Constantin et le Dadouque d Éleusis - article ; n°4 ; vol.66, pg 282-296
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1922 - Volume 66 - Numéro 4 - Pages 282-296
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1922
Nombre de lectures 41
Langue Français

Extrait

Jules Baillet
Constantin et le Dadouque d'Éleusis
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 66e année, N. 4, 1922. pp. 282-
296.
Citer ce document / Cite this document :
Baillet Jules. Constantin et le Dadouque d'Éleusis. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 66e année, N. 4, 1922. pp. 282-296.
doi : 10.3406/crai.1922.74654
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1922_num_66_4_74654CONSTANTIN ET LE DADOUQUE d'ÉLEUSIS 282
première partie d'un mémoire de MM. L. Poinssot et R. Lantier,
Directeur et Inspecteur des Antiquités de la Tunisie, sur Un
sanctuaire de Tanit récemment trouvé à Carthage. Il s'agit d'un
champ d'ex-voto dressés dans un espace découvert et surmont
ant chacun un vase de terre cuite enfoui dans la terre, lequel
contient les restes du sacrifice. On a reconnu quatre couches
superposées et successives d'ex-voto, autels ou stèles, dont la
plus basse, située à une profondeur de 5 mètres, correspond aux
vne-vie siècles av. J.-C. et dont la plus haute, la plus récente,
date des derniers temps de la Garthage indépendante. Dans les
poteries de chacun de ces étages, qui sont fermées par un tam
pon d'argile et surmontées d'une petite patère, on a recueilli
surtout des ossements, ainsi que des fragments de bois calciné ;
ces débris osseux ne peuvent appartenir qu'à déjeunes enfants,
soit nouveau-nés, soit âgés de 2 ans 1 /2 à 3 ans. D'autre part,
sur une stèle, un personnage est figuré debout faisant de la main
droite un geste d'adoration et de l'autre tenant contre sa poi
trine un petit enfant nu. La conclusion qui découle de ces con
statations est très nouvelle et d'une importance considérable.
Pendant des siècles, d'une façon régulière, de tout jeunes
enfants ont été offerts à la divinité dans le sanctuaire de Gar
thage dont une partie est maintenant déblayée ; nous sommes
là, selon toute vraisemblance, en présence du vieux rite syro-
palestinien de l'offrande du premier né que les parents venaient
brûler; ce sacrifice du premier né, les Garthaginois l'ont prati
qué pendant toute la durée de l'occupation punique.
MM. Clermont- G anneau, Salomon Reinach et Paul Monceaux
IÊ font valoir l'importance de ces fouilles et expriment le souhait
que MM. Poinssot et Lantier les continuent.
CONSTANTIN ET LE DADOUQUE D ELEUSIS,
PAR M. JULES BAILLET.
On connaît, ou l'on croit connaître, les inscriptions du
Dadouque dans les tombeaux de la vallée des rois à ET LE DADOUQUE D'ELEUSIS 283 CONSTANTIN
Thèbes. Les textes publiés, très intéressants par eux-
mêmes, donnent une note originale au milieu de tous les
graffiti de voyageurs obscurs ou de personnages officiels.
Nicagoras, fils de Minucianus, dadouque des saints myst
ères d'Eleusis, a visité les Syringes ; il rappelle la visite
ancienne que la tradition attribuait à son illustre compat
riote Platon ; il exprime à deux reprises son admiration
et rend grâces d'une part aux dieux, d'autre part au très
pieux empereur Constantin qui lui a procuré ce voyage :
Ό δαΒοΰχος τών αγιοτάτων 'Ελευσίνιων μυστηρίων, [Νικάνορας]
Μινουχιανοΰ 'Αθηναίος, Ιστορήσας τας σύρινγας, πολλοίς ύστερον
χρόνοις μετά τον θείον Πλάτωνα οίίζο των 'Αθηνών, έθαύμασα και
χάριν εσχον τοις θεοΐς και τω ευσεβεστάτω βασιλεϊ Κωνσταντίνω,
τω τουτό μοι παρασχόντι.
et sur la muraille qui fait vis-à-vis :
Ο δαδοΰχος των 'Ελευσίνιων Νικαγόρας Μινουκιανοΰ 'Αθηνα
ίος ιστορήσας τας θείας σύριγγας εθαύμασα *■.
Bien qu'il paraisse « impossible que le voyageur ait
oublié son nom », le fait est certain : c'est lui qui l'a omis,
peut-être à dessein 9-, non les copistes. Letronne l'a très
justement suppléé d'après la seconde inscription.
Qu'était ce personnage ? Un philosophe et un lettré en
même temps qu'un prêtre païen. Fort ingénieusement
Letronne a refait sa généalogie. Le père de notre Nicagor
as, Minucianus, sophiste et écrivain connu, florissait sous
Gallien 3. Son aïeul Nicagoras, autre sophiste, ami de Lon-
gin qui l'invita à un banquet en l'honneur de Platon 4,
1. Sait, Transactions of theR. Sty ofLiterature, 1828, vol. II, pi. n° l,et
50 ; Letronne, Ibid., p. 69; Statue de Memnon, p. 242; Journal des Savants,
1844, p. 43; Recueil d'inscriptions, 1848, nos 220 et 277, pi. n°" 55 et 95 ; Cor
pus Inscriptionum graecarum,'n" 4770 b; Lepaius, Denkmaeler, VI, pi. 76,
n° 50; Dittenberger, Orientis graeci inscripiiones, II, n09 720-721 ; J.-B.,
Inscriptions, noe 1265 et 1889.
2. Sur l'hiéronymat, cf. P. Foucart, Les Mystères d'Eleusis, p. 173-176.
3. Suidas, s. υ.
4. Porphyre, ap. Eusèbe, Praeparaiio Evangelica, X, 3, 1. 284 CONSTANTIN ET LE DADOUQUE d'ÉLEUSIS
ami aussi de Philostrate qui le désigne comme ίερου κήρυξ
d Eleusis ·. Son bisaïeul, le rhéteur Mnesaeus adressait un
rapport à l'empereur Philippe sur une mission dont il avait
été chargé 2. Letronne imagine un trisaïeul Minucianus Ier
auquel s'appliqueraient les scholies d'Hermogène 3. Enfin
le rhéteur Himérios, qui loue la dignité de la parole de
Nicagoras, se dit son gendre 4.
Quels étaient le but et la date du voyage de Nicago
ras? voyageait-il seul ou avec des compagnons?
L'allusion au divin Platon frappe et instruit. Le dadouque
est un dévot du vieux philosophe. Son grand père banquet
ait ; lui, il voyage, heureux de marcher sur les traces du
maître, envers lequel il professe une vénération pieuse. Si
l'invocation voisine 'Ίλεως ήμίν Πλάτων και ενταύθα n'émane
pas de lui, elle est de la même encre que son inscription
et de la main d'un ami. Letronne, à ce propos (p. 285),
rappelle le culte de Platon dans l'antiquité. Mais Nicagoras
n'est pas seulement un philosophe, c'est un prêtre païen :
son action de grâces aux' dieux ne permet pas de l'oublier ;
et ne se pare-t-il pas complaisamment de son titre de
dadouque des mystères d'Eleusis, un des cultes qui résis
taient le moins mal au scepticisme et au christianisme 5 ?
Il ne fait pas une tournée de touriste : il accomplit un
double pèlerinage, philosophique et religieux.
Ce caractère met en valeur le second remerciement,
adressé à l'empereur. Le. dadouque qualifie Constantin de
très pieux εύσεβεστάτω; or ce n'est point là pure épithète de
protocole ou transcription banale du pius ou de la Pietas
1. Philostrate, Vita Sophistarum, II, 27 et 33.
2. Suidas, s.V Νικαγο'ρας.
3. Fabricius, Bibliotheca graeca, VI, p. 107-108; Letronne, Recueil, p.
281 .
4. Himerios, Orationes, XXIII, 21 ; Eclogae, VII, 4.
δ. Sur les prêtres d'Eleusis, et les dadouqueset hiérocéryx, cf. Letronne,
Recueil, p. 279-2S4 ; Dittenbcrger, Hermès, XX, p. 10 sqq. ; surtout,
P. Foucart, Les Mystères d'Eleusis, ch. vu, p. 191-201. CONSTANTIN ET LE DADOUQUE d'ÉLEUSIS 285
tua que l'on peut interpréter par « la bonté que l'empereur
étend comme une providence sur tout l'empire » ; ευσεβής
n'a point ce sens et un Athénien cultivé donne aux mots
leur sens propre. Letronne en conclut : « il est douteux
qu'un dadouque des très saints mystères d'Eleusis eût
donné ce titre à Constantin après que ce prince eût fait
profession de christianisme » ; Dittenberger approuve 1 ;
encore ne soupçonnent-ils point la présence auprès de
Nicagoras d'un païen forcené. Ils placent donc l'inscrip
tion dans les premières années du règne entre 306 et 312
ou 315.
Or une seconde fois à propos de Nicagoras, le vrai n'était
pas vraisemblable, l'impossible existait. La date de l'in
scription se lit et elle ne confirme pas les hypothèses. Elle
se voit très lisible, très nettement écrite, de la même encre
et de la même main que le texte, quoiqu'en caractères
plus petits, immédiatement au-dessus de la seconde inscrip
tion. Comment n'a-t-elle pas été lue? Sait l'a négligée;
Champollion ne l'a pas vue ; Lepsius et Deville ont recopié
l'inscription d'en face sans regarder celle-ci. Forcément
et sans faute de leur part, ni Letronne ni Dittenberger
n'ont soupçonné que l'inscription était datée. Elle l'est
ai

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