Le contrat de mariage
133 pages
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Le contrat de mariage

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Description

1835. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome III. Troisième volume de l'édition Furne 1842 . Après avoir mené une intense vie mondaine à Paris et à travers l'Europe, le jeune comte Paul de Manerville décide de se retirer dans sa région natale pour se marier. C'est à Bordeaux qu'il fait la connaissance de Natalie Evangelista, dont le père était très fortuné. Paul la demande en mariage, mais lors de la préparation du contrat de mariage, le notaire de Paul découvre que la fortune de Natalie a été dilapidée par sa mère. Celle-ci et Natalie vont tout faire pour mettre la main sur la fortune de Paul. Extrait : Pour découvrir dans l’attitude ou dans la physionomie, dans les paroles ou dans les gestes de mademoiselle Évangélista les indices qui eussent révélé le tribut d’imperfections que comportait son caractère, comme celui de toute créature humaine, Paul aurait dû posséder non-seulement les sciences de Lavater et de Gall, mais encore une science de laquelle il n’existe aucun corps de doctrine, la science individuelle de l’observateur et qui exige des connaissances presque universelles. Comme toutes les jeunes personnes, Natalie avait une figure impénétrable. La paix profonde et sereine imprimée par les sculpteurs aux visages des figures vierges destinées à représenter la Justice, l’Innocence, toutes les divinités qui ne savent rien des agitations terrestres 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 45
EAN13 9782824710051
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LE CON T RA T DE
MARIA GE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LE CON T RA T DE
MARIA GE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1005-1
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LE CON T RA T DE MARIA GE
DÉDI É A G. ROSSI N I.
  M le pèr e était un b on g entilhomme
nor mand bien connu du maré chal de Richelieu, qui lui fitM ép ouser une des plus riches héritièr es de Borde aux dans le
temps où le vieux duc y alla trôner en sa qualité de g ouv er neur de
Guy enne . Le Nor mand v endit les ter r es qu’il p ossé dait en Bessin et se
fit Gascon, sé duit p ar la b e auté du châte au de Lanstrac, délicieux séjour
qui app artenait à sa femme . D ans les der nier s jour s du règne de Louis X V ,
il acheta la char g e de major des Gardes de la Porte , et vé cut jusqu’ en 1813,
après av oir fort heur eusement trav er sé la ré v olution. V oici comment. Il
alla v er s la fin de l’anné e 1790 à la Martinique , où sa femme avait des
intérêts, et confia la g estion de ses biens de Gascogne à un honnête cler c
de notair e , app elé Mathias, qui donnait alor s dans les idé es nouv elles. A
son r etour , le comte de Maner ville tr ouva ses pr opriétés intactes et pr
ofitablement g éré es. Ce sav oir-fair e était un fr uit pr o duit p ar la gr effe du
Gascon sur le Nor mand. Madame de Maner ville mour ut en 1810. Instr uit
de l’imp ortance des intérêts p ar les dissip ations de sa jeunesse et, comme
1Le contrat de mariag e Chapitr e
b e aucoup de vieillards, leur accordant plus de place qu’ils n’ en ont dans
la vie , monsieur de Maner ville de vint pr ogr essiv ement é conome , avar e et
ladr e . Sans song er que l’avarice des pèr es prép ar e la pr o dig alité des
enfants, il ne donna pr esque rien à son fils, encor e que ce fût un fils unique .
Paul de Maner ville , r e v enu v er s la fin de l’anné e 1810 du collég e (
colég e ) de V endôme , r esta sous la domination p ater nelle p endant tr ois
anné es. La ty rannie que fit p eser sur son héritier un vieillard de soix
antedix-neuf ans influa né cessair ement sur un cœur et sur un caractèr e qui
n’étaient p as for més. Sans manquer de ce courag e phy sique qui semble
êtr e dans l’air de la Gascogne , Paul n’ osa luer contr e son pèr e , et p erdit
cee faculté de résistance qui eng endr e le courag e moral. Ses sentiments
comprimés allèr ent au fond de son cœur , où il les g arda long-temps sans
les e xprimer  ; puis plus tard, quand il les sentit en désaccord av e c les
maximes du monde , il put bien p enser et mal agir . Il se serait bau p our
un mot, et tr emblait à l’idé e de r env o y er un domestique  ; car sa timidité
s’ e x er çait dans les combats qui demandent une v olonté constante .
Cap able de grandes choses p our fuir la p er sé cution, il ne l’aurait ni pré v enue
p ar une opp osition sy stématique , ni affr onté e p ar un déploiement continu
de ses for ces. Lâche en p ensé e , hardi en actions, il conser va long-temps
cee candeur se crète qui r end l’homme la victime et la dup e v olontair e
de choses contr e lesquelles certaines âmes hésitent à s’insur g er , aimant
mieux les souffrir que de s’ en plaindr e . Il était emprisonné dans le vieil
hôtel de son pèr e , car il n’avait p as assez d’ar g ent p our fray er av e c les jeunes
g ens de la ville , il enviait leur s plaisir s sans p ouv oir les p artag er . Le vieux
g entilhomme le menait chaque soir dans une vieille v oitur e , traîné e p ar de
vieux che vaux mal aelés, accomp agné de ses vieux laquais mal habillés,
dans une so ciété r o yaliste , comp osé e des débris de la noblesse p
arlementair e et de la noblesse d’ép é e . Réunies depuis la ré v olution p our résister
à l’influence imp ériale , ces deux noblesses s’étaient transfor mé es en une
aristo cratie ter ritoriale . Écrasé p ar les hautes et mouvantes fortunes des
villes maritimes, ce faub our g Saint-Ger main de Borde aux rép ondait p ar
son dé dain au faste qu’étalaient alor s le commer ce , les administrations et
les militair es. T r op jeune p our compr endr e les distinctions so ciales et les
né cessités caché es sous l’app ar ente vanité qu’ elles cré ent, Paul s’ ennuyait
au milieu de ces antiquités, sans sav oir que plus tard ses r elations de
jeu2Le contrat de mariag e Chapitr e
nesse lui assur eraient cee pré éminence aristo cratique que la France
aimera toujour s. Il tr ouvait de légèr es comp ensations à la maussaderie de
ses soiré es dans quelques e x er cices qui plaisent aux jeunes g ens, car son
pèr e les lui imp osait. Pour le vieux g entilhomme , sav oir manier les ar mes,
êtr e e x cellent cavalier , jouer à la p aume , acquérir de b onnes manièr es,
enfin la friv ole instr uction des seigneur s d’autr efois constituait un jeune
homme accompli. Paul faisait donc tous les matins des ar mes, allait au
manég e et tirait le pistolet. Le r este du temps, il l’ emplo yait à lir e des
r omans, car son pèr e n’admeait p as les études transcendantes p ar
lesquelles se ter minent aujourd’hui les é ducations. Une vie si monotone eût
tué ce jeune homme , si la mort de son pèr e ne l’ eût déliv ré de cee
tyrannie au moment où elle était de v enue insupp ortable . Paul tr ouva des
capitaux considérables accumulés p ar l’avarice p ater nelle , et des pr
opriétés dans le meilleur état du monde  ; mais il avait Borde aux en hor r eur , et
n’aimait p as davantag e Lanstrac, où son pèr e allait p asser tous les étés et
le menait à la chasse du matin au soir .
Dès que les affair es de la succession fur ent ter miné es, le jeune
héritier avide de jouissances acheta des r entes av e c ses capitaux, laissa la
g estion de ses domaines au vieux Mathias, le notair e de son pèr e , et p assa
six anné es loin de Borde aux. Aaché d’ambassade à Naples, d’ab ord  ; il
alla plus tard comme se crétair e à Madrid, à Londr es, et fit ainsi le tour
de l’Eur op e . Après av oir connu le monde , après s’êtr e dégrisé de b e
aucoup d’illusions, après av oir dissip é les capitaux liquides que son pèr e
avait amassés, il vint un moment où, p our continuer son train de vie ,
Paul dut pr endr e les r e v enus ter ritoriaux que son notair e lui avait
accumulés. En ce moment critique , saisi p ar une de ces idé es prétendues-sag es,
il v oulut quier Paris, r e v enir à Borde aux, dirig er ses affair es, mener une
vie de g entilhomme à Lanstrac, amélior er ses ter r es, se marier , et ar riv er
un jour à la députation. Paul était comte , la noblesse r e de v enait une
valeur matrimoniale , il p ouvait et de vait fair e un b on mariag e . Si b e aucoup
de femmes désir ent ép ouser un titr e , b e aucoup plus encor e v eulent un
homme à qui l’ entente de la vie soit familièr e . Or , Paul avait acquis p our
une somme de sept cent mille francs, mang é e en six ans, cee char g e , qui
ne se v end p as et qui vaut mieux qu’une char g e d’ag ent de chang e  ; qui
e xig e aussi de longues études, un stag e , des e x amens, des connaissances,
3Le contrat de mariag e Chapitr e
des amis, des ennemis, une certaine élég ance de taille , certaines manièr es,
un nom facile et gracieux à pr ononcer  ; une char g e qui d’ailleur s rapp orte
des b onnes fortunes, des d

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