L’Assommoir
424 pages
Français

L’Assommoir

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Description

L'Assommoir est le septième volume de la série Les Rougon-Macquart. C'est un ouvrage totalement consacré au monde ouvrier et, selon Zola, « le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l'odeur du peuple ». L'écrivain y restitue la langue et les mœurs des ouvriers, tout en décrivant les ravages causés par la misère et l'alcoolisme. A sa parution, l'ouvrage suscite de vives polémiques car il est jugé trop cru. Mais c'est ce réalisme qui, cependant, provoque son succès, assurant alors la célébrité et la fortune de l'auteur. Extrait : Les premiers seaux, mal lancés, les touchaient à peine. Mais elles se faisaient la main. Ce fut Virginie qui, la première, en reçut un en pleine figure 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 75
EAN13 9782824702476
Langue Français

Extrait

ÉMI LE ZOLA
L’ASSOMMOI R
BI BEBO O KÉMI LE ZOLA
L’ASSOMMOI R
1879
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0247-6
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.Pr éface de l’auteur
 RM   se comp oser d’une vingtaine de
r omans. D epuis 1869, le plan g énéral est ar rêté , et je le suis av e cL une rigueur e xtrême . L’ Assommoir est v enu à son heur e , je l’ai
é crit, comme j’é crirai les autr es, sans me dérang er une se conde de ma
ligne dr oite . C’ est ce qui fait ma for ce . J’ai un but auquel je vais.
Lor sque l’ Assommoir a p ar u dans un jour nal, il a été aaqué av e c une
br utalité sans e x emple , dénoncé , char g é de tous les crimes. Est-il bien
nécessair e d’ e xpliquer ici, en quelques lignes, mes intentions d’é crivain  ?
J’ai v oulu p eindr e la dé ché ance fatale d’une famille ouv rièr e , dans le
milieu emp esté de nos faub our gs. A u b out de l’iv r ognerie et de la fainé antise ,
il y a le r elâchement des liens de la famille , les ordur es de la pr omiscuité ,
l’ oubli pr ogr essif des sentiments honnêtes, puis comme dénouement la
honte et la mort. C’ est la morale en action, simplement.
L’ Assommoir est à coup sûr le plus chaste de mes liv r es. Souv ent j’ai
dû toucher à des plaies autr ement ép ouvantables. La for me seule a
effaré . On s’ est fâché contr e les mots. Mon crime est d’av oir eu la langue
du p euple . Ah  ! la for me , là est le grand crime  ! D es dictionnair es de cee
langue e xistent p ourtant, des lerés l’étudient et jouissent de sa v erdeur ,
de l’impré v u et de la for ce de ses imag es. Elle est un rég al p our les
gram1L’ Assommoir Chapitr e
mairiens fur eteur s. N’imp orte , p er sonne n’a entr e v u que ma v olonté était
de fair e un travail pur ement philologique , que je cr ois d’un vif intérêt
historique et so cial.
Je ne me défends p as d’ailleur s. Mon œuv r e me défendra. C’ est une
œuv r e de vérité , le pr emier r oman sur le p euple , qui ne mente p as et qui
ait l’ o deur du p euple . Et il ne faut p oint conclur e que le p euple tout
entier est mauvais, car mes p er sonnag es ne sont p as mauvais, ils ne sont
qu’ignorants et gâtés p ar le milieu de r ude b esogne et de misèr e où ils
viv ent. Seulement, il faudrait lir e mes r omans, les compr endr e , v oir
nettement leur ensemble , avant de p orter les jug ements tout faits, gr otesques
et o dieux, qui cir culent sur ma p er sonne et sur mes œuv r es. Ah  ! si l’ on
savait combien mes amis s’ég ay ent de la lég ende stup éfiante dont on amuse
la foule  ! Si l’ on savait combien le buv eur de sang, le r omancier fér o ce ,
est un digne b our g e ois, un homme d’étude et d’art, vivant sag ement dans
son coin, et dont l’unique ambition est de laisser une œuv r e aussi lar g e
et aussi vivante qu’il p our ra  ! Je ne démens aucun conte , je travaille , je
m’ en r emets au temps et à la b onne foi publique p our me dé couv rir enfin
sous l’amas des soises entassé es.
ÉMILE ZOLA.
Paris, 1ʳ janvier 1877.
n
2CHAP I T RE I
        Lantier jusqu’à deux heur es du matin.
Puis, toute frissonnante d’êtr e r esté e en camisole à l’air vif deG la fenêtr e , elle s’était assoupie , jeté e en trav er s du lit, fié v r euse ,
les joues tr emp é es de lar mes. D epuis huit jour s, au sortir du Veau à deux
têtes , où ils mang e aient, il l’ env o yait se coucher av e c les enfants et ne
r ep araissait que tard dans la nuit, en racontant qu’il cher chait du travail.
Ce soir-là , p endant qu’ elle gueait son r etour , elle cr o yait l’av oir v u entr er
au bal du Grand-Balcon, dont les dix fenêtr es flambantes é clairaient d’une
napp e d’incendie la coulé e noir e des b oule vards e xtérieur s  ; et, der rièr e
lui, elle avait ap er çu la p etite A dèle , une br unisseuse qui dînait à leur
r estaurant, mar chant à cinq ou six p as, les mains ballantes, comme si elle
v enait de lui quier le bras p our ne p as p asser ensemble sous la clarté
cr ue des glob es de la p orte .
and Ger vaise s’é v eilla, v ers cinq heur es, raidie , les r eins brisés, elle
é clata en sanglots. Lantier n’était p as r entré . Pour la pr emièr e fois, il
dé3L’ Assommoir Chapitr e I
couchait. Elle r esta assise au b ord du lit, sous le lamb e au de p er se déteinte
qui tombait de la flè che aaché e au plafond p ar une ficelle . Et, lentement,
de ses y eux v oilés de lar mes, elle faisait le tour de la misérable chambr e
g ar nie , meublé e d’une commo de de no y er dont un tir oir manquait, de
tr ois chaises de p aille et d’une p etite table graisseuse , sur laquelle traînait
un p ot à e au ébré ché . On avait ajouté , p our les enfants, un lit de fer qui
bar rait la commo de et emplissait les deux tier s de la piè ce . La malle de
Ger vaise et de Lantier , grande ouv erte dans un coin, montrait ses flancs
vides, un vieux chap e au d’homme tout au fond, enfoui sous des chemises
et des chaussees sales  ; tandis que , le long des mur s, sur le dossier des
meubles, p endaient un châle tr oué , un p antalon mang é p ar la b oue , les
der nièr es nipp es dont les mar chands d’habits ne v oulaient p as. A u
milieu de la cheminé e , entr e deux flamb e aux de zinc dép ar eillés, il y avait
un p aquet de r e connaissances du Mont-de-Piété , d’un r ose tendr e .
C’était la b elle chambr e de l’hôtel, la chambr e du pr emier , qui donnait sur le
b oule vard.
Cep endant, couchés côte à côte sur le même or eiller , les deux enfants
dor maient. Claude , qui avait huit ans, ses p etites mains r ejeté es hor s de la
couv ertur e , r espirait d’une haleine lente , tandis qu’Étienne , âg é de quatr e
ans seulement, souriait, un bras p assé au cou de son frèr e . Lor sque le r
eg ard no yé de leur mèr e s’ar rêta sur eux, elle eut une nouv elle crise de
sanglots, elle tamp onna un mouchoir sur sa b ouche , p our étouffer les lég er s
cris qui lui é chapp aient. Et, pie ds nus, sans song er à r emer e ses savates
tombé es, elle r etour na s’accouder à la fenêtr e , elle r eprit son aente de la
nuit, inter r og e ant les tr ooir s, au loin.
L’hôtel se tr ouvait sur le b oule vard de la Chap elle , à g auche de la
barrièr e Poissonnièr e . C’était une masur e de deux étag es, p einte en r oug e lie
de vin jusqu’au se cond, av e c des p er siennes p our ries p ar la pluie . A
udessus d’une lanter ne aux vitr es étoilé es, on p ar v enait à lir e entr e les
deux fenêtr es  : Hôtel Boncœur, t enu par Marsoullier , en grandes ler es
jaunes, dont la moisissur e du plâtr e avait emp orté des mor ce aux.
Gervaise , que la lanter ne gênait, se haussait, son mouchoir sur les lè v r es. Elle
r eg ardait à dr oite , du côté du b oule vard de Ro che chouart, où des gr oup es
de b oucher s, de vant les abaoir s, stationnaient en tablier s sanglants  ; et
le v ent frais app ortait une puanteur p ar moments, une o deur fauv e de
4L’ Assommoir Chapitr e I
bêtes massacré es. Elle r eg ardait à g auche , enfilant un long r uban d̵

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