Les minorités non musulmanes dans la population iranienne - article ; n°2 ; vol.48, pg 165-206
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1973 - Volume 48 - Numéro 2 - Pages 165-206
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Hubert de Mauroy
Les minorités non musulmanes dans la population iranienne
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 48 n°2, 1973. pp. 165-206.
Citer ce document / Cite this document :
de Mauroy Hubert. Les minorités non musulmanes dans la population iranienne. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 48 n°2,
1973. pp. 165-206.
doi : 10.3406/geoca.1973.1625
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1973_num_48_2_1625LES MINORITÉS NON MUSULMANES
DANS LA POPULATION IRANIENNE
par Hubert de Mauroy
Le recensement iranien de novembre 1966 a pris soin — comme
d'ailleurs déjà celui de 1956 — d'interroger sur l'appartenance religieuse
de la population, mais avec plus de soin puisque parmi les chrétiens il
distingue désormais arméniens, assyro-chaldéens et autres chrétiens,
alors que celui de 1956 s'en tenait à musulmans, israélites, zoroastriens et
chrétiens.
Les résultats sont contestés par certaines minorités religieuses non-
musulmanes qui avancent des chiffres parfois deux fois supérieurs aux
chiffres du recensement. Qu'en est-il en réalité ? Nous disposons d'une
brochure de M. Medhi Amani, directeur de la Section d'études démo
graphique à l'Institut d'études et de recherches sociales de l'Université de
Téhéran (I.E.R.S.) (voir bibliographie В/П ) г. En outre nous avons deux
séries de données qui ne concordent pas exactement, bien que toutes
issues du recensement de 1 966 :
a) un tableau de données brutes concernant les confessions religieuses
de la population iranienne, par province et par zones rurale et urbaine ;
b) un tableau de données corrigées concernant les confessions rel
igieuses de la population iranienne par sexe et par tranches d'âges (p. II
du Census, bibl. B/6). Dans ce tableau les chiffres sont corrigés, le plus
souvent en légère hausse.
En Iran les minorités non-musulmanes représentent peu de chose :
Etat des minorités en Iran (1966)
Minorités Nombre % des minorités % de la populat.
Israélites 60 683 ( 67 800) 20 0,27
Zoroastriens 19 816 ( 21000) 6 0,08
Arméniens 108 421 (109 400) 33 0,43
Assyro-Chaldéens 0,08 5 20 294 ( 19 800)
Autres Chrétiens 20 662 ( 24 600) 7 0,10 religions
et non déclarés 0,40 77 075 (100 000) 29
Le second chiffre entre parenthèses est le chiffre corrigé du Census (bibl. B/6,
P. И).
1. Les indications entre parenthèses renvoient à la bibliographie placée à la fin de
l'article et divisée en deux rubriques : A) données historiques ; B) données
contemporaines. 166 DE MAUROY
On ne trouve qu'un pourcentage de 1,25 % de minoritaires dans la
population, et encore à condition d'y inclure la totalité des non-déclarés.
De plus trois provinces seulement en Iran dépassent le taux de 1 % de
minoritaires (la province centrale et les provinces d'Ispahan et d'Azer
baïdjan occidental), le demi pour cent est dépassé dans deux autres
provinces et des chiffres absolus encore notables peuvent être observés
dans quatre autres :
Nombre de minoritaires dans quelques provinces (1966)
Markazi (Province centrale) 152 439 personnes, soit 3,8 %
Province d'Ispahan 24 725 soit 1,7 %
Azerbaïdjan occidental 1 1 777 soit 1 ,2 %
Khouzistan 10 860 personnes, soit 0,9 %
Fars 7 958 soit 0,9 %
Azerbaïdjan oriental 4 918 soit 0,3 %
Kermanshahan 2 958 personnes, soit 0,5 %
Province de Kerman 2 568 soit 0,4 %
Gouvernement d'Hamadan 2 221 soit 0,4 %
Le reste de la population (98,75 %) est musulman, en majorité shi'îte,
certains disent à 90 %, encore que ce soit peu probable et qu'on ne
sache pas exactement ce que représentent les minorités sunnites, ismaé-
liennes et Ahl-el-Hacq, encore moins de ceux qui adhèrent au Bahaïsme
qui n'est pas reconnu officiellement en Iran.
L'importance des principales minorités est très différente d'une province
à l'autre. Les pourcentages ou chiffres absolus ci-dessus cachent, 'en
effet, des situations très différentes, selon qu'ils sont fournis en quasi-
totalité ou en forte majorité par l'une ou l'autre des minorités religieuses
non-musulmanes.
9/10* des Ainsi dans le Fars2, les Israélites représentent, en 1966,
non-musulmans de la province (soit environ 7 000), alors qu'en Ispahan,
ils représentent seulement 13 % (soit cependant un peu plus de 3 300).
On trouve encore des Israélites en nombre dans les provinces de Ker-
manshah (1 661 soit 53 % des minorités) et de Hamadan (1 156 soit
51 %).
Dans la province d'Ispahan, ce sont les Arméniens qui forment la
minorité la plus importante (plus de 15 000 personnes en 1966, soit 63 %
des minorités ) , tandis que les zoroastriens (plus de 5 000 ) ne représentent
que 21 % . Les Arméniens sont encore près de 4 000 (soit 77 % des
non-musulmans) en Azerbaïdjan oriental, et plus de 5 000 (soit 50 %)
dans le Khouzistan où les Israélites (plus de 1 200) et les Assyriens
(près de 1 300) ne sont pas non plus insignifiants.
2. On trouvera les noms de villes et de provinces sur les cartes I et II. Il n'a pas
été possible d'y localiser les noms de villages. MINORITÉS NON MUSULMANES EN IRAN 167
C'est dans le Kerman que les Zoroastriens l'emportent : avec seulement
1 700 personnes, ils représentent ici 68 % des minoritaires. Alors qu'en
Azerbaïdjan occidental, ce sont les Assyriens qui forment la minorité la
plus considérable (soit près de 7 000 en 1966, et 60 % de la population
minoritaire ) , suivi par les Arméniens (environ 4 000 et 36 % ) .
C'est seulement dans la province de Téhéran que toutes les minorités
ensemble sont fortement représentées. Le cas de la province centrale de
Téhéran (Markazi) est très différent puisque les quatre principales minor
ités y sont en même temps fortement représentées par 50 à 75 % de
leur effectif total, selon le cas. La catégorie recensée « autres chrétiens »
y est concentrée à 75 % :
Population minoritaire dans la province centrale (1966)
à l'exclusion des « autres religions et поп-déclarés »
% par rapport à la % par rapport à
l'ensemble des minorités minorité considérée
Israélites 66 23
Zoroastriens 8 51
Arméniens 75 50
Assyro-Chaldéens 50 8
Autres Chrétiens 75 10
Mais cette approche globale est insuffisante. Il faut étudier séparément
chaque minorité.
I. — LA MINORITE ARMENIENNE EN IRAN
Les Arméniens sont la plus grande minorité religieuse non-musulmane
en Iran. Le recensement de 1966 en a compté quelque 110 000. Eux-
mêmes affirment volontiers être 200 000 ; l'Almanach de l'Iran imprime
1 90 000. Si l'on presse un peu de questions les responsables de la commun
auté, il arrive qu'ils reconnaissent que le chiffre de 140 000 serait plus
proche de la vérité, en même temps qu'ils font état de la reprise d'une émi
gration arménienne de paysans pauvres et chargés de famille vers
l'Arménie soviétique, reprise datant de la normalisation des relations
entre l'U.R.S.S. et l'Iran en 1968. DE MAUROY 168
A) Une histoire faite d'allers et retours
Comment expliquer la présence de cette population arménienne en
Iran ? A l'origine, essentiellement par le fait que l'Arménie, qui est
chrétienne au moins depuis le début du iv* siècle, s'est trouvée disputée
entre l'Empire perse des Sassanides et l'Empire romain de Byzance.
Cependant l'origine de la colonie arménienne actuelle en Iran remonte
aux premières années du xvii* siècle : c'est seulement il y a un peu plus
de trois siècles et demi que la grande masse des Arméniens actuels entre
en Iran, lorsque le Shah Abbas Ier fit déporter, de 1604 à 1611, et encore
en 1617, de grands groupes d'Arméniens de Géorgie et d'Arménie dans
diverses provinces d'Iran.
Les guerres turco-persannes et russo-persannes du xixe siècle entraî
nant des migrations arméniennes hors de l'Empire perse. En 1827-29, à
la suite du traité de Turmantshaï, la Perse abandonne à la Russie le
territoire entre Araxe et Erivan, et la plus grande partie de la population
arménienne de la région restant aux Persans se retire : 40 000 Arméniens
d'Azerbaïdjan sont transportés en Géorgie russe3. En 1885, d'après le
consul de France à Tabriz4, il n'y a plus que 14 000 Arméniens en
Azerb

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