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Informations
Publié par | Itol |
Nombre de lectures | 15 |
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Langue | Français |
Extrait
Tu sçais, o vaine Muse, o Muse solitaire
Maintenant avec moy, que ton chant qui n'a rien
De vulgaire, ne plaist non plus qu'un chant vulgaire.
Tu sçais que plus je suis prodigue de ton bien
Pour enrichir des grans l'ingrate renommée
Et plus je perds le tems, ton espoir et le mien.
Tu sçais que seulement toute chose est aymée
Qui fait d'un homme un singe, et que la vérité
Souz les pieds de l'erreur gist ores assommée.
Tu sçais que l'on ne sçait où gist la Volupté,
Bien qu'on la cherche en tout : car la Raison sujete
Au Desir, trouve l'heur en l'infelicité.
Tu sçais que la Vertu, qui seulle nous rachete
De la nuit, se retient elle mesme en sa nuit,
Pour ne vivre qu'en soy, sourde, aveugle et muete.
Tu sçais que tous les jours celui-la plus la fuit
Qui montre mieus la suivre, et que nostre visage
Se masque de ce bien à qui nostre cueur nuit.
Tu sçais que le plus fol prend bien le nom de sage
Aveuglé des flateurs, mais il semble au poisson,
Qui engloutit l'amorse et la mort au rivage.
Tu sçais que quelques uns se repaissent d'un son
Qui les flate par tout, mais helas ! Ils dementent
La courte opinion, la gloire, et la chanson.
Tu sçay que moy vivant les vivans ne te sentent,
Car l'Equité se rend esclave de faveur :
Et plus sont creus ceus la qui plus effrontés mentent.
Tu sçais que le sçavoir n'a plus son vieil honneur,
Et qu'on ne pense plus que l'heureuse nature
Puisse rendre un jeune homme à tout oeuvre meilleur.