forme de discours
construire ? On dit souvent qu’il y a un art pour bien parler, pour bien convaincre. On nomme
cet art, la technique de la rhétorique. En quoi cette technique peut vous aider à bien préparer
vos conférences sur une civilisation? Peut on parler, par exemple, d’une rhétorique à la
française ? Cette partie « Enseignement de la civilisation en université » va se consacrer à
vous donner des clefs de lecture sur trois points, trois questions :
1) Quelles sont les racines historiques de la rhétorique ?
2) Comment construire une conférence en français sur l’histoire ou la géographie d’un
pays, éléments constitutifs de toute civilisation ?
3) Quels sont les débats actuels en sciences humaines qui peuvent vous aider à
comprendre le monde contemporain d’un pays ?
Pour créer un discours convaincant, nous avons donc mené une réflexion préalable : qu’est ce
que la rhétorique ? Ce sera notre première partie. Suite à cette première partie théorique, nous
passerons à un mode plus opératoire, et empirique. C’est lors de cette seconde phase que vous
allez découvrir les structures possibles pour construire vos conférences « civilisationnelles »,
notamment en éclairant comment construire des séquences d’histoire et de géographie pour
aboutir à une réflexion théorique et globale sur les sciences humaines.
1
Chapitre 1 / La rhétorique :
rappel épistémologique
2 La rhétorique est une technique de l’art dit « oratoire ».
Dans cette première réflexion, nous vous proposons trois lectures de ce que fut cet art.
Dans un premier temps, nous analyserons ce que fut la rhétorique de l’instrumentalisation :
celle-ci ayant pour but d’encadrer et de dominer les hommes. C’est la rhétorique des
« Sophistes ». Une rhétorique au sens péjoratif.
L’autre aspect, notre second point, étudiera les rapports entre la morale et la rhétorique, c'est-
à-dire, ce que fut la rhétorique dite « humaniste ».
Enfin, dans un troisième temps, nous verrons quels sont les visages de la rhétorique française
dans le monde moderne en soulignant le contexte du XVIII, c’est à dire le siècle des
« Lumières », jusqu’aux néons du 21 ème siècle, autre lumière encore proche de l’apparat.
3
1 / La rhétorique des Sophistes, ou les mercenaires de la parole.
1.1/ La rhétorique est une science
La rhétorique des Sophistes était basée sur le vraisemblable (eikos), et non sur le vrai
(alethes). Les Sophistes construisent un ensemble de recettes se mettant à la disposition de
l'orateur. Les termes « rhétorique » ou « sophistique » sont donc utilisés quand on souhaite
mettre en avant les paroles creuses contre l'action, ou de séparer l'information de la
propagande. C’est une science des discours pseudo-argumentatif. Quelles en sont les
racines antiques?
1.2/ Les racines de l’antiquité :
Deux noms peuvent être cités.
Prodicos de Céos (vers 460 av J.-C./ 399 av J.-C.) ( -V/ -IV) : l’orateur des synonymes.
PRODICOS s'attacha à définir le sens des mots et à distinguer des mots qui semblaient être
synonymes ; il se faisait une spécialité des mots et de l'étude des synonymes, ce qui lui valut
la considération de Socrate, qui semble l'épargner de son ironie à l'égard des Sophistes. Ses
études sur les mots ont aidé le médecin Galien. Prodicos vint souvent à Athènes où il gagna
beaucoup d'argent en donnant des lectures publiques….
Gorgias ( v 485-. 380 v.J.-C.) : le Sicilen pragmatique contre la vérité et contre Platon.
Gorgias fut un Sophiste majeur et mythique (On affirme qu'il vécut 108 ans !) Il enseignait
l'art de persuader. Mais comment ? Il appartient à cette catégorie de philosophes qui ont
supprimé le critère de vérité. A côté de la faiblesse de la vérité, Gorgias pose la force du
langage, son pouvoir sur les esprits, par l'argumentation, et sur les émotions, par le rythme et
les effets sonores. Ce pouvoir peut être bien ou mal utilisé, la « technè rhêtorikè » ne
garantit la moralité de celui qui l'emploie, il s'agit d'un instrument neutre. En cela, Gorgias
est le fondateur du pragmatisme rhétoricien. Il s’oppose à l'idéalisme philosophique à la
manière de Platon (les leçons de Socrate conduisent ceux qui les écoutent à devenir
meilleurs). Gorgias semble être l'un des premiers à développer l'idée que l'orateur peut aider
les États à faire des choix politiques, parce que sa technè lui permet :
1. d'analyser la situation,
2. de convaincre en vue de l'action.
4 2/ La rhétorique morale.
2.1/ Les racines morales grecques.
(-V ) La place orale de SOCRATE : une rhétorique de l’intérieur, de l’introspection et
de l’humilité.
Socrate est (Ve siècle av. J.-C.), considéré comme le père de la philosophie occidentale et
l'un des inventeurs de la philosophie morale. La sagesse de Socrate se résume à cette la
maxime ; « Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien » : cette maxime invite à
s'observer en tant qu'homme, en s’élevant au-dessus de ses sentiments particuliers et de ses
opinions qui ne sont toujours qu’une illusion de données. Dans ses « dialogues », Platon nous
montre un Socrate qui entend une voix en lui-même, la voix de la conscience morale. C’est
donc une rhétorique intérieure, celle d’une certaine humilité.
(-V/ -IV) Le témoignage écrit de Platon : le créateur d’une rhétorique morale
métaphysique
« Connais toi, toi –même ! » : c’est sans doute le message le introspectif des hommes qui ont
inventé la rhétorique. Cette maxime de PLATON (-427 /-347) est bien une invitation
philosophique à ce connaître soi, pour mieux apprécier les autres, avoir envie de les connaître
et les respecter. Platon comme Socrate proposent une rhétorique morale.
(IV siècle av. JC) Démosthène : une rhétorique morale au service du judiciaire.
Démosthène est un athénien, bourgeois mais pas un aristocrate. Il se sent socialement
complexé. À seize ans, il assiste par hasard à un procès en 367 av. J.-C. Il est fasciné par le
talent de l'orateur, et décide d'apprendre la rhétorique. Selon Plutarque, lors de son premier
discours en public, l'assistance se moque de son problème d'élocution — vraisemblablement
une difficulté à prononcer la lettre R — et de ses gestes maladroits. PLUTARQUE dit : « il fut
en butte aux clameurs et aux moqueries à cause de son style insolite : Il avait d'ailleurs,
semble-t-il, une voix faible, une élocution confuse et un souffle court, qui rendait difficile à
saisir le sens de ses paroles, obligé qu'il était de morceler ses périodes. » Démosthène
s'efforce alors de rectifier ces défauts, allant jusqu'à s'entraîner à parler avec des petits
galets dans la bouche. Il s'enferme régulièrement chez lui pour étudier le style de
Thucydide. À cause de toutes ces préparations, et de sa réticence à improviser, les autres
orateurs lui reprochent souvent de « sentir la lampe » et de n'avoir aucun don naturel. Un
homme, à ce que l'on raconte, vint le trouver pour lui demander de le défendre et lui expliqua
qu'on l'avait battu : « Allons donc, lui dit Démosthène, tu n'as pas été victime de ce que tu me
dis. » Alors, l&