Le faure brigadier floridor ocr
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Extrait

GEORGES LE FAuRE I- f. / It l O'ti f: dr4n:sd~ ti'a f1n·;t~Da~ de: :u;~pl'ûdtlctio l\.. .:t~ d'adaptation réservé s FO US tous les ftaY~1 ç9mpr~~ III Sn i;~h ç~ ~ll r!o"iè ,,~, . .. \~, . . - '. ', , _ . '# . BRIGADIER 'f LORIDOR .-, i" ' ,' f''-' CHAPITRE PREMIER i.\,( , J LA VOYAGEUSE ~Ù( , . - Postillon'F'n'y a-t-il pas moyen d'avancer (,

,avancer... Mais faut s'estimer heureux de pas l , :. .. reculer. C'est à peines'il y a -place pour les pieds f ", des chevaux. ':'" Et le postillon indiquait, du bout de son fouet" ,;;, une foule grouillante de gens qui ne s'écartaient "}'pour livrer passage à la voiture que lorsque les roues les frôlaient de trop près. )'. La, diligence contenait deux voyageuses : celle qui, par la portière, venait de parler au postillon; ·.:.et une autre assise sur la banquette. . Celle-ci demanda avec quelque énervement : -- Que t'a dit cet homme, Pascaline ? ~ Il m'a dit, mademoiselle Gilberte,qu'il était ,. · ·. ; 11.11 .. heureux qu'au lieu d'avancer on ne reculât -'--, L'insolent 1... Il faut,prendre patience, mademoiselle. Nous sommes plus ici à la Jacotiëre , dans le château votre oncle, le marquis de Vignerolles. ' _ " :":":': ': . " , 4 LE BRIGADIER FLÔMBOït « Ce peuple de Paris est effrayant à voir. L'autre haussa les épaules avec dédain, faisant de ses lèvres pâles et fines une moue dédaigneuse. — Vous auriez dû prévenir votre cousin de notre arrivée, ajouta Pascaline : il serait venu nous attendre à notre descente de la diligence. Mais, avec hardiesse, sa compagne riposta : — Raymond a autre chose à faire que de jouer les écuyers cavalcadours... Le service du roi doit l'occuper tout entier. . . Puis, mécontentée par une nouvelle halte de la voiture, elle gronda avec emportement : — Il va être huit heures... le château sera fermé et il me faudra aller coucher à l'hôtel !.,. Mais qu'est-ce qu'ils ont donc, ces Parisiens? Ce n'est pourtant pas dimanche, aujourd'hui. Non ! ce n'était pas dimanche J... C'était le mercredi 9 août 1792, jour des plus ouvriers. Ce qui n'empêchait pas que les ateliers fussent, depuis le matin, désertés, les magasins fermés et que, artisans, boutiquiers, y compris petits bour­ geois, se fussent promenés avec leurs familles, durant toute la journée. Et, le but uniforme de toutes ces promenades, c'avait été le château des Tuileries. Depuis plusieurs semaines, le bruit courait, mis en circulation par les gazettes et les clubs, que le roi se préparait à massacrer le peuple ; et le peu­ ple, bon enfant, était allé contempler ces murailles derrière lesquelles se tramaient d'aussi horribles complots contre ses droits et sa personne. Les visages qui se pressaient dans les rues n'avaient, d'ailleurs, rien de tragique : la journée avait été superbe, et les ouvriers, les boutiquiers, les petits bourgeois, ayant au bras leurs épouses et feant,: de la main restée libre, une théorie de LE BHiGÂûiEH FLOHIDGK .5 marmots, regagnaient paisiblement le logis fami­ lial, car c'était l'heure du souper. De temps à autre, cette quiétude se troublait du passage d'une troupe de citoyens armés, hurlant à pleins poumons des refrains patriotiques. Les hommes taisaient chorus; mais les femmes et les enfants avaient un recul instinctif de ter­ reur. Ces Marseillais... ces Bretons... ces Lyonnais, et bien d'autres débarqués de leur, province, où ils n'avaient rien à perdre, — à Paris où ils espé­ raient tout gagner, ne rassuraient que médiocre­ ment les familles. Si on les eût interrogées, peut-être eussent-elles avoué que ces bandes.de patriotes emballés leur faisaient plus peur que le roi, embusqué derrière les murs des Tuileries. • Et leur peur eût été plus grande si des piquets de cavalerie stationnés sur les places et dans les carrefours ne les eussent en partie rassurées... La rue Saint-Antoine, qui était une des j)lus encombrées, comme étant une des plus popu­ laires, était aussi celle dont les manifestations des clubs et autres, interrompaient le plus fréquem­ ment la circulation. Aussi, devine-t-on aisément quel effet ces mots,: jetés à plein gosier par le postillon par-dèssus le tumulte, produisaient : — Place ! Allons ! place ! Des coups de fouet stridents, scandaient cette injonction impérieuse, que des bruits de grelots accompagnaient. Or, malgré ses cris, ses claquements de fouet,; les grelots de ses chevaux, le postillon qui menait la diligence de Bretagne allait au pas, depuis qu'il avait franchi la porte de Charenton. — Pascaline, je t'en prie,, dit Gilberte pour la dixième fois peut-être, supplie cet homme de se hâter... Mais, au moment où Pascaline penchait son buste par la portière pour répondre à cette prière, la diligence s'arrêta net. Une troupe, débouchant d'une rue voisine, chantait la M.arseillaise. -Vivent les Bretons! clama une voix. Cette voix était celle d'un garçon d'une douzaine d'années, soudainement juché sur le moyeu d'une des roues. - Les Bretons! balbutia Pascaline, subitement pâle. , - Oui! les fédérés bretons 1 répéta le jeune garçon. Vous connaissez pas ça, citoyenne?.. La tête de colonne venait d'apparaître, précédée d'une pique surmontée.d'un bonnetphrygien, Irô­ lant presque le poitrail des chevaux. Pascaline se rejeta en arrière, clamant: - Noël! C'est Noël : Mais sa voix, étranglée par l'émotion, fut cou­ verte par les clameurs de la foule, qui applaudis­ sait avec enthousiasme. Gilberte, stupéfaite, demanda : - Tu l'as vu ?... tu as vu ton mari L. Au lieu de répondre, sa compagne, renversée sur les coussins, paraissait se pâmer. quoi! clama le gamin, elle tourne de- Ben l'œil... Mais soudain la voyageuse, se redressant, se précipita vers la portière, l'ouvrit et se jeta dehors, où elle disparut au milieu des curieux. - Pascaline! Pascaline '1 appela la jeune voya­ geuse. Mais le gamin se mit à eire, disant: "~- Va-t'en voir s'ils viennent, Jean. La.citoyenne ­ ­ ­ ­ LE, BRIGADIE'à FLORIDO R '1: Pascaline a aperçu .son amoureux, peus-ëtra bien,.. et va te promener. La voyageuse, à genoux sur les coussins, fouil lait de regards anxieux les vagues hum aines qui déferlaient autour de la voiture... mais vaine ment. · ' Alors, prise de peur, elle cria au postillon : - Fouette les chevaux t Nous ne pouvons nous éterniser ici ! - Parbleu ! riposta une femme dans la foule , ' . v'l à une citoyenne qui est bien press ée ! ~ Faudrait-il pas écraser le peuple pour per ....mettre à c'tt' aristocra te d'aller plus vite re joindre : son galant ! - A pied , la: citoyenne 1 à pied, la marquise 1 Des hommes avai ent empoigné la voiture pal' les ressorts'et la faisai ent osciller violemment. - A moi! au secours! clama la voyageuse. Mais la foule s'amusait de cet effaremen t, et les ressorts, rudement :secoués, pronostiquaient une catastrophe. - Oh! les lâch es! les lâches 1.,. cria la voya geuse, il n'y aura pas un homme parmi eux pour prendre la défense d'une femme seu le? On éclata de rire. -Ta défense Y•• • pourquoi 't.. contre qui ? .. On ne te fait pas de mal, citoyenne.., Tu voulais nous écraser ... nous arrêtons ta voiture... voilà tout! - Si le balancement te donne mal au cœur, descends. Et la diligence continuait à osciller de droite et de gauche, craquant dans sa membrure. .. Le gamin , dès la première alerte, avait sauté à . bas de la roue; mais, pa r contre, 'il avait grimpé sur le marchep ied 'et prenait grand plaisir à ce nouveau jeu d'escarpolette. ' .,.".. Ayez 'donc pas peur: citoyenne, dit-il, c'est 8 LE BRIGADIER FLûRIDüR desbons enfants... y vous feront pas de mal. Seù~ lement, si j' étais de vous , je descendrais. ' _ -'- Qu'est-ce que je fera is ? Je ne connais pas Paris. -:- C'est-y loin que vous all ez? Je vous con- duirai. - Je vais au château des Tuileries. 'Le gamin arrondit les yeux. - Aux Tuileries ! ré p éta-t-il. Mais il fut interro mp u par un balancement tel 'qu'il crut prudent de sauter à terre. ' Ouvrant la portière, il tendit les mains à la :voyageuse : - Descendez... citoyenne... supplia-t-il; ci-. f.oyenne... La jeune femme avait à peine quitté la dili gence 'que celle-ci se renversa, dans un effroyable fracas de vitres brisées, de panneaux défoncé s. Le gamin avait saisi la main de la voyageuse, et trouant crânement la foule, l'avait entraînée sur ses talon s avec une vitesse telle qu'en moins de cinq minutes ils se trouvèrent sur la place de l'Hôtel-de-Ville. . . Là, sentant trembler les doigts fluets de sa com­ pagne, il s'arrêta. - Faut pas avoir peur comme ça, dit-il, y a pas d'danger. . , - Peur L .~m:6n... dit-elle d'une voix brève.'. je n'ai' pas' peur et si j'avais eu de quoi me défen­ 'dre::.Mais ne perdons pas de temps... si le châ­ teau était fermé, qu'est-ce que je deviendrais? - Ben... ievous mènerais chez mon maître... un brave homme... comédien au Théûtre-Frin~ çais ; il demeure à deux pas, rue de l'Arbre-Sec... , Vous le connaissez peut-être... C'est Floridor qu 'il se nomme... Un drôle de nom, c'pas ? . Tout en expliquant, Il avai t conduit sa compa- . ~. ­ ­ LE BRIGADIER FLORlDOR o. gne SUl' lebord de l'eau, espérant qu'en suivant les rives de la.Seine,'il aurait plus de facilité POU;l: arriver aux Tuil eries. Et il ne s'était pas trompé. La .foule était beaucoup moins compacte S1,l1' le quai, composée de gens paisibles qui fuyaient les manifestations. - Comme ça, dit le gami n, vous êtes une amie du roi et de la reine ? - - Une amie... c'est beaucoup dire ... mais une servante dévouée, et .qui donnerait sa vie POUl: eux... Ces derniers mots, la voyageuse les avait pro- . noncés d'une voix nerveuse, amère, presq ue irri­ tée, étrange dans Ja bouche d'une femme qui, tout à l'heur e" 's'était/ si facilement émue devant la foule. . Le gamin, tr ès surpris, mais prêt aussi à se mettre en colère, déclara: -- On dit que c'est des méchantes gens... qui veulent la mort du peuple, et que le seul moyen de sauver le peuple, c'est d'emprisonner le l'ai et la rei

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