LE SPECTATEUR, o u LE SOCRATE MODERNE; Ou 1 on voit un portrait nai f des Moeurs de ce Sie cle. TRADUIT DE Nouvelle Edition , L ANGLOIS. & augniente e. revue , corrigee TOME SECOND. A PARIS, MER ICOT, Neuf , Chez HOCHEREAU OUP RO CAS , pere & fils, , Tame Qini des Auguftins , pres la rue Gilles-Conir, Quai de Conti vis-a- vis la defcente du Ponc, au Phenix. ROBUSTEL, LEL B Quai des Quai 1 & Auguftins , pies la me , Pavee. la aiue , grande porre des Auguftins pres au Pavilion des Quaere Nations. rue Dauphine. M. D C C. L V. ROI. AFEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU PR 75 At e t^^ ^^iN^^N^t^ N^-^K Nk V c 4 JX IB^X*"*" jfS O ^WF . * ( i$ H$** ***ja, ^v%? *i * ^cA $ fp* w jjt i^"j"4 5* ra*+t* |::| ^ p***+B O *Vr s 5* BJ ^ U***>l-^JW*Wfr-^W Jt^^ L E SPECTATEUR, O U SO CRATE I. MO DEPONE, S. Cornelia , D , , 1 S C O U R te , Malo Venufi iam quam li cum magnis vircutibus affers Gracchorum Grande fupercilium , & numeras in dote triumphos. Annibalem, vidumque Syphacem Tolle tuum precor , , mater In caftris, & cum tota Carchagine migra. Juv. 5at. VI. 167. Jc ques, dot, bonne Bousgcorfe prefer e unc vnftf qiulitis , //, a.-ec tuuta des vats itc me que dit rccit ai;nt;cit\ I;& ...
LE
SPECTATEUR,
o u
LE SOCRATE MODERNE;
Ou
1
on voit un
portrait
nai f des
Moeurs de ce Sie cle.
TRADUIT DE
Nouvelle Edition
,
L
ANGLOIS.
&
augniente e.
revue
,
corrigee
TOME SECOND.
A PARIS,
MER ICOT,
Neuf ,
Chez
HOCHEREAU
OUP RO CAS
,
pere
&
fils,
,
Tame
Qini des Auguftins , pres la rue Gilles-Conir, Quai de Conti vis-a- vis la defcente du Ponc,
au Phenix.
ROBUSTEL,
LEL
B
Quai des
Quai
1
&
Auguftins
,
pies la
me
,
Pavee.
la
aiue
,
grande porre des Auguftins pres au Pavilion des Quaere Nations.
rue Dauphine.
M.
D C
C.
L V.
ROI.
AFEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU
PR
75
At
e
t^^ ^^iN^^N^t^ N^-^K Nk V
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L E
SPECTATEUR,
O U
SO CRATE
I.
MO DEPONE,
S.
Cornelia
,
D
, ,
1
S
C O U R
te
,
Malo Venufi iam quam li cum magnis vircutibus affers Gracchorum Grande fupercilium , & numeras in dote triumphos. Annibalem, vidumque Syphacem Tolle tuum precor
, ,
mater
In caftris,
& cum
tota Carchagine migra. Juv. 5at. VI.
167.
Jc
ques,
dot,
bonne Bousgcorfe prefer e unc vnftf qiulitis , //, a.-ec tuuta des vats itc me que dit rccit ai;nt;cit\
I;<H
a Cornelie
mime vous me
Grac-incompatible Mere del veil mcprifavt , fi regardc\_ d des womp!)^ de d armes beaux
:
Out
,
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alU^,
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,
coaicr aillcun
I
faits biftotre de
,
&
la.
de Syphax force
fon c.wip
:
alle^vous pro/ncnef
vous
&
difaite toute votfe
d Annibai
Canhagfc.
Jr
I
roil
"
remarque d un cote que
vcrcueufe
eft
1
hiftoire
d une
la
perfonnc
lilent
""*
*
"
VS.
beaux prccepces de Morale , on peun dire de plus des embarras aulatre , que le rccic des malheurs V quels un liomme s expofe pour avoir pris de faufles meiures ^"^ fur nous , -lins la conduite de fa vie , fait plus d impreilion ^l*S/T*
4
age &
plus ucile a ceux
qui
!es
&
V
m
I
.
no-.s
Hies
&
engage placet a
eviter ies
memes
inconveniens
Ies inftruftions Ies plus relevees.
C eft
pour cela
que que je
,
max
es_
vais
mic
Tome II,
A
2
rer
ici
L E
la
SPECTATEUR.
fuivame
,
I
Difc.
Lettre
,
faire leor profit
le fotu d ea que je laiffe a mes Lefteurs fans y ajouter aucune reflexion de ma part.
&:
Af.
LE
SPECTATEUR,
(
.
avoir lu avec attention
a
)
la Lettre
l.-.rJiand
e v-
&
"
que M. Dupe vous a
ccrite
r
|
ur
les mar is donDifcours que vous y avez joint fur les epingles que nent a lears cpoufes , je me hazarde a vous reprcienter mon ctat , qui n eft guere moins deplorable que celui de ce Gemilhomme. Ne de la
le
^
sdeCoa
"
dans le monde par le trafic de fus connu les pour cela que je ne eu premieres annees que fous le nom de Janot (b) Anvil. J ai roujours a Tage dc beaucoup d induftrie pour gagner de argent , en iorte qu avois amaflc quatre mille deux cens pieces, cinq chevingt-cinq ans
e
^ u P eu P^ e
J
e
commencai a
,
m etablir
I
quelque
vieille
fcraille
cV
c eft
j
*>
tant quelques fols. Alors entrepris des grandes affaires , Cv j eus de fucccs dans mon negoce par mer &: par terre , qu en peu d annees a la Nation , fort riche. En etat de rendre fervice a la Cour je devins eus le titre de Chevalier a Tage de trente-cinq ans , &c je vivois en j grande reputation au milieu de mes Concitoyens , fous le nom du Chen valier Jean Anvil. Avec rout cela , d un naturel ambitieux , je ne fon** je voulus que mes defcengeai qu a former une puiflante maifon , dans eufTent quelques gouttes de beau, fang dans les veines. Pour cec w efFet , je^i adrefTai a une jeune Demoifelle de qualitc , qui n avoit pas de bien , 6c qui s appelloit Marie Letrange. Afin mcme de conclure au plutot , je lui donnai carte blanche pour me fervir du terme de nos ^Gazettes , avec plein pouvoir de me prefcdre les conditions qu elle voudroit. Ses demandes le reduifirent a elle n intres-peu d articles fifta que fur 1 entiere difpoHtion de mon bier) , &: de rout ce qui regarderoit la famille. Son pere fes freres temoignerent d abord une grande jj repugnance pour ce Mariage , &: ils ne voulurent pas me voir de quelterns mais nous fommes devenus (i bons aniis que qu ils dment prefemque tous les jours chez moi , qu ils n/ont fait la grace de prunter une bonne partie de mon argent , ce que Madame mon Epoufe ne manque pas de faire valoir , quand elle veut me donner des 4) preuves de 1 amitie que fes parens ont pour moi. Je vous ai deja die ou infmuc qu elle n avoit point de dot mais elle fupplee a ce defaut par un furcrolt de hertc. Elle changea d abord mon nom en celui du Chevalier Jean Envil , &: elle figne aujourd hui Marie Enville. Nous avons eu quelques enfans enfemble , a qui elle a fait impofer au Bapteme v les furnoms de fa famille , dans la vue , a ce qu elle me dit , on
lins &:
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,
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qu
(a) VoyezTomel. pag. n^- &c.
(b) Ce mor
A>iloif
fignifie
Lnilum
LE SPECTATEUR.
Henrictte Envdle.
I.
D
oublie la balfclTe de leur extraction da core de leur pere. Notre fils ame eft M. Lctrange Efiville J E<:uyer , &: nocre hlle aince eft Mademoifelle
dans mon logis , elle en bannit tous fervoient depuis long tems, mit a leur place deux Mores , avec trois genrils Valets de pic fort propres en habits galonnes , fans rarler de fa Denioifelle FranfO fe , qui babille toute la
DCS qu
elle
fut
nvcs hdels domeftiques qui
me
&
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-
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?
j)
ne manque jamais de avertir que je dois m abfenrer ou me redrer an galctas , ahn de ne lui faire aucun deshonneur auprcs de fes vilices de qualitc. Ses Valets font de fi beaux Meffieurs que je n ofe leur rien demander &c fi quelquefois je trouve a redire a ce qu ils ont fait, ils me rcpondent , d un air effronte &: en rechignant , qu ils ont obef aux ord /es de Madame. Sur ce qu elle s eft appercue en dernier lieu que les Valets de trois ou quatre perlonnes de qualit6 , perches derriere leurs carrolfes ayoient des epees qui leur pendilloient an cote elle a reiolu que les hrns en auront avec leur premiere livree. D abord que nous cumes palTe le premier mois du Manage , qui eft d ordinaire tout miel & tout lucre , je lui indnuai doucement que les innovations qu elle faifoir tous les jonrs dans mon domeftique , n etoienr pas fort raifonnables ; mais elle me dit que je ne devois plus me regarder comme le Chevalier Anvil , mais comme fon epoux , dc ajouta , en froncant le fourcil , que je iemblois ignorer qui elle etoit. Je fus bien furpris de me voir relevc de cette maniere , aprcs toutes les famliairites qu il y avoit eues a fait fentir depuis que malgrc toutes les cntre nous deux. Mais elle accorder quelquefois , elle attend en general libertcs qu elle peur que je lui rende le refpect qui eft du a fa naiflance & a fa qualice. Nos en fans les oreilles h rebattues de tout ce ont en , des le berceau , qui regarde la famille de leur mere , qu ils favent , fur le bout du doigt , 1 hiftoire
cl!e
, ; , ,
journee dans fa langue maternclle , qui n eft entendue que de Madame Epoufe. E.lle viut enfuite a reformer routes ITS chambres de la maiion , orna toutes tcs chcminccs de glace de miroir &: garnit tous les coins d une fi grande quanritc de porce aine , que je ne faurois prefme rcmuer, fans craindre d en cafTer quelque piece. Une fois que iemainc , elle illumine , avcc des bougies , la plus belle chambre Ja maifon , pour y recevoir compagnie , k ce qu elle die &: alors
mon
,
,
m
m
m
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produit. Leur
>
"
de routes les illuftres Femmes qu elle a grands Homines mere leur a raconte plus d un million de fois qu un tel de fes Ancetres commandoit la Flotte dans un tel combat naval que leur bifayeul eut un cheval tue fous lui a la Bataille d Edgehitl ; que leur oncle etoit au Siege de B ide ; que fa mere avoit dan e avec le Due de Monmoitth dans un Bal qui s ctoit donnc a la Cour , &: de
tous
les
;
&
de cette nature. Je me vis autre jour un peu deconcerte a 1 ouie d une queftion que ma petite fille Henriette me fit , d innocence, fur ce que -e ne lui parlois jamais quoiqu avec beau coup des Gcneraux d Armee , ni des Amiraux qu il y avoit eus dans ma
quantite
d
atitres
bagatelles
1
A
ij
4
r>
LESPECTATEUR.
famille.
I.
Difc. d orgueil par
les
Pour
mon
fils
aine Letrange
,
,
il
eft
fi
bouffi
que s il ne change pas de conduite , je II n avoit pas neuf ans qu il tira Tepee pourrois bien le desherirer. centre moi & me dit qu il vouloit qu on le traitat en Genrilhomme je
belles inftru&ions
de fa mere
,
:
3)
>
me difpofois
furvint
,
a
le
&
me
v entre
elle
fa
mere
&
punir de fon infolence, lorfque Madame mon Epoufe il y avoir quelque difference pria de me fouvenir qu la mienne. II n y a pas un feul de mes enfans , done
"
roujours occupee a chercher les traits dans quelqu un des membres de fa famille , quoique , pour le dire en paflanr , j aye un petit garcon jouflu , qui me reffemble comme deux goutres rl eau , s il
foit
ne
i>
m eroit permis de le
faire