Lettre d un jeune adulte à ses parents Par Michel Marc Bouchard
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Lettre d'un jeune adulte à ses parents Par Michel Marc Bouchard

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Lettre d'un jeune adulte à ses parents Par Michel Marc Bouchard

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Langue Français

Extrait

Fondation Émergence inc.
C.P. 1006, succursale C, Montréal (Québec) H2L 4V2
Téléphone : (514) 866-6788, télécopieur : (514) 866-8157
Site Internet : www.fondationemergence.org, courriel : courrier@fondationemergence.org
www.homophobie.org
Partenaire
www.homophobie.org
Lettre d’un jeune adulte à ses parents
Par Michel Marc Bouchard
Cette lettre a été écrite par l’auteur Michel Marc Bouchard exclusivement pour la
Journée
nationale de lutte contre l’homophobie
.
www.homophobie.org
Chers parents,
Je ne rentrerai pas ce soir. Cela m’est arrivé souvent, mais c’est la première fois que je
vous écris pour vous dire que je ne rentrerai pas ce soir.
Je suis présentement à l’endroit le plus confortable du monde; l’endroit où on veut tous
être une fois dans sa vie.
Au moment où vous lisez ces mots, je suis heureux et je souhaite de tout mon coeur
que ce bonheur vous rende aussi heureux que moi.
Je vous imagine tous les deux penchés sur ma lettre. Le temps s’est arrêté. Toi,
maman, préoccupée à planifier ta semaine. Toi, papa, préoccupé à planifier les
vacances…
Le temps s’est arrêté!
J’aime vous imaginer intrigués par ma lettre. Peut-être l’attendiez-vous depuis des
années, cette lettre? Peut-être saviez-vous déjà ce que j’ai à vous apprendre? Peut-être
saviez-vous déjà que je ne suis pas pareil aux autres? Mais y a-t-il quelqu’un de pareil
aux autres? Si oui, on aimerait tous le connaître.
Finalement, peut-être qu’il n’y a pas de drame?
Pardonnez-moi, je m’égare un peu.
Je ne sais pas comment vous le dire, vous le raconter, vous le crier, mais depuis
quelque temps, je suis heureux. Je ne croyais pas que cette chose-là pouvait m’arriver.
Je viens de connaître ce sentiment… Je n’ose pas le nommer parce que c’est si
précieux et pour l’heure, il est si fragile…
Avant la rencontre, je croyais que j’allais passer ma vie à être de mauvaise humeur,
critiquant tout et rien, blessant les autres de mes paroles pour le plaisir de blesser les
autres de mes paroles.
Je me voyais pour le reste de mes jours enfermé dans ma chambre à me convaincre
que le monde était sale et ennuyeux, qu’il était responsable de tous mes maux.
Je craignais de devenir aigri comme tante Louise qui n’a jamais pu aimer Salem, son
amant du Bengladesh, parce qu’il était d’ailleurs; colérique comme le professeur Jean-
Charles parce que sa femme ne ressemble pas toujours à une Britney Spears de
magazine glacé; amer comme le cousin Jean parce qu’il est trop jeune pour aimer la
belle bibliothécaire; cynique comme mon amie Mélissa parce que personne n’aime ses
coupes de cheveux et qu’elle croit ressembler à un garçon manqué…
Devenir triste, triste comme vous quand vous êtes trop occupés à planifier toutes les
semaines et toutes les vacances…
J’ai eu peur de devenir malheureux comme tous ceux-la qui ne trouvent pas l’autre
parce qu’on les juge…
Non, ce n’est pas ça…
Tous ceux qui ne trouvent pas l’autre parce qu’on leur apprend à se juger eux-mêmes.
On leur enseigne à avoir honte de leur désir. On leur montre qu’un rapide battement de
cils posé sur l’autre est un viol, que les battements de coeur se paient par des coups,
qu’on console en leur disant qu’un jour on va guérir leur petit problème.
Je m’égare une fois encore.
Je ne rentrerai pas ce soir et, si ce que j’ai à vous apprendre ne trouve pas écho dans
votre coeur, je ne rentrerai plus jamais. Malgré toute mon assurance, ma main tremble.
J’ai tellement peur de vous faire mal, mais si vous saviez comment j’ai eu mal… Il y a
eu tellement de larmes avant d’en arriver à l’encre. Je m’étais promis de rester cool. Je
le serai jusqu’au bout! Je ne m’égarerai plus.
Je voulais vous dire que je suis heureux là où des bras me caressent, là où une voix me
cajole. Je vous souhaite à tous deux de retrouver cet endroit. Je vous aime.
Marc, votre fils…
Ah, j’oubliais le plus important; mon endroit à moi s’appelle Christian.
Michel Marc Bouchard
Michel Marc Bouchard est né en 1958 au Lac Saint-Jean. Il étudie en tourisme au Cégep de
Matane, où il écrit et monte ses premiers textes puis, il termine son baccalauréat en théâtre à
l’Université d’Ottawa en 1981.
Sa pièce,
La Contre-nature de Chrysippe Tanguay, écologiste
, est créée à Montréal, au Théâtre
d’Aujourd’hui en 1983, puis, l’année suivante, on y présente
La Poupée de Pélopia
. Le premier
grand succès public de l’auteur remonte à 1987 au moment de la création par le Théâtre Petit à
Petit en coproduction avec le Centre national des arts de
Les Feluettes ou la Répétition d’un
drame romantique
, mise en scène par André Brassard.
La pièce remporte le Prix littéraire du
Journal de Montréal
, elle sera présentée en « reprise » au
Théâtre du Nouveau Monde puis, entreprendra une carrière nationale et internationale. La
version anglaise,
Lilies
, lui mérite le prix Dora Moore et le prix Chalmers. En 1996, l’adaptation
cinématographique, réalisée par John Greyson, est couronnée par plusieurs prix internationaux,
dont la Salamandre d’or à Blois, le Grand Prix du jury au Outfest Film Festival de Los Angeles,
le prix du meilleur film au Lesbian and Gay Film Festival de San Francisco, le prix du public au
Festival international d’Oslo et le Génie du meilleur film canadien.
À ce jour, Michel Marc Bouchard a écrit plus de vingt-cinq pièces toutes présentées sur scène,
sur quatre continents. Ses oeuvres ont été traduites en plusieurs langues et ont été publiées en
français, en anglais, en allemand, en italien et en espagnol. Au Canada, ses oeuvres sont
disponibles, en français, chez Leméac Éditeur (Montréal) et, en anglais, chez Talon Books
(Vancouver).
Parmi les oeuvres les plus connues et acclamées de l’auteur, mentionnons :
L’Histoire de l’oie
, écrite en 1992 qui remporte le prix du Conseil des arts de la Communauté
urbaine de Montréal, le prix de l’Association québécoise des critiques, le prix du Centre national
des arts et le prix du meilleur spectacle étranger de l’Association des critiques de théâtre du
Mexique. Les téléfilms produits en français et en anglais pour la télévision par la Société Radio
Canada et The Canadian Brodcasting Corporation, réalisés par Tim Southam, se voient
attribuer de nombreuses récompenses dont le International Banff Rockie Award for Best
Children’s Program, le prix Téléfilm Canada et trois prix Gémeaux.
Les Muses orphelines
(1988), autre pièce adaptée pour le cinéma et réalisée par Robert
Favreau,
Le Voyage du Couronnement (1995)
et
Le Chemin des Passes-Dangereuses
(1998)
connaissent des trajectoires analogues à celles décrites plus haut.
Reconnu par ses pairs et par la presse, c’est à travers ses comédies qu’il rejoindra un public
encore plus vaste. Les pièces
Les Grandes Chaleur s
(1991),
Le Désir
(1995),
Pierre et Marie...
et le Démon (
1997) tiennent l’affiche constamment.
Considéré, à juste titre comme étant un auteur à plein temps, Michel Marc Bouchard exerce
aussi ses compétences dans d’autres champs d’action. Il a enseigné l’écriture dramatique et
supervisé le travail de jeunes auteurs à l’École nationale de Théâtre du Canada, à l’Université
du Québec à Montréal et à l’Université d’Ottawa. Ex-Directeur artistique du Théâtre du Trillium,
à Ottawa (1989-1991), il a assumé la présidence du conseil d’administration du Centre des
auteurs dramatiques.
Maître d’oeuvre et directeur artistique d’importantes expositions thématiques, sa première
exposition
Ludovica, Histoires de Québec
(1998) présentée au Musée de l’Amérique française,
à Québec et par la suite au Musée de l’Aquitaine, à Bordeaux (France) a été citée en exemple
par le journal Le Monde. Par la suite, il a signé deux autres expositions soit celle présentée par
le Musée de la Civilisation, à Québec en 2001 intitulée
Talons et Tentations
,
chaussures et
séduction
et celle présentée par le Musée Louis-Hémon, à Péribonka en 2002 intitulée
Maria
Chapdelaine Vérité et Mensonges
.
Survol de 2002 à 2005
En novembre et décembre 2002, la reprise de
Les Feluettes ou la Répétition d’un drame
romantique
, mise en scène par Serge Denoncourt, à l’Espace Go a remporté un énorme succès
auprès du public et de la presse. L’Académie québécoise du Théâtre a décerné, lors de
cérémonie de LA SOIRÉE DES MASQUES 2004, de nombreux prix aux concepteurs et
interprètes de cette production; le spectacle s’est aussi mérité le Prix du Public et celui de la
Meilleure Production Théâtrale présentée à Montréal au cours de la Saison 2002-2003.
Au cours de l’été 2003, Michel Marc Bouchard a été le premier auteur canadien à être joué sur
la grande scène du Shaw Festival, à Niagara-on-the-Lake
.
Sa pièce
Le Voyage du
Couronnement
,
The Coronation Voyage
, mise en scène de Jackie Maxwell a tenu l’affiche
pendant cinq mois.
Les Manuscrits du déluge / Writen on water
, une pièce écrite grâce à l’appui du Festival de
Melbourne, Australie, de Canadian Stage (Toronto) et du Teatro della Limonaia (Florence) a été
créée, à Montréal, le 11 février 2003, au Théâtre du Nouveau Monde sous la direction de
Barbara Nativi. La version anglaise de la pièce a été présentée pour la première fois au mois de
janvier 2004, au Canadian Stage, à Toronto puis durant les mois de février et mars au Théâtre
anglais du Centre national des Arts, à Ottawa.
En décembre 2003,
Le Peintre des Madones ou la Naissance d’un tableau
/
Il Pittore du
madone o Nascita di un
quadro a été présentée pour la première fois en italien, à Florence sous
la direction de Barbara Nativi. La pièce s’est méritée le prestigieux
Premio Candoni Arta Terme
.
C’est à Montréal que la pièce sera créée en français, à l’Espace Go, en avril 2004.
Au cours des derniers mois, les pièces de Michel Marc Bouchard ont été présentées en France,
en Angleterre, en Suisse, en Italie, aux Etats-Unis, au Mexique, au Pérou et au Japon.
L’auteur se consacre présentement à l’écriture du scénario en vue du tournage d’un long
métrage basé sur sa pièce
Les Grandes Chaleurs
et, à titre de directeur artistique, il a travaillé à
la conception de l’exposition qui a marqué l’ouverture, le 29 avril 2005, de la Grande
Bibliothèque du Québec.
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