La psychanalyse en question...l inoculation psychanalytique
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Je suis de gauche et j’emmerde la psychanalys e ! 16 février 2012 Par JEAN-LOUIS RACCA Ce billet (titre compris) trouve son origine dans un profond sentiment de colère et de honte provoqué par la plupart des réactions de certains partis de gauche et organisations syndicales aux fuites parues dans Libération du 13 février concernant lerapport de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur la prise en charge de l’autisme qui doit être rendu public le 6 mars prochain. La dernière en date semble être celle du PCF intitulée « Autisme / projet de lo i : «une ingérence totalitaire ». Elle vaut la peine qu’on s’y arrête, car elle me semble révélatrice de ce que la gauche doit proscrire si elle ne veut pas piétiner ses propres valeurs… et se retrouver en porte-à-faux avec nombre de ses électeurs « naturels ». Mais avant de la commenter, je voudrais énoncer quelques idées plus générales, pas forcément « tendance » chez nombre de gens de gauche, hélas… Plan : 1. Des contenus « théoriques » que la gauche devrait conspuer 2. Des actes que la gauche devrait au minimum regarder avec dédain 3. Évolution des mœurs : la psychanalyse est une vieille baderne réac 4. Une attitude hypocrite envers la critique de la psychanalyse : toujours possible en théorie, jamais en pratique 5. La psychanalyse n’est pas un « corpus scientifique » 6. Psychanalyse et autisme : un double langage qu’il faut apprendre a décoder 7.

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Je suis de gauche et j’emmerde la psychanal yse !
16 février 2012 ParJEAN-LOUIS RACCA
Ce billet (titre compris) trouve son origine dans un profond sentiment de colère et de honte provoqué par la plupart des réactions de certains partis de gauche et organisations syndicales aux fuites parues dans Libération du 13 février concernant lerapport de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur la prise en charge de l’autisme qui doit être rendu public le 6 mars prochain.
La dernière en date semble être celle du PCF intitulée «ejorp/ioledtmeisutA: «une ingérence totalitaire». Elle vaut la peine qu’on s’y arrête, car elle me semble révélatrice de ce que la gauche doit proscrire si elle ne veut pas piétiner ses propres valeurs… et se retrouver en porte-à-faux avec nombre de ses électeurs « naturels ».
Mais avant de la commenter, je voudrais énoncer quelques idées plus générales, pas forcément « tendance » chez nombre de gens de gauche, hélas…
Plan :
1. Des contenus « théoriques » que la gauche devrait conspuer
2. Des actes que la gauche devrait au minimum regarder avec dédain
3. Évolution des mœurs : la psychanalyse est une vieille baderne réac
4. Une attitude hypocrite envers la critique de la psychanalyse : toujours possible en théorie, jamais en pratique
5. La psychanalyse n’est pas un « corpus scientiîque »
6. Psychanalyse et autisme : un double langage qu’il faut apprendre a décoder
7. Des connaissances que l’on refuse de mettre à jour, cela s’appelle des dogmes !
8. On ne peut aïrmer le caractère droitier des critiques de la psychanalyse que si l’on ignore les critiques de gauche 9. La psychanalyse oblige souvent les gens de gauche a piétiner leurs propres valeurs 10. La psychanalyse doit cesser de prendre la gauche en otage
1. DES CONTENUS « THEORIQUES » QUE LA GAUCHE DEVRAIT CONSPUER
La psychanalyse est généralement présentée comme positive, humaniste, libératrice, progressiste ; certains la décrivent même comme un rempart contre le totalitarisme !
Même si je n’ai pas de chires, il est probable que beaucoup de gens de gauche la considèrent ainsi. Les causes de ces croyances sont variées et demanderaient
elles-mêmes un article entier, mais il est tout aussi probable que beaucoup ignorent que l’œuvre de Freud et de ses successeurs comportent de nombreuses déclarations rétrogrades, archaques, moralisatrices, sexistes, misogynes, voire homophobes.
Citations :
- sur la masturbation : «la neurasthénie est (la conséquence d’) une masturbation excessive» (Freud, Œuvres Complètes, PUF, vol. III, p. 540)
- sur l’homosexualité : «Chez tous nos homosexuels masculins, il y a eu dans la première enfance, oubliée plus tard par le sujet, un lien érotique très intense à une personne féminine, généralement la mère, suscité ou favorisé par un surcroît de tendresse de la mère elle-même et renforcé plus tard, dans la vie de l’enfant, par un passage du père à l’arrière plan» (voirici)
- sur la femme : «l’infériorité intellectuelle de tant de femmes, qui est une réalité indiscutable, doit être attribuée à l’inhibition de la pensée, inhibition requise pour la répression sexuelle» (voir, parmi d’autres exemples,ici)
Question : que faire aujourd’hui de telles considérations des textes fondateurs de la psychanalyse ? Et il y en a bien d’autres qui posent problème…
2.DES ACTES QUE LA GAUCHE DEVRAIT AU MINIMUM REGARDER AVEC DEDAIN
S’il n’y avait que la théorie… Mais cette théorie sert parfois à justiîer des actes que tout homme et toute femme de gauche devrait, sinon combattre, du moins regarder avec dédain.
Les dégâts de la psychanalyse dans le domaine de l’autisme sont aujourd’hui de plus en plus connus du grand public, grâce, en particulier, à la pugnacité de certaines associations de parents et du documentaire « Le Mur, la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme » de Sophie Robert.
On sait moins que, lors des débats sur le PaCS ou le mariage homosexuel, les psychanalystes eurent assez peu à envier à des gens que la gauche ne vénère guère, généralement…
3. ÉVOLUTION DES MŒURS : LA PSYCHANALYSE EST UNE VIEILLE BADERNE RÉAC
Laissons la parole à Didier Éribon, que l’on peut diïcilement décrire comme un homme de droite : «On a assisté (lors des débats sur le PaCS, NDJLR) à une mobilisation massive des psychanalystes en tant que corps professionnel (à l’exception de quelques rares voix discordantes) pour réaIrmer le dogme de la « diFérence des sexes » comme fondement de la structuration psychique des individus - dogme qui fonctionne comme un schème mythique qu’il semble n’être jamais besoin de justiïer mais dont on voit bien qu’il ne tire son autorité que de lui-même, (...)»
Voir :http://didiereribon.blogspot.com/2007/09/linconscient-des-psychanalystes-au.html
[Triviale poursuite : pour rompre la monotonie qu’il pourra trouver à la lecture de cet article, je propose au lecteur, fut-il de droite, la question suivante :
Comme vous (ne) le savez peut-être (pas), les homosexuels furent, en 1921, pour des raisons « théoriques » (auxquelles Didier Éribon fait brièvement référence dans le passage ci-dessus), bannis de l’exercice de la psychanalyse par l’IPA (Association Psychanalytique Internationale) ; cette « règle » fut oîcieusement abandonnée :
réponse A : dès l’année suivante
réponse B : dans les années 50
réponse C : vers la în des années 90
Les lecteurs les plus érudits savent que la bonne réponse est C ; j’entends déjà l’exclamation, un brin ironique, des autres : «pas mal pour une confrérie qui aime se croire à la pointe de l’évolution des mœurs ! En fait, la psychanalyse une vieille baderne réac, oui…». Assez joué. Retour aux choses sérieuses]
On pourrait objecter ici, à ce propos, comme le fait le texte du PCF eu égard aux déclarations grotesques des protagonistes du « Mur », qu’il s’agit de « certaines outrances de certains psychanalystes » qu’il ne
faut pas « (amalgamer à)la psychanalyse en tant que corpus scientiîque apportant un éclairage fondamental dans l’appréhension de l’inconscient. »
Mais cette objection me semble irrecevable en plus d’être d’une hypocrisie peut-être… inconsciente.
4. UNE ATTITUDE HYPOCRITE ENVERS LA CRITIQUE DE LA PSYCHANALYSE : TOUJOURS POSSIBLE EN THEORIE, JAMAIS EN PRATIQUE
Commençons par l’hypocrisie. Je trouve quand même au minimum assez hypocrite, en eet, de déclarer que "Cette campagne manie l’amalgame entre certaines outrances de certains psychanalystes", alors que l'Huma n'a jamais dénoncé la moindre outrance en question et que, si quelqu'un s'y emploie, il est immédiatement discrédité (soit dit en passant, il est quand même incroyable que le PCF n'ait pas eu un mot de compassion envers la réalisatrice du "Mur", Sophie Robert, aujourd'hui spoliée à la suite d'une plainte de trois psychanalystes jugée -en première instance - recevable par une juge, au nom du peuple français : une atteinte à la liberté d'expression que mêmeReporters Sans Frontières a dénoncée; le PCF n'a pas cru bon de la qualiîer de totalitaire...).
Tout comme il est hypocrite de s'en prendre aujourd'hui à l' « ingérence » de Fasquelle [1], alors que le PCF n'a, à ma connaissance, rien dit en 2004-2005, lorsque Douste-Blazy avait retiré du site du ministère de la santé une étude, pourtant « scientiîque » celle-là, de l'Inserm montrant la très faible eïcacité de la psychanalyse par rapport à d'autres méthodes dans le traitement de très nombreux troubles psychiques. Pourquoi invoquer la « science » dans un cas... et pas dans l'autre ? Vieux réexes « lyssenkistes » ? Pour l’Huma, comme pour beaucoup de défenseurs de la psychanalyse, y compris de gauche, on remarquera qu’une critique est toujours qualiîée d’ « attaque »…
Où se situe alors la possibilité (jusqu’à présent toute théorique) du libre examen ? Car pour que de telles déclarations soient recevables, il faudrait dire un jour ce qu'il y a à jeter et à garder dans la psychanalyse, selon la gauche en général et le PCF en particulier. Un droit d'inventaire en quelques sorte, car le soutien somme toute inconditionnel du PCF à la psychanalyse et à ses représentants n'est pas un mandat de congrès, que je sache...
5. LA PSYCHANALYSE N’EST PAS UN « CORPUS SCIENTIFIQUE »
Mais cette tâche (d’inventaire), on va le voir, n’aura probablement jamais lieu. Car la psychanalyse présente de nombreuses caractéristiques d’une pseudo-science.
En particulier celle-ci : si une science est éminemment modiîable (en principe, elle organise même « institutionnellement » des mécanismes d’auto-correction), une pseudoscience se modiîe par suite de conits entre factions (menant à la création de chapelles), par exemple lorsque l’une de ses aïrmations devient franchement indéfendable face à l’avancée des connaissances, cette dernière étant toujours due à des personnes qui ne croyaient bien sûr pas à la pseudo-science concernée ; et non à une recherche « interne », par déînition inexistante [2].
J’aurais par exemple beaucoup apprécié, et j’espère ne pas être le seul, que le PCF, le PS, le NPA, LO, Libé, le Nouvel Obs, Charlie Hebdo ou d’autres critiquent, sinon condamnent, les élucubrations des psychanalystes îlmés dans « Le Mur » AVANT que le îlm de Sophie Robert ne les rende, en les portant à la connaissance du grand public, indéfendables ! Plus généralement, qui empêche ces partis ou ces journaux de réfuter à l’avenir les points de la doctrine ou de la thérapie psychanalytiques qui leur paraissent incorrects AVANT que l’avancée des connaissances ne risque de les condamner ? Mais après la lecture du paragraphe précédant la note [2], on comprend que c’est impossible…
6. PSYCHANALYSE ET AUTISME : UN DOUBLE LANGAGE QU’IL FAUT APPRENDRE A DECODER
Fidèles en cela à la pratique (pseudo-scientiîque, répétons-le) séculaire d’évolution des contenus de leur discipline (tenter de faire oublier des théories et des pratiques désastreuses en les niant ou en les réinterprétant - grâce à des biographes et des historiens suïsamment serviles - ou encore, comme le dit Mikkel Borch-Jacobsen, en les « laiss(ant) tomber silencieusement et (en sortant) un nouveau lapin théorique de l'inépuisable chapeau de l'inconscient » [3]), les psychanalystes tentent actuellement d’abuser une nouvelle fois les « décideurs », les médias et le grand public, souvent mal informés. Incapables, depuis la sortie du documentaire « Le Mur », d’assumer la « publicité » ainsi faite à des discours grotesques qu’ils préfèrent généralement réserver (on les comprend !) à des initiés, des psychanalystes tentent aujourd’hui de convaincre qu’ils sont ouverts à des « prises en charges complexes » pour le traitement de l’autisme. Cette ligne de défense, gobée toute crue par un certain nombre de forces politiques et syndicales, relève largement d’un discours léniîant, voire d’un double langage que les gens de gauche doivent apprendre à décoder (voiricipour une critique détaillée de cette ligne de défense). Pour voir le crédit que l’on peut apporter aux déclarations rassurantes de certains pontes hexagonaux de l’autisme, on pourra aussi regarder cette vidéo :
http://rutube.ru/tracks/5180041.html
7. DES CONNAISSANCES QUE L’ON REFUSE DE METTRE A JOUR, CELA S’APPELLE DES DOGMES !
Voilà ce que tout homme de gauche devrait rappeler à certains psychanalystes. J’ai un peu plus d’espoir que ce soit possible après letraitement odieux récemment inigé à Jean-Luc Mélenchon(avec la complicité d’une journaliste mondaine) par le psychanalyste Jean-Pierre Winter, sur la chane de télévision LCP. Puisse la fatuité dogmatique du psychanalyste déciller les yeux de certains ; puissent-ils se rendre ainsi un peu mieux compte de ce qu’endurent habituellement les parents d’autistes (beaucoup ont l’impression que la gauche les abandonne, pour des raisons purement idéologiques) : des pratiques ineïcaces et des paroles souvent aussi humiliantes que dénuées de fondement, tenues par des « soignants » dont la suïsance, l’arrogance et l'incompétence n’ont rien à envier à celles de Jean-Pierre Winter (il faut dire qu’elles puisent à la même source « théorique »…).
8. ON NE PEUT AFFIRMER LE CARACTERE DROITIER DES CRITIQUES DE LA PSYCHANALYSE QUE SI L’ON IGNORE LES CRITIQUES DE GAUCHE
Laissons encore parler Didier Éribon : «Nonobstant l’imposition de problématique que pratiquent systématiquement les psychanalystes au nom de leur « science », et le terrorisme intellectuel qui en est le corollaire, il faut passer la psychanalyse au crible de l’interrogation qu’elle entend mener sur tout mais dont elle refuse obstinément aux autres le droit de la mener sur elle-même (avec cette phrase rituelle et vide de sens mais qui fonctionne comme un système de défense collectif contre toute mise en cause : « Pourquoi la psychanalyse fait-elle si peur qu’on veuille à ce point s’en débarrasser ? », comme s’il suIsait de s’auto-décerner ainsi des brevets de pensée hérétique pour pouvoir ensuite continuer à tenir les propos les plus conservateurs et les plus rétrogrades !…)» (ici)
D’autres critiques majeurs de la psychanalyse se situent également à gauche politiquement. On peut citer, au minimum Mikkel Borch-Jacobsen, Frederick Crews, Richard Pollack, Mario Bunge… Ce dernier, épistémologue éminent, opposant au régime militaire de son pays avant d’émigrer au Canada, tient depuis longtemps la psychanalyse pour une pseudo-science. Dans un de ses textes (voir note [2]), il rappelle, citant Merton, que la méthode scientiîque
nécessite des fondamentaux éthiques comme l’universalisme, le désintéressement, le scepticisme organisé et… le communisme épistémique (le partage des méthodes et des résultats) : on est bien sûr très loin de ces fondamentaux avec la psychanalyse. Mais on voit que les critiques de gauche existent et sont même nombreuses, même si les journaux que nous lisons habituellement se gardent bien de nous le dire…
Et si, comme l’annonce cetarticle du Nouvel Obs, les psychanalystes semblent en passe d’avoir « perdu » dans le domaine de l’autisme, c’est bien davantage dû à la lutte acharnée des associations de parents qui, à l’heure d’internet, savent que des méthodes alternatives existent, de façon eïciente, ailleurs, que parce qu’un député de droite aurait fait de l’ « ingérence ». Qui empêchait la gauche, sinon de faire la même chose (que M. Fasquelle), du moins de proposer de briser un statut quo devenu indéfendable ?
9. LA PSYCHANALYSE OBLIGE SOUVENT LES GENS DE GAUCHE A PIETINER LEURS PROPRES VALEURS
Le « peuple de gauche » doit savoir que la psychanalyse semble être le dernier domaine où les comportements staliniens peuvent s'exercer de façon totalement décomplexée : dogmatisme tournant parfois au fanatisme, arbitraire, mépris militant de la démarche scientiîque, mise à l'index d'ouvrages non lus, censure ou tentative de censure de livres ou de îlms d'opposants, attaques ad hominem envers tous ceux qui ne sont pas d'accord, procès, ...
La gauche institutionnelle pourra-t-elle encore longtemps, sans déchoir à ses propres yeux et à ceux de ses électeurs, excuser, voire soutenir, les turpitudes de ses représentants, et continuer de juger bénins, voire estimables, des comportements qu'elle jugerait très sévèrement chez toute autre personne et dans tout autre domaine ?
Frère et sœur de gauche, permets-moi de te proposer une dernière lecture ; il s’agit dudiscoursdu professeur Freixa i Baqué à ses étudiants lors de son récent départ à la retraite (présenté brièvementicisur son blog).
Et d’en appeler une dernière fois à ta réexion : en défendant envers et contre tout la psychanalyse que tu crois par essence « bonne », mais (tout au plus) parfois « mal appliquée », toi qui n’a, comme Freixa, ni goût pour le luxe, ni pour le pouvoir, ça ne te pose pas de problème de cautionner înalement, par exemple, l’inextinguible assuétude à l’argent de Lacan et de son gendre face au petit prof de fac de provincevictime en son temps de l’ostracisme de
psychanalystes[4] ? Ou encore le clientélisme de la gauche vis-à-vis de personnages mondains comme Bernard-Henri Lévy, l’un des principauxporte-parole des lacaniensde l’Hexagone, ce que tu ignores peut-être ?
10. LA PSYCHANALYSE DOIT CESSER DE PRENDRE LA GAUCHE EN OTAGE
N’est-il pas tant, dès lors, pour alléger la dissonance cognitive qui va inévitablement étreindre ta sincère conscience de gauche, de te libérer du poids de cette superstition de notre temps, comme en d’autres temps tes prédécesseurs ont su en tenir d’autres en respect ?
Il me revient en mémoire cettechansonde Nougaro, que tu as sans doute fredonnée un jour, et dans laquelle on trouve cette invitation :
« Holà mon pote, sors de l'église
Tout ça mon pote c'est des bêtises
Et loin de l'orgue retrouve ton orgueil »
Ensemble, retrouvons notre orgueil, tout simplement. Ensemble, refusons d’être pris en otages par la psychanalyse et les pièges rhétoriques tendus par ses supporters [5]. Et ensemble, soyons de plus en plus nombreux à oser dire, îèrement : «je suis de gauche… et j’emmerde la psychanalyse !»
NOTES :
[1] Député UMP¨du Pas-de-Calais, président duGroupe d'études Autismede l’Assemblée Nationale. Il a récemment déposé uneproposition de loi«visant l’arrêt des pratiques psychanalytiques dans l’accompagnement des personnes autistes, la généralisation des méthodes éducatives et comportementales et la réaFectation de tous les ïnancements existants à ces méthodes».
[2] Voir, par exemple : Mario Bunge,The philosophy behind pseudoscience, Skeptical Inquirer, juillet 2006 et Jean Bricmont,neicSreteceongili: l'irréductible ème ème antagonisme, en particulier).(le 11 paragraphe et la în du 19
[3] Voir « Une théorie zéro » inLe livre noir de la psychanalyse, Les arènes, 2005, p. 181. L’expression fait partie d’un paragraphe où Borch-Jacobsen décrit la façon dont les « progrès » adviennent dans la psychanalyse : «(Lors d'interprétations divergentes), la seule façon de trancher le débat (est) l'argument d'autorité, institutionnalisé sous la forme de l'analyse didactique (...) : en psychanalyse, est vrai ce que l'Association psychanalytique internationale ou n'importe quelle autre école de psychanalyse décide de considérer comme tel à un moment donné. C'est évidemment fort peu satisfaisant d'un point de vue épistémologique, et les philosophes des sciences ont eu beau jeu de souligner le caractère complètement inconsistant, parce que « infalsiïable », des théories psychanalytiques. La psychanalyse est proprement irréfutable car elle peut dire tout et son contraire - il lui suIt pour cela d'invoquer l'obligeant « témoignage » de l'inconscient, toujours prêt à se plier aux exigences du moment.
Les "progrès" de la psychanalyse
Or tout cela, qui signe le caractère pseudo-scientiïque de la psychanalyse aux yeux d'un falsiïcationniste comme Popper, est justement la raison de son incroyable succès. La théorie psychanalytique étant parfaitement vide, elle est aussi, du même coup, suprêmement adaptable. Tel ou tel aspect de la théorie s'avère-t-il diIcilement défendable, voire franchement embarrassant, comme le lien établi par reud entre neurasthénie et masturbation, par exemple, ou l'« envie de pénis » censée régir la sexualité féminine, ou le caractère de « perversion » de l'homosexualité ?
Eh bien, il suIt de le laisser tomber silencieusement et de sortir un nouveau lapin théorique de l'inépuisable chapeau de l'inconscient. C'est ce que les psychanalystes aiment à décrire comme les « progrès » de la psychanalyse, comme si chaque analyste explorait plus avant le continent inconscient, en rectiïant les erreurs de ses prédécesseurs. En fait, chaque école de psychanalyse a sa propre idée de ce qu'est le progrès, vigoureusement contestée par les autres, et c'est en vain qu'on chercherait dans ces disputes un quelconque développement cumulatif. De ce point de vue, rien n'a changé depuis les monumentales batailles entre reud et Adler, Jung, Stekel, Rank, Melanie Klein ou erenczi. Ce qui est donné comme un progrès-de-la-psychanalyse n'est jamais que la dernière interprétation en date, c'est-à-dire la plus acceptable dans un contexte institutionnel, historique et culturel donné.»
[4] Du petit prof en question, je ne saurais trop conseiller la lecture de «Le béhaviorismeetlagaucheenFrance: histoire d'un rendez-vous manqué».
[5] Pièges qui vont du bien connufaux dilemme, comme par exemple « la psychanalyse ou l’industrie pharmaceutique », « la psychanalyse ou des thérapies de droite », « la psychanalyse ou le totalitarisme », « la psychanalyse ou le dressage », « la psychanalyse ou le chaos »… à la moins aisément détectabletechnique de l’épouvantail; un exemple de cette dernière apparat lorsqu’un interlocuteur croit nous mettre en diïculté en aïrmant «moi, je crois à l’existence de l’inconscient». Dans une sorte de réponse à l’un de mes billets précédents, le chroniqueur scientiîque de Charlie Hebdo (journal où la rubrique « science » est tenu par… un lacanien) y a recours sans vergogne (n° 1021, du 11 janvier 2012, p. 4). Nous reviendrons sur la notion d’inconscient, à dépsychanalyser d’urgence, dans un prochain article.
Fasquelle
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Lacan
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NPA
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