Autour de Lucius Verus - article ; n°1 ; vol.22, pg 695-702
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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1974 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 695-702
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 47
Langue Français

Extrait

Jacques Schwartz
Autour de Lucius Verus
In: Mélanges de philosophie, de littérature et d'histoire ancienne offerts à Pierre Boyancé. Rome : École Française
de Rome, 1974. pp. 695-702. (Publications de l'École française de Rome, 22)
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Schwartz Jacques. Autour de Lucius Verus. In: Mélanges de philosophie, de littérature et d'histoire ancienne offerts à Pierre
Boyancé. Rome : École Française de Rome, 1974. pp. 695-702. (Publications de l'École française de Rome, 22)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1974_ant_22_1_1708Jacques Schwartz
AUTOUR DE LUCIUS VERUS
L. Veras, frère adoptif de Mare-Aurèle, régna avec ce dernier de
161 à 169 ap. J.-C, année au début de laquelle il mourut subitement (x).
Son souvenir a souffert de la célébrité de Marc-Aurèle, qui continua de
régner, et les historiens eurent tendance à l'oublier, sauf VHistoria Angusta
sur laquelle nous reviendrons (2).
Du peu que Zonaras nous a conservé du livre 71 de Dion Cassius,
on ne retiendra qu'une allusion à son orgueil après sa victoire parthique
(μέγα έφρόνει) (3). Au 4e s. ap. J.-C, Aurelius Victor ne dit rien de son
caractère; Eutrope (VIII,10) le qualifie comme suit: vir ingenii parum
civilis; reverentia tarnen fratris nihil unquam atrox ausus; V Epitome de
Gaesaribus (16,6) dit: carminimi, maxime tragicorum, Studiosus, ingenii
asperi atque lascivi. Ce qui est mince et plutôt contradictoire.
Parmi les contemporains, entrent surtout en ligne de compte Marc-
Aurèle et Lucien de Samosate. Si l'on néglige la fidélité de sa maîtresse
Pantheia à sa mémoire (Pensées 8,37), il semble ne subsister qu'une ap
préciation nuancée (1,17,6: «avoir obtenu un frère tel qu'il pouvait, par
son caractère, m'inciter à me rendre vigilant sur moi-même et qui, en
même temps, me rendît heureux par sa déférence (τιμή; cf. Eutrope
VIII,10: reverentia) et par son affection »). Quant à l'attitude de Lucien
de Samosate, elle ne manque pas, également, d'être ambigue.
Dans les Portraits, écrits en 162-4 ap. J.-C. (4), à Antioche où L.
Verus, précisément, résidait, l'empereur est qualifié de « grand prince,
bon et doux » (22). Par contre, en 165 ap. J.-C, dans le Navire 32, il y a
(*) Cf. P.-W., art. L·. Ceionius Commodus (notamment, col. 1853).
(2) Pour les sources littéraires, cf. P. Lambrechts, dans L'Antiquité Classique,
3 (1934), p. 175-192.
(3) D.C. 71,2,3, éd. Boissevain, p. 249, 1. 5; ce détail est confirmé par Hérodien
IV, 5,6 (τήν ύβριν), qui suppose une vieille méfiance de la part de Marc-Aurèle (cf.
I, 8,3, à propos de son mariage avec Lucilia).
(4) ,T. Schwartz, Biographie de Lucien de Samosate, 1965, p. 17. 696 JACQUES SCHWARTZ
une parodie, discrète, de la guerre parthique de L. Verus i1). Ce change
ment d'attitude correspond peut-être à une déception de Lucien et, de
toute façon, ne nous éclaire pas sur Verus.
Le caractère suspect de la Vita Veri est évident, et notamment pour
les anecdotes relatives à ses débauches qui vont de 4,4 à 6,6 (2). Aussitôt
après on retrouve un cadre apparemment historique, où ne manquent
cependant pas des insertions du rédacteur final de Y Histoire Anguste
dont on sait qu'il s'inspirait d'Ammien Marcellin (3). Xous n'en voulons
pour preuve ici que deux passages de la Vita Veri 7, à rapprocher de deux
passages du livre 22 d'Ammien:
V 7,3-4. Egit autem per quadriennium Verus Meinem Laodiciae,
aestatem apud Daphnem, reliquain partem AntiocMae. Risili fuit omnibus
Syris, quorum multa ioca in theatro in eum dicta exstant.
V 7,10: Fertur pr aeterea ad amicae vulgaris arbitriimi in Syria
posuisse barbarti, unde in eum a Syris multa sunt dicta.
A.M. XXII, 10,1: Julien (l'Apostat) ibi (= AntiocMae) Memans
ex sententia, millis interim voluptatiuni rapiebatur illecebris, quibus abun
dant Syriae omîtes.
A.M. XXII, 14,2-3: Julien. . . multa in se facete dicta comperiens. . .
Ridebatur enim. . . barbanv prae se fer ens Mrcinam grandiaque incedens. . .
Diverses constatations s'imposent:
1) Tout d'abord, Verus et Julien ayant vécu à Antioche, il était
tentant d'imaginer la vie menée par Verus d'après celle de Julien, quitte
à prendre parfois le contre-pied.
(!) J. Schwartz, o.e., p. 134 et G. Husson, Lucien. Le Navire ou les Souhaits,
1970, I, p. 2. Une autre allusion possible à L. Verus, dans le 23 (par rappro
chement avec la Vita Veri 5,3), est refusée par G. Husson, o.e., II, p. 60.
(2) Cf. notamment, W. Hartke, BömiscL· Kinderkaiser, 1951, p. 233, η. 2. Sir
Ronald Syme, Emperors and Biography. Studies in the Ristoria Augusta, 1971 (p. 32-
33 et 56-57) ne veut plus mettre la Vita Veri panni les « Nebenviten »; il n'empêche
qu'elle contient des histoires inventées à plaisir (cf. J. Schwartz, dans Historia-
Augusta-Colloquium Bonn, 1970 [1972], p. 256-7).
(3) Sir Ronald Syme, Aminianus and the Ilistoria Augusta, 1968; cf. A. Chasta-
gnol, dans: Recherches sur VRistoire Auguste, 1970, p. 16-18. L'auteur s'intéresse
plus particulièrement au 1. XV; pour le 1. XXII, cf. J. Schwartz, dans Historia-
Au gusta- Colloquium Bonn 1966/67 [1968], p. 91-99. DE LUCIUS VERUS 697 AUTOUR
2) La mention d'Antioche en V 7,3, avec cette prétendue répar
tition des résidences, est maladroite. D'ailleurs, on sait par Dion Cassius
(71,2,2) et par Eutrope (VIII, 10) que le G.Q.G. de Verus était à Antioche
et qu'il n'en bougea pas ou guère.
3) V 7,4 et la seconde partie de V 7,10 constituent des doublets,
dont la source est en A.M. XXII, 14,2-3. Ce dernier texte, mentionnant
la barbe de Julien, est également, par antithèse, la source de la première
partie de V 7,10, où il est fait allusion à Pantheia; dans l'expression
employée (arnica vidgaris) le premier mot est un hapax pour VH.A.
4) Certaines expressions de V 7,3-4 (Memem; omnibus Syris) sont
inspirées par A.M. XXII, 10,1, où voluptatium. . . illecebris a servi à
la rédaction d'un autre passage de VH.A. (Gall. 14,5: ne diutkis theatro
et circo addida res p. per voluptatwn deperirei inlecebras, où le dernier
mot est un hapax pour VH.A.) (*).
De ce qui précède, il ressort que les moqueries dont Verus aurait
été l'objet sont imaginaires et que l'anecdote de la barbe coupée n'est
pas authentique. D'ailleurs, un peu plus loin (V 10,6), il est dit de Verus
fuit... barba prope barbarice demissa. Il s'agit là du portrait phy
sique que l'on trouve généralement en fin de Vita et, parmi des indications
données, il y a (10,8) lingua impeditior fuit. On notera que ce portrait
(cf. H 26, 1 sq.; AP 13,1-2; C 17,3; Ρ 12,1 sq.) manque dans la Vita Marci.
Ces deux indications concernant la barbe et l'élocution vont nous per
mettre d'élargir le cercle de notre recherche.
Après l'assassinat de Caracalla (217 p.C.) et malgré l'attente impat
iente des habitants de Kome, le nouvel empereur Macrin reste à Antio
che, avec son fils. Hérodien (5,2,3-4) nous apprend de lui que: « έν δέ
τη 'Αντιόχεια διέτριβε γένειόν τε ασκών, βαδίζων τε πλέον του δέοντος ήρεμαίως,
βραδύτατα τε και μόλις τοις προσιοΰσιν άποκρινόμενος ώς μηδ' άκούεσΟ-αι πολλάκις
(x) Voluptas apparaît quelque 40 fois dans V Histoire Auguste, dont 3 fois dans
la Vita Veri (où 6,9 et 8,11 sont en liaison avec le voyage et le séjour de Verus à Ant
ioche); deperire n'apparaît, en tout, que 6 fois (seulement à partir de la V. Gordiani);
Theatrum et circus se retrouvent ensemble dans la V. Heliogabali 26,3 et 32,9. Vo
luptatum illecebras est employé par Ammien Marcellin (XIV, 6,16) à propos de
Rome et appartient au vocabulaire eicéronien (cf. Ep. XV, 16,3), lequel est fort sen
sible, dans la phrase précédente, en Gall. 14,5 (ut labem ìmprobissima™, malis fessa
re p. a gubernaculis human i generis dimoverent) que reprend, toujours à propos de
Gallien, Τ 12,7 (volo e ni m rei p. subvenire atque illam pestent a legunt gubernaculis
dimovere), mais l'emprunt iV inlecebras à Ammien Marcellin n'est pas douteux. 698 JACQUES SCHWARTZ
δια το καθειμένον της φωνής. Έζήλου δε ταϋτα ώς δή Μάρκου επιτηδεύματα,
τον δε λοιπόν βίον ουκ έμιμήσατο, έπεδίδου δε εκάστοτε ες το άβροδίαιτον, όρχηστών
τε ·0·έαις και πάσης μούσης κινήσεως τε ευρύθμου ύποκριταΐς σχολάζων, της τε
των πραγμάτων διοικήσεως άμελώς έχων ».
La tentative pour imiter Marc-Aurèle concerne le visage, la démarche
et l'élocution. Le reste a trait au style de vie de Macrin et l'on est en
dro

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