Chapitre 1
Le nouveau départ
En ce début d’après-midi printanier, j’atteignis
le port de Bordeaux après de longs jours de
navigation sur la Garonne à bord de « Coquille de
noix », ma petite barque. J’amarrai mon embarcation
sur ces immenses quais près d’une colossale
caravelle. Je m’arrêtai pour contempler cette
merveille. Son nom, gravé en lettres d’or, était
« L’évasion ». Ce bateau me paraissait plein de joie,
de gaieté et semblait promis à de grandes aventures.
Après m’être arraché à cette admiration, je
vagabondai sur les quais du port. Je devais me
renseigner, sur lequel de ces titanesques engins
monter ? Après avoir questionné un vieux marin,
j’appris que je pouvais embarquer sur « L’évasion ».
Je m’imaginais déjà les mains posées sur la barre
avec un sourire collé au visage.
Je m’engouffrai dans la foule lorsque mon nez fut
subitement agressé par les différentes odeurs des
marchandises que l’on chargeait dans les navires, la
vanille et les épices pour arriver à cet excrément
délaissé par ce quadrupède à l’air aimable. Ce
désagréable rejet animalier fut soudainement écrasé
par mégarde par un pied chaussé de blanc, son
propriétaire, un noble à l’air peu commode, proféra
quelques injures. Je passai mon chemin, ricanant
devant l’expression de dégoût mêlée de colère de cet
homme riche.
Des cris, des claquements de sabots sur les
pavés, des chuchotements, des battements d’ailes
s’entremêlaient me donnant un léger tournis, les
marchands vantant leurs produits et essayant de
1 brailler plus fort que leurs confrères. Je me
dirigeai vers le bateau.
Quand j’arrivai devant le bâtiment flottant, je
fis la rencontre du capitaine et de quelques autres
marins avec lesquels je me liai d’amitié. Il y avait
un p’tit gros appelé Jo le ronfleur, il avait
toujours la pipe à la bouche et empestait l’alcool
mais il était toujours bien rasé. Ensuite venait un
p’tit mousse à l’air idiot mais très sympathique
surnommé Le p’tit Pitt. Enfin, un vieillard aux
cheveux grisâtres, un bonnet noir sur la tête et à
l’intérieur de celle-ci une grande intelligence. On
l’appelait Le vieux. Il ne s’exprimait que par des
phrases bizarres que je jugeais inutiles.
Le chargement commença, je les aidai du mieux que
je pus, transportant des caisses pleines de vivres,
des cages enfermant des poules ou maintenant les
cordes des moutons et des chèvres.
Une fois le chargement terminé, une bonne et
grande nuit de sommeil m’attendait. J’atteignis le
dortoir où je m’écroulai sur la première couchette
trouvée. Nous partirions le lendemain matin, deux
heures après le lever du soleil.
********************
Peu après l’aube, je fus réveillé par des cris
m’annonçant le départ du bateau. J’arrivai sur le
pont après m’être rapidement habillé. Lors du
démarrage, « L’évasion » écrasa vulgairement ma
petite « coquille de noix » encore amarrée au port.
Le dernier lien me retenant à ma vie d’avant disparut
sous mes yeux, c’était un nouveau départ.
2 Chapitre 2
Malheur à l’horizon
Cela faisait maintenant 4 mois et demi que nous
étions en mer. Je m’étais fait accepter de ces marins
et faisais à présent parti des leurs. Mais de tous je
m’étais plus particulièrement rapproché du Vieux, de
Jo et du P’tit Pitt, mes premiers amis rencontrés
lors de l’embarquement.
Depuis le départ du port de Bordeaux, je m’étais
initié à toutes les activités maritimes : la levée
des voiles et de l’ancre, le nettoyage des ponts, les
tâches ménagères en tout genre, j’avais même pendant
quelques heures servi de vigie. Mais de toutes ces
occupations ma favorite était bel et bien la pêche.
C’était mon côté fainéant qui, je pense, l’avait
décidé.
J’avais goûté à toutes les merveilles de la
navigation, mais aussi à tous ces malheurs : les rats
couraient sur le plancher en attendant patiemment que
quelqu’un tombe de fatigue pour lui ronger les os,
les maladies se propageaient dont le scorbut qui
avait décimé une bonne partie de l’équipage. La
fatigue nous accablait et le rationnement en eau
n’arrangeait pas les choses. Nous avions la gorge
asséchée et la langue pâteuse. Il m’arrivait de
regretter ma vie d’avant à cause de la durée du
voyage qui me semblait interminable. Je me remémorais
par moment les siestes que je faisais près de la
Garonne, à l’ombre d’un arbre en attendant patiemment
qu’un poisson trop gourmand croque à l’hameçon.
Mais aujourd’hui, une chaleur des plus
suffocante s’abattait sur le navire et faisait régner
un silence pesant, le moindre mouvement était un
effort trop pénible. Ce calme nous faisait trembler
3 car nous savions tous que quelque chose de terrible
aller survenir
Nous ignorions cependant les uns les autres ce qui
allait véritablement s’abattre sur ce navire quand la
vigie au sommet de sa hune aperçut une tâche noire à
l’horizon. Ce que redoutaient tous les marins
arrivait droit sur nous c’était le malheur : un
navire au pavillon noir !
4
Chapitre 3
Les Pirates
« Pirates à bâbord ! » s’égosilla la vigie.
La panique saisit nos corps si faibles plus
rapidement que l’éclair déchirant le ciel. Nous
venions juste de quitter le golfe de Guinée et nous
nous nous croyions sortis des pires difficultés. Le
sinistre bateau était de plus en plus près, notre
capitaine commença à crier quelques ordres à ses
hommes en gardant un sang-froid hors du commun.
Je ne savais pas où aller, où me placer, c’était le
premier combat auquel j’allais participer mais je vis
aussitôt un groupe de marins qui cherchait
désespérément de l’aide pour placer un canon dans son
sabord. Je vis alors le bateau de nos assaillants
arriver à notre hauteur en se cognant violemment à
notre caravelle.
Les pirates commençaient l’abordage du navire. Ils
avaient quelques minutes d’avance sur nous mais dans
des cas comme celui-ci quelques minutes sont très
précieuses. A présent à bord, ils nous attaquaient
avec leurs larges sabres couverts de sang séché. Le
capitaine m’ordonna de me réfugier dans sa cabine,
bien sécurisée car je n’étais pas armé et il ne
voulait pas m’infliger le carnage qui était en train
de se produire. Mais je refusai et je lui réclamai
une arme pour aider mes compagnons à se battre. Quand
j’arrivai sur le champ de bataille, le massacre était
déjà avancé : des cadavres gisaient sur le sol devenu
rougeâtre, des membres flottaient dans l’eau salée,
5 ennemis et compagnons glissaient sur ce pont
sanglant. D’autres marins, allongés au sol étaient en
train de succomber à leurs nombreuses blessures
Je m’attaquai à un pirates barbu, exhalant une
désagréable odeur de poisson pourri. Malgré son air
de champion, il n’était pas invulnérable : il lui
manquait une jambe, elle avait était remplacée par un
vulgaire morceau de bois. Mon premier combat sembla
durer une éternité, c’était comme si le monde se
mettait à tourner au ralentie mais après m’être
familiarisé avec l’épée, le combat devint tout de
suite plus simple et le temps reprit son rythme :
rapide ! Je sentais ma chair se déchirer sous les
coups de mon assaillant mais j’avançais encore,
encore et encore. Tranchant tout ce qui me tombait
sous la main, je le vainquis mais alors arriva un
colosse qui compris vite que j’étais responsable du
meurtre de celui qui devait être un ami. A l’aide de
sa massue, il commença à m’assaillir d