Le théâtre du cliché - article ; n°1 ; vol.26, pg 33-47
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1974 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 33-47
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 35
Langue Français

Extrait

Barbara. C. Bowen
Le théâtre du cliché
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1974, N°26. pp. 33-47.
Citer ce document / Cite this document :
Bowen Barbara. C. Le théâtre du cliché. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1974, N°26. pp. 33-
47.
doi : 10.3406/caief.1974.1049
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1974_num_26_1_1049LE THÉÂTRE DU CLICHÉ
Communication de Mme Barbara C. BOWEN
{University of Illinois)
au XXVe Congrès de l'Association, le 25 juillet 1973.
Comme le titre de cette communication peut paraître
par trop vague et abstrait, j'aimerais commencer en
définissant mes termes. Par théâtre, j'entends ce que nous
appelons d'habitude « l'ancienne farce », et par farce,
j'entends un genre dramatique distinct de la sottie.
D'accord, dans l'ensemble, avec des critiques tels que
M. L. С Porter et M. Alan Knight (1), je vois une diffé
rence de nature, pour le lecteur moderne, entre la farce
et la sottie : c'est que la sottie met en scène le général (le
Monde, le Commun) et la farce le particulier (une femme, un
savetier). Le but principal de la sottie est la satire ; celui
de la farce, l'évasion. Je n'ignore pas qu'on peut fort bien
discuter sur bon nombre de pièces, que certaines semblent
participer aux deux catégories, ou encore s'apparenter
plutôt à la moralité, mais en gros je maintiendrais la vali
dité de la liste de farces que j'ai publiée en 1964 (2), avec
(1) Lambert C. Porter, « La Farce et la sotie », ZRP, LXXV (1959),
89-123 ; Alan E. Knight, « The Medieval Theater of the Absurd »,
PMLA, LXXXVI (1971), 183-189. Voir aussi mon article : « Towards
a definition of French farce as a literary genre », MLR, LVI (1961)
558-60. Lorsque j'ai écrit cet article j'ignorais le travail de M. Porter.
(2) Dans Les Caractéristiques essentielles de la farce française et leur
survivance dans les années 1550-1620, Urbana, University of Illinois
Press, 1964, p. 195-202. J'ai pris cette liste comme base du présent travail
parce que les pièces sont numérotées, ce qui facilite la référence, mais on
peut fort bien préférer la liste de Mme H. Lewicka : « Les plus récentes
datations d'anciennes farces françaises », BHR, XXV (1963), 325-336,
qui diffère sensiblement de la mienne. Si je devais refaire ma liste, je
garderais lés 136 pièces qui y figurent, à l'exception du n° 46, et j'y
ajouterais les pièces suivantes : L'Aveugle et son valet tort de François BARBARA С. В OWEN 34
quelques additions. Il s'agit de 145 pièces en tout, dont la
majorité se trouve dans quatre grands recueils: Londres (3),
La Vallière (4), Trepperel (5) et Florence (6), et les
autres éparpillées dans une vingtaine de livres et d'articles.
Le mot cliché, tel que je l'entends ici, est moins facile à
délimiter, car je l'emploie volontairement dans un sens
aussi général que possible. Un cliché, pour moi, c'est un
mot ou une expression que tout le monde utilise sans y
réfléchir parce que sa portée sémantique est généralement
reconnue. Un nom ou prénom peut être un cliché : nous
savons que dans la farce Jean est cocu (7), Macé est bête (8)
et Pathelin beau parleur (9). Une chanson peut être
un cliché, ou un refrain, ou un calembour s'il est suffisam-
n° Briand 12) ; (éd. La H. Confession Chardon, du 1903) Brigand ; Cautelleux, au Curé (n° Barat 3 de et ma le Liste Vilain des (Cohen, Dialo
gues) ; Les Femmes qui vendent amourettes (Cohen, n° 38) ; le Garçon et
l'Aveugle du хше siècle (éd. Mario Roques, CFMA, 1921 ; n° 8 de ma
Liste des Dialogues) ; le Garçon et l'Aveugle du Mystère de la Résurrection
de 1456 (voir G. Cohen, « La scène de l'aveugle et de son valet dans le
théâtre français du Moyen Age », Romania, XLI (1912), 346-72, et O.
Jodogne, « La Farce et les plus anciennes farces françaises », Mélanges
d'histoire littéraire (XVIe-XVIIe siècle) offerts à Raymond Lebègue,
Paris, Nizet, 1969, 7-18) ; Guilliod (éd. E. Droz et H. Lewicka, BHR.
XXIII, 1961, 76-98) ; Ragot, Musarde et Babille (éd. A. Hindley, RH
Th., XIX (1967), 7-23 ; Tout Mesnaige, Besogne Faite (A.T.F., vol. II),
et le Vilain et son fils (éd. D. W. Tappan et S. M. Carrington, Romania,
XCI (1970), 161-188 ; n° 14 de ma Liste des Dialogues). Ce qui ferait un
total de 145 pièces.
(3) Publié par Anatole de Montaiglon dans les volumes I-III de
l'Ancien théâtre françois, Paris, Jannet, 1854-7 (Bibliothèque elzévi-
rienne). Abréviation : A.T.F. Nous pouvons à présent corriger le texte
de Montaiglon au moyen de l'original, publié en fac-similé par Mme
Lewicka : Le Recueil du British Museum, Genève, Slatkine Reprints,
1970.
(4) Publié par Le Roux de Lincy et Fr. Michel, Recueil de farces,
moralités et sermons joyeux, Paris, Téchener, 1837, 4 vol.
(5) Le premier volume, Les Sotties, éd. par Mlle E. Droz en 1935, et
le second. Les Farces, par Mlle Droz et Mme Lewicka en 1961 (Travaux
d'Humanisme et Renaissance, XLV).
(6) Publié par Gustave Cohen, Recueil de farces françaises inédites
du XVe siècle, Cambridge, Massachusetts, 1949.
(7) Voir H. Lewicka, « Un prénom spécialisé de l'ancienne farce :
Jean et consorts », Marche Romane, I (1969), 1-7.
(8) Voir le compte rendu du livre de Cohen par H. Lewicka, Romania,
LXXVI (1955). 342-373-
(9) Voir O. Jodogne, « Rabelais et Pathelin », Les Lettres Romanes, IV,
(1955). 3-14- LE THÉÂTRE DU CLICHÉ 35
ment banal, ou encore un proverbe ou une maxime. Le
cas le plus intéressant peut-être, c'est le proverbe en action
déjà étudié par plusieurs commentateurs (10).
Pourquoi parler du cliché à propos de la farce précis
ément ? C'est que la critique littéraire, en parlant de ce
théâtre, semble s'orienter autour de deux principes qui
me semblent de moins en moins valables à mesure que
j'y réfléchis, et je me demande si une analyse de l'util
isation du langage par nos farceurs ne nous conduirait
pas à modifier ces principes. Je vous avouerai tout de
suite que je ne suis ni médiéviste ni linguiste, et que je
suis bien consciente de la témérité qu'il y a à parler de la
langue du Moyen Age devant tant de spécialistes ici réunis.
J'avoue également qu'il n'est pas possible de faire un recen
sement systématique et complet des éléments linguistiques
de la farce, pour la bonne raison que les textes sont souvent
en trop mauvais état. Mes remarques à ce sujet aboutiront
donc plutôt à des points d'interrogation qu'à des conclu
sions — ce qui me semble convenir à un genre littéraire
dont la floraison se termine en pleine Renaissance ; et
puis, comme dit quelque part Gustave Cohen, il est parfois
utile d'exposer nettement ses incertitudes.
Le premier principe critique qui m'inquiète, c'est que la
farce est un genre essentiellement populaire, ayant un
style très simple et dépourvu des artifices de la rhétorique.
Ce principe est résumé dans le jugement de M. Porter que
la farce est « le portrait du menu peuple par lui-même »,
ou encore dans l'analyse que fait M. Bakhtine (n) de
l'esprit gaulois comme revanche des petits contre leurs
oppresseurs. D'après ce principe, l'usage fréquent du
« XI Un (10)(1949), procédé Par 296-303 exemple comique ; E. B. de Bowen, Droz, l'ancienne compte Les Caractéristiques, farce rendu : la du fausse livre p. compréhension 47 de ; Cohen, H. Lewicka, BHR, du
langage », dans Mélanges de langue et de littérature du Moyen Age et de
la Renaissance offerts à Jean Frappier, Genève, Droz, 1970, 2 vol.,
653-8. Cette liste de clichés ne prétend pas être exhaustive ; le juron,
par exemple, est souvent un cliché et mériterait un examen détaillé
en tant qu'élément dramatique de la farce.
(11) Mikhaïl Bakhtine, L'Œuvre de François Rabelais et la culture
populaire au Moyen Age et sous la Renaissance, Paris, Gallimard, 1970. 36 BARBARA С. ВО WEN
cliché serait l'indice d'une langue pauvre, qui manque
d'artifice et d'imagination. Et le deuxième principe, c'est
que tous les procédés linguistiques que j'ai nommés sous

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