Le concerto des musipouvantails
96 pages
Français

Le concerto des musipouvantails

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Description

Le concerto des musipouvantails (Ce mot-valise, formé des mots musicien et
épouvantail, se déclinant en musipouvantaille au féminin.) est une exposition
d'épouvantails musiciens créée par Serge Bonnafont. Non pas des automates. Juste
une représentation poétique et humoristique d'individus burlesques et chamarrés,
jouant sur des instruments de musique faits d'objets détournés. Claude-Catherine
Suri a imaginé une histoire pour chacun de ces musipouvantails incapables
d'épouvanter les oiseaux, en opposant leur candeur à la rationalité et à la froide
éfficacité des hommes. Dans ces pages, un peu de rêve, de la magie, tout un bric-à
-brac de mots et illustrations donnent vie à ces êtres faits de ferraille et de
plastique, vêtus d’habits chatoyants qui étincellent de mille couleurs ».

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Informations

Publié par
Publié le 16 décembre 2014
Nombre de lectures 138
Langue Français
Poids de l'ouvrage 23 Mo

Extrait

LE CONCERTO DES MUSIPOUVANTAILS
ISBN 978-2-9533945-1-1
Texte © 2013 Claude-Catherine Suri & Serge Bonnafont Illustrations ©2013 Serge Bonnafont/ADAGP, Paris
 SERGE BONNAFONT
 CLAUDE-CATHERINE SURI
LE CONCERTO
DES
MUSIPOUVANTAILS
Préface de Jean-Charles Brune www.pierrotshop.com
AVANT-PROPOS
Le concerto des musipouvantails (Ce mot-valise, formé des mots musicien et épouvantail, se déclinant en musipouvantaille au féminin.) est une exposition d'épou-vantails musiciens avant d'être un livre. Non pas des automates. Juste une représen-tation poétique et humoristique d'individus presque humains, burlesques et chamarrés, jouant sur des instruments de musique faits d'objets détournés.
Ces personnages ont subi plusieurs transformations depuis leur création en 2004. De simples repoussoirs à oiseaux, ils sont devenus au fil des ans de vrais dandys. Si, à leurs débuts, ils supportaient d'être vêtus d'oripeaux, aujourd'hui ils ne consentent plus qu'à revêtir des tenues de gala. D'autre part, ils refusent catégoriquement de subir les intempéries dans les champs et de recevoir les fientes des oiseaux, préférant les salles d'exposition, les festivals de musique et les vernissages.
Ce livre résulte de ma collaboration avec Claude-Catherine Suri qui a imaginé une histoire pour chacun des musipouvantails. Après quoi, j'ai adapté et illustré le texte au moyen de collages numériques obtenus en imbriquant mes propres images à celles, en partage, faites par d'autres photographes. À titre d'exemple, à la page 64, plus de trentes clichés pris par des photographes différents et découpés numériquement, ont été nécessaires pour créer au final l'image composite de la musipouvantaille flûtiste aux prises avec une invasion de chats. J'en profite pour remercier les auteurs, ceux dont j'ai utilisé le travail, mais aussi tous ceux qui contribuent à une véritable avancée en matière de partage et d'art libre en publiant sur Internet leurs photos sous Licence Creative Commons, licence qui permet leur utilisation et leur modification par tout un chacun. Tous les contributeurs sont cités dans les crédits photographiques en fin d'ouvrage.
Remerciements particuliers au sculpteur David Lachavanne pour l'utilisation de son œuvre « Échelle relative n° 2 » illustrant la descente de la Lune à la Terre par le petit Pierrot, ainsi qu'à Jean-Charles Brune, l'auteur de la préface. (Pour en savoir plus sur les plasticiens, sculpteurs & peintres, David Lachavanne et Jean-Charles Brune: www.david-lachavanne.net & www.jean-charles-brune.com)
Que soient remerciées aussi toutes les personnes, amis ou famille, destinataires de nos dédicaces qui, à des degrés divers, nous ont encouragés ou fait profiter de leurs relectures avisées et surtout Claude-Catherine, mon écrivaine helvète qui pétille de malice et d'imagination. Elle est un feu d'artifice d'esprit, d'humour et de poésie.
7
Serge Bonnafont
PRÉFACE
D’ordinaire, un épouvantail désigne une poupée de paille et de chiffons, affublée de vieux vêtements, de nippes qui lui donnent une sorte d’apparence humaine. Planté dans les champs et les jardins, il vise à protéger les plantations et les récoltes de la voracité des animaux et plus particulièrement de celle des oiseaux. Dans le procédé, il s’agit de faire peur, d’épouvanter. Étymologiquement, épouvanter signifie d’abord frapper d’horreur, de terreur. C’est dire combien l’épouvantail selon le sens commun nous met en prise avec l’effroi.
Le prodige dans ce concerto pour musipouvantails est d’avoir renversé l’ordre, le cours ordinaire des choses. Aux préoccupations des hommes, rationaliser, produire, posséder, s’approprier, se défendre, interdire et au besoin épouvanter, s’oppose la candeur d’individus un peu étranges créés de toutes pièces par Serge Bonnafont, « des êtres faits de ferraille et de plastique, de bric et de broc, vêtus d’habits chatoyants qui étincellent de mille couleurs ». De ces créations de musipouvantails, un peu de rêve, de la magie, tout un bric-à-brac de mots auront alors suffi pour, sous la plume de Claude-Catherine Suri et Serge, donner vie et animer ces créatures hors du commun.
Le talent de ces musipouvantails est de pouvoir faire voltiger les notes, les bleues bien sûr, mais aussi les notes de toutes les couleurs, de scater, chanter, prendre un chorus, diriger le temps. Paradoxalement, ce talent tient aussi à cette candide inaptitude à répondre aux attentes des hommes. Il y a chez ces créatures une incapacité fondamentale à faire peur, à frapper d’horreur, à épouvanter, mais qui révèle du même coup l’épouvantable et véritable nature des hommes qui les emploient : cupidité, intéressement, efficacité, jugement sans appel, condamnation, que montre bien la laco-nique et impitoyable réponse des hommes « Et zou ! Au grenier ! » devant tant de mauvaise volonté à faire peur.
Il ne s’agit pas à proprement parler d’une opposition irréductible entre les hommes et ces créatures étranges (d’ailleurs, leur créateur finit par les récupérer pour les réparer, accorder leurs instruments et leur composer un concerto…), mais d’un état d’esprit ouvrant sur l’univers étrange des musipouvantails. Ce qui est certain, c’est que « sans excellentes références poétiques » mieux vaut s’abstenir. Autrement dit, il faut avoir gardé un brin de son âme d’enfant, être un peu rêveur, pour chanter et danser, converser avec les astres, faire la connaissance d’une petite souris grise nourrissant de son bon lait trois petits chatons… « Être des badauds émerveillés ». Il y a d’un côté les préoccupations des hommes et de l’autre, la nature, les animaux, les astres, un pierrot, une sorcière, des enfants, un créateur et ses épouvantails musiciens, tous complices pour agir de concert, dans un concerto pour musipouvantails « d’une beauté inoubliable ».
8
Jean-Charles Brune
PRÉLUDE
Preludio
9
10
Imaginez !
Vous marchez à l’orée d’un bois par un bel après-midi d’été. Il n’y a que vous, le bruissement des feuilles, le pépiement des oiseaux et le chant des criquets. Mais soudain résonne au loin comme l’écho d’une drôle de musique venant de la forêt. Intrigué, vous suivez un sentier qui s’enfonce sous les arbres. Au fur et à mesure que vous avancez, les notes et les sons se font plus distincts et plus insolites. Un violon mêle ses accents nostalgiques aux éclats de plusieurs trompettes, soutenu par la pulsation lancinante d’une contrebasse ; puis brusquement, une batterie se déchaîne avec fracas avant de laisser la place aux notes discordantes d’un saxophone, rejoint par 1 un carillon joyeux et les trilles acidulés des flûtes. Après un long decrescendo souligné par la mélopée d’un banjo, un bref silence. Vous vous rapprochez encore un peu.
Alors, le son d’un accordéon envahit la forêt. Les arbres, attentifs, contenant le bruissement de leurs feuilles, s’inclinent et tendent leurs branches en direction de la musique. Une voix cristalline comme celle d’un elfe entonne une chanson étrange dans une langue qui n’existe pas, rejointe par une voix de basse aussi profonde que la forêt. Même le vent retient son souffle pendant le temps que dure le trio des voix et de l’accordéon, qui se mêlent, se séparent, se rencontrent à nouveau et se fondent en une 2 seule note, la note bleue . La magie de l’instant est brutalement rompue par la défla-gration d’une guitare électrique survoltée aux accents métalliques et glacés.
« S'il vous plaît ! dit une voix impérieuse. Tu n’es pas en mesure, le guitariste ! Bravo les chanteurs ! C’était magnifique ! Mais attention au fa dièse de la mesure 45, c’est toujours votre point faible. On reprend, concentre-toi un peu, le guitariste ! »
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