L école japonaise de recherches sur la littérature française : le cas de Marcel Proust - article ; n°1 ; vol.53, pg 47-59
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 2001 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 47-59
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Jo Yoshida
L'école japonaise de recherches sur la littérature française : le
cas de Marcel Proust
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 2001, N°53. pp. 47-59.
Citer ce document / Cite this document :
Yoshida Jo. L'école japonaise de recherches sur la littérature française : le cas de Marcel Proust. In: Cahiers de l'Association
internationale des études francaises, 2001, N°53. pp. 47-59.
doi : 10.3406/caief.2001.1408
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_2001_num_53_1_1408L'ECOLE JAPONAISE DE RECHERCHES
SUR LA LITTÉRATURE FRANÇAISE :
LE CAS DE MARCEL PROUST
Communication de M. Jo YOSHIDA
(Université de Kyoto)
au LIIe Congrès de l'Association, le 4 juillet 2000
Le Japon est devenu un des pays les plus actifs dans le
domaine des études françaises. Notre Association de la
langue et de la littérature françaises compte plus de
2000 membres, dispersés à travers une cinquantaine de
départements. Ce qu'il faut bien noter, c'est que la major
ité des membres de ladite Association sont en même
temps enseignants de langue française et chercheurs en
littérature ou en linguistique.
Il existe en fait de nombreux centres d'études françaises
localisés dans différentes universités, nationales ou
privées. Comme nous n'avons pas de système de sélection
équivalent à l'agrégation, les étudiants qui souhaitent
entreprendre une carrière professorale doivent poursuiv
re, après le diplôme de licence, au moins cinq années
d'études spécialisées sous la direction d'un professeur. Le
niveau des recherches au Japon est aujourd'hui tellement
élevé qu'ils sont plus ou moins obligés de continuer
ensuite leurs études en France, en vue d'achever leur
thèse de doctorat. Par exemple, le département de littér
ature française de l'université de Kyoto où j'enseigne
compte 25 étudiants en cours de doctorat, dont 22 sont
actuellement en France et en Suisse. 48 JO YOSHIDA
Ce qui fait que dans la plupart des cas il faut attendre
longtemps avant de trouver un poste dans l'enseignement
supérieur. En d'autres termes, un bon nombre d'étudiants
atteignent un niveau presque égal à celui des chercheurs
français. Certains d'entre eux publient leur thèse chez un
éditeur français ou japonais, ou font paraître une partie de
leur travail dans une revue scientifique.
Il me semble que ce système hybride de formation des
spécialistes est actuellement accepté comme seul valable
au Japon. Il y a trente ans, une telle méthode aurait été
pratiquement impossible, car les étudiants ne possédaient
pas les moyens pour aller vivre en France, sauf quelques
exceptions privilégiées. Grâce à la hausse du yen par
rapport au franc français, les conditions financières se
sont beaucoup améliorées depuis. Quand j'ai fait mon
premier voyage en Europe en 1971, 1 franc équivalait à
70 yens au lieu de 16 yens aujourd'hui.
Faute de temps, je ne peux pas parler en détail de l'acti
vité des recherches littéraires au Japon. Signalons cepen
dant certaines tendances caractéristiques. Nos auteurs
favoris sont : Descartes et Pascal pour l'histoire des idées ;
Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé et Valéry pour la poésie
et la critique ; Balzac, Flaubert, Zola et Proust pour les
romans du XIXe et du XXe siècle ; Bataille, Foucault,
Lacan, Deleuze, Derrida et Lévinas pour la pensée
contemporaine. Mais, en règle générale, il y a de plus en
plus de chercheurs qui s'intéressent à la littérature
contemporaine aux dépens des auteurs classiques.
LES ÉTUDES SUR MARCEL PROUST AU JAPON
Plutôt que d'essayer d'établir le bilan panoramique de
ces recherches menées par les chercheurs japonais - ce qui
dépasse d'ailleurs le cadre de cet exposé et surtout ma
compétence -, je voudrais évoquer ici, en tant que prous-
tien japonais, l'historique et la situation des recherches sur
Marcel Proust au Japon. PROUST AU JAPON 49
Quand un écrivain étranger obtient des lecteurs dans
un pays, il traverse deux phases d'assimilation : d'abord
celle de la traduction et de la présentation, puis celle de la
critique et des recherches. La fortune de Proust dans notre
pays a été exceptionnellement heureuse, car il a connu des
succès dans ces deux phases.
C'est en 1921, c'est-à-dire un an avant la mort de l'écr
ivain, que le nom de Proust est pour la première fois
apparu au Japon, sous la plume d'un journaliste, Shige-
toku Shisui. Ce dernier a publié dans la revue Myojo, en
mars 1923, un article nécrologique sur Proust et traduit un
passage de La Prisonnière, intitulé « La regarder dormir.
Mes réveils », texte paru auparavant dans la N.R.F. du
1er novembre 1922.
La tentative de traduire intégralement la Recherche
commence, à la suite des traductions partielles et frag
mentaires, dans les années 1930. De nombreux extraits de
Proust, non seulement de la Recherche, mais encore de ses
articles critiques, des récits de jeunesse, ont été transposés
pendant cette période, tels que « La Confession d'une
jeune fille », « La fin de la jalousie », « l'Affaire Lemoine »,
pour n'en citer que quelques-uns. Notons que Jean
Santeuil a été traduit en japonais avec une vitesse inouïe,
en 1954, par MM. Inoué, Suzuki et Shimada, deux ans
après la parution de l'édition de Bernard de Fallois. La
première traduction véritable de la Recherche, due à une
équipe de six chercheurs, est parue entre 1953 et 1955
chez l'éditeur Shinchosha. M. Kyuichiro Inoué, qui a
commencé sa traduction personnelle dans les années 60,
l'a achevée en dix volumes en 1989, chez l'éditeur
Chikuma. Elle se trouve intégrée aux Œuvres complètes de
Marcel Proust en dix-neuf volumes chez le même éditeur.
Ces Œuvres complètes, qui viennent d'être achevées en
1999, sont un monument de la traduction de la littérature
française au Japon. A la suite des dix volumes de la
Recherche, on trouve Jean Santeuil en trois volumes, les
chroniques et les articles en deux volumes et les lettres
choisies en trois volumes. De nombreux chercheurs et 50 JO YOSHIDA
traducteurs y ont collaboré. Moi-même, j'ai traduit une
partie de la correspondance de Proust et plusieurs articles
critiques sur l'écrivain. C'est que le dernier tome, intitulé
Les Etudes proustiennes, contient quarante articles ou
extraits d'articles, sélectionnés parmi les travaux du
monde entier sur Proust. J'ai établi une chronologie
détaillée à la fin du volume. La dimension de ces Œuvres
complètes surpasse celle de la majorité des des auteurs français en version japonaise.
En dehors de l'édition Shinchosha et de l'édition
Chikuma, nous disposons actuellement de la troisième
traduction intégrale de la Recherche. M. Michihiko Suzuki
est en train de terminer la version complète en treize
volumes, chez l'éditeur Shueisha. Son achèvement est
prévu, selon le traducteur, pour l'année 2001. La maison
d'édition Chikuma a publié, à côté des Œuvres complètes
qui ne sont pas toujours accessibles aux lecteurs à cause
du prix, la Recherche de M. Inoué en format de poche, en
dix volumes (1992-1993). A cette occasion, le traducteur a
révisé son texte et ajouté dans les notes de nouveaux
renseignements puisés dans la nouvelle édition de la
Pléiade.
Quelle est la différence entre la traduction de M. Inoué
et celle de M. Suzuki ? Impossible de dire laquelle des
deux est la meilleure, car chacune possède son originalité.
En fait, transposer un texte littéraire français en japonais
nous confronte à des problèmes très difficiles. La gram
maire, la syntaxe, le vocabulaire sont entièrement diffé
rents de la langue française. De plus, il existe beaucoup de
mots français qui n'ont pas de réfèrent au Japon, et vice
versa. La traduction de M. Inoué se propose avant tout,
nous semble-t-il, de refléter autant que possible la nuance
et le rythme de la phrase originale, alors que M. Suzuki
vise plutôt à la clarté logique du texte proustien.
D'autre part j'ai publié la traduction japonai

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