La vendetta
71 pages
Français

La vendetta

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Description

1830. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842. Ginevra Piombo fait la connaissance de Luigi Porta, réfugié dans l'atelier d'un peintre chez qui elle prend des leçons. Luigi Porta a été blessé à Waterloo. Ginevra le secourt, le protège, et veut le présenter à sa famille. Mais elle découvre que les familles Piombo et Porta sont ennemies. Malgré le refus et les menaces de son père, elle épouse Porta pour le meilleur et pour le pire... Extrait : Les jeunes personnes qui composaient le groupe des nobles appartenaient aux familles royalistes les plus exaltées de Paris. Il serait difficile de donner une idée des exagérations de cette époque et de l’horreur que causaient les bonapartistes. Quelque insignifiante et petite que puisse paraître aujourd’hui l’action d’Amélie Thirion, elle était alors une expression de haine fort naturelle. Ginevra Piombo, l’une des premières écolières de Servin, occupait la place dont on voulait la priver depuis le jour où elle était venue à l’atelier 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 45
EAN13 9782824710006
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LA V EN DET T A
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LA V EN DET T A
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1000-6
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LA V EN DET T A
DÉDI É A P U T T I NA T I,
SCU LPT EU R MI LANAIS
 1800,  la fin du mois d’ o ctobr e , un étrang er , suivi d’une
femme et d’une p etite fille , ar riva de vant les T uileries à Paris,E et se tint assez long-temps auprès des dé combr es d’une maison
ré cemment démolie , à l’ endr oit où s’élè v e aujourd’hui l’aile commencé e
qui de vait unir le châte au de Catherine de Mé dicis au Louv r e des V alois. Il
r esta là , deb out, les bras cr oisés, la tête incliné e et la r ele vait p arfois p our
r eg arder alter nativ ement le p alais consulair e , et sa femme assise auprès
de lui sur une pier r e . oique l’inconnue p arût ne s’ o ccup er que de la p
etite fille âg é e de neuf à dix ans dont les longs che v eux noir s étaient comme
un amusement entr e ses mains, elle ne p erdait aucun des r eg ards que lui
adr essait son comp agnon. Un même sentiment, autr e que l’amour ,
unissait ces deux êtr es, et animait d’une même inquiétude leur s mouv ements
et leur s p ensé es. La misèr e est p eut-êtr e le plus puissant de tous les liens.
Cee p etite fille semblait êtr e le der nier fr uit de leur union. L’étrang er
avait une de ces têtes ab ondantes en che v eux, lar g es et grav es, qui se sont
souv ent offertes au pince au des Car raches. Ces che v eux si noir s étaient
1La v endea Chapitr e
mélang és d’une grande quantité de che v eux blancs. oique nobles et
fier s, ses traits avaient un ton de dur eté qui les gâtait. Malgré sa for ce et
sa taille dr oite , il p araissait av oir plus de soix ante ans. Ses vêtements
délabrés annonçaient qu’il v enait d’un p ay s étrang er . oique la figur e jadis
b elle et alor s flétrie de la femme trahît une tristesse pr ofonde , quand son
mari la r eg ardait elle s’ effor çait de sourir e en affe ctant une contenance
calme . La p etite fille r estait deb out, malgré la fatigue dont les mar ques
frapp aient son jeune visag e hâlé p ar le soleil. Elle avait une tour nur e
italienne , de grands y eux noir s sous des sour cils bien ar qués, une noblesse
nativ e , une grâce v raie . P lus d’un p assant se sentait ému au seul asp e ct de
ce gr oup e dont les p er sonnag es ne faisaient aucun effort p our cacher un
désesp oir aussi pr ofond que l’ e xpr ession en était simple  ; mais la sour ce
de cee fugitiv e oblig e ance qui distingue les Parisiens se tarissait pr
omptement. A ussitôt que l’inconnu se cr o yait l’ objet de l’aention de quelque
oisif, il le r eg ardait d’un air si far ouche , que le flâneur le plus intrépide
hâtait le p as comme s’il eût mar ché sur un ser p ent. Après êtr e demeuré
long-temps indé cis, tout à coup le grand étrang er p assa la main sur son
fr ont, il en chassa, p our ainsi dir e , les p ensé es qui l’avaient sillonné de
rides, et prit sans doute un p arti désesp éré . Après av oir jeté un r eg ard
p er çant sur sa femme et sur sa fille , il tira de sa v este un long p oignard,
le tendit à sa comp agne , et lui dit en italien  : ― Je vais v oir si les
Bonap arte se souviennent de nous. Et il mar cha d’un p as lent et assuré v er s
l’ entré e du p alais, où il fut natur ellement ar rêté p ar un soldat de la g arde
consulair e av e c le quel il ne put long-temps discuter . En s’ap er ce vant de
l’ obstination de l’inconnu, la sentinelle lui présenta sa baïonnee en
manièr e d’ ultimatum . Le hasard v oulut que l’ on vînt en ce moment r ele v er le
soldat de sa faction, et le cap oral indiqua fort oblig e amment à l’étrang er
l’ endr oit où se tenait le commandant du p oste .
― Faites sav oir à Bonap arte que Bartholomé o di Piomb o v oudrait lui
p arler , dit l’Italien au capitaine de ser vice .
Cet officier eut b e au r eprésenter à Bartholomé o qu’ on ne v o yait p as
le pr emier consul sans lui av oir pré alablement demandé p ar é crit une
audience , l’étrang er v oulut absolument que le militair e allât pré v enir
Bonap arte . L’ officier obje cta les lois de la consigne , et r efusa for mellement
d’ obtemp ér er à l’ ordr e de ce singulier solliciteur . Bartholomé o fr onça le
2La v endea Chapitr e
sour cil, jeta sur le commandant un r eg ard ter rible , et sembla le r endr e r
esp onsable des malheur s que ce r efus p ouvait o ccasionner  ; puis, il g arda le
silence , se cr oisa fortement les bras sur la p oitrine , et alla se placer sous
le p ortique qui sert de communication entr e la cour et le jardin des T
uileries. Les g ens qui v eulent fortement une chose sont pr esque toujour s bien
ser vis p ar le hasard. A u moment où Bartholomé o di Piomb o s’asse yait sur
une des b or nes qui sont auprès de l’ entré e des T uileries, il ar riva une v
oitur e d’ où descendit Lucien Bonap arte , alor s ministr e de l’intérieur .
― Ah  ! Loucian, il est bien heur eux p our moi de te r encontr er , s’é cria
l’étrang er .
Ces mots, pr ononcés en p atois cor se , ar rêtèr ent Lucien au moment où
il s’élançait sous la v oûte , il r eg arda son comp atriote et le r e connut. A u
pr emier mot que Bartholomé o lui dit à l’ or eille , il emmena le Cor se av e c
lui chez Bonap arte . Murat, Lannes, Rapp se tr ouvaient dans le cabinet du
pr emier consul. En v o yant entr er Lucien, suivi d’un homme aussi
singulier que l’était Piomb o , la conv er sation cessa. Lucien prit Nap olé on p ar la
main et le conduisit dans l’ embrasur e de la cr oisé e . Après av oir é chang é
quelques p ar oles av e c son frèr e , le pr emier consul fit un g este de main
auquel obéir ent Murat et Lannes en s’ en allant. Rapp feignit de n’av oir rien
v u, afin de p ouv oir r ester . Bonap arte l’ayant inter p ellé viv ement,
l’aidede-camp sortit en r e chignant. Le pr emier consul, qui entendit le br uit des
p as de Rapp dans le salon v oisin, sortit br usquement et le vit près du mur
qui sép arait le cabinet du salon.
―  T u ne v eux donc p as me compr endr e  ? dit le pr emier consul. J’ai
b esoin d’êtr e seul av e c mon comp atriote .
― Un Cor se , rép ondit l’aide-de-camp . Je me défie tr op de ces g ens-là
p our ne p as. . .
Le pr emier consul ne put s’ empê cher de sourir e , et p oussa légèr ement
son fidèle officier p ar les ép aules.
― Eh bien, que viens-tu fair e ici, mon p auv r e Bartholomé o  ? dit le
pr emier consul à Piomb o .
―  T e demander asile et pr ote ction, si tu es un v rai Cor se , rép ondit
Bartholomé o d’un ton br usque .
― el malheur a pu te chasser du p ay s  ? T u en étais le plus riche , le
plus. . .
3La v endea Chapitr e
― J’ai tué tous les Porta, répliqua le Cor se d’un son de v oix pr ofond
en fr onçant les sour cils.
Le pr emier consul fit deux p as en ar rièr e comme un homme sur pris.
―  V as-tu me trahir  ? s’é cria Bartholomé o en jetant un r eg ard sombr e
à Bonap arte . Sais-tu que nous sommes encor e quatr e Piomb o en Cor se  ?
Lucien prit le bras de son comp atriote , et le se coua.
―  Viens-tu donc ici p our menacer le sauv eur de la France  ? lui dit-il
viv ement.
Bonap arte fit un signe 

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