Le lys dans la vallée
256 pages
Français

Le lys dans la vallée

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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Deuxième livre, Scènes de la vie de province - Tome III. Septième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : A mon arrivée, mes deux sœurs, qui ne me connaissaient point, marquèrent plus d’étonnement que de tendresse 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 19
EAN13 9782824710099
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LE LYS D ANS LA
V ALLÉE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LE LYS D ANS LA
V ALLÉE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1009-9
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.MONSI EU R J. - B. NA CQU ART ,
MEMBRE DE L’ A CADÉMI E RO Y ALE DE MÉDECI N E.A Cher do cteur , v oici l’une des pier r es les plus travaillé es dans
la se conde assise d’un é difice liérair e lentement et lab orieusement
constr uit  ; j’y v eux inscrir e v otr e nom, autant p our r emer cier le savant
qui me sauva jadis, que p our célébr er l’ami de tous les jour s
DE BALZA C.
n
1MAD AME LA COMT ESSE NA T ALI E DE MAN ERV I LLE.
« Je cède à ton désir . Le privilég e de la femme que nous aimonsA plus qu’ elle ne nous aime est de nous fair e oublier à tout pr op os
les règles du b on sens. Pour ne p as v oir un pli se for mer sur v os fr onts,
p our dissip er la b oudeuse e xpr ession de v os lè v r es que le moindr e r efus
ariste , nous franchissons miraculeusement les distances, nous donnons
notr e sang, nous dép ensons l’av enir . A ujourd’hui tu v eux mon p assé , le
v oici. Seulement, sache-le bien, Natalie  : en t’ obéissant, j’ai dû fouler aux
pie ds des répugnances inviolé es. Mais p our quoi susp e cter les soudaines
et longues rê v eries qui me saisissent p arfois en plein b onheur  ? p our quoi
ta jolie colèr e de femme aimé e , à pr op os d’un silence  ? Ne p ouvais-tu
jouer av e c les contrastes de mon caractèr e sans en demander les causes  ?
As-tu dans le cœur des se cr ets qui, p our se fair e absoudr e , aient b esoin
des miens  ? Enfin, tu l’as de viné , Natalie , et p eut-êtr e vaut-il mieux que tu
saches tout  : oui, ma vie est dominé e p ar un fantôme , il se dessine
vaguement au moindr e mot qui le pr o v o que , il s’agite souv ent de lui-même
audessus de moi. J’ai d’imp osants souv enir s ense v elis au fond de mon âme
comme ces pr o ductions marines qui s’ap er çoiv ent p ar les temps calmes,
et que les flots de la tempête jeent p ar fragments sur la grè v e . oique
2Le ly s dans la vallé e Chapitr e
le travail que né cessitent les idé es p our êtr e e xprimé es ait contenu ces
anciennes émotions qui me font tant de mal quand elles se ré v eillent tr op
soudainement, s’il y avait dans cee confession des é clats qui te
blessassent, souviens-toi que tu m’as menacé si je ne t’ obéissais p as, ne me
punis donc p oint de t’av oir obéi  ? Je v oudrais que ma confidence r e
doublât ta tendr esse . A ce soir .
 «F ÉLIX. »
n
3   nour ri de lar mes de v r ons-nous un jour la plus
émouvante élégie , la p eintur e des tour ments subits en silenceA p ar les âmes dont les racines tendr es encor e ne r encontr ent que
de dur s cailloux dans le sol domestique , dont les pr emièr es fr ondaisons
sont dé chiré es p ar des mains haineuses, dont les fleur s sont aeintes p ar
la g elé e au moment où elles s’ ouv r ent  ? el p oète nous dira les douleur s
de l’ enfant dont les lè v r es sucent un sein amer , et dont les sourir es sont
réprimés p ar le feu dé v orant d’un œil sé vèr e  ? La fiction qui r
eprésenterait ces p auv r es cœur s opprimés p ar les êtr es placés autour d’ eux p our
fav oriser les dé v elopp ements de leur sensibilité , serait la véritable
histoir e de ma jeunesse . elle vanité p ouvais-je blesser , moi nouv e au-né  ?
quelle disgrâce phy sique ou morale me valait la fr oideur de ma mèr e  ?
étais-je donc l’ enfant du de v oir , celui dont la naissance est fortuite , ou
celui dont la vie est un r epr o che  ? Mis en nour rice à la camp agne , oublié
p ar ma famille p endant tr ois ans, quand je r e vins à la maison p ater nelle ,
j’y comptai p our si p eu de chose que j’y subissais la comp assion des g ens.
Je ne connais ni le sentiment, ni l’heur eux hasard à l’aide desquels j’ai
pu me r ele v er de cee pr emièr e dé ché ance  : chez moi l’ enfant ignor e et
l’homme ne sait rien. Loin d’adoucir mon sort, mon frèr e et mes deux
4Le ly s dans la vallé e Chapitr e
sœur s s’amusèr ent à me fair e souffrir . Le p acte en v ertu duquel les
enfants cachent leur s p e ccadilles et qui leur appr end déjà l’honneur , fut nul
à mon ég ard  ; bien plus, je me vis souv ent puni p our les fautes de mon
frèr e , sans p ouv oir ré clamer contr e cee injustice  ; la courtisanerie , en
g er me chez les enfants, leur conseillait-elle de contribuer aux p er sé
cutions qui m’afflig e aient, p our se ménag er les b onnes grâces d’une mèr e
ég alement r e douté e p ar eux  ? était-ce un effet de leur p enchant à
l’imitation  ? était-ce b esoin d’ essay er leur s for ces, ou manque de pitié  ?
Peutêtr e ces causes réunies me privèr ent-elles des douceur s de la frater nité .
D éjà déshérité de toute affe ction, je ne p ouvais rien aimer et la natur e
m’avait fait aimant  ! Un ang e r e cueille-t-il les soupir s de cee
sensibilité sans cesse r ebuté e  ? Si dans quelques âmes les sentiments mé connus
tour nent en haine , dans la mienne ils se concentrèr ent et s’y cr eusèr ent
un lit d’ où, plus tard, ils jaillir ent sur ma vie . Suivant les caractèr es,
l’habitude de tr embler r elâche les fibr es, eng endr e la crainte et la crainte
oblig e à toujour s cé der . D e là vient une faiblesse qui abâtardit l’homme
et lui communique je ne sais quoi d’ esclav e . Mais ces continuelles
tourmentes m’habituèr ent à déplo y er une for ce qui s’accr ut p ar son e x er cice
et pré disp osa mon âme aux résistances morales. Aendant toujour s une
douleur nouv elle , comme les marty r s aendaient un nouv e au coup , tout
mon êtr e dut e xprimer une résignation mor ne sous laquelle les grâces
et les mouv ements de l’ enfance fur ent étouffés, aitude qui p assa p our
un sy mptôme d’idiotie et justifia les sinistr es pr onostics de ma mèr e . La
certitude de ces injustices e x cita prématurément dans mon âme la fierté ,
ce fr uit de la raison qui sans doute ar rêta les mauvais p enchants qu’une
semblable é ducation encourag e ait. oique délaissé p ar ma mèr e , j’étais
p arfois l’ objet de ses scr upules, p arfois elle p arlait de mon instr uction et
manifestait le désir de s’ en o ccup er  ; il me p assait alor s des frissons
horribles en song e ant aux dé chir ements que me causerait un contact jour
nalier av e c elle . Je bénissais mon abandon, et me tr ouvais heur eux de p
ouv oir r ester dans le jardin à jouer av e c des cailloux, à obser v er des inse ctes,
à r eg arder le bleu du fir mament. oique l’isolement dût me p orter à la
rê v erie , mon g oût p our les contemplations vint d’une av entur e qui v ous
p eindra mes pr emier s malheur s. Il était si p eu question de moi que
souv ent la g ouv ernante oubliait de me fair e coucher . Un soir , tranquillement
5Le ly s dans la vallé e Chapitr e
bloi sous un figuier , je r eg ardais une étoile av e c cee p assion qui saisit
les enfants, et à laquelle ma pré co ce mélancolie ajoutait une sorte
d’intellig ence sentimentale . Mes sœur s s’amusaient et criaient, j’ entendais leur
lointain tap ag e comme un accomp agnement à mes idé es. Le br uit cessa,
la nuit vi

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