Jean-Baptiste Rousseau — C a n t a t e sContre l’hiver Arbres dépouillés de verdure, Malheureux cadavres des bois,Que devient aujourd’hui cette riche parure ...
Arbresdépouillés de verdure, Malheureuxcadavres des bois, Que devient aujourd’hui cette riche parure Dontje fus charmé tant de fois ? Je cherche vainement, dans cette triste plaine, Les oiseaux, les zéphirs, les ruisseaux argentés : Les oiseaux sont sans voix, les zéphyrs sans haleine, Etles ruisseaux dans leurs cours arrêtés. Les aquilons fougueux régnent seuls sur la terre ; Etmille horribles sifflements Sontles trompettes de la guerre Que leur fureur déclare à tous les éléments.
Lesoleil, qui voit l’insolence Deces tyrans audacieux, N’oseétaler en leur présence L’orde ses rayons précieux.
Lacrainte a glacé son courage, Ilest sans force et sans vigueur; Etla pâleur sur son visage Peintsa tristesse et sa langueur.
Lesoleil, qui voit l’insolence Deces tyrans audacieux, N’oseétaler en leur présence L’orde ses rayons précieux.
Du tribut que la mer reçoit de nos fontaines, Indignés et jaloux, leur souffle mutiné Tientles fleuves chargés de chaînes, Et soulève contre eux l’Océan déchaîné. L’ormeest brisé, le cèdre tombe, Sousleurs efforts impérieux ; Et les saules couchés, étalant leurs ruines, Semblent baisser leur tête et lever leurs racines Pourimplorer le vengeance des cieux. Boispaisibles et sombres, Quiprodiguiez vos ombres Auxlarcins amoureux, Expieztous vos crimes, Malheureusesvictimes D’unhiver rigoureux ;
Tandisqu’assis à table, Dansun réduit aimable, Sanssoins et sans amour, Prèsd’un ami fidèle, Dela saison nouvelle J’attendraile retour.