Trois siècles de vie intime se déculottent
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Trois siècles de vie intime se déculottent par Michel VALLI, journaliste : l’évolution des sous-vêtements de la fin du XVIIIème siècle à nos jours révèle les étranges rapports de notre société à ce qui se montre et ce qui ne peut être vu...
Un article publié dans le magazine de l’Université de Lausanne Allez savoir !

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Publié le 16 septembre 2011
Nombre de lectures 5 936
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

S O C I … T …
Trois siËcles de vie intime se dÈculottent
Affiche publicitaire Deval, en 1948
´H istoires de dessousª : cÕest lÕÈtonnante exposition quÕaccueille le MusÈe histo-rique de Lausanne du 18 fÈvrier au 30 juillet. LÕÈvo-lution des sous-vÍtements e de la fin du XVIII siËcle ‡ nos jours rÈvËle les È-tranges rapports de no-tre sociÈtÈ ‡ ce qui se montre et ce qui ne peut Ítre vu.
T r o i s s i Ë c l e s d e v i e i n t i m e s e d È c u l o t t e n t S O C I … T …
e me suis aperÁue que les seins ´J des femmes qui portent des boucles sont incomparablement plus ronds et plus pleins que les autres. (É) JÕai fait percer mes mamelons et, quand les plaies ont ÈtÈ guÈries, jÕy ai fait pas-ser des boucles. (É) Ce que je puis dire, cÕest quÕelles ne sont pas le moins du monde gÍnantes. Au contraire, le simple fait de les frotter ou de les faire glisser provoque en moi une agrÈable sensation.ª Cette confession nÕest pas celle dÕune jeune femme dÕaujourdÕhui, adepte du ´piercingª, mais de lÕune de ses arriËre-grands-mËres : elle date en effet de 1890. LÕaudacieuse dame Ð citÈe par Richard Sennett dans ´Les tyrannies de lÕintimitȪ (1) Ð rÈvËle sous lÕano-nymat des pratiques insoupÁonnÈes pour son temps. Un tÈmoignage rare dans un siËcle de diktat puritain, bour-geois et masculin. La vie privÈe Ètait alors totalement coupÈe du dehors. Hommes et femmes ne devaient rien laisser paraÓtre. Un siËcle sans passion? Allons bon! Les
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recluses cantonnÈes au sÈrail domes-tique surent mettre ‡ profit les tenta-tions de transgression que provoque tout interdit. Ainsi, les sous-vÍtements de lÕÈpoque peuvent se rÈvÈler aussi riches en surprises quÕune Ètude ‡ venir sur la vie des Iraniennes en royaume ayatollah.
LÕexhibition progressive
AujourdÕhui, les tÈmoignages inti-mes surabondent dans les talk-shows. Les fantasmes sÕÈtalent sans pudeur par voie cathodique. Et quand une relation serait jugÈe coupable, on arracherait des aveux jusquÕau prÈsident Ètats-unien pour les Ètaler au grand jour. ´CÕest une Èvidence : la frontiËre entre
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vie privÈe et vie publique sÕest estom-pÈeª, affirme Luzia Kurmann, profes-seur de sociologie et crÈatrice de lÕexpo-sition ´Du secret ‡ la transparence. Histoires de dessousª, qui sÕouvre au MusÈe historique de Lausanne dËs le 18 fÈvrier. InspirÈe par Sennett, la Lucernoise a tentÈ de faire un paral-lËle entre la thËse du sociologue Ð la sphËre privÈe pÈnËtre toujours plus la sphËre publique Ð et lÕexhibition pro-gressive des vÍtements du dessous, comme thermomËtre de la pudeur. Pour Luzia Kurmann, cette inversion vestimentaire symbolise une sociÈtÈ sens dessus dessous. ´AprËs lÕaffaire Lewinsky ou les tÈmoignages impudiques de Madame Christine Devier Joncourt (´La
Catherine K¸lling, conservatrice des collections dÕarts appliquÈs du MusÈe historique et diplÙmÈe en Histoire de lÕart de lÕUniversitÈ de Lausanne
Putain de la RÈpubliqueª, ndlr.), lÕapproche de Luzia Kurmann est indÈniablement dÕactualitÈ, estime Catherine K¸lling, conservatrice des collections dÕarts appliquÈs du MusÈe historique et diplÙmÈe en Histoire de lÕart de lÕUniversitÈ de Lausanne. ChargÈe de mettre en place lÕexposi-tion Ð la premiËre du genre Ð Catherine K¸lling sou-haite cependant quÕelle
Une Parisienne ‡ sa toilette, telle quÕon osait la montrer en 1889
soit aussi didactique que possible et rappelle : ´LÕan passÈ, les deux ver-nissages en Suisse alÈmanique ont dÈbutÈ par un dÈfilÈ de sponsors : Calida au MusÈe historique de Lucerne et Triumph au Ch‚teau de
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Lenzburg (AG). Il mÕa semblÈ que le public apprÈciait, mais sans toujours comprendre la dÈmarche de lÕexposi-tion proprement dite.ª
LÕapartheid sexuel
Quelques explications sÕimposent. e Pour Luzia Kurmann, le XIX siËcle est une pÈriode charniËre. Il invente une sorte dÕapartheid sexuel, o˘ les rËgles du jeu ne sont pas les mÍmes pour les hommes et pour les femmes. e Sennett note que lÕhomme du XIX a une approche psychologisante du quotidien : ´DÈsormais, lÕon est ce que lÕon paraÓt.ª Dans cette sociÈtÈ-thÈ‚tre, seuls les vÍtements permet-tent de percer ‡ jour la personnalitÈ, cependant que ´lÕapparence devient une source dÕanxiÈtȪ. DÕo˘ une ten-dance ‡ lÕuniformisation vestimentaire Ð des habits sobres, de prÈfÈrence sombres, dissimulant la peau et les dessous. Vu les infimes diffÈrences qui sub-sistent, le moindre signe peut trahir. ´Etant donnÈ que les principales par-ties du corps sont dissimulÈes, Ècrit Sennett, et que la forme du corps fÈminin habillÈ nÕa aucun rapport avec la forme de ce corps nu, de menus dÈtails, comme une lÈgËre dÈcolora-tion des dents, la forme des ongles, etc., deviennent des signes de sexua-litÈ.ª Une poussiËre dans lÕÏil peut ressembler ‡ une Ïillade coupable. La pruderie victorienne a poussÈ le vice jusquÕ‡ couvrir les pieds des tables et des pianos de housse,
Un siËcle plus tard, lÕhomme est apparu et la pudeur a disparu
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T r o i s s i Ë c l e s d e v i e i n t i m e s e d È c u l o t t e n t S O C I … T … dans lÕidÈe quÕaucun pied ne devaittimËtres de bouts de tissus gagnÈs sur Ítre montrÈ, parce quÕil sÕagissaitlÕespace public. Si les sous-vÍtements dÕune partie du corps suggestive.masculins ont peu ÈvoluÈ ‡ travers les ‚ges, la mode a imposÈ aux femmes Une compÈtition danstoutes sortes de dessous, qui furent par-la conquÍte des hommesfois de vÈritables supplices : ´Aux e e XVII et XVIII siËcles, un corset ri-Voil‡ le cadre posÈ. CÕest ‡ partir de gide pressait les poitrines aristocra-cette approche psychologique du vÍte-tiques vers le haut ou les mettait en Èvi-ment, estime Luzia Kurmann, que les dence quand le dÈcolletÈ Ètait ‡ la sous-vÍtements, cachÈs jusque-l‡, osË-mode, explique Ursula Karbacher, res-rent peu ‡ peu afficher une significa-ponsable des textiles au MusÈe histo-tion Èrotique et sexuelle. ´Les femmes rique de Lucerne. Les ouvriËres, elles, surent tirer avantage de la signification se contentaient dÕune chemisette, dÕun profonde attribuÈe aux sous-vÍte-caraco ou dÕune brassiËreª. Les sur-ments. Le code moral les condamnait noms donnÈs aux diffÈrents corsets ‡ la passivitÈ et les soumettait aux sont peu Èquivoques : ´lÕinnocenteª, ´la mariages arrangÈs.ª Pour y Èchapper, culbuteª, les ´guÍpesª, ´le boute-en-elles vont se servir du charme des des-trainª, le ´t‚tez-yª, ´les engageantesª, sous et transgresser subtilement les ´lÕeffrontȪ, ´la criardeª, etcÉ codes vestimentaires, dans lÕespoir par exemple, dÕun mariage dÕamour ou Des ´cloches ‡ petsª opportuniste. Selon Lizia Kurmann, on aux ´culs de Parisª a affaire ‡ une sorte de ´compÈtition dans la conquÍte des hommes sur leAvec lÕapparition du corset, les marchÈ matrimonialª.robes prennent de lÕampleur. Des LÕhistoire moderne des dessous rÈsi-bourrelets rigides arrondissent les de donc essentiellement dans les cen-hanches. Plus tard, on attacha sur les
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Campagne Alfred Choubrac, datant des environs de 1900, qui cherche ‡ imposer le corset ‡ la plus potelÈe comme ‡ la plus mince
Un tableau-rÈclame de 1939 vante les mÈrites de la culotte ´vÈlo-skiª, destinÈ aux nouvelles femmes, les sportives. On est bien loin de la scËne intime croquÈe chez les Rasurel vers 1900
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cÙtÈs des sortes de corbeilles, appelÈes ´paniersª. Des jupons renforcÈs de baleines ou dÕarmatures mÈtalliques les rendaient encore plus larges. La RÈvo-lution franÁaise mit fin ‡ cette mode du corset et des paniers, jugÈe trop aristo. Elle revient furtivement dans les annÈes 1850, surtout sous forme de cri-noline, non sans que le bon peuple ricane de ces ´cloches ‡ petsª. e Dans la seconde partie du XIX , les robes se font soudain plus Ètroites sur le devant. La crinoline se dÈplace vers lÕarriËre formant les ´culs de Parisª. Le corset reste ‡ la mode, malgrÈ les mises en garde mÈdicales sur les dÈfor-mations de la colonne vertÈbrale. La croyance soutenait que la femme avait une constitution naturellement fragile. Les femmes ornaient leur ´armureª de broderies, de dentelles, de ruchÈs et de rubans. LÕusage voulait que les femmes brodent elles-mÍmes leur trousseau et donc leurs dessous : chemisettes, ju-pons et culottes tÈmoignent encore dÕune crÈativitÈ ‡ la mesure de lÕennui dans lequel le monde masculin les a tenues recluses.
LÕapparition de la pub
LÕindustrialisation et la fabrication en sÈrie (la machine ‡ coudre est bre-vetÈe par Singer en 1851) mirent bien-tÙt les sous-vÍtements ‡ portÈe de tou-tes les bourses, si lÕon peut dire. Vers e la fin du XIX siËcle apparaÓt la publi-citÈ sous-vestimentaire. Le corset se voit attribuer de nouvelles fonctions. Il ne sert plus seulement au maintien
Discret ‡ la Belle Epoque, lÕhomme en sous-vÍtements a aujourdÕhui les honneurs de la pub
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T r o i s s i Ë c l e s d e v i e i n t i m e s e d È c u l o t t e n t S O C I … T … ´De gr‚ce, quittez de la femme, mais devient un accessoire Èrotique. ´Ce nÕest pas la robe qui fait cette mode ridicule!ª la femme, mais le ´corsetª, dit la mai-LÕourlet des robes Ètait remontÈ de son Claverie (2). Les corsets sont dotÈs quelques centimËtres pendant la guerre de noms suggestifs : rÈfÈrences ‡ des 14-18, dÈcouvrant le mollet puis le ge-dÈesses (Junon) ou des sÈductrices nou. Les deux premiËres dÈcennies du cÈlËbres (Sapho, ClÈop‚tre, CÈlimËne, siËcle marqueraient-elles lÕabolition du Marie-Antoinette). On exploite aussi corset, symbole de lÕoppression? Pas du la veine exotique (Sultane, Palmeraie, tout. NÈanmoins, la lingerie suit la Fleur de Corail). Cela nÕempÍche pas mode. Avant 1914 dÈj‡, le pantalon lÕÈtau de se resserrer. A la fin du siËcle, ouvert (un sous-vÍtement alors) tend ‡ lÕimpressionnante forme en ´Sª atteint Ítre remplacÈ par une culotte fermÈe ‡ toutes les limites. jambe courte et en tissu lÈger. Ce qui Les AnnÈes Folles marquent les dÈ-fait bondir certains. Emile Henriot Ècrit buts de la libÈration de la femme. Les en 1913 : ´Mais de gr‚ce! Quittez cette suffragettes donnent de la voix. Les mode ridicule des culottes de soie dans thËses de Freud sur la sexualitÈ se lesquelles vous vous enfermez. NÕinvo-rÈpandent. Dans les annÈes 20, le sou-quez pas les courants dÕair : nous savons tien-gorge sÕest gÈnÈralisÈ, marquant tous que les femmes nÕont jamais froid.ª un tournant dÈcisif dans lÕhistoire des sous-vÍtements. La gaine et les jarre-LÕhistoire fessiËre a donnÈ tort au telles remplacent le corset. Apparais-cuistre : la culotte a survÈcu. Comme sent aussi des pantalons-chemisestoujours dans les pÈriodes pudibondes, boutonnÈs ‡ lÕentrejambe et symbolesun argument de poids est venu au se-dÕune nouvelle libertÈ de mouvement.: la santÈ. La santÈcours de la lingerie Les cabarets parisiens proposent lescÕest scientifique, donc sÈrieux. Tant premiers strip-teases. LÕintÈrÍt estque lÕon vantait les mÈrites thermiques dÕautant plus grand que les ´couchesªet protecteurs des dessous, hommes et sont nombreuses. On ne compte plusfemmes pouvaient Ítre montrÈs peu les jupons et frous-frous. Le magazinevÍtus sans heurter les bien-pensants. ´La Vie parisienneª, sorte de proto-La sexualitÈ nÕen est pas moins prÈsente ´Playboyª, tenait ces Messieurs audans toutes les publicitÈs. Et les tar-courant sur les tenues lÈgËres destufferies mÈdicales ne survivront pas ‡ dames.la sensualitÈ assumÈe. De tout temps (ci-dessus en 1906, ci-dessous en 1954), les publicitaires ont jouÈ avec les pulsions voyeuses des clients quÕils cherchaient ‡ app‚ter
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La femme fatale devient sexe-symbol
AprËs la mode garÁonne, les annÈes 30 et 40 marquent le retour ‡ la fÈmi-nitÈ : la gaine haute rÈapparaÓt, cein-turant la taille et lÕestomac. Le modËle amÈricain Ð taille de guÍpe et ample poitrine Ð commence ‡ sÕimposer. La femme fatale, ‡ lÕinstar du personnage de Lola-Lola dans ´LÕAnge Bleuª (1930), devient un sexe-symbole. Les marques apparaissent pour les bas, la lingerie indÈmaillable, des combinai-sons (amalgame du cache-corset et jupon), des jupons de soie et de den-telle, etcÉ Dans lÕentre-deux-guerres, les sous-vÍtements tendent ‡ simplifier encore les mouvements des femmes (culottes en jersey de coton, sans jambes). La lingerie connaÓtra une nouvelle parenthËse avec la guerre 39-45, par manque de matÈriel. La fabrication de parachutes prÈvaut alors sur celle des porte-jarretelles (3). AprËs-guerre, comme inspirÈs par la libÈration, les sous-vÍtements libËrent bras, jambes et
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gorges. Le cinÈma titille les libidos. En 1946, dans ´Gildaª, Rita Hayworth dÈshabille langoureusement son bras gantÈ comme elle enlËverait une culot-te. Les affiches se peupleront de vamps trËs glamour : Betty Grable, Ava Gard-ner, Jayne Mansfield, Marilyn Mon-roe. La France voit le retour de la guÍ-piËre pour affiner la taille aux 49 centimËtres de la silhouette coquetier : cÕest le new-look lancÈ par Dior. LÕaprËs-guerre, cÕest aussi de nouvelles inventions : le latex, la fermeture Èclair et le nylon.
LÕarrivÈe de la pin-up
Dans les annÈes 50, les poitrines des femmes suivent les caprices de la mode : ´Le Tiki de Lou reste pointu mÍme sous le pullª, ´Le Lou n∞ 9 est le seul sou-tien-gorge qui fait pigeonner les petites poitrines, elles en rÍvent toutesª, etcÉ La femme-objet est devenue le sanc-tuaire populaire du sexe. Peu ‡ peu, la ´fataleª se fait ravir la couronne par la pin-up, argument plus commercial, plus dÈshabillÈ aussi. Le magazine Pa-ris-Hollywood se charge dÕÈduquer ces Messieurs intÈressÈs par la mode lÈgËre et moderne. Les jupes remontent aussi vite que la reprise Èconomique. Dans les annÈes 60, Mary Quant, un ancien mannequin, lance la ´miniª. Une pÈriode noire pour les fÈtichistes de tout poil, amoureux de frou-frou. Adieu porte-jarretelles, bonjour les collants! La fin de la dÈcen-nie dÈbouche sur la rÈvolution sexuelle et le port du pantalon : les soutiens-
Cette tendance exhibitionnisme-chic atteint une forme dÕapothÈose avec les campagnes Calvin Klein
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T r o i s s i Ë c l e s d e v i e i n t i m e s e d È c u l o t t e n t S O C I … T … enzburg, rappellnÕest la cohabitation avec le caleÁon gorge servent de lance-pierres. Pour L e Catherine K¸lling, survivre, la lingerie joue la carte du pour homme, un come-back qui per- des toiles avaient ÈtÈ suspendues sur naturel et vante ses couleurs ´chairª, mit de mettre une croix, une bonne fois lÕÈdifice, reprÈsentant des personnes en tandis que des voix mÈdicales sÕempres- pour toutes, sur le slip Kangourou, sous-vÍtements. De jeunes mariÈs sent dÕÈvoquer les risques de rel‚che- gloire des annÈes 50. Jusque-l‡, lÕhom- venus fÍter sur les lieux ont demandÈ ment prÈcoce des corps fÈminins. Il me avait surtout ÈtÈ suggÈrÈ dans les quÕon les enlËve.ª Cela vaut mieux que nÕen fallut pas plus pour voir ressurgir rÈclames pour dessous fÈminins (ombre lÕinterdiction de lÕexposition. Il nÕy a toute une panoplie traditionnelle (cor- sur le corps du mannequin, Ïil collÈ pas si longtemps, de telles rÈcrimina-selets, soutiens-gorge, guÍpiËresÉ), sur un trou de serrure, un pied poin- tions auraient sans doute valu une fer-mais taillÈe cette fois dans des matiËres tant au bas dÕune photo, etcÉ). metureÉ Èclair. plus voluptueuses (soie, satin,É). Dans les annÈes 90, les dessous fÈmi-nins sont marquÈs par une nouvelleMichel Valli vague rÈtro, mais revisitÈe. De jeunes LÕhomme enfin dÈnudÈ couturiers nÕont pas hÈsitÈ ‡ jouer sur ChantÈe par Michel Sardou, ´la les fÈtiches masculins (porte-jarretelles, (1) Richard Sennett,´Les tyrannies femme des annÈes 80ª le fut bien corselets, guÍpiËresÉ) et les faire car-de lÕintimitȪ, Paris, Seuil, ´jusquÕau bout des seinsª. La mode fit rÈment porter par-dessus, assortis aux 1979 (1974) alors de la lingerie un vÈritable outil autres piËces de vÍtement (voir Jean-(2) Anne-Claude Lelieur,´Rayon Èrotique, mais aussi un symbole de Paul Gaultier qui habille Madonna). Lingerie, un siËcle de publicitȪ conquÍte dans lÕunivers des yuppies et Que faut-il penser aujourdÕhui de BibliothËque Forney, Paris, des battants. LÕÈrotisme sÕaffiche sans cette nouvelle Ètape? Est-ce la marque Syros-Alternative, 1992 fard chez les deux sexes. Le mini-slip dÕune sociÈtÈ sexuellement dÈcom-pour homme est proposÈ aux gagneurs, plexÈe? Pas complËtement, si lÕon en (3) Gilles NÈret,:´1000 dessous aux gymnastes musclÈs, ´trËs m‚lesª croit cette derniËre anecdote : ´Lorsquea history of lingerie, Taschen, dit Dim. Rien de bien original, si ce
e A la fin du XX siËcle, les dessous des femmes (ici Madonna habillÈe par Jean-Paul Gaultier) se portent par-dessus, et les hommes finissent le siËcle en tenue dÕEve, ou presque
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