Douglas la tunique
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Extrait

Lloyd C. Douglas (1877-1951) LA TUNIQUE (1942) Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Table des matières I .................................................................................................4 II..............................................................................................34 III ............................................................................................58 IV.............................................................................................81 V95 VI115 VII .........................................................................................148 VIII ........................................................................................ 172 IX........................................................................................... 195 X ............................................................................................229 XI249 XII273 XIII........................................................................................292 XIV ....................................................................................... 308 XV......................................................................................... 340 XVI364 XVII...................................................................................... 390 XVIII .....................................................................................421 XIX ........................................................................................441 XX......................................................................................... 483 XXI ........................................................................................530 XXII.......................................................................................553 XXIII ..................................................................................... 591 XXIV......................................................................................621 XXV663 À propos de cette édition électronique.................................694 – 3 – I Elle n’avait que quinze ans, et, tout occupée à grandir, Lu- cia ne donnait que de fugitifs instants à la réflexion ; pourtant, ce matin-là, elle sentait tout le poids de sa responsabilité. Le soir précédent, sa mère, qui ne parlait guère de choses plus compliquées que des avantages de mains propres et d’un cœur pur, avait envisagé dans l’intimité les suites possibles des téméraires observations faites la veille par son père au Sénat. Flattée par cette confiance, Lucia avait déclaré avec assurance que le prince Gaïus n’y avait certainement pas pris garde. Cependant, après s’être couchée, Lucia avait commencé à s’inquiéter. Gaïus pouvait évidemment fermer les yeux sur les remarques virulentes de son père au sujet des extravagances et des abus du gouvernement à condition qu’il n’eût aucun grief contre la famille Gallio. Mais un grief existait, dont personne ne savait rien, excepté elle-même… et Diana. Il leur faudrait à tous une grande prudence pour ne pas s’attirer de sérieux ennuis. Les oiseaux l’avaient réveillée de bonne heure. Elle n’était pas encore accoutumée à leurs pépiements car ils étaient reve- nus beaucoup plus tôt que d’habitude, le printemps ayant dé- barqué avant la fin du bail de février. À son réveil, Lucia avait retrouvé, encore présent comme un mal de dents, le souci qui l’avait suivie dans son lit. Elle s’habilla sans bruit pour ne pas déranger Tertia, qui dormait profondément au fond de l’alcôve et qui serait bien surprise de trouver vide la couche de sa maîtresse. Puis elle glis- sa doucement hors de la chambre jusqu’au long corridor abou- – 4 – tissant au large escalier qui descendait vers le hall spacieux, et sortit sur le vaste péristyle où elle s’arrêta, abritant ses yeux du soleil. Depuis une année, Lucia avait pris conscience de son im- portance, mais, sur ce grand dallage, elle se sentait encore très petite. Tout, dans cet immense péristyle, y contribuait : les hau- tes colonnes de marbre, les imposantes statues, silencieuses et dignes, le puissant jet d’eau du jardin. L’âge n’y faisait rien, ici elle restait l’enfant d’autrefois. Et comment se sentir une grande personne quand, pour- suivant son chemin sur le sol dallé, elle passa devant Servius, dont le visage était aussi bronzé et sillonné de rides qu’au temps où Lucia marchait à peine ? Répondant par un geste de la main et un sourire au grave salut de l’esclave, elle se dirigea vers la pergola couverte de vigne à l’autre bout du rectangle. Là, les bras croisés sur la balustrade de marbre dominant les jardins en terrasses et offrant une vue magnifique sur la ville et le fleuve, Lucia s’efforça de décider si elle parlerait à son frère. Marcellus se mettrait en colère, naturellement, et, s’il prenait le parti d’agir, les choses n’en iraient probablement que plus mal ; cependant, quelqu’un de la famille devait être mis au courant de ce que Gaïus pensait d’eux, avant de courir de nou- veaux risques. Elle ne trouverait sans doute pas l’occasion de parler à son frère avant midi, car Marcellus avait passé la nuit au banquet des tribuns militaires et ne se lèverait pas avant le milieu de la journée. Il fallait pourtant vite arriver à une déci- sion. Si seulement elle en avait parlé à Marcellus l’été dernier, au moment où c’était arrivé ! Un bruit de sandales la fit se retourner. Décimus, le maître d’hôtel, s’approchait, suivi des jumelles macédoniennes qui sou- tenaient les plateaux d’argent sur la paume de leurs mains le- – 5 – vées. Décimus s’inclina profondément et s’informa si sa maî- tresse désirait être servie sur place. – Mais oui, pourquoi pas ? dit Lucia d’un air absent. Décimus cria ses ordres aux jumelles, qui préparèrent en hâte la table, tandis que Lucia suivait des yeux leurs mouve- ments gracieux avec la curiosité qu’elle aurait eue pour le jeu de deux jeunes chiens. Elles étaient mignonnes, un peu plus âgées qu’elle-même mais pas aussi grandes ; adroites, souples et aussi semblables que deux gouttes d’eau. C’était la première fois que Lucia les voyait faire leur service, car il n’y avait qu’une semaine qu’elles avaient été achetées. Décimus, qui les avait stylées, les jugeait sans doute aptes à entrer en fonctions. Ce serait intéres- sant de les observer, car, aux dires de son père, elles avaient été élevées dans le luxe et c’était probablement la première fois qu’elles servaient à table. Sans un regard pour la jeune fille, el- les vaquaient à leur besogne rapidement et sans bruit. Toutes deux étaient très pâles, remarqua Lucia, sans doute à cause de leur longue captivité dans le vaisseau qui les avait amenées. La possession d’esclaves de prix était une des marottes et la principale extravagance de son père. Les Gallio n’avaient pas un nombreux personnel ; n’était-ce pas vulgaire et dangereux de s’entourer d’une masse de serviteurs n’ayant rien d’autre à faire que de manger, bouder et conspirer ? Le chef de famille choisis- sait ses esclaves avec le même soin qu’il apportait à l’achat d’une belle statue ou de quelque autre objet d’art. Les ventes publi- ques ne l’intéressaient pas, mais lorsqu’une expédition militaire revenait d’un pays civilisé en ramenant des captifs de haut rang, les officiers supérieurs en avertissaient quelques-uns de leurs amis les mieux placés. Son père descendait alors au port, la veille du jour de vente, examinait les captifs, s’informait de leur histoire, les questionnait, et s’il trouvait un beau spécimen qui pût lui convenir, il faisait une offre. Il ne disait jamais à per- sonne combien il payait ses esclaves ; il était néanmoins facile – 6 – de juger que son choix ne s’embarrassait d’aucun principe d’économie. La plupart des connaissances de Lucia avaient constam- ment des ennuis avec leurs esclaves ; elles passaient leur temps à en acheter, à les revendre ou à les échanger. Au contraire, il était rare que son père se débarrassât de l’un des siens ; cela ne lui arrivait qu’à la suite de quelque acte de brutalité. Ainsi, l’année précédente, ils avaient perdu une excellente cuisinière : Minna s’était montrée dure et cruelle envers les aides de cui- sine ; quoiqu’on lui eût adressé plusieurs avertissements, elle s’était laissée aller un jour à frapper Tertia. Lucia se demanda tout à coup où Minna se trouvait maintenant. Comme elle savait bien faire les pains d’épices ! Son père était un excellent juge en matière d’hommes. À vrai dire, les esclaves ne sont pas des hommes ; pourtant quel- ques-uns le sont presque, Démétrius, par exemple, qui juste en ce moment passait entre les colonnes de son pas long et mesuré. Père avait acheté Démétrius six ans auparavant et l’avait offert à Marcellus à l’occasion de son dix-septième anniversaire. Quel beau jour cela avait été ! Tous leurs amis s’étaient assemblés dans le Forum pour assister à la cérémonie : Cornélius Capito et père avaient prononcé des discours, puis Marcellus, le visage rasé pour la première fois de sa vie, s’était avancé pour recevoir la toge blanche. Lucia était si fière que les battements de son cœur l’avaient à moitié étouffée, bien qu’elle n’eût que neuf ans et ne pût comprendre grand’chose à la cérémonie ; elle savait seulement que Marcellus était censé agir maintenant en homme ; cependant il arrivait à celui-ci de l’oublier quand Dé- métrius n’était pas auprès de lui. Lucia sourit en songeant aux deux jeunes gens ; Démétrius, de deux ans plus âgé que Marcellus, toujours grave et respec- tueux, ne sortant jamais de son rôle d’esclave ; Marcellus, es- sayant d’être digne, mais oubliant parfois qu’il était le maître et – 7 – agissant follement en ami intime. C’était souvent très drôle et Lucia aimait à les observer à ces moments-là. Il en était souvent de même entre elle et Tertia, et pourtant il lui semblait que le cas était d
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