Sur ce rivage au sable lisse Le bain d'hier fut un délice ; L'Océan n'était plus amer : Dans les eaux d'une jeune blonde, Comme un Triton, j'aimais dans l'onde, Et comme à Paris, dans la mer.
Je disais au flux de la lame : « — Que m'apportez-vous de la dame, » Vous si retors en vos larcins ? » — Et moi, qui pour un rien divague, Je pressais d'une étreinte vague Des frissons d'eau pris à des seins.
L'élément qui partout pénètre M'inondait d'un secret bien-être ; Je sentais d'humaines chaleurs, Des parfums, ceux que l'eau dérobe En baisant sous leur courte robe Des attraits qui sentent des fleurs.
J'aurais voulu jusqu'à nuit close Prolonger ce bain à la rose ; Mais quand la dame en eut assez, Ramené par elle au rivage, Je cherchais encor à la nage Les sillons qu'elle avait tracés.
II
— Que j'ai changé d'un jour à l'autre ! A mes pieds l'Océan se vautre, Lascif et câlin comme hier ; Le sable est doux, l'air est sans brise ; Moi, ce matin, je les méprise, Pour y goûter je suis trop fier.
C'est que la nuit me fut heureuse... Sur mon lit de plume amoureuse, Dans le blanc roulis de ses draps J'ai senti la blonde personne (Tout mon être encor en frissonne !) Mouler ses charmes dans mes bras.
Je suis couvert de ma maîtresse, J'ai la chaleur de son ivresse, J'ai les parfums de son toucher, Tout mon corps en porte les traces : Je ne veux plus que tu m'embrasses, Mer, garde-toi de m'approcher !