La Crète : mutations et évolution d une population insulaire grecque - article ; n°3 ; vol.43, pg 227-290
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1968 - Volume 43 - Numéro 3 - Pages 227-290
64 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

Emile-Y. Kolodny
La Crète : mutations et évolution d'une population insulaire
grecque
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 43 n°3, 1968. pp. 227-290.
Citer ce document / Cite this document :
Kolodny Emile-Y. La Crète : mutations et évolution d'une population insulaire grecque. In: Revue de géographie de Lyon. Vol.
43 n°3, 1968. pp. 227-290.
doi : 10.3406/geoca.1968.2629
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1968_num_43_3_2629LA CRÈTE :
MUTATIONS ET ÉVOLUTION
D'UNE POPULATION INSULAIRE GRECQUE
par Emile Y. Kolodny
I. — INTRODUCTION
Présentation de la Crète
Parmi la centaine d'îles habitées qui constituent le domaine insulaire
de la Grèce, la Crète se distingue par sa remarquable position géogra
phique au centre du bassin oriental de la Méditerranée. Située à mi-
distance entre le détroit de Messine et les côtes du Levant, la Cyré-
naïque et les Dardanelles, elle forme le maillon central de la guirlande
insulaire, qui, reliant le Péloponnèse à l'Asie Mineure, barre au Sud
l'archipel de l'Egée.
De taille légèrement inférieure à Chypre et à la Corse, la Crète
constitue une unité nettement individualisée dans le cadre de la Grèce
insulaire, dont elle regroupe un tiers des surfaces et du peuplement :
Population - 1961 Superficie
Densité
en km2 Total % %
Grèce - total 131 944 100,0 8 388 553 100,0 63,6
Grèce insulaire
(105 îles de plus
25 167 19,1 16,9 1415 030 56,2 de 10 habitants)
Crète
8 331 5,8 6,3 483 258 58,0 (y.c. Gavdos)
Crète, en % de la
Grèce insulaire 33,1 % 34,2 % 228 EMILE KOLODNY
C'est, en Grèce, la grande île par excellence, « Megalonissos Kriti »,
qui dépasse à elle seule l'Eubée, Lesbos, Rhodes, Chios et Céphalonie
réunies, et se compare à l'ensemble des Cyclades, du Dodecanese et des
îles orientales de l'Egée. En contraste avec l'émiettement cycladien, la
Crète fait figure de continent en miniature, et en possède d'ailleurs
quelques traits significatifs malgré ses dimensions réduites (12 à 56 km
de largeur sur 260 km).
1. Pérennité du peuplement crétois
De par sa taille et son cloisonnement régional la Crète échappe au
destin des îles mineures ou même moyennes de la Grèce, qui presque
toutes ont connu des phases de dépeuplement total. Une partie des
Cyclades et des Sporades, Samos, Zante et Ithaque sont complètement
abandonnées aux époques troublées qui caractérisent la passation des
pouvoirs de Venise à l'Empire Ottoman, aux XVe et xvie siècles x. Il y
a certes de terribles catastrophes dans l'histoire de la Crète, depuis la
destruction de Knossos vers 1400 av. J.-C, et jusqu'à l'insurrection
de 1821-30, quand l'île perdit la moitié de sa population. Cependant il
n'y a jamais solution de continuité, et l'abandon total du polje de
Lassithi par ordre de Venise de 1263 à 1465, les méfaits de la peste,
de la famine et des tremblements de terre, les déprédations d'un Barbe-
rousse et les massacres du xixe siècle seront absorbés, colmatés par une
population insulaire qui garde malgré tout une vitalité remarquable. Il
serait toutefois difficile de parler d'évolution au sens étroit du mot : il
y a remise en question permanente du fait humain en Crète, des mutat
ions fondamentales et des déplacements massifs jusqu'aux époques les
plus récentes. De cette évolution saccadée émane pourtant la pérennité
du peuplement insulaire crétois, qui, à maints titres, se place parmi les
plus originaux des îles de la Méditerranée.
2. Esquisse du cadre naturel
La succession O.-E. de blocs compacts à prédominance calcaire,
soulevés à plus de 2 000 m d'altitude et basculés vers le Nord, section
nés par d'impressionnants escarpements de faille et soudés par des
bassins effondrés comblés de matériaux tertiaires, détermine le cadre
particulier de la Crète. Assymétrie d'abord entre deux versants : la
façade Sud, raide muraille qui tombe sans transition sur la mer Libyque
(dénivellation de 2 453 m sur 8 km à l'Ouest de Sphakia) avec, comme
seules échancrures le débouché de la plaine de Messara et l'isthme
d'Ierapetra. Le versant Nord, plus dégagé, aux pentes moins fortes,
évoluant souvent par paliers successifs, et qui aboutissent aux bassins
du littoral égéen, où se sont installées les villes principales.
1. Hasluck F.-W., Depopulation in the Aegean Islands and the Turkish Conquest;
The Annual of the British School at Athens, vol. XVII, 1910-1911, pp. 151-175. MUTATION DE LA POPULATION EN CRÈTE 229
La séparation en deux versants s'accompagne d'un cloisonnement
latitudinal non moins accentué : on passe plus facilement des collines
de Temenos vers la Messara que de Malia au Lassithi, et l'abrupt qui
surplombe à l'Est le golfe de Mirabello et sur lequel s'agrippe la route
de Sitia, vaut bien l'escarpement qui protège l'accès vers Sphakia. Il
est significatif que les limites des « Castelli » vénitiens coïncident dans
l'ensemble à celles des éparchies actuelles, souvent séparées par des
accidents topographiques qu'un système routier encore embryonnaire
n'a que très partiellement surmonté.
Le cloisonnement, les dénivellations extrêmes, l'exposition contraire
aux vents dominants ont créé des oppositions climatiques très nettes :
1 100 mm de précipitations annuelles à Anoghia, 700 à Chania, 515 à
Heraklion, mais seulement 210 mm à Ierapetra. En conséquence, on
pourra admirer les châtaigniers de la vallée d'Ennea Choria (Kissamos)
et l'étonnante palmeraie de Vaï au N.-E. de Sitia ; les tomates
d'Ierapetra feront leur apparition sur les marchés d'Athènes en février,
alors que les villages du polje de Lassithi seront encore enneigés.
3. La Crète, île de terriens
Comme pour la Corse, on reprendra pour la Crète la définition de
Ratzel, « pays de montagnes dans la mer » 2 pour indiquer que notre
région est d'abord une montagne, avec moins de 5 % de plaines. Ile
de terriens, de paysans et de bergers, pour qui la mer est la grande incon
nue, source d'invasions et de dominations étrangères. Peuple de mon
tagnards dirions-nous ; et pourtant, la haute montagne Cretoise, qui
fut toujours une zone-refuge, le bastion insurrectionnel des époques
troublées, est en réalité un pôle de répulsion de l'habitat.
Passée l'altitude de 600 à 700 m, là où l'olivier s'arrête, l'habitat
sédentaire tend à disparaître. La rareté des terres cultivables, qui, dans
les massifs calcaires se limitent aux cuvettes karstiques, la pauvreté des
ressources forestières, l'absence de tout arbre nourricier, la rigueur du
climat enfin, ont relégué les montagnes Cretoises au rôle de terres de
parcours. Elles forment sur la carte du peuplement les vastes espaces
vides qui coïncident avec les massifs des Lefka Ori et de l'Ida, avec
toutefois la notable exception du vaste polje de Lassithi dans le massif
du Dikti, où l'habitat sédentaire atteint la cote-limite de 850 mètres.
Vide en altitude, la Crète, qui déploie 1 050 km de côtes, tourne le
dos à la mer. Les installations côtières sont rares : villes d'origine étran
gère pour la plupart, forteresses des occupants arabes, byzantins, véni
tiens et turcs. Les créations du xixe siècle sont dans leur ensemble le
fruit d'une recolonisation de sites vénitiens abandonnés : Aghios Niko-
laos, l'ancien « Castel Mirabello », Sitia, Paleochora (Castel Selino).
2. Ratzel F., La Corse, étude anthropogéographique ; Annales de Géographie,
1899, p. 319. 230 EMILE KOLODNY
Mylopotamos
Apokoronas RETHYMNON
ALTITUDE DE l.OOOm et f
„LIMITES DE NOM E
D ' E PARCHIE
Fig. I a
Crète : répartition de la population par commune en 1961 MUTATION DE LA POPULATION EN CRÈTE 231
LEGENDE :
DATE DU MAXIMUM
POPULATION PAR COMMUNE (I 961) DE POPULATION
D - 2 50hab.
□ 250-499 --
|3, 8[ POPULATION
( 1.000 hab.l
S i t i a
lerapet ra
Ç>
Monophatsi
C=»
Fig. I b 232 EMILE KOLODNY
On remarquera le sort particulier de l'îlot de Spinalonga, dont la
citadelle aménag&

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