Histoire de Québec et de sa région - Les arts et les lettres
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Histoire de Québec et de sa région - Les arts et les lettres

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Extrait

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La vie culturelle, 1868-1939 1389
À partir de 1867, une nouvelle période s’ouvre dans la vie culturelle de la région. Québec devient la capitale de la pro -vince de Québec où les Canadiens français constituent la majo -rité de la population. Les troupes britanniques quittent la ville peu de temps après. Le déclin du commerce du bois équarri et le creusage du fleuve vers Montréal déjà amorcé contribuent à créer une situation de stagnation économique et accélèrent la migration d’une partie de la communauté anglophone vers Montréal ou l’Ouest canadien. Québec devient de plus en plus une ville fran -çaise et sa vie culturelle sera dominée par la bourgeoisie des pro -fessions libérales francophones et le clergé catholique. Quel impact ce nouveau contexte aura-t-il sur les arts et les lettres dans la région ? Dans quelle mesure les associations et les institutions fondées au cours de la période antérieure se main -tiendront-elles ? La croissance démographique de Québec, bien que modeste par rapport à Montréal, aura-t-elle un impact sur la multiplication des activités culturelles, sur le développement des médias et sur les pratiques de loisirs ? Comment émergera l’iden -Inauguration de la tité culturelle de Québec en rapport avec son histoire et son patrimoine ? Entre 1867 et 1940, la vie culturelle à Québec et dans sa région s’en trouvera radicalement1879.Teasrr Dsefeuf nir el j 62 niu transformée. De petite ville coloniale qu’elle était, Québec devra faire face aux(L’O défis de la modernité et prendre position par rapport à la culture traditionnelle duArchipviensi  on publique, 1879, Canada français.de la Ville de Québec) Les arts et les lettres Le théâtre La vie théâtrale à Québec entre 1867 et 1900 constitue un prolongement du modèle mis en place au cours des décennies antérieures, bien que le rythme des représentations commence à être plus soutenu compte tenu de l’augmentation de la population de la ville. La mise en place et l’extension du réseau de chemin de fer permet de relier Québec à Montréal et, de là, vers New York et les autres villes américaines. Désormais, le Québec et l’Ontario s’inscrivent dans le circuit des tournées des troupes de théâtre en provenance des États-Unis à intervalles réguliers. Située à l’est du circuit principal, la ville de Québec est néanmoins ivée d’ pr un certain nombre de grands spectacles. Il n’en demeure pas moins que ces troupes en provenance de New York et de la Nouvelle-Orléans y présentent des pièces de théâtre non seulement en anglais, mais aussi en français, puisque ces deux villes constituent des bases d’opération pour les acteurs français établis aux États-Unis. Par le théâtre français et britannique qu’elles introduisent, ces troupes étrangères vont influencer largement le goût du public de Québec et, par voie de consé -quence, le répertoire des troupes locales d’amateurs. On se rappellera que ces troupes françaises en provenance de New York avaient commencé à visiter Québec à partir de 1859.
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 Industrie et forêt : une capitale provinciale tournée vers le continent, 1868-1939
Au cours du dernier tiers du XIXesiècle, Montréal s’impose comme le centre de l’activité théâtrale anglophone et francophone pour l’ensemble du  Québec1. De son côté, Québec connaît dans ce domaine un développement certain, quoique irrégulier. Aucune troupe de théâtre français n’arrive à s’y installer de façon permanente, malgré certains essais faits en ce sens au cours de cette période.
Le théâtre français La première tentative sérieuse d’implanter un théâtre français à Québec revient à Alfred Maugard. Il visite la ville le 3 août 1871 à la tête de la Compagnie lyrique et dramatique française des Antilles. La troupe composée de huit personnes, maris et femmes, présente un opéra-comique, une opérette et un vaudeville à l’Académie de musique. Devant le succès remporté auprès du public, ces comédiens français réfugiés de la guerre franco-prussienne de 1870 décident de s’implanter à Québec sous le nom de Théâtre Jacques-Cartier. La troupe sera également désignée sous le nom de Compagnie française. Les journalistes Arthur Buies et Hector Fabre ne cachent pas leur enthousiasme. Fabre, en particulier, devient un suppor -teur indéfectible de la troupe dans ses chroniques publiées dansL’Événement. « Nous avons à Québec, écrit-il, deux institutions musicales, le Conservatoire national de musique, l’Académie de musique ; trois grandes sociétés chorales, l’Union musi -cale, le chœur St-Patrick, la Société Sainte-Cécile ; deux bandes militaires, l’une canadienne-française, l’autre irlandaise ; un club d’artistes en musique, le Septett Club… Et maintenant le théâtre français s’installe en permanence à Québec. C’est à ne pas y croire…2.» Maugard décide de localiser sa troupe dans la salle Jacques-Cartier située à l’étage supérieur des halles du même nom, en plein cœur du quartier Saint-Roch, plutôt qu’à l’Académie de musique de la Haute-Ville. D’août à septembre 1871, le public a droit à quelque 25 pièces de tous genres : comédies, vaudevilles, bouf -fonneries musicales, opérettes, drames, drames-vaudevilles. L’accent est mis sur la gaieté. Le succès est tel que la troupe française peut se permettre une tournée à Montréal qui ne possède pas encore son théâtre français3. De retour à Québec, la Compagnie française fait face à un concurrent, la Compagnie franco-canadienne, créée par un monsieur Génot. Bien que l’exis -tence de cette troupe semble avoir été éphémère, elle indique une volonté encore vague de créer une troupe composée au moins en partie de comédiens canadiens-français. Quant à Maugard, il poursuit ses activités théâtrales en adaptant ses pièces pour tenir compte de la moralité frileuse du milieu québécois. Son effort d’adaptation se manifeste également par la production de pièces écrites par les auteurs canadiens de l’époque : Joseph Marmette, Félix-Gabriel Marchand, Louis Fréchette, Charles Baillairgé. Maugard écrira lui-même quelques mélodrames dont l’action se passe à Québec. Malgré tous ces efforts, le public ne répond pas à l’ap -pel de façon satisfaisante. Maugard et sa femme s’adjoignent à l occasion des co -médiens amateurs de Québec, mais leurs activités théâtrales diminuent progressivement. Les Maugard semblent avoir quitté la ville en 18784.
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La vie culturelle, 1868-1939 1391
À la suite de cet échec, le théâtre français continue à se manifester de façon irrégulière à Québec grâce aux activités des troupes locales d’amateurs ou à l’occasion de tournées de troupes en provenance de Paris ou de New York. La dCaonms lpaa gvineiiel lfer acanpciot-aclae naaud iceonunrse  ddees  aMnonnétersé aqlu i( 1s8ui8v7e-n1t8. 9À5)l se produit également  automne de 1894, un couple de comédiens français, les Dunoyer, un musicien du nom de Haakman et quelques hommes d’affaires fondent la Compagnie du Théâtre français. Lors du gala d’ouverture, on présente l’opéretteLes cloches de Cornevillede Planquette. Des curés, tout comme l’archevêque Elzéar-Alexandre Taschereau, dénoncent l’immo -ralité de l’œuvre et du théâtre en général. Cette seconde tentative de créer un théâtre français à Québec s’avère là encore un échec, d’autant plus que les conditions de travail des comédiens demeuraient précaires5. Les troupes locales d’amateurs L’activité théâtrale d’Alfred Maugard à Québec n’a pas été sans retombée dans le milieu des comédiens amateurs dont plusieurs avaient été intégrés à ses spectacles ou bénéficié de son encadrement lors de représentations locales. Parmi ces troupes d’amateurs qui se manifestent périodiquement au cours du dernier tiers du XIXe siècle, il faut citer le Cercle de l’Union typographique (1875), le Cercle Papineau (1884), le Cercle Riel (1886), le Cercle Carillon (1888), l’Union Talma (1888), le Cercle La grâce de Dieu (1891), le Cercle de la Garde indépen -dante Champlain (1897). Ces cercles rassemblent des ouvriers, des employés et des membres des professions libérales, mais leur composition demeure exclusive -ment masculine. Il n’existe pas de cercles féminins, même si certaines soirées dramatiques et musicales peuvent être présentées par un groupe de femmes pour le soutien de bonnes œuvres. Il arrive parfois que des amateurs se regroupent sur une base ponctuelle pour monter un spectacle dramatique. Ce théâtre, souvent qualifié de « mondain », réunit des membres de la bourgeoisie professionnelle de Québec. Ainsi, en avril 1887, Adolphe-Basile Routhier et son groupe de volontaires présententLa fille de Rolandmusique. Une de ses filles joue le rôled’Henri de Bornier à l’Académie de de Berthe. L’avocat Adjutor Rivard et Ernestine Marchand, la fille cadette de Félix-Gabriel Marchand, tiendront également des rôles dansQuand on s’aime, on se marieMarchand-Dandurand, présentée sur la même scène en Joséphine  de 18896. Le théâtre de collège L’activité théâtrale au Séminaire de Québec, suspendue au cours des années 1840 pour des raisons de rigueur doctrinale catholique, reprend en 1868. Cependant, les autorités ecclésiastiques maintiennent l’interdiction en ce qui concerne les institutions d’enseignement féminin. Les auteurs classiques du XVIIe siècle – Racine, Corneille, Molière – continuent d’être joués régulièrement, bien
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1392 Industrie et forêt : une capitale provinciale tournée vers le continent, 1868-1939
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Les comédiens amateurs des pièces de théâtreLe malade imaginaire etUne minute trop tard, 19 décembre 1900. (Musée de la civilisation, collection du Séminaire de Québec,Le malade imaginaireetUne minute trop tard, pièces de théâtre, 19 décembre 1900, PH1997-0863)
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que les scènes qui présentent des rôles féminins soient supprimées ou jouées par des hommes. Des séances dramatiques ont lieu à l’occasion des grands événements de l’année scolaire : fête du supérieur, distribution des prix, fêtes religieuses, com -mémoration de grands événements. Ainsi, en 1873, une soirée musicale et litté -raire à laquelle participent les écrivains Pamphile LeMay, Adolphe-Basile Routhier et Louis Fréchette est organisée à l’Université Laval pour commémorer le 200e anniversaire de la découverte du Mississipi. À l’école des Ursulines de Québec, le théâtre est remplacé par un pro -gramme musical à l’occasion de la distribution des prix de fin d’année. Déclama -tions, adresses et art lyrique dominent le programme de ces manifestations7 . Les genres de théâtre et la question de la moralité Le répertoire classique du XVIIe siècle n’a pas la faveur du public de Québec en cette seconde moitié du XIXesiècle ; il est plutôt réservé au Séminaire de Québec. Influencé par le théâtre de tournée français ou britannique en prove -nance des États-Unis, le public de Québec est particulièrement friand de mélodra -mes alors en vogue en Europe. Alexandre Dumas a la cote, de même qu’Adolphe D’Ennery, le maître du mélodrame français. Les pièces de ce dernier, telles queLes Deux orphelines,Marie-Jeanne ou la femme du peuple,La Grâce de Dieusont jouées ou reprises sans cesse par les troupes en tournée ou les troupes locales d’amateurs. Il en va de même pourLe maître de forgesde Georges Ohnet. Pour la seule période de 1900 à 1911, 12 des 15 pièces les plus jouées étaient des mélodrames8.
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